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Justice pour Catherine

logo nouveau detective Michel Mary, 13/09/2000

La jeune femme policier a baissé sa vitre. Elle a souri à l’automobiliste qui venait de s’arrêter à sa hauteur. Et elle a reçu une décharge de chevrotine dans le cou…

dessinParis, 20 février 1991. Il est 1 h 20 du matin. Cette nuit, se sont deux jeunes gardiens de la paix parisiens, Emile Hubbel et Catherine Choukroun, qui sont chargés de surveiller le radar placé à la hauteur de la porte de Clignancourt, sur le boulevard périphérique. Leur 405 frappée du sigle de la police est stationnée en contrebas sur la bretelle d’accès au « périph ». A l’intérieur, Catherine Choukroun, une jolie jeune femme de 25 ans au visage rond et aux grands yeux rieurs, est en train d’expliquer à son collègue qu’elle a hâte que l’aube se lève. Elle rentre en effet tout juste de son congé de maternité, et, pour satisfaire à ses obligations professionnelles, elle a laissé son bébé de cinq mois à la garde de son mari. Elle est évidemment très impatiente de les retrouver tous les deux.

A ce moment, une voiture de couleur sombre se rapproche à petite allure sur la droite du véhicule de police. Instinctivement, Emile Hubbel jette un œil dans son rétroviseur. C’est peut-être un automobiliste tout récemment « flashé » qui vient leur demander l’indulgence ? Effective¬ment la voiture sombre ralentit encore, puis s’arrête à leur hauteur. Tout naturellement Catherine Choukroun baisse sa vitre et penche la tête à l’extérieur en direction du pilote de l’autre véhicule. Curieusement elle sourit étonné, Emile Hubbel lui demande :
—Tu les connais ?
Mais à cette question, hélas, sa jeune collègue ne répondra jamais…

« J’étais tellement affolé que je me suis mis à parler en créole »

— Une détonation a retenti et elle s’est écroulée. Elle était pleine de sang…

Cour d’assises de Paris. Ce lundi 4 septembre 2000, neuf longues années après le drame, l’agent de police Emile Hubbel raconte à la cour, présidée par Mme Varin, la terrible nuit au cours de laquelle sa collègue Catherine Choukroun a été assassinée. Petit, trapu, légèrement dégarni, une petite barbe, Emile Hubbel -lui-même blessé cette nuit-là- est extrêmement ému. Et c’est d’une voix pleine de larmes contenues qu’il termine sa déposition.

—Je me suis alors emparé de la radio pour appeler les secours, dit-il. Au commissariat, ils ont cru à un canular. Et moi, j’étais tellement affolé que je me suis mis à parler la langue de mon île natale : le créole… Depuis, j’ai presque en permanence dans la mémoire ce « flash » horrible : le bruit de la détonation, puis Catherine qui s’effondre sur moi.

Sur la piste des passagers d’une Austin noire

La carotide sectionnée, la jeune femme meurt sur-le-champ. Son décès provoque dans tout le pays une intense émotion. Catherine Choukroun, policier exemplaire qui comptait cinq ans de métier, est en effet la première femme gardien de la paix tuée dans l’exercice de ses fonctions. Ses collègues de la « Crim’ », saisis de l’affaire, se sont juré de démasquer ses assassins. Mais l’enquête s’annonce très difficile.

— Au départ, nous ne disposions d’aucun élément permettant d’arrêter les coupables, explique à la cour le commandant de police Alain Vasquez, chef de groupe à la brigade criminelle.
Debout à la barre des témoins, cet homme d’une cinquantaine d’an¬nées, élégant dans son costume vert, s’interrompt un instant. Puis reprend, détachant bien ses mots :
— Catherine Choukroun a été tuée avec de la chevrotine, un projectile qui rend impossible toute expertise balistique. Quant à Emile Hubbel, il ne savait pas si la voiture de ses agresseurs était une R 5, une Austin ou une Peugeot 205. Il n’avait même pas vu le conducteur…
En fait, à l’heure où les investigations commencent, les policiers de la « Crim’ » disposent d’un seul élément : le témoignage d’un chauffeur de taxi. L’homme, un certain Haïm, est décédé depuis. Mais la présidente Varin lit sa déposition :
— Dans la nuit du 20 février 1991, vers 1 h 45, je roulais sur le périphérique entre les portes de Clignancourt et de Saint-Ouen, quand j’ai été « doublé par une,petite voiture noire, une Austin Métro nerveuse et puissante. Elle roulait tous feux éteints. A, l’arrière, il y avait une fille entre 20 et 25 ans aux cheveux blonds. A l’avant, un passager brun aux sourcils fournis avec, autour du cou, un foulard de type palestinien à carreaux rouges et blancs. J’ai été frappé par le rictus de son visage, qui exprimait la haine, le mépris et la méchanceté. La voiture a emprunté la sortie de la porte de Saint-Ouen ».

Ce véhicule est-il celui des assassins de Catherine Choukroun ? Il semble bien que oui. En effet, quelques jours après le drame, l’un des policiers chargés de cette affaire, le commissaire Eric Guillet, reçoit un coup de téléphone anonyme. Selon ce mystérieux informateur, le crime aurait été commis par un homme roulant à bord d’une Austin noire dont la plaque d’immatriculation se termine par T 92.

« Dans un bar de Montreuil, j’ai retrouvé Simone »

Forts de ce renseignement, les policiers convoquent alors les cinq cents automobilistes « flashés » cette nuit-là par le radar de la porte de Clignancourt, et ils les interrogent. Ils répertorient également les Austin noires immatriculées dans les Hauts-de-Seine. Mais ce travail de fourmi n’aboutit à rien. Et six longues années passent…

31 décembre 1997. Ce soîr-là, Henri Seghair, policier affecté à la brigade des stupéfiants de Seine-Saint-Denis, est de service. Mais en compagnie d’un couple ami, il va tout de même dîner dans un petit restaurant de Montreuil où il a ses habitudes. Ce qui se passe ensuite, il le raconte maintenant à la cour :
—Dans ce restaurant se trouvait Simone, une femme avec qui j’avais déjà bavardé à plusieurs reprises, dit ce jeune policier brun aux cheveux frisés. La fille de Simone était toxicomane et elle me demandait des conseils. Ce soir-là, elle était seule et elle avait l’air triste. Mes amis et moi, nous l’avons invitée à boire une coupe de champagne. Elle m’a alors fait des confidences…
Des confidences, en effet. Et pas n’importe lesquelles. Car Simone, sous ses dehors innocents, est en réalité une « mère maquerelle » qui loue des studios aux filles de la rue Saint-Denis. Et elle en sait beaucoup, apparemment sur l’affaire Choukroun…
— Elle m’a dit : «Je vais te faire un cadeau », poursuit Henri Seghair. Puis elle m’a expliqué que Catherine Choukroun avait été tuée par deux videurs de la rue Saint-Denis qui, ce soir-là, allaient chercher de la drogue sur les boulevards des Maréchaux en compagnie d’une prostituée surnommée « Johanna ». Ils étaient à bord d’une Austin noire dont elle m’a donné le numéro d’immatricula¬tion. Celui-ci se terminait par T 92…

Le jeune policier en a terminé. Le silence se fait

« C’est vrai, j’étais là, ce qui s’est passé est ignoble »
Tous les regards se tournent à pré¬sent vers le box des accusés dans lequel sont assis Nathalie Delhomme, une ancienne prostituée surnommée précisément « Johanna », et ses deux coïnculpés: Aziz Oulamara, 39ans, déjà condamné à plusieurs reprises pour vol et proxénétisme, et Marc Petaux, 41 ans, dit « Marco le Légionnaire», dont le casier judi¬ciaire est également très chargé.
C’est Nathalie Delhomme qui se lève la première pour répondre aux questions de la présidente. Petite, bien en chair, le cheveu roux et frisé, le visage rond, elle est vêtue d’un simple pull blanc. Après avoir précisé qu’elle est née le 20 juillet 1967 dans l’Eure, elle poursuit :
— Mes parents avaient neuf enfants chacun quand ils se sont rencontrés. L’un de mes frères m’a agressée sexuellement alors que j’avais 8 ans. Quant à mon père, il buvait… Dans ces conditions, on comprend pourquoi Nathalie, alors qu’elle vient tout juste de fêter ses 17 ans, n’ait rien de plus pressé que de fuir sa famille et de monter à Paris. La jeune fille a un diplôme d’esthéticienne en poche. Mais elle ne s’en servira pas, préférant devenir serveuse dans un bar du XlVe arrondissement
—Quelques semaines plus tard, dit- elle, j’ai rencontré mon premier amour : Abdel. Pour lui, je me suis mise à faire le trottoir. Ma première passe, je l’ai faite rue Blondel, le jour de mes 18 ans.

Mars 1987. Abdel est découvert assassiné dans la forêt de Sénart. Qui l’a tué? Nathalie Delhomme, un moment soupçonnée, est relâchée faute de preuves. Et tout naturellement pourrait-on dire, elle retrouve le trottoir. Sous le contrôle d’un nouveau proxénète, un certain José Da Silva.

—A cette époque, reconnaît la jeune femme, je me droguais. Il me fallait près de 2 000 francs par jour pour ma came. Ce n’est qu’en 1996, quand j’ai accouché de Tony, mon petit garçon, que j’ai cherché à m’en sortir. Je suis alors partie en Normandie et je me suis inscrite au RMI. Ensuite, j’ai décidé de fonder une entreprise de retouches.

Cette nouvelle vie ne durera guère. Au mois de juin 1997, en effet à la suite des révélations de Simone, les policiers décident d’interpeller Nathalie Delhomme. C’est un jeune lieutenant Marc Guillemois, qui parvient enfin à la localiser. Mais, une fois en sa présence, il constate qu’elle a beaucoup changé.

—Je cherchais une prostituée, explique ce policier râblé, vêtu d’un jean et d’un blazer. J’ai été surpris de tomber sur une hon¬nête mère de famille. Nous sommes remontés à Paris dans ma voiture. Je me souviens parfaitement que lors d’un arrêt à une station-service, je lui ai parlé de Catherine Choukroun. Je lui ai dit: «La pauvre femme, elle avait un bébé de cinq mois… » Nathalie Delhomme a alors fondu en larmes. Et elle m’a dit : « D’accord, c’est vrai. J’étais là au moment elle a été tuée. Ce qui s’est passé est ignoble. »

« Si j’ai avoué, c’est parce qu’ils m’ont menacée »

Lors de sa garde à vue, Nathalie Delhomme réitère ses aveux. Elle dénonce même l’un de ses complices présumés : un certain Aziz, qui exerce la profession de videur rue Saint-Denis. Mais aujourd’hui la position de la jeune femme est bien différente.

—Tout ce que j’ai raconté aux policiers était faux! proteste-t-elle dans un sanglot Si j’ai avoué, c’est parce qu’ils m’ont menacée de m’envoyer en prison pour le reste de ma vie. Je ne voulais pas que mon fils aille à la Ddass.

-Alors, insiste la présidente, vous n’étiez donc pas sur le périphérique en compagnie d’Aziz Oulamara au cours de la nuit du drame ?
— Non !

A côté d’elle, Oulamara acquiesce vivement. Puis, sur un signe de la magistrate, ce petit homme de 39 ans au visage mou, vêtu d’un sweat blanc et gris à rayures, se lève. Et s’exclame :
— Moi, je n’ai jamais tué de policier. Les policiers, je les aime bien. Le week-end, je jouais même avec eux à la pétanque !
Un silence.
—Vous avez tout de même été condamné neuf fois pour proxénétisme et vol avec violence, fait remarquer Mme Varin.
— Peut-être, réplique Oulamara, mais j’ai toujours travaillé. Il fallait bien, d’ailleurs ! En 1983, mon père a tué ma mère et il s’est retrouvé en prison. J’ai dû élever mes quatre frères et sœurs. Je devais acheter les fournitures scolaires, la nourriture, payer pour les vacances de tout le monde. C’est comme ça que je suis devenu videur rue Saint-Denis…
— En quoi consistait votre travail ?
— Je veillais à ce que les filles n’aient pas de problème avec leurs clients. Ça me rapportait 1 500 francs par fille et par nuit.
— M. Oulamara, dit la présidente, revenons en aux faits qui vous sont reprochés…
—Je suis innocent !
—Vous avez pourtant passé des aveux détaillés… |
— Pendant ma garde à vue, les policiers m’ont frappé et j’ai eu des côtes cassées, un traumatisme crânien.
A cet instant à l’appui de ces déclarations,
Me Françoise Luneau, l’avocate d’Oulamara, brandit une photo prise à l’issue de sa garde à vue. Et tous peuvent constater que l’accusé est en effet couvert d’ecchymoses.
— M. Oulamara, reprend Mme Varin, je constate pourtant qu’en novembre 1997, soit six mois plus tard, vous expliquez au juge d’instruction que le soir du drame vous étiez sur le périphérique, au volant d’une Austin noire volée. Vous admettez aussi que vous portiez un foulard palestinien.
— Un foulard palestinien? s’exclame Oulamara, méprisant. Et pourquoi pas des babouches et un tchador !
La présidente attend quelques secondes. Puis enfonce le clou :
—Vous avez aussi accusé votre ami Marc Petaux d’avoir occupé le siège passager et d’être l’auteur des coups de feu tirés sur Mme Choukroun.

Tous les regards se tournent alors vers le troisième accusé, Marc Petaux, 41 ans, alias « Marco te Légionnaire ». Grand, le visage taillé au couteau, les yeux clairs, il se dresse, très maigre dans son polo blanc Puis cet ancien engagé au Tchad, devenu lui aussi videur rue Saint-Denis, déclare, la main sur le cœur :
— Je vous donne ma parole d’homme que je suis innocent. Jamais je n’ai participé à cette abomination.

Il se tourne vers Oulamara, le fusillant du regard :
— Celui-là, dit-il, il m’a tué avec sa langue ! Et il n’a eu besoin d’aucun fusil !
— Je suis désolé de t’avoir dénoncé, bredouille alors Oulamara, gêné. Mais j’avais les nerfs parce que tu voulais mettre ma sœur sur le trottoir.
Et de conclure, regard fixé sur les jurés :
— Mais Marco n’y est pour rien, je vous assure. Pas davantage que moi. Si on est là, c’est à cause des racontars d’une mère maquerelle…
C’est la fin de cette audience. Il reste un témoin à entendre. Un petit homme brun et sec, vêtu d’une veste grise, d’un pantalon de flanelle noir et d’une chemise d’un bleu éclatant. II s’appelle José da Silva. Au moment des faits, il était le souteneur de Nathalie Delhomme.
—J’étais incarcéré à Saint-Martin-de-Ré quand c’est arrivé, dit- il. Heureusement d’ailleurs! Sinon, je crois bien qu’aujourd’hui je serais dans le box !
Un silence. Puis da Silva développe sa vision de l’affaire.
— On raconte que Johanna, Aziz et Marco seraient allés chercher de la came cette nuit- là. Mais c’est idiot ! De la came, ils n’avaient pas besoin d’aller sur les boulevards des Maréchaux pour en trouver.

Un silence.

— Il parait aussi qu’Aziz se serait vanté d’avoir « fumé » une femme policier, reprend-il. Mais si c’était vrai, les policiers de la brigade criminelle l’auraient appris dans l’instant par leurs informateurs ! Ils n’auraient pas attendu six ans pour le coffrer ! Il y a eu une erreur…

Vrai ou faux ?

Espérons que la suite des débats, qui aura lieu la semaine prochaine – avec notamment le témoignage de Simone, la fameuse « mère maquerelle » de la rue Saint-Denis – permettra de répondre à cette question…

«On a fume une flic», la phrase qui rôdait rue Saint-Denis

logo-liberation-311x113, Patricia Tourancheau

Gueules cassées de demi-sel et figures décrépies de «Madames», la cohorte brinquebalante de témoins de la rue Saint-Denis a défilé hier devant la cour d’assises de Paris pour jurer de la «moralité» d’Aziz Oulamara, 39 ans, dit «Jacky», un «brave garçon» videur «sous l’empire de l’alcool et l’influence du violent Marc Pétaux, le légionnaire [son coaccusé, ndlr]» mais qui «n’a pas pu tuer» la gardienne de la paix Catherine Choukroun, 27 ans, la nuit du 20 février 1991, sur le périphérique, Porte de Clignancourt.

«C’est pas des enfants de chœur mais ça n’en fait pas des assassins», explique Michel Marcos, alias «Patrick» qui revient sur les confidences de «Jacky», pourtant rapportées à la police et au juge. «C’est vrai qu’un soir de 95, au bar La Lune, Jacky m’a répété que Marco [Pétaux] l’avait mis dans une grosse merde. C’était notoire, les filles du 194 disaient que « le coup du périph, c’était sûrement Marco et Jacky », mais sans plus.» Sur procès-verbal, ce témoin avait prêté des paroles plus compromettantes à «Jacky» Oulamara: «Marco et moi n’avons peur de rien ni de personne, pas même des condés. On n’a plus rien à perdre, on ne craint plus rien, on a fumé une flic.»

Parano. Aujourd’hui, «Patrick» met cela sur le compte du bluff: «Il y avait beaucoup de videurs qui flambaient [se vantaient, ndlr]. C’est difficile de démêler les rumeurs. Un bruit qui part du 194 rue Saint-Denis arrive comme ça au 283», raconte le gars au nez cabossé et au bombers noir qui écarte ses larges mains pour grossir par dix la rumeur. Menuisier «d’une banlieue», alors attiré par le boulot de videur payé «600 à 700 F la soirée», il ne se considère ni «comme un voyou», ni comme un «proxénète»: «On intervenait dix fois par nuit pour protéger les filles des mabouls qui, au moment de l’acte, font une crise de parano et essayent de les étrangler.» L’avocat général, Philippe Bilger, trouve «étonnant» que ce témoin à charge ait oublié «ces propos qui ne sont pas anodins, « nous, on a fumé une flic » et qui plus est au féminin, la seule fois dans le dossier». «Patrick» Marcos avait même répété la phrase à son demi-frère Patrice Communal, lequel l’a attesté dans deux PV. Appelé à la barre, Patrice Communal, armoire à glace, veste de cuir et mine renfrognée qui, au bout de dix ans, a troqué le métier de videur contre celui de chauffeur routier, jure que non: «C’est pas ce que j’ai dit. J’ai signé les deux PV sans faire attention, ça me gonflait.» Sa déclaration antérieure, «Aziz a précisé qu’ils allaient se faire contrôler en voiture par les flics», est aussi nulle et non avenue.

Came. En revanche, «c’est vrai», les trois dans le box des accusés, Oulamara, Pétaux et «Joanna»­ (Nathalie Delhomme), étaient toujours fourrés «ensemble» et «allaient souvent Porte de Clignancourt ou boulevard des Maréchaux acheter de la came», mais, relativise le gaillard, «comme tout le monde». C’est pareil pour le «foulard palestinien à carreaux noirs et blancs» de «Jacky» (le seul taxi témoin des faits a vu le passager avant de la voiture suspecte avec un keffieh): «Tout le monde en portait à l’époque, c’était la mode.»

La présidente Martine Varin s’interroge sur les pressions et menaces qui pèsent sur les «balances» dans ce milieu: «Aujourd’hui, avez-vous peur de témoigner?» Patrice Communal: «J’ai pris quatre balles dans le buffet par un julot, vous savez, j’suis déjà mort. Comment voulez-vous que j’aie peur?» En tout cas, «moi j’ai déjà tiré sur quelqu’un, mais Aziz en est incapable». Des femmes retirées de la rue ont aussi incendié Simone, «la Reine de Saint-Denis», qui a dénoncé le trio à la police (lire Libération d’hier). Marie-Thérèse Barnabé, 49 ans, ex-prostituée puis taulière de la rue Saint-Denis durant seize ans, qui a employé un temps les deux videurs accusés, secoue sans cesse sa crinière poivre et sel en signe de dénégation pour dédouaner les trois «soi-disant qui auraient fait ce geste aussi moche»: «Déjà, le faire ce serait atroce mais, surtout, faudrait être fou pour aller le raconter.» Exit donc les rumeurs de la rue sur les vantardises ou vérités colportées par Aziz Oulamara. L’avocat général a insisté sur «ce mélange de peur et de quasi-mensonge» qui frappe les témoins. L’air pas commode, Marie-Thérèse Barnabé a lancé: «Ceux qui ont peur des représailles, c’est ceux qui sont venus enfoncer le clou. Mais s’ils se trompent, ben ils verront…».

⇒ Lire l’article

Crime du périphérique : les vérités accablantes de Mme Simone

logo france soir Olivier Pellardeau, 12/09/2000

«J’ai toujours été honnête, dans mon genre. Oh, vous pouvez douter : je ne suis qu’une tenancière de la rue Saint-Denis… Mais je fais ça pour cette dame policier. Qu’elle dorme en paix. Ils l’ont tuée pour rigoler ! »

Accent paysan, geste large, petite et sourde, jean moulant, gilet noir sans manche, Mme Simone, 71 ans, agite sa queue de cheval à mesure qu’elle vide son sac devant la cour d’assises de Paris. Mère, grand-mère : autant de bouches qu’il a fallu nourrir. Alors, en vingt-cinq ans de trottoirs et de studios, elle en a appris. Et elle parle. Par dégoût de « ce crime horrible ». Par revanche pour ce boulevard du stupre qui l’a bannie en 1998, après qu’on l’ait « fait tomber avec tout (son) immeuble » : « On aura ta peau, balance ! »

Les trois accusés sont deux anciens videurs d’immeubles, Aziz Oulamara et Marc Petaux, et une prostituée (Nathalie Delhomme alias Johana. « En 1991, quand la policière en patrouille a été tuée sur le périphérique à Clignancourt, ils étaient toujours ensemble. Jacky (Oulamara), un brave gars, a eu de mauvaises fréquentations, s’est fait avoir. » Un regard vers Petaux, « plus dealer que videur ». Et cette évidence de la rumeur : « Une bonne partie de la rue savait. » Oulamara parlait trop, se vantant d’avoir mis dans le mille, prenant Marco à témoin. Simone, et d’autres habituées parlent de Delhomme, de Petaux, de leur violence, du racket des filles. Une prostituée : «Aziz m’a dit qu’une affaire avec Marco avait mal tourné, qu’ils
avaient défouraillé sur les condés. »

Mme Simone : « Un jour, j’ai dit à Jacky que Clignancourt, c’était lui. Oui, mais faut le prouver, qu’il a répondu. » Alors, elle alerte un « contact » policier, en 1991, s’inquiétant de voir ces enquêteurs qui recherchent dans la rue une voiture noire des agresseurs. Dame : ça tue le commerce.

Ennuis

Elle livre le numéro d’immatriculation de Delhomme, et ses soupçons avec. En vain. Par peur d’ennuis, elle se tait. Elle réitère devant un autre policier d’une autre brigade, fin 1996, un soir de blues, dans un bar. Premier fil d’une pelote. La bonne. L’assassinat aurait pu être élucidé plus tôt…

« J’ai pas de voiture. Je ne quittais pas la rue pour aller sur des plans came porte de la Chapelle », jure Nathalie Delhomme. Mais ces affirmations I pleurées se heurtent aux témoignages. Le seul à donner un motif à cette virée tragique du 20 février 1991 sur le périphérique, c’est Oulamara : un plan came. Malgré ses dénégations -« j’ai menti en accusant Petaux et Delhomme pour les punir de leurs propos dans une autre affaire-, Oulamara accrédite ses aveux chez le juge : il conduisait, Petaux passager lui a ordonné de s’arrêter à hauteur de la voiture siglée police, est sorti, a tiré deux fois. L’expert balistique ne dit pas autre chose.

Serge, un fourgue, indique avoir vendu un fusil de chasse à Petaux, et l’avoir vu rentrer à Saint-Ouen avec Aziz, chez les Oulamara, la nuit du crime. Tout près de la porte de Saint-Ouen où la voiture des agresseurs avait disparu dans la nuit.

Un troublant accusé accusateur

images fig Philippe du Tanney, 12/09/2000

L’assassinat du gardien de la paix Catherine Choukroun devant les assises de Paris

Aziz Oulamara a tellement menti, comme il le reconnaît lui-même, que ce dossier gravissime repose sur un énorme tas de confusions. Et la cour d’assises doit constamment s’efforcer de trier les scories pour retrouver le fil conducteur De plus en plus embourbé dans ses contradictions cet ancien « demi-sel » de la rue Saint-Denis semble vouloir se faire passer pour plus bête qu’il n’est Et du même coup relativiser la portée de ses premières accusations.

Car, si les trois accusés se retrouvent dans le box des assises comme co-auteurs (eux) et complice (elle) de l’assassinat du gardien de la paix Catherine Choukroun de la tentative sur son collègue Emile HubbeL, le 20 février 1991, c’est en grande partie sur les déclarations détaillées d’Oulamara avant qu’il ne se rétracte. En novembre 1997. il avait expliqué au Juge d’instruction qu’ils étaient tous les trois partis ce soir-là en Austin Métro à la porte de La Vilette où Nathalie Delhomme voulait acheter de l’héroïne.

C’est en revenant de la porte de Clignancourt par le périphérique, qu’ils avaient vu le véhicule de police embusqué sur la bretelle d’accès pour un contrôle radar. Nathalie et Marc Petaux lui avaient alors dit : « Ralentis, et arrête-toi près d’eux, on va se les faire ! » Toujours selon Oulamara. Marco Petaux était sorti de la petite voiture son fusil à canon scié à la main et avait fait feu à deux reprises au-dessus du capot sur les deux policiers en uniforme. « J’ai menti tout ça c’est faux, j’en voulais à Nathalie et à Marco parce qu’ils m’avaient mis en cause dans l’affaire d’Evry ». Ils sont tous trois mis en examen dans l’assassinat en 1987 d’un ancien souteneur de la prostituée.

Mais la petite voiture noire avait bien été repérée par un chauffeur de taxi. En outre, les experts en balistique sont formels : au vu des angles de tir, le tireur est nécessairement sorti de la petite voiture pour lâcher les deux décharges de chevrotine. Les prétendus mensonges d’Oulamara sont d’autant plus troublants qu’ils coïncident aussi avec les premières indications de Mme Simone.

Surnommée « le PDG rue Saint-Denis » parcequ’elle y posséderait de très nombreux studios loués grassement aux prostituées, Mme Simone Darridon est une véritable institution : « J’y connais tout le monde », dit avec un sourire poli cette accorte septuagénaire en jean et gilet noir sur un chemisier à fleurs, les cheveux d’un noir de jais soigneusement réunis en natte dans le dos. « Je voyais tous les jours Aziz et Marco, ils s’occupaient de ramasser les loyers des studios. Aziz était videur. Marