Archives de catégorie : garde à vue

Plaidoirie pour Valérie LOWE

Monsieur le Président, Mesdames du Tribunal, je suis le Conseil de Mademoiselle Valérie LOWE, pour laquelle j’interviens au titre de la commission d’office.

Valerie Lowe en 1922.Police and Justice Museum Sydney
Valerie Lowe en 1922.Police and Justice Museum Sydney

Une remarque préalable. Je tiens à m’inscrire en faux contre les insinuations selon lesquelles, Valérie serait une prostituée.

En effet, nous n’avons, au dossier, aucun élément qui permet de confirmer cela. Et ce n’est pas parce que Monsieur Joseph MESSENGER, qui a été arrêté avec elle dans la présente affaire, est un homme connu pour appartenir à la pègre de Sydney et fréquenter des prostituées, qu’ipso facto Valérie est une prostituée.

Regardez-la, puisque nous sommes dans les apparences !

Est-elle vêtue comme une prostituée ou comme une enfant avec une robe à carreaux, bordée de dentelle d’adolescente, qui ne découvre que ses bras menus et aucunement le haut de son corps ?

La détermination de son regard surmonté d’une crinière en bataille vous suffit-il pour confirmer sa, soi-disant, profession ?

Non, visez la position de ses mains cachées, comme si elle cachait la honte de se retrouver en garde-à-vue au commissariat de Sydney !

Non, observez comme elle est recroquevillée sur elle-même et dans un coin de l’image comme un chien battu craignant la correction comme elle craint votre jugement !

Est-ce là l’attitude d’une prostituée ?

Et puis, une prostituée s’aventurerait elle à commettre des cambriolages ? D’abord, l’année dernière, en 1921, toujours avec Monsieur Joseph MESSENGER, en volant dans un entrepôt de l’armée des bottes et des marteaux pour la malheureuse somme de 293 shillings et aujourd’hui pour une tentative de vol avec effraction, sur laquelle nous reviendrons.

Or, à l’instant, dans son réquisitoire, Madame le Procureur de la République est venue vous affirmer que justement, puisque ce couple n’en était pas à son coup d’essai et que Joseph fréquentait les prostituées, Valérie se prostituerait pour lui. Joseph étant une sorte de julot-casse-croute.

Pure déduction illogique. D’une part, nous n’avons aucun élément prouvant qu’ils sont en couple, d’autre part, il ne semble pas que Monsieur Joseph MESSENGER soit poursuivi pour proxénétisme et, enfin, il me semble difficilement croyable qu’un jeune, à peine majeur, soit le proxénète d’une fille qui est son ainée d’à peine plus d’un an que lui.

Et puis quoi, enfin, la prostitution n’est pas un délit à ce que je sache.

Venons-en à la personnalité de Valérie.

Elle est née trois ans après l’indépendance de notre pays et a donc vécu le marasme économique qui s’en est suivi.
Fille de bushrangers, elle n’a jamais fréquenté un établissement scolaire.

En 1917, déjà orpheline de mère, elle perd son père engagé dans l’armée australienne dans le conflit de la guerre en Europe. Elle a, à peine 14 ans.

Depuis, cet âge elle vie dans les rues de Sydney, travaillant à droite à gauche, mais aussi, nous l’avons vu au regard d’une précédente condamnation l’année dernière, de petits cambriolages.

Doit-on en déduire que Valérie est véritablement ancrée dans la délinquance. Non, rien n’apparait à son casier judiciaire qui prouve qu’elle ait commis des actes délictueux durant sa minorité. Bien plus, il n’y a aucune mention au fichier Stic la concernant.

De l’ensemble de ces observations, je ne pourrais que solliciter une peine de sursis avec mise à l’épreuve.

Toutefois, vous n’aurez pas à vous attarder sur la peine à prononcer, puisque que je sollicite la relaxe de Mademoiselle Valérie LOWE.

En effet, celle-ci est poursuivie de tentative de vol par effraction.

Joseph Messenger, le 15 février 1922. Police and Justice Museum Sydney
Joseph Messenger, le 15 février 1922. Police and Justice Museum Sydney

Or, les circonstances l’espèce, c-à-d le fait que la jeune Valérie LOWE soit à l’extérieur de l’habitation au moment où les services de police interviennent, n’en fait pas d’elle un auteur ou un co-auteur, mais plutôt une complice. En effet, d’une part, elle n’est pas poursuivie pour une tentative de vol en réunion et d’autre part, il n’y a aucun élément objectif qui permet d’affirmer qu’elle a participé, directement, à l’effraction.

A ce stade, je me permets de vous rappellerez l’article 121-7 du Code pénal qui dispose :
« Est complice d’un crime ou d’un délit la personne qui sciemment, par aide ou assistance, en a facilité la préparation ou la consommation.

Est également complice la personne qui par don, promesse, menace, ordre, abus d’autorité ou de pouvoir aura provoqué à une infraction ou donné des instructions pour la commettre ».

Où trouvons-nous des preuves d’une aide ou d’une assistance ?
Nul part !

Nous ne trouvons, dans ce dossier, que des bribes d’indices permettant de penser, d’avoir l’intime conviction que Mademoiselle Valérie LOWE a tenté d’aider ou d’assister Monsieur Joseph MESSENGER.

Or vous le savez, la tentative de complicité n’est pas condamnable.
Vous relaxerez donc la prévenue.

Argenteuil : six ans après sa mort, les proches d’Ali Ziri ne désarment pas

Propos Recueillis par Maïram Guissé, 11/06/2015

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Photo Jocelyne Moreira

Le collectif Vérité et justice pour Ali Ziri reste mobilisé. Ce vendredi soir*, il organise un hommage à la mémoire du retraité algérien, sur la dalle d’Argenteuil. Une date symbolique, puisqu’il s’agit du sixième anniversaire de la mort d’Ali Ziri, 69 ans.

Le Chibani est décédé le 11 juin 2009, à l’hôpital d’Argenteuil, deux jours après son interpellation mouvementée par la police, à la suite d’un contrôle routier pour état d’ivresse, à Argenteuil. L’avocat de la famille, Stéphane Maugendre revient sur six années d’instruction judiciaire.

Où en est l’affaire aujourd’hui ?

STÉPHANE MAUGENDRE. Nous nous sommes pourvus en Cassation, pour la deuxième fois, après la décision de la chambre de l’instruction de Rennes (NDLR : Ille-et-Vilaine). Cette dernière a confirmé en décembre le non-lieu déjà rendu en octobre 2012 par le juge d’instruction du tribunal de Pontoise. L’arrêt de Rennes, que je trouve scandaleux, dit que la police a utilisé la force nécessaire.

Qu’attendez-vous de la Cour de cassation ?

Soit elle annule l’arrêt de Rennes, estimant que la décision n’a pas été bien motivée. Soit elle le confirme, estimant que tout a bien été traité. Dans ce cas, nous sommes prêts à saisir la Cour européenne des droits de l’Homme. Dans cette affaire, il n’y a pas eu d’instruction véritable menée par un juge d’instruction. Nous ne lâcherons pas.

Que demandez-vous ?

Six ans après la mort d’Ali Ziri, les trois policiers en cause n’ont jamais été entendus par aucun juge d’instruction saisi de l’affaire. Or, une policière a indiqué avoir utilisé la technique du pliage sur le retraité. Nous avons également demandé l’audition des témoins, et qu’une reconstitution soit faite au regard des expertises. Tout cela nous a toujours été refusé, comme le visionnage de la vidéo de l’arrivée d’Ali Ziri au commissariat d’Argenteuil. Quand une personne meurt en étant sous l’autorité de fonctionnaires de police, toutes les portes doivent être ouvertes pour être refermées une à une, sans négliger aucune piste. Propos RecueillisParMaïram Guissé

* Vendredi, à 20 h 30, Esplanade de l’Europe à Argenteuil. Gratuit.

L’interpellation mouvementée du retraité au cœur des débats

L’innocence des trois policiers qui ont procédé à l’interpellation d’Ali Ziri, le 9 juin 2009, à Argenteuil, ne fait aucun doute pour le syndicat de police Alliance. « Depuis le début, on ne cesse de dire que les collègues n’ont pas causé la mort de M. Ziri, insiste Ludovic Collignon, secrétaire départemental du syndicat de police Alliance. La technique du pliage n’a jamais été utilisée contrairement à ce que l’on peut entendre. »

L’interpellation était mouvementée. Sur ce point, tous sont d’accord. « Il (NDLR : Ali Ziri) était assis derrière, côté passager. La policière lui a maintenu le haut du corps contre l’appui-tête pour éviter qu’il ne donne des coups au collègue qui était à l’arrière », détaille Ludovic Collignon. Le syndicat aurait aimé que les policiers — toujours en service — soient « entendus par les juges d’instruction, car ça n’a pas été le cas » et qu’une « reconstitution soit faite ». « Si ça permettait à la famille de M. Ziri d’avoir des explications et de faire son deuil… », réagit-il.

La mobilisation des proches et du collectif, le syndicat dit la « comprendre ». « Mais je ne comprends pas pourquoi personne ne se pose de questions en direction du corps médical. Quand M. Ziri est arrivé à l’hôpital d’Argenteuil, il était conscient. L’infirmière n’a pas jugé bon de prendre ces constantes. Dix minutes plus tard, le médecin l’a trouvé en arrêt respiratoire. Personne ne regarde de ce côté », martèle Ludovic Collignon.

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L’affaire Ali Ziri bientôt portée sur grand écran

 Maïram Guissé, 25/02/2015

Luc Decaster, cinéaste indépendant, achève un documentaire lié à la mort, En 2009, d’un retraité lors d’une garde à vue. Il cherche 15 000€ pour boucler son projet.

« Qui a tué Ali Ziri ? » Voilà la question qui anime le documentaire du cinéaste Luc Decaster. Il est sur le point d’achever ce film de quatre-vingt-dix minutes, que nous n’avons pas encore pu voir.

Toutefois, l’histoire, chacun la connaît à Argenteuil. C’est celle d’Ali Ziri, un retraité algérien mort le 11 juin 2009, deux jours après une interpellation mouvementée par la police. Le chibani se trouvait en voiture avec un ami, Arezki Kerfali, lorsque les policiers procèdent au contrôle du véhicule qui ne roule pas droit. Les deux hommes, visiblement éméchés, auraient tenté de résister, contraignant les policiers à faire usage de la force pour les maîtriser. Ils sont placés en garde à vue, mais Ali Ziri fait un malaise. Il est conduit à l’hôpital d’Argenteuil, où il meurt.

La première autopsie conclut à une fragilité cardiaque et confirme la forte alcoolémie du sexagénaire. Une contre-expertise révèle la présence d’hématomes de 12 à 17 cm sur son corps. Stéphane Maugendre, l’avocat de la famille, dénonce l’utilisation par les agents « de la technique du pliage », interdite depuis 2003, qui consiste à maintenir de force l’individu interpellé de façon que sa tête touche ses genoux. Très vite après le drame, le collectif Vérité et Justice pour Ali Ziri s’est créé. Il regrette alors une enquête qui piétine. L’affaire dure désormais depuis plus de cinq ans.

C’est précisément cette mobilisation après les faits que Luc Decaster a filmée. Le cinéaste d’Argenteuil a participé aux premières manifestations du collectif, sa caméra à l’épaule. « Au début, je ne pensais pas faire un film. Cela s’est imposé à moi deux ans après le début de l’affaire, raconte-t-il. Le côté enquête policière ne m’intéresse pas vraiment. Je filme le quotidien, ce qui se dit dans le hall du palais de justice, entre les gens du groupe. » Réalisateur engagé depuis vingt ans, il travaille principalement sur des sujets sociaux dans lesquels il se sent impliqué, comme « Rêve d’usine » (2003), « Dieu ne nous a pas fait naître avec des papiers » (2010)…

Avec le film « Qui a tué Ali Ziri ? », Luc Decaster s’insurge contre les violences policières et leur impunité. Les plans sont longs et sans commentaire. « Je ne veux pas imposer une vision, un discours au spectateur, ce sera à lui de se faire sa propre opinion. L’idée est que le public s’interroge davantage en sortant », sourit-il. Contempler, prendre le temps de la réflexion, c’est ce que propose Luc Decaster à travers ce film tourné sur cinq longues années. Le marché Héloïse, les foyers Adoma où sont installés les chibanis… Luc Decaster filme aussi le quotidien à Argenteuil.

Aujourd’hui, il reste quarante cinq jours avant l’accouchement de ce film. Et chacun est invité à y participer. Pour que ce long-métrage soit visible sur grand écran, il manque encore 10 000 € à ce jour. Avec son producteur Zeugma Films, il lance une collecte sur la plate-forme Kisskissbankbank*. 5 000 € ont déjà été promis. « La somme récoltée servira à l’étalonnage, au mixage et à la distribution, précise-t-il. Ce sont des étapes coûteuses mais nécessaires pour venir à bout de notre projet », précise Luc Decaster.

Comme pour ses précédents films, il aurait aimé que les institutions nationales et régionales soutiennent ce projet. En vain. « C’est un film qui dérange, lâche cet ancien professeur d’histoire, accompagné par Elise, une bénévole. On a besoin du public pour que l’histoire d’Ali Ziri et ce film ne soient pas étouffés. »

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Mort d’Ali Ziri : le crime restera-t-il impuni ?

Louise FESSARD, 3/01/2015

La justice française mène une guerre d’usure dans l’enquête sur la mort d’Ali Ziri, 69 ans, décédé par asphyxie le 11 juin 2009, deux jours après son interpellation par la police à Argenteuil. La cour d’appel de Rennes vient de confirmer ce 12 décembre 2014 le non-lieu prononcé le 15 octobre 2012 par un juge d’instruction.

La justice française semble déployer une énorme énergie à empêcher toute enquête sérieuse sur la mort d’Ali Ziri, 69 ans. Ce retraité algérien était décédé par asphyxie le 11 juin 2009, deux jours après son interpellation par la police à Argenteuil. La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Rennes vient de confirmer le non-lieu prononcé le 15 octobre 2012 par un juge d’instruction. « La chambre de l’instruction a considéré, contre l’avis du parquet général de Rennes, qu’il n’y avait pas lieu à procéder aux actes complémentaires d’instruction (notamment une reconstitution) demandés par l’un des avocats des parties civiles », indique le procureur général dans un communiqué daté du 12 décembre 2014. Ces demandes étaient pourtant élémentaires : la famille voulait une reconstitution, ainsi que l’accès aux bandes de vidéosurveillance montrant l’arrivée d’Ali Ziri au commissariat.

Les proches d’Ali Ziri avaient attaqué le premier non-lieu du juge d’instruction devant la cour d’appel de Versailles, qui l’avait confirmé. Puis ils avaient porté l’affaire devant la Cour de cassation qui, le 18 février 2014, leur avait pour la première fois donné raison. La chambre criminelle de la Cour de cassation avait estimé que les juges auraient dû « rechercher si les contraintes exercées » sur le retraité algérien « n’avaient pas été excessives au regard du comportement de l’intéressé » et « si l’assistance fournie (par les policiers, ndlr) avait été appropriée ». Elle avait dépaysé l’affaire devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Rennes. Laquelle vient donc de confirmer à nouveau le non-lieu, contrairement aux réquisitions de l’avocat général (équivalent du procureur) qui, lors de l’audience du 19 novembre, avait demandé un supplément d’enquête. Pas découragé par cette guerre d’usure, Me Stéphane Maugendre indique vouloir à nouveau se pourvoir en cassation.

Arrêté le 9 juin 2009 avec un ami lors d’un contrôle routier, Ali Ziri avait été transporté inconscient à l’hôpital une heure et demie après son arrivée au commissariat. Il y était décédé deux jours plus tard. Les deux hommes, de 69 ans et 61 ans, étaient fortement alcoolisés. Ali Ziri était revenu passer quelques jours en France pour effectuer des achats avant le mariage de son fils et les deux amis avaient descendu plusieurs verres dans l’après-midi.

Alors qu’un premier cardiologue avait pointé une bien commode « cardiomyopathie méconnue », deux expertises ont ensuite mis en cause la technique dite du pliage. Cette dernière est formellement interdite depuis la mort en janvier 2003 d’un Éthiopien expulsé par la police aux frontières (PAF). Ce jeune homme de 23 ans était décédé d’avoir passé vingt minutes maintenu de force le torse plié, la tête touchant les cuisses, et menotté dans un siège d’avion à la ceinture serrée.

Les policiers d’Argenteuil, trois jeunes gardiens de la paix, ont reconnu l’avoir utilisée pour maintenir le vieil homme durant le trajet vers le commissariat. Ils n’ont pourtant jamais été inquiétés sur ce point, et ce n’est pas la cour d’appel de Rennes qui leur cherchera noise. « Les derniers experts ont émis l’hypothèse que la méthode de contention utilisée par les policiers pour immobiliser Ali Ziri dans le véhicule de police, consistant à maintenir son buste penché sur ses genoux, était également intervenue dans le processus causal de la mort. La chambre de l’instruction a cependant considéré qu’en l’état des « conclusions et hypothèses divergentes (…), il n’est pas possible de retenir une cause certaine de la mort d’Ali Ziri » », balaie le communiqué du procureur général du 12 décembre 2014.

 Dans son rapport de juillet 2009, l’ancienne directrice de l’institut médico-légal de Paris indiquait pourtant noir sur blanc qu’Ali Ziri était décédé « d’un arrêt cardio-circulatoire d’origine hypoxique par suffocation multifactorielle (appui postérieur dorsal, de la face et notion de vomissements) ». L’autopsie avait en effet montré une vingtaine d’hématomes sur le corps d’Ali Ziri, pouvant « correspondre à des lésions de maintien », ainsi que des signes d’asphyxie mécanique des poumons. Une troisième expertise du 15 avril 2011, demandée par le juge d’instruction, confirme que l’arrêt cardiaque constaté aux urgences est« secondaire à un trouble hypoxique en rapport avec les manœuvres d’immobilisation et les vomissements itératifs ».

Mais là encore, le communiqué du procureur général de Rennes explique que « la chambre de l’instruction a, en premier lieu, relevé que les expertises avaient établi que les hématomes constatés sur le corps d’Ali Ziri n’étaient pas à l’origine du décès, qui résulte de la conjugaison d’une pluralité de causes, parmi lesquelles une pathologie cardiaque préexistante et un état d’alcoolisation important. Ni la méthode utilisée par la police nationale pour extraire Ali Ziri du véhicule à l’arrivée au commissariat, ni son dépôt allongé à même le sol, menotté dans le dos, dans une salle d’audition, critiqués par la commission nationale de déontologie et de sécurité, ne sont la cause de son décès ».

Au vu du comportement des deux hommes accusés d’agir « dangereusement en crachant sur le conducteur ou en tentant de donner des coups de tête », la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Rennes considère que « les gestes d’immobilisation effectués durant quelques minutes par les policiers, dont l’attitude professionnelle, exempte de toute critique, est attestée par les témoins qui ont assisté à l’interpellation, ne constituaient pas une contrainte excessive. Les policiers n’ont ainsi fait usage que de la force strictement nécessaire pour les maîtriser et aucune faute, volontaire ou involontaire, ne peut être relevée à leur encontre ». Selon Le Monde, le ministère de l’intérieur avait tout de même prononcé cinq avertissements fin 2012 à l’égard des policiers.

L’ex-CNDS est la seule à avoir visionné les bandes de vidéosurveillance du commissariat, dont est extraite la capture d’écran ci-dessus. Elle décrivait la scène : « Ali Ziri est littéralement expulsé du véhicule (…), il est dans un premier temps jeté au sol puis saisi par les quatre membres, la tête pendante, sans réaction apparente, et emmené dans cette position jusqu’à l’intérieur du commissariat. » Pour Me Stéphane Maugendre, les images de l’extraction d’Ali Ziri montrent donc clairement qu’il « est arrivé quasiment inconscient au commissariat ».

À l’intérieur du commissariat, les deux hommes, toujours menottés et qui commencent à vomir par saccades, sont placés en position couchée (sur le ventre, sur le dos ou en position latérale de sécurité, selon des témoignages policiers divergents). Entre-temps, les policiers interpellateurs rédigent deux plaintes contre Arezki Kerfali et Ali Ziri (toujours à même le sol), respectivement pour outrage, et pour outrage et rébellion. Dans son avis de mai 2010, feu la Commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS) avait dénoncé comme « inhumain et dégradant » le fait de les avoir laissés, lui et son ami interpellé en même temps,« allongés sur le sol du commissariat, mains menottées dans le dos, dans leur vomi, à la vue de tous les fonctionnaires de police présents qui ont constaté leur situation de détresse, pendant environ une heure ». Mais pour la cour d’appel de Rennes, jusqu’ici tout va toujours bien.

Inutile également, aux yeux des magistrats rennais, d’entendre les témoins de l’interpellation qui auraient tous « souligné un comportement exemplaire des trois policiers interpellateurs face à deux hommes, certes âgés, mais insultants et agressifs » selon le communiqué du procureur général. Le 9 juin 2009, au commissariat, un jeune homme en garde à vue dit pourtant avoir été témoin d’une scène choquante. « L’un des policiers est venu vers cet homme (Arezki Kerfali – ndlr) et il a posé son pied sur la tête du monsieur et lui a dit une phrase du genre « Tu vas essayer », il a fait bouger la tête en appuyant avec son pied comme on pourrait le faire avec une serpillière, explique-t-il, entendu par l’IGPN le 11 décembre 2009. C’est comme s’il voulait lui faire essuyer son vomi avec sa tête. » Aucun des policiers n’a été questionné sur cette grave allégation.

Résumons : malgré les multiples demandes de la famille, les trois juges d’instruction qui se sont succédé sur ce dossier n’ont jamais auditionné les policiers concernés. Ils n’ont pas entendu les témoins présents ce soir-là au commissariat. Ils n’ont réalisé aucune reconstitution. Ils n’ont pas non plus jugé utile de visionner la bande des caméras de la cour du commissariat. C’est donc la façon normale, selon les magistrats de la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Rennes, dont une interpellation puis une enquête sur les violences policières doivent être menées en France. Qu’en pense Christiane Taubira, qui s’était indignée sur Twitter de la décision du grand jury étasunien de ne pas poursuivre le policier qui a tué de six balles Michael Brown à Ferguson ?

Non-lieu dans l’affaire Ali Ziri : injuste. L’impunité policière est notre pire fléau

Avatar de Amal Bentousi

LE PLUS. Ali Ziri était un retraité algérien de 69 ans, décédé le 11 juin 2009 à l’hôpital, après une interpellation mouvementée lors d’un contrôle routier. Vendredi 12 décembre, la cour d’appel de Rennes a confirmé le non-lieu. Amal Bentousi, fondatrice du collectif Urgence notre police assassine, s’insurge face ce qu’elle estime être de l’injustice.

Des participants manifestent, le 24 mars 2012 à Paris, pour dénoncer l’impunité policière. (AFP PHOTO/J. SAGET)

Pour beaucoup, l’annonce, vendredi 12 décembre, du non-lieu dans l’affaire d’Ali Ziri, 69 ans, mort des suites d’une interpellation policière n’était qu’un article de plus, sans importance, sans incidence.

Pour moi, pour nous, familles de victimes décédées dans des circonstances similaires, cette nouvelle sonne comme un coup de marteau dans la tête, et glace le sang. Ce non-lieu arrive dans un contexte d’indignation générale face à l’impunité policière aux États-Unis.

Une colère obscure gronde

Après une lettre ouverte à Bernard Cazeneuve l’interpellant sur la situation depuis son arrivée. Après une lettre collective de familles de victimes à Christiane Taubira, et des actions sous ses fenêtres pour lui rappeler qu’il n’y a pas qu’aux États-Unis que la police tue et la Justice acquitte, et qu’il y a matière à réformer pour réparer un système qui offre un permis de tuer à des agents de l’État.

Comment recevoir cette nouvelle ? Je ne sais pas, je ne sais plus.

 Aujourd’hui, je sais que tout comme à chaque fois qu’un violeur s’en sort, toutes les victimes de viol revivent leur agression et sont un peu plus ébranlées et découragées, nous, familles de victimes de crimes policiers, nous vivons chaque non-lieu comme une insulte, une gifle de la république, en même temps que nous revivons la mort de nos proches. Et en nous gronde un sentiment d’injustice, une colère obscure, avec des questionnements qui torturent.

De belles paroles qui sonnent faux

L’affaire Ali Ziri, c’est l’affaire d’un vieil homme qui ne posait aucun danger, et qui est mort des suites de son interpellation, vraisemblablement à cause de l’utilisation d’une technique d’immobilisation interdite en France, car avérée mortifère. Les éléments sont là, et accessibles à tous.

D’autres éléments, notamment vidéo, étaient accessibles. Les avocats, et même certains magistrats les ont demandés. La Justice a décidé de ne pas les prendre en compte. Inutile. « Non-lieu » déclare-t-elle. « Non événement », entendons-nous.

Nos vies n’ont-elles donc pas plus de valeur que ça ? L’État de droit n’existe-t-il donc pas, en France ?

Oui, ces questionnements torturent. La France, pays des droits de l’Homme… de belles paroles qui sonnent faux.

À force de mensonges et de protection sans faille d’assassins, de voyous en col blanc, de politiques corrompus, notre république perd toute crédibilité – aux yeux du monde comme aux yeux de son propre peuple. Car sous l’étendard des droits de l’Homme, elle donne des leçons qu’elle ne s’applique pas, et nous en sommes les premières victimes.

Inconsciente république

La France a tué une partie de moi, une partie de nous. Mais je sais que nous ne sommes pas seuls à sentir le chaos se former dans nos têtes.

 Je sais que ceux qui se rassembleront samedi 20 décembre à Stalingrad à Paris se demandent aussi comment ceux qui manifestaient contre les violences policières ont été condamnés à huit mois de prison, alors les policiers qui ont tué Rémi Fraisse, Ali Ziri, Lamine Dieng, Zyed Benna et Bouna Traore pour ne citer qu’eux, continuent de travailler sous la protection de l’État.

 Inconsciente république, qui oublie que l’on récolte ce que l’on sème, et ne connaît pas encore le prix des conséquences à payer.

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Affaire Ali Ziri : vers un pourvoi en cassation

, Hana Ferroudj, 16/12/2014

Vendredi dernier, la chambre d’instruction de la cour d’appel de Rennes a requis un non-lieu dans l’affaire d’Ali Ziri (un homme de 69 ans décédé après un contrôle de police en 2009 à Argenteuil). La famille du défunt et son avocat ont décidé de se pourvoir en cassation.

La décision rendue par la chambre d’instruction de la cour d’appel à Rennes était inattendue par la famille Ziri et leur avocat. Pourtant, la cour de cassation avait décidé en février 2014 d’annuler le non-lieu. Le parquet général de Rennes est allé aussi dans ce sens à la mi-novembre en se prononçant favorablement à une relance de l’enquête. Mais, la chambre d’instruction en a décidé autrement vendredi dernier en confirmant l’ordonnance de non-lieu rendue en 2012.

Maître Maugendre, avocat de la famille Ziri, est surpris de ce verdict : « En clair, le juge d’instruction n’a pas été suffisamment transparent dans son instruction. Il n’a pas fait droit à certaines demandes de la famille d’Ali Ziri et moi-même car j’ai fait des demandes  de reconstitution et de visionnage de bande de vidéo…etc. Je sais que l’instruction n’est pas suffisamment contradictoire à l’égard de la famille d’Ali Ziri. Je pensais qu’effectivement ces deux arguments que j’avais développé et qu’à partir du moment où ça été repris par l’avocat général, était un point de notre coté. Le fait que la cour d’appel de Rennes n’ait pas suivi ce côté-là est extrêmement décevant. Je dirais même inquiétant parce que la cour d’appel de Rennes est la même chambre qui étudie l’affaire de Bouna et Zyed. On a de quoi s’inquiéter sur cette autre affaire ».

Le 9 juin 2009, Ali Ziri avec son ami Arezki Kerfali étaient à bord d’un véhicule. Ali Ziri  était le conducteur, ces deux derniers auraient eu un taux d’alcoolémie élevé. Arrêtés lors d’un contrôle de police, les deux hommes ont été emmenés, inconscients, à l’hôpital une heure et demie après leur arrivée au commissariat. Deux jours plus tard, Ali Ziri meurt. Âgé de 69 ans, il était revenu passer quelques jours en France pour faire des achats avant le mariage de son fils.

Concernant les circonstances de la mort du sexagénaire, ni la famille, ni l’avocat Maître Maugendre, n’ont obtenu une réponse à ce sujet là :“Il y a eu seulement un premier expert dans cette affaire qui n’avait pas eu connaissance de tout le dossier et a estimé que la mort était dûe à des coups qu’on reproche à la police”. L’avocat de la famille Ziri s’interroge toujours des circonstances de la mort du retraité décédé “Monsieur Ali Ziri entre le moment où il rentre dans la voiture, et le moment où il ressort, 5 minutes se sont écoulées. Que s’est il passé ? Est ce que Monsieur Ziri a été plié la tête sur les genoux pendant 5 min ? C’est la seule question qui se résume dans cette affaire là.  Est ce que la manière dont il a été maintenu Monsieur Ali Ziri, pour le calmer, est oui ou non la cause du décès ?”. Selon Maître Maugendre, la cour d’appel n’a pas voulu aller sur ce terrain-là : “Je pense que si nous étions devant la cour européenne des droits de l’homme, la France serait condamnée aujourd’hui car lorsqu’une personne décède dans les mains de la police on doit faire une instruction irréprochable or, dans cette affaire, elle n’est pas irréprochable. Car d’une certaine manière la cour d’appel de Rennes vient justifier une instruction qui n’est pas irréprochable”.

Ce que demande l’avocat et la famille d’Ali Ziri est que la justice mette toute en œuvre pour cette affaire soit éclaircie en utilisant les outils qui sont à leur disposition : « Nous demandions une reconstitution du transport entre le lieu d’interpellation d’Ali Ziri et du commissariat d’Argenteuil en la présence de l’ensemble des protagonistes et surtout les experts qui avaient dit que le maintien d’Ali Ziri dans une telle position est la cause de la mort. J’ai demandé aussi que l’on visionne toujours en présence des experts et du procureur de la République la vidéo qui a été tournée dans la cour du commissariat où l’on voit monsieur Ali Ziri être extrait du véhicule. Selon les policiers, il a refusé d’être extrait. Mais l’analyse que je fais de cette image est que Monsieur Ali Ziri était déjà dans un état comateux. J’ai aussi demandé que le juge d’instruction entende lui-même les policiers. Car, il faut savoir que les policiers n’ont jamais été entendus par un juge d’instruction.  Mais, ils ont été seulement entendus par la police des polices et l’IGPN. Le juge d’instruction n’a jamais aussi reçu la famille”.

La famille d’Ali Ziri et son avocat n’ont pas l’intention de baisser les bras dans cette affaire et veulent découvrir la vérité sur ce qui est arrivé au défunt. Aujourd’hui, Maître Maugendre  prépare un pourvoi en cassation et s’il ne donne rien, il dit vouloir aller jusqu’à la cour européenne des droits de l’homme.

⇒ Voir l’article

Non-lieu dans l’affaire Ali Ziri : «Une seconde mort pour mon père»

, La rédaction de Mediapart,

Extrait : La fille d’Ali Ziri, décédé par asphyxie le 11 juin 2009, deux jours après son interpellation par la police à Argenteuil, estime que « le non-lieu rendu ce vendredi 12 décembre par la cour d’appel de Rennes est une seconde mort de (son) père ». La famille se pourvoit en cassation.

La chambre de l’intruction de la cour d’appel de Rennes a confirmé le 12 décembre le non-lieu prononcé dans l’enquête sur la mort d’Ali Ziri, un retraité algérien de 69 ans. Ali Ziri était décédé par asphyxie le 11 juin 2009, après deux jours de coma suite à son interpellation par la police à Argenteuil. « Le non-lieu rendu ce vendredi 12 décembre par la cour d’appel de Rennes est une seconde mort de mon père, a réagi Anissa Ziri, la fille du défunt dans La Tribune d’Argenteuil. C’est une injustice de plus à l’égard de la mémoire de mon père et de ma famille. »

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Soupçons de bavure policière à Argenteuil: La famille d’Ali Ziri se pourvoit en cassation

Levée du corps d'Ali Ziri, en septembre 2009 à Argenteuil.

Après le revers judiciaire imposé vendredi par la cour d’appel de Rennes, la famille d’Ali Ziri a déposé un nouveau pourvoi en cassation, a appris 20 Minutes auprès des proches de ce retraité algérien de 69 ans, mort après un contrôle de police en juin 2009 à Argenteuil (Val-d’Oise).

La Cour de cassation avait relancé en février les espoirs des proches du retraité, en annulant le non-lieu rendu dans cette affaire. Une position relayée par le parquet général de Rennes, qui s’est prononcé mi-novembre pour une relance de l’enquête.

Mais la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Rennes, où le dossier a été dépaysé, a finalement décidé de s’opposer au parquet. Et a confirmé l’ordonnance de non-lieu rendue en 2012 dans cette affaire.

Alcoolisés

Ali Ziri avait été interpellé le soir du 9 juin 2009 avec un ami, Arezki Kerfali, 60 ans, à bord d’un véhicule que ce dernier conduisait. Fortement alcoolisés, les deux hommes avaient été transportés au commissariat d’Argenteuil et placés en garde à vue.

L’Algérien, tombé dans le coma, était mort deux jours plus tard à l’hôpital d’Argenteuil. Une première autopsie avait tenu pour causes du décès des problèmes cardiaques et l’alcoolémie. Mais une contre-expertise avait révélé la présence d’une vingtaine d’hématomes, dont certains larges de 17 cm.

Trois ans d’enquête

Après trois ans d’enquête, le juge chargé de faire la lumière sur le drame avait pourtant décidé de ne pas poursuivre les policiers impliqués dans l’interpellation, expliquant n’avoir établi «aucun acte de violence volontaire qui aurait été la cause directe ou indirecte du décès».

Cette version est contestée par les proches du défunt. Ils assurent que les policiers ont maîtrisé le retraité en lui appuyant la tête contre les genoux pendant plus de quatre minutes. Ils auraient pratiqué la technique dite du «pliage», pourtant interdite.

Dans son avis de mai 2010, l’ex CNDS (Commission nationale de déontologie de la sécurité) avait, elle aussi, dénoncé comme «inhumain et dégradant» le fait d’avoir laissé Ali Ziri et son ami Arezki Kerfali «allongés sur le sol du commissariat, mains menottées dans le dos, dans leur vomi, à la vue de tous les fonctionnaires de police présents qui ont constaté leur situation de détresse, pendant environ une heure».

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Mort après un contrôle de police. Un revers pour la famille d’Ali Ziri

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Nouveau revers pour les proches d’Ali Ziri, l’Algérien de 69 ans mort après un contrôle de police en 2009 dans le Val-d’Oise. La Cour d’appel de Rennes a confirmé le non-lieu.

La Cour de cassation avait relancé en février les espoirs des proches du retraité, en annulant le non-lieu rendu dans cette affaire. Une position relayée par le parquet général de Rennes, qui s’est prononcé mi-novembre pour une relance de l’enquête.La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Rennes, où le dossier a été dépaysé depuis la décision de la Cour de cassation, a finalement décidé de s’opposer au parquet, en confirmant l’ordonnance de non-lieu rendue en 2012 dans cette affaire.

Une vingtaine d’hématomes

Ali Ziri avait été interpellé le soir du 9 juin 2009 avec un ami, Arezki Kerfali, 60 ans, à bord d’un véhicule que ce dernier conduisait. Fortement alcoolisés, les deux hommes avaient été transportés au commissariat d’Argenteuil et placés en garde à vue. Ali Ziri, tombé dans le coma, était mort deux jours plus tard à l’hôpital d’Argenteuil. Une première autopsie avait conclu que des problèmes cardiaques et l’alcoolémie étaient les causes du décès. Mais une contre-expertise avait révélé la présence d’une vingtaine d’hématomes, dont certains larges de 17 cm.

Après trois ans d’enquête, le juge chargé de faire la lumière sur le drame avait pourtant décidé de ne pas poursuivre les policiers impliqués dans l’interpellation, expliquant n’avoir établi « aucun acte de violence volontaire qui aurait été la cause directe ou indirecte du décès ».

La technique du « pliage »

Une version contestée par les proches du défunt, qui assurent que les policiers ont maîtrisé le retraité en lui appuyant la tête contre les genoux pendant plus de quatre minutes dans leur véhicule, selon la technique dite du « pliage », pourtant interdite.

Dans son arrêt, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Rennes a estimé qu’en l’état des « conclusions et hypothèses divergentes (…), il n’est pas possible de retenir une cause certaine de la mort d’Ali Ziri ».« Les policiers n’ont fait usage que de la force strictement nécessaire » pour maîtriser les retraités. « Aucune faute, volontaire ou involontaire, ne peut être relevée à leur encontre », a poursuivi la chambre, citée dans un communiqué par le parquet général. L’avocat de la famille Ziri, Me Stéphane Maugendre, a indiqué qu’il souhaitait à nouveau se pourvoir en cassation.

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Nouveau revers pour les proches d’Ali Ziri, mort après un contrôle de police

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C’est un nouveau coup dur pour les proches d’Ali Ziri. La cour d’appel de Rennes a opposé, vendredi 12 décembre, un nouveau revers judiciaire à la famille de ce retraité algérien de 69 ans mort après un contrôle de police en juin 2009 à Argenteuil (Val-d’Oise), selon des sources judiciaires.

La Cour de cassation avait relancé en février les espoirs des proches d’Ali Ziri, en annulant le non-lieu rendu dans cette affaire. Une position relayée par le parquet général de Rennes, qui s’était prononcé à la mi-novembre pour une relance de l’enquête. Mais la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Rennes, où le dossier a été dépaysé depuis la décision de la Cour de cassation, a finalement décidé de s’opposer au parquet, vendredi, en confirmant l’ordonnance de non-lieu rendue en 2012 dans cette affaire.

POLÉMIQUE SUR LES CAUSES DU DÉCÈS

Ali Ziri avait été interpellé le soir du 9 juin 2009 avec un ami, Arezki Kerfali, 60 ans, à bord d’un véhicule que ce dernier conduisait. Fortement alcoolisés, les hommes avaient été transportés au commissariat d’Argenteuil et placés en garde à vue. Ali Ziri, tombé dans le coma, était mort deux jours plus tard à l’hôpital d’Argenteuil. Une première autopsie avait conclu que des problèmes cardiaques et l’alcoolémie étaient les causes du décès. Mais une contre-expertise avait révélé la présence d’une vingtaine d’hématomes, dont certains larges de 17 cm.

Lire aussi : Non-lieu dans le procès sur la mort en 2009 d’Ali Ziri après une garde à vue

Après trois ans d’enquête, le juge chargé de faire la lumière sur le drame avait pourtant décidé de ne pas poursuivre les policiers impliqués dans l’interpellation. Selon lui, « aucun acte de violence volontaire (…) aurait été la cause directe ou indirecte du décès ».

Une version contestée par les proches du défunt, qui assurent que les policiers ont maîtrisé le retraité en lui appuyant la tête contre les genoux pendant plus de quatre minutes dans leur véhicule, selon la technique dite du « pliage », pourtant interdite.

« AUCUNE FAUTE VOLONTAIRE OU INVOLONTAIRE » DES POLICIERS, SELON LA CHAMBRE

La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Rennes a estimé dans son arrêt vendredi que, en l’état des « conclusions et hypothèses divergentes (…), il n’est pas possible de retenir une cause certaine de la mort d’Ali Ziri ». La chambre ajoute que « les policiers n’ont fait usage que de la force strictement nécessaire » pour maîtriser les retraités. « Aucune faute, volontaire ou involontaire, ne peut être relevée à leur encontre. »

Contacté par l’Agence France-Presse, l’avocat de la famille Ziri, Me Stéphane Maugendre, a fait savoir qu’il souhaitait à nouveau se pourvoir en cassation.

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