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La Cimade plie mais ne rompt pas

newlogohumanitefr-20140407-434 Marie Barbier, 24/10/ 2008

AFP/Stéphane Sakutin
AFP/Stéphane Sakutin

Rétention . Six organisations, dont l’association oecuménique, ont répondu à l’appel d’offres du ministère. Un recours a été déposé au conseil d’État.

Fin du suspense. À 17 heures, mercredi, le ministère de l’Immigration a clôturé son appel d’offres concernant l’aide aux étrangers au sein des centres de rétention (CRA). Au final, six associations ont postulé : la Cimade, mise en cause par cet appel d’offres puisqu’elle avait le monopole dans les CRA depuis plus de vingt ans, France Terre d’asile, l’Ordre de Malte, Forum réfugiés, basé à Lyon, l’Association service social familial migrants (Assfam) et l’inattendu Collectif respect (lire notre encadré). Coup dur pour le gouvernement : les poids lourds que sont la Croix-Rouge et le Secours catholique n’auront donc pas répondu. L’assemblée générale de la Cimade a voté, « très majoritairement » selon son président, Patrick Peugeot, en faveur de la réponse à l’appel d’offres, afin de « poursuivre (son) action de défense des étrangers».

Mais, tout en postulant, la Cimade ne désespère pas de faire annuler ce décret. Sur le front juridique, elle a déposé hier, avec neuf autres associations (dont le GISTI, la Ligue des droits de l’homme, le Secours catholique), un recours contre le décret du 22 août devant le conseil d’Etat. « Nous entendons rappeler au ministère de l’Immigration que des lois existent et qu’elles doivent être respectées, précise Stéphane Maugendre, président du GISTI. Avec ce décret, le ministre veut faire taire les étrangers et les associations qui les aident. Nous ne nous tairons pas ! » Cinq associations avaient déjà marqué un point le 14 octobre : une ordonnance du juge des référés du tribunal administratif de Paris avait suspendu l’appel d’offres : toute signature de contrat entre le ministère et les sous-missionnaires est donc interdite jusqu’au 31 octobre.

Parallèlement, la pétition « Les droits des étrangers ne peuvent se réduire à un marché » a déjà recueilli plus de 60 000 signatures et une vidéo C’était pire demain a été mise en ligne, rappelant les ravages de la politique du chiffre depuis 2003. Car cette modification de l’aide aux étrangers au sein des CRA se fait dans un contexte de plus en plus tendu. « L’incendie du centre de Vincennes a montré à quel point la situation était grave, explique Damien Nantes de la Cimade. Et pourtant, le ministère continue : deux centres de rétention sont actuellement en construction au Mesnil-Amelot et, cet été, un appel d’offres a été lancé pour rebâtir celui de Vincennes. »

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Rétention: les associations dénoncent une « marchandisation de l’humanitaire »

images avec l’AP, 23/10/2008

Alors qu’elles déposaient parallèlement un recours devant le Conseil d’Etat contre un décret du ministère de l’Immigration, plusieurs associations, dont la Cimade, ont dénoncé jeudi dans le projet de réforme de l’information des étrangers placés en centre de rétention administrative (CRA) une « marchandisation de l’humanitaire » et une volonté de les « museler ».

L’ACAT-France, l’ADDE, l’ANAFE, la Cimade (Service oecuménique d’entraide), le Comede, ELENA-France, le Gisti, la Ligue des droits de l’Homme, le Syndicat des avocats de France et le Secours Catholique ont indiqué jeudi qu’elles déposaient un recours devant le Conseil d’Etat contre un décret du 22 août qui remet en cause, à partir du 1er janvier 2009, le système d’information des étrangers dans les 27 CRA sur le territoire français, assuré jusqu’ici depuis plusieurs années par la seule Cimade.

D’après elles, les termes de l’appel d’offre instauré par ce décret signifient « une marchandisation de l’humanitaire ». « On ne prend plus en considération les hommes et les femmes qui sont retenus, on en fait de la marchandise qui peut être traitée par n’importe quelle personne morale, y compris des sociétés commerciales », a dénoncé notamment Stéphane Maugendre, président du Gisti (Groupe d’information et de soutien des immigrés) lors d’une conférence de presse avec la Cimade et d’autres associations parties prenantes de l’action juridique.

L’appel d’offre, ouvert sur un « principe libéral » pour attribuer huit « lots » de centres de rétention, impose également des clauses de « confidentialité » et de “neutralité », que les associations ont jugé très « dangereuses », craignant leur « muselage ».

« Ce que veut très vraisemblablement le ministère de l’Immigration, c’est que la société civile n’ait plus aucun droit de regard sur ces lieux d’enfermement d’étrangers », a estimé M. Maugendre.

D’autres associatifs vont jusqu’à penser que le gouvernement voudrait privilégier des associations, non seulement moins compétentes, mais surtout moins revendicatives des droits des immigrés.

Pour la Cimade, à laquelle Brice Hortefeux reproche de détenir le « monopole » de l’information des étrangers, seule sa dimension nationale permet une véritable efficacité dans son travail, et sa mission actuelle se fait déjà en “collaboration régulière » avec d’autres associations, comme le Secours Catholique.

« Nous sommes déjà dans un partage de responsabilités et nous sommes prêts à l’étendre », a revendiqué Patrick Peugeot, président de la Cimade, soulignant la nécessité de la « complémentarité des expertises » -juridique, sociale ou médicale- de chaque association. « Or, ce décret et cet appel d’offre interdisent ce travail conjoint », a-t-il reproché.

De plus, les sommes promises par le ministère dans l’appel d’offre ont aiguisé les appétits d’associations indépendantes de la Cimade, et favorisé des candidatures non concertées. Selon le ministère de Plmmigration, près 3,88 millions d’euros ont été consacrés en 2008 à la présence associative dans les CRA et l’appel d’offre prévoit des crédits annuels entre 3 et 7 millions d’euros.

Six associations au total (CIMADE, France Terre d’Asile, Forum Réfugiés, ASSFAM, Ordre de Malte et le Collectif Respect) se sont portées candidates lors de l’appel d’offre clos mercredi.

Les associations en ordre dispersé pour l’accès aux centres de rétention

20minutes.fr ,

© Stéphane de Sakutin AFP

Qui sera habilité à intervenir auprès des étrangers en rétention? Jusqu’à présent, seule la Cimade l’était. «Nous assumons cette tâche depuis 25 ans et nous souhaitons continuer à le faire», explique Damien Nantes de la Cimade. «Mais pour défendre les intérêts des retenus, on demande au gouvernement de revoir sa copie», ajoute-t-il.

Avec d’autres associations, dont le Gisti, elle va déposer ce jeudi un recours devant le Conseil d’Etat pour annuler le décret modifiant les conditions d’intervention des associations dans les centres de rétention administrative (CRA).

Ce décret du 22 août dernier a en effet décidé d’ouvrir les CRA à d’autres «personnes morales» que l’association protestante. Pour Stéphane Maugendre, le président du Gisti, cette «terminologie de droit commercial» instituerait un «marché» de l’aide aux étrangers. Autre critique des associations vis-à-vis de ce décret, la répartition des 30 CRA qui seront en activité le 1er janvier 2009 en huit lots distincts. «C’est diviser pour mieux régner», explique Stéphane Maugendre qui craint une restriction de «l’accès au droit pour les personnes retenues».

L’appel d’offres déjà suspendu

La semaine dernière, un référé déposé par les mêmes associations devant le Tribunal administratif de Paris avait déjà suspendu l’appel d’offres. Une audience fixée au 30 octobre décidera si la procédure est conforme ou non au droit des marchés publics.

Mais tout cela n’a pas empêché le ministère d’annoncer mercredi la candidature de cinq candidats, dont la Cimade. Figurent également France Terre d’asile et l’association Forum Réfugiés qui précisent dans des communiqués ne pas avoir réussi à s’entendre avec la Cimade pour apporter une réponse collective à l’appel d’offre du ministère. «Nous aurions pu avoir une réponse plus intelligente et plus puissante en nous associant», déplore Pierre Henry, le porte de France Terre d’Asile. «Mais nous souhaitons la coordination et nous l’organiserons», ajoute-t-il.

Une association dirigée par un membre de l’UMP

Autres candidats à l’appel d’offres: l’ASSFAM, l’Ordre de Malte et enfin le Collectif Respect. Ce dernier a été fondé en 2003 après la rencontre France-Algérie durant lequel la «Marseillaise» avait été sifflée. Selon le blog de Serge Slama, maître de conférences à l’Université Evry-Val d’Essonne, son président, Frédéric Bard, serait membre de l’UMP et chargé de mission au ministère de l’immigration. Une information confirmée par une source proche du dossier à 20minutes.fr. Le ministère de l’immigration, lui, n’avait pas encore réagi.

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L’appel d’offres de Brice Hortefeux recalé

Accueil , Marie Barbier, 16/10/2008
AFP/Joël Robine
AFP/Joël Robine

Un tribunal administratif a suspendu l’appel d’offres du ministre de l’Identité nationale pour l’assistance aux étrangers dans les centres de rétention.

Ni un recul ni une avancée, mais une petite victoire, symbolique. Mardi, le juge des référés a suspendu l’appel d’offres lancé en août par le ministère de l’Immigration, qui modifie le dispositif d’aide aux étrangers dans les centres de rétention administrative (CRA). Un regroupement d’associations (GISTI, Ligue des droits de l’homme, Avocats pour la défense des droits des étrangers, réseau ELENA France et le Syndicat des avocats de France) avait saisi, lundi, le tribunal administratif de Paris d’un référé contre cet appel d’offres. « En à peine vingt-quatre heures, le tribunal administratif a décidé de suspendre toute signature de contrat avec un sous-missionnaire, jubile Stéphane Maugendre, président du GISTI. Brice Hortefeux a désormais interdiction de signer un contrat avant le 31 octobre. » Le ministère de l’Immigration a cinq jours pour présenter ses observations au tribunal. Pas question, pour autant, de crier victoire, comme l’explique Stéphane Maugendre : « C’est une décision « d’avant-dire droit » qui ne préjuge ni sur le fond du dossier ni sur la décision qui sera rendue. »

Depuis plus de vingt ans, la Cimade était la seule association autorisée à intégrer les CRA pour y fournir une assistance juridique aux étrangers enfermés dans l’attente d’une probable expulsion. Un décret du 22 août introduit la possibilité qu’« une ou plusieurs personnes morales » exercent des missions d’information et d’aide au sein des CRA qui seraient répartis en huit « lots ».

Pour Stéphane Maugendre, cet appel d’offres est « attaquable sur de très nombreux points de forme et de fond ». Dans la forme, les associations assurent que le ministère n’a pas rempli toutes les dispositions légales nécessaires, ce qui pourrait justifier son annulation. Par ailleurs, certains aspects du fond du texte seraient également discutables, telles l’impossibilité pour les associations de se regrouper ou l’absence de compétences juridiques requises pour les postulants. Mais le référé est aussi symbolique : « On attaque en justice parce que, politiquement, il faut faire feu de tout bois et démontrer que le ministère de l’Immigration s’exonère des règles de droit qui s’imposent à tous, souligne le président du GISTI. On est dans l’ordre du symbolique, du politique et on utilise le droit pour cela. » Histoire aussi de montrer que le front des associations de défense des étrangers reste uni contre cet appel d’offres. La pétition mise en ligne par RESF a, quant à elle, recueilli plus de 45 000 signatures en moins d’une semaine.

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Interview de Me Stéphane Maugendre

bul du bat

Stéphane MAUGENDRE vous venez d’être élu Président du Gisti ! Mais qu’est-ce que le Gisti ?
Je reprendrais le texte que nous imprimons sur toutes nos publications !
– Défendre les droits des étrangers
Le Gisti est né en 1972 de la rencontre entre des travailleurs sociaux, des militants associatifs en contact régulier avec des populations étrangères et des juristes. Cette approche, à la fois concrète et juridique, fait la principale originalité de l’association.
Le Gisti s’efforce de répondre, sur le terrain du droit, aux besoins des immigrés et des associations qui les soutiennent. Ce mode d’intervention est d’autant plus nécessaire que la réglementation relative aux étrangers est trop souvent méconnue, y compris des administrations chargées de l’appliquer.
– Défendre l’État de droit
Défendre les libertés des étrangers, c’est défendre l’État de droit.
Le Gisti publie et analyse un grand nombre de textes, en particulier ceux qui ne sont pas rendus publics par l’administration.
Il met gratuitement en ligne sur son site (http : //www.gisti.org) le maximum d’informations sur les droits des étrangers ainsi que certaines de ses publications.
Il organise des formations à l’intention d’un très large public (associations, avocats, collectifs,militants, travailleurs sociaux…).
Il appuie de nombreux recours individuels devant les tribunaux, y compris devant la Cour européenne des droits de l’homme. Il prend aussi l’initiative de déférer circulaires et décrets illégaux à la censure du Conseil d’État ou de saisir la HALDE en cas de pratiques discriminatoires.
L’ensemble de ces interventions s’appuie sur l’existence d’un service de consultations juridiques où des personnes compétentes conseillent et assistent les étrangers qui rencontrent des difficultés pour faire valoir leurs droits.
– Participer au débat d’idées et aux luttes de terrain
Mais le droit n’est qu’un moyen d’action parmi d’autres : l’analyse des textes, la formation, la diffusion de l’information, la défense de cas individuels, les actions en justice n’ont de sens que si elles s’inscrivent dans une réflexion et une action globale.
Le Gisti entend participer au débat d’idées, voire le susciter, à travers la presse, des colloques et des séminaires, des réunions publiques. Il s’investit également dans des actions collectives défensives, mais aussi offensives visant à l’abrogation de toutes les discriminations qui -frappent les étrangers. Il agit dans ce domaine en relation avec des associations de migrants et d’autres associations de soutien aux immigrés, avec des associations de défense des droits de l’homme, et avec des organisations syndicales et familiales, tant au niveau national qu’européen.

couvcjitf-c0839-f8655A titre d’exemple nous organisons le samedi 7 février 2009 en partenariat avec l’Ecole de Formation des Barreaux de Paris une journée de formation pour sur l’interdiction du territoire français (formation@gisti.org) et nous venons de publier un cahier juridique sur ce sujet.
En effet, la loi du 26 novembre 2003 (dite loi Sarkozy I) n’a pas supprimé la double peine. Aujourd’hui encore, un étranger peut, en plus d’une peine de prison, faire l’objet d’un arrêté d’expulsion ou d’une interdiction du territoire français (ITF), voire même les deux.
L’ITF est discriminatoire et constitue une véritable rupture d’égalité devant la loi pénale. Elle est criminogène car elle ferme les voies de l’amendement et de la réinsertion sociale du condamné sortant de prison. Elle est inhumaine car elle est la seule peine véritablement absolue et perpétuelle dans l’arsenal du droit pénal français. Elle est archaïque car elle réunit les effets de la mort civile et du bannissement tous deux disparus depuis longtemps de notre droit positif.
Ce cahier juridique tente de fournir quelques armes pour lutter contre l’application de cette peine. Il décrypte le dispositif complexe de l’ITF À qui s’applique-t-elle ? Quelles sont les multiples infractions pour lesquelles elle peut être prononcée ? Par qui et comment l’est-elle ? Comment s’en débarrasse-t-on ?
Cette analyse est complétée par des extraits des principaux textes de référence et par des modèles de recours.
Je voudrais terminer le Gisti est agréé par la Fondation de France. Les dons qui sont déductibles des de 66 % dans la limite imposable. Vous avez de lui faire des dons automatiques.
Pour obtenir de plus amples informations, n’hésitez pas soit à écrire au Gisti, 3 villa Marcès, 75011 Paris, soit à envoyer un message, selon le sujet, à l’une des adresses suivantes : gisti@gisti.org, formation@gisti.org., stage-benevolat@gisti.org.

Un juge déboute provisoirement Hortefeux face à la Cimade

 , Catherine Coroller

Stéphane Lagoutte
Stéphane Lagoutte

Selon nos informations, Brice Hortefeux a perdu, hier, une manche dans le bras de fer qui l’oppose à la Cimade (service œcuménique d’entraide aux étrangers). Le ministre de l’Immigration voulait faire taire cette association en la chassant des centres de rétention administrative (CRA) où elle assiste les étrangers en instance d’expulsion mais le tribunal administratif de Paris lui a infligé un camouflet. Les juges ont suspendu l’appel d’offres lancé par Hortefeux le 22 août. Ce texte modifiait les conditions d’intervention de la société civile dans les CRA.

Muselage. Jusque-là, cette mission était confiée à un seul intervenant, la Cimade, sur l’ensemble du territoire. Cette association étant jugée trop critique, le ministère a décidé, afin de briser toute contestation, que cette tâche serait morcelée et confiée à une multitude d’intervenants. D’où, une division de la France en huit lots, et l’interdiction, pour deux associations, d’intervenir dans le même centre de rétention. Cette tentative de muselage a provoqué un front uni des associations de défense des droits de l’homme. Tous les poids lourds du secteur se sont rangés aux côtés de la Cimade pour protester contre cette mise au pas. Hier soir, ils se sont réunis une nouvelle fois au siège d’Amnesty International France. Brice Hortefeux a fait la sourde oreille, et pour éviter que son appel d’offres ne reste lettre morte, a démarché des associations pour les convaincre de se porter candidates. Hier, trois se disaient publiquement intéressées (lire ci-dessous).

Lundi, la Ligue des droits de l’homme, le Gisti, le Syndicat des avocats de France et l’association des Avocats pour la défense des droits des étrangers et le réseau d’avocats Elena France ont déposé un référé contre cet appel d’offres devant le tribunal administratif de Paris. Et, hier, divine surprise, les juges l’ont suspendu jusqu’au 31 octobre, le ministère de l’Immigration étant prié de présenter ses observations sous cinq jours. «On ne pensait pas que les magistrats rendraient leur décision aussi vite, se réjouit Stéphane Maugendre, le président du Gisti. Visiblement, les points que nous avons soulevés sont suffisamment sérieux pour qu’en dehors de toute audience le président du tribunal administratif suspende l’appel d’offres». Parmi les points en question : l’interdiction des groupements d’associations. Problème : «l’appel d’offres l’interdit alors que la loi l’autorise», relève Serge Slama, maître de conférences en droit public. Autre irrégularité : la contradiction entre le décret «portant modification du code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile en matière de rétention administrative» et l’appel d’offres consécutif. Le premier prévoit un accompagnement juridique des étrangers afin de leur permettre un accès effectif au droit, le second une simple permanence d’information.

«Problèmes ultérieurs». Au cabinet de Brice Hortefeux, où l’on a découvert la demande de référé en même temps que la décision du juge, la nouvelle a semé la fureur. «Le juge n’a pas retenu d’irrégularités, il ne s’est pas prononcé, il a pris une mesure conservatoire, il a dit « je suspends », cela ne préjuge en rien de sa décision», s’emportait un collaborateur du ministre. Certes, le tribunal n’étaye pas son ordonnance par des doutes explicites sur la légalité de l’appel d’offres. Il dit qu’«il y a lieu, dans les circonstances de l’espèce, d’enjoindre au ministre de différer la signature des contrats jusqu’au 31 octobre», résume le constitutionnaliste Guy Carcassonne. Mais, pour lui, c’est sûr, «cela signifie qu’il a un doute et qu’il veut y regarder de plus près pour éviter des problèmes ultérieurs». «Il y a des cas dans lesquels la légalité est tellement évidente que le référé est rejeté», ajoute ce professeur de droit public à Paris-X.

Le jugement sur le fond devrait intervenir d’ici à la fin du mois. «On est optimistes, on a des arguments très sérieux», affirme Serge Slama. Lesquels ? Les associations ne veulent pas dévoiler leurs batteries. Pour Serge Slama, «si le ministère connaissait nos arguments, il pourrait publier un avis modificatif pour changer les conditions du marché».

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Rétention : Hortefeux taclé par le juge administratif

rue89-logo Chloé Leprince, 14/10/2008

A l’heure où Rue89 a pu parler avec Stéphane Maugrendre, vice-président du Gisti, on n’avait pas (encore ?) sorti le champagne dans les locaux d’Amnesty International, mardi soir. Réunies pour montrer leur cohésion dans le dossier de la rétention, la plupart des associations œuvrant dans la défense des sans-papiers se félicitaient toutefois déjà d’une première manche victorieuse face à Brice Hortefeux.

Un peu plus tôt dans l’après-midi, le tribunal administratif de Paris venait en effet d’exiger du ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale qu’il gèle la signature des contrats dans le marché public de la rétention. Le juge administratif ne se prononce certes pas au fond, dans le document ci-contre : il a jusqu’à fin octobre pour cela.

Le ministère n’a pas respecté un certain nombre de règles

Et Serge Slama, maître de conférence en droit public et instigateur de la requête introduite par plusieurs associations dont le Gisti, la Ligue des droits de l’homme et trois collectifs d’avocats, restait prudent :

« Le juge n’a prononcé aucune sanction au fond. Mais il a déjà estimé que nos motifs en annulation (les arguments qu’on fourbit en droit, ndlr) étaient sérieux. Nous sommes confiants car le ministère n’a pas respecté un certain nombre de règles de concurrence et de publicité, par exemple en interdisant à des associations de postuler ensemble, ou encore en limitant l’action qui relevait de la défense des étrangers,au-delà d’un simple droit d’information. »

Surtout, les associations pouvaient se flatter de l’extrême rapidité de l’intervention du juge dans ce dossier très politique : la requête -certes en référé- avait été déposée la veille au soir. Et beaucoup s’attendaient à ce que les choses trainent davantage.

Forum réfugiés : candidat mais solidaire ?

En attendant le jugement au fond, Stéphane Maugendre soulignait surtout que « Brice Hortefeux a tort defaire croire que les associations sont divisées ». D’ailleurs, si Forum réfugiés et l’Ordre de Malte n’ont pas caché leur intention de postuler, à rebours de toutes les autres associations… Forum réfugiés était pourtant bien présente à la réunion d’hier soir, chez Amnesty.

Pour Stéphane Maugendre, si ce camouflet du juge n’est « pas le premier », il acte toutefois que « le ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale ne peut pas s’exonérer impunément d’un certain nombre de règles de droit ».

Si l’ensemble des acteurs du secteur se montraient soulagés, mardi soir, Patrick Peugeot, le président de la Cimade, refusait toutefois de crier victoire, mardi soir, après la décision du juge administratif :

« Ce n’est pas à la Cimade de tirer la couverture à elle pour une opération qui vient d’autres associations. D’autant que le juge ne s’est pas encore prononcé au fond et qu’il faut rester prudent. A cette heure, on ne sait même pas qui a déjà signé ces contrats. »

Jusqu’à l’intervention du juge administratif, les candidats avaient jusqu’au 22 octobre pour postuler dans le cadre de l’appel d’offre.

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Haro sur les empêcheurs d’expulser en rond

Accueil, Marie Barbier, 9/10/2008

Solidarité.

Les poursuites se multiplient contre les opposants à la politique d’immigration du gouvernement. Sous la présidence Sarkozy, il ne fait pas bon soutenir les sans-papiers.

Ils se tiennent tous les quatre face au juge, tête baissée et mains derrière le dos. Leur crime ? S’être opposés pacifiquement à l’expulsion de deux Maliens, le 27 février 2008, à bord du vol Paris-Casablanca de la Royal Air Maroc. À la barre, Raphaël Quenum raconte : « Un homme à terre hurlait. Un policier l’étranglait, un deuxième posait son genou sur sa poitrine et le troisième lui tenait les jambes. Un être humain ne mérite pas d’être ainsi malmené. » Les quatre passagers comparaissaient le 26 septembre devant le tribunal de Bobigny pour « provocation directe à la rébellion et entrave à la navigation d’un aéronef ». La procureure a requis quinze jours d’emprisonnement avec sursis et 500 euros d’amende. Le jugement est attendu demain.

Il ne fait pas bon, par les temps qui courent, s’opposer à la politique d’immigration du gouvernement. La répression frappe tous azimuts : les particuliers, comme ces quatre passagers de la Royal Air Maroc, ne sont que la partie visible d’une politique de plus en plus sévère à l’encontre des soutiens aux sans-papiers. En première ligne : les associations, qui s’opposent chaque jour à la politique du chiffre menée par Nicolas Sarkozy et son ministre de l’Immigration, Brice Hortefeux.

Première étape : la décrédibilisation. Ou comment faire passer un vaste mouvement citoyen pour une agitation orchestrée par quelques dangereux gauchistes. En juin dernier, une note interne du ministère de la Justice évoque une « mouvance anarcho-autonome », qui s’exprimerait notamment « à l’occasion de manifestations de soutien (…) à des étrangers en situation irrégulière ». L’incendie du centre de rétention de Vincennes, le 22 juin, donne un coup d’accélérateur à ces allégations. Pour le gouvernement, les coupables sont tout trouvés. Frédéric Lefebvre, porte-parole de l’UMP, accuse le Réseau Éducation sans frontières (RESF) de « provocations aux abords de ces centres, au risque de mettre en danger des étrangers retenus ». David Weiss, délégué national des Jeunes UMP, va plus loin, qualifiant RESF comme un « mouvement quasi terroriste » qui « pousse les gens à foutre le feu partout ». Jusqu’à présent, aucune plainte n’a été déposée contre le réseau. Mais ses militants restent sur le qui-vive. « On est dans la ligne de mire, indique Richard Moyon. On sait qu’on est attendu au tournant et qu’au moindre faux pas… »

poursuivi pour outrage à autorité publique

Une étape supplémentaire a toutefois déjà été franchie. À Rennes, Paris, Tours ou dans le Jura, les attaques judiciaires se multiplient. Pour Stéphane Maugendre, président du GISTI (Groupe d’information et de soutien des immigrés) et avocat des trois militants de Rennes (lire ci-après), ces poursuites judiciaires restent au stade de l’intimidation, mais témoignent du franchissement d’une ligne jaune : « Après la création, en 2003, d’un « délit de solidarité » (1), on est passé à quelque chose de complètement nouveau. Les poursuites contre les associations existaient déjà, mais pas à ce niveau-là. Toute critique contre la politique d’immigration est désormais dans le collimateur du gouvernement. »

Ainsi, le gouvernement n’hésite pas à poursuivre les militants qui comparent les rafles de sans-papiers à celles menées contre les juifs pendant la dernière guerre. Dernier exemple en date : celui de Romain Dunand, trente-cinq ans, habitant du Jura, militant à RESF et à la CNT, qui se dit aujourd’hui un peu « dépassé » par les événements. En 2006, il participe à la campagne de soutien à Florimont Guimard, instituteur poursuivi en justice pour avoir empêché l’expulsion d’un père de famille sans papiers et de ses deux enfants. Mandaté par son syndicat, il écrit à Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur : « Voilà donc Vichy qui revient : Pétain avait donc oublié ses chiens ! » Sentence rendue par la justice en février dernier : 800 euros d’amende et un euro de dommages et intérêts pour outrage à autorité publique. Romain Dunand a fait appel et sera rejugé le 22 octobre à Paris. « Ce sera le procès de la solidarité et de la liberté d’expression en général », assure le militant qui promet un procès politique. L’anthropologue Emmanuel Terray et Maurice Rajsfus, de l’Observatoire des libertés publiques, seront d’ailleurs appelés à la barre pour l’occasion.

Les militants risquent cinq ans de prison

Le procès politique, l’association SOS soutien aux sans-papiers s’en rapproche à grands pas. Ses accrochages avec le ministre de l’Immigration, Brice Hortefeux, ont été le feuilleton de l’été dernier. Résumé des épisodes précédents : le 2 août, alors qu’une poignée de militants manifestent devant le centre de rétention du Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne), le feu prend à l’intérieur. Trois jours après, le ministre annonce le dépôt d’une plainte contre SOS, accusée d’être à l’origine de l’incendie. Depuis, si l’avocat de l’association, Henri Braun, déclare n’avoir toujours aucune nouvelle de la fameuse plainte, le parquet de Bobigny a ouvert une enquête préliminaire pour « provocations, suivies d’effets, à commettre des dégradations dangereuses ». Les militants poursuivis risquent tout de même jusqu’à cinq ans de prison et 75 000 euros d’amende…

Dernier épisode en date : le 24 septembre, trois membres de l’association et un sympathisant sont auditionnés. Le même jour, Muriel Elkolli, cinquante-deux ans, militante du Collectif de soutien aux demandeurs d’asile et aux sans-papiers de Tours, qui n’a pourtant pas mis les pieds au Mesnil-Amelot le 2 août, est également entendue. « Les deux gendarmes venus spécialement de Paris m’ont dit : « Vous trouvez pas que ça fait beaucoup ? La fermeture du CRA de Blois, la destruction de Vincennes et maintenant l’incendie au Mesnil-Amelot. » Ils nous considèrent comme des fous furieux qui mettons le feu et nous réunissons en secret. Mais la vraie cause de ces incendies, c’est leur politique d’enfermement des étrangers. »

Quant aux militants du comité des sans-papiers du Nord (CSP 59), ils doivent faire face à de nombreuses attaques depuis plusieurs mois. En décembre 2007, l’un d’entre eux est arrêté et mis en garde à vue trente-six heures sans qu’aucune plainte ne lui soit notifiée. Bis repetita en janvier, le même militant est gardé à vue vingt-quatre heures. Début février, c’est au tour de l’emblématique porte-parole du CSP 59, Roland Diagne, d’être convoqué à la brigade criminelle. On lui signifie alors que la ministre de l’Intérieur, Michèle Alliot-Marie, a porté plainte contre X suite à deux tracts jugés attentatoires à son honneur. Depuis : rien. « On n’a aucune nouvelle, proteste Roland Diagne. Si une plainte avait été déposée, au moins, on pourrait se défendre, mais là, ils nous arrêtent, nous relâchent… on ne peut rien faire. »

Première conséquence de ces multiples poursuites : la radicalisation du mouvement. « La multiplication des attaques crispe un certain nombre d’associations, analyse Stéphane Maugendre. Celles qui n’étaient pas forcément dans la contestation durcissent le ton. » Pour les plus optimistes, l’énergie dépensée par les pouvoirs publics pour tenter de réduire au silence les militants démontre l’efficacité de leur action. « Il existe une vraie évolution de l’opinion publique, note Richard Moyon de RESF. Il y a quelques années, il était impensable que des parents d’élèves se couchent sur la chaussée pour empêcher l’arrestation d’un père de famille. On prend des coups, c’est vrai, mais on en rend aussi… »

(1) {Le délit « d’aide à l’entrée, à la circulation et au séjour d’un étranger en situation irrégulière» est punie de 5 ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende}.

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« C’est complètement fou. Qu’est-ce qu’on a fait ? »

newlogohumanitefr-20140407-434Marie Barbier, 09/10/ 2008

Ginette Janin, retraitée, comparaîtra devant la justice le 12 décembre pour diffamations, avec deux autres militants du Collectif rennais de soutien aux sans-papiers.

Août 2008. Ginette Janin assiste au Festival d’Avignon quand elle apprend la nouvelle : le ministère de l’Intérieur l’attaque en justice pour diffamations et injures publiques contre un corps constitué de l’État. Deux autres militants du Collectif de soutien aux sans-papiers de Rennes sont également poursuivis. Peine maximale encourue : 45 000 euros d’amende. De retour du Festival, la passionnée de théâtre trouve une assignation à comparaître dans sa boîte aux lettres. « Je me suis dit : « C’est complètement fou ! Qu’est ce qu’on a fait ? Dans quelle société on vit ? » Ce n’est pas tant que ça me fait peur. Mais cela en dit long sur la politique du gouvernement… »

En cause : trois tracts, dont certains passages sont jugés insultants pour la police aux frontières (PAF). Intitulé « La PAF recrute, rejoins-nous ! », l’un des tracts ironise sur les méthodes des forces de l’ordre chargées de la lutte contre l’immigration illégale : « Tu veux un métier où, plus t’obtiens des résultats, plus tu gagnes du fric ? », « Dans la journée, tu peux aussi organiser des contrôles au faciès » ou encore « Notre métier autorise l’enfermement des enfants ». « Ces textes ont été écrits par quelques-uns, mais toujours lus et validés en assemblée générale », souligne Ginette, qui insiste sur la responsabilité collective et le côté arbitraire de la plainte. Pour le collectif, les trois prévenus ont été choisis au hasard, lors d’une manifestation devant les locaux de la PAF à Rennes, le 2 avril dernier. Les trois militants étaient présents : l’un a lu le tract à voix haute, un autre a appuyé sur l’interphone de la police et la dernière, Ginette, a répondu aux journalistes présents.

Depuis toujours, Ginette Janin prône la manifestation comme mode d’action. Dans le couloir de son appartement, tout en haut de la plus haute tour du quartier Colombier, une édition de l’Humanité la montre au sein d’un cortège parisien alors qu’elle était lycéenne. Ginette Janin est une révoltée épidermique. Les injustices lui hérissent le poil et la scandalisent. Dans les années soixante, elle milite, à Paris, à l’Union des étudiants communistes (UEC) avec Serge July, Bernard Kouchner et Alain Krivine. La professeure d’histoire-géographie s’installe ensuite dans le Morbihan. Elle y est militante syndicale et, un temps, conseillère municipale. Mais les partis ne la tentent pas. Elle préfère les causes.

Depuis sa retraite, la sexagénaire vit à Rennes, où elle milite depuis trois ans au collectif de soutien aux sans-papiers. Elle dit : « Quand on se bat pour davantage de justice sociale, il est logique de se battre pour les sans-papiers. Ce sont les plus exploités, les plus pauvres, les plus en marge. » Créé en 2002, le collectif rennais compte une cinquantaine de militants réguliers. À leur actif : rassemblements, manifestations, occupations et permanences juridiques. Depuis 2007 et l’installation d’un centre de rétention en Ille-et-Vilaine, le collectif organise des « parloirs sauvages » : les militants se postent derrière les grillages pour « discuter » avec les retenus en attente d’une probable expulsion. « C’est très dur, dit Ginette. À travers les grilles, ils nous racontent des choses désespérées. »

Le procès, initialement prévu le 19 septembre, a été repoussé au 12 décembre. Il devrait faire grand bruit. D’abord parce que des dizaines de militants du collectif ont entamé une procédure de comparution volontaire, demandant ainsi à être jugés au même titre que les trois prévenus. Ensuite parce que les avocats ont prévu de lui donner un retentissement politique. « On va plaider le caractère non diffamatoire et non injurieux, commente Stéphane Maugendre, l’un des avocats des prévenus et président du GISTI. C’est de la caricature, comme Charlie Hebdo le faisait il y a quelques années. On veut aussi prouver que certains passages sont vrais : comme le contrôle au faciès. » Pour Ginette, « bien sûr que ce procès sera une tribune politique contre la politique d’immigration ». Mais la militante ne perd pas de vue ses objectifs : « On ne veut pas se laisser bouffer par le procès. Notre travail est d’aider les sans-papiers et, en ce moment, il se passe vraiment des trucs horribles. »

M. B.

Un sans-papiers libéré rattrapé par le zèle policier

  Mourad Guichard

Lorsqu’il sort du tribunal de Bobigny, ce mardi 30 septembre, Ismaël, ressortissant congolais sans papiers, mais travaillant en France depuis sept ans, est un homme libre. Maurice Amouyal, son patron, s’est engagé à effectuer les démarches pour obtenir sa régularisation et Stéphane Maugendre, son avocat, se félicite que la cour ait assorti d’un sursis sa peine de prison pour «rébellion». Ismaël venait de refuser un embarquement vers le Congo après un mois passé au centre de rétention du Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne).

C’était sans compter sur le zèle des policiers du commissariat voisin de Mitry-Mory, les mêmes qui l’avaient arrêté trois mois auparavant. Au sortir de son lieu de travail, moins de vingt-quatre heures après sa libération, Ismaël est de nouveau arrêté et placé en garde à vue. Visiblement, les policiers ne connaissent pas la récente décision de justice.

«En droit strict, Ismaël était en état de récidive dès la sortie du tribunal», explique Stéphane Maugendre, par ailleurs président du groupe d’information et de soutien des immigrés (Gisti). «La seule parade à cette aberration juridique est la dépénalisation pure et simple du séjour irrégulier et du refus d’embarquement.»

Pour le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap) qui a suivi ce dossier, la situation d’Ismaël relève de l’ubuesque. «Voici un homme qui travaille en France depuis sept ans, paye régulièrement ses impôts jusqu’à la redevance télé et dont le patron affirme la nécessité de le garder en contrat à durée indéterminée (CDI), insiste Marie Montolieu, présidente d’un comité local parisien. Cet homme n’a pas eu la chance de travailler pour un grand restaurant parisien et de bénéficier de la publicité actuelle qui est faite pour la régularisation collective des sans-papiers.»

Ismaël, qui a été libéré jeudi dernier et qui a repris son travail le lendemain, ne comprend pas les raisons de cette deuxième garde à vue. «Dans leur ordinateur, les policiers auraient dû avoir les éléments», estime-t-il. «Durant la garde à vue, sans doute pour justifier leur prise, ils ont insisté pour que je reconnaisse que j’avais volé ce qui était contenu dans mon sac.» Résigné, son patron explique : «Nous repartons à zéro. Son CDI a été cassé et il a perdu toute son ancienneté. Il est aujourd’hui comme un nouvel entrant dans la boîte.»

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Avocat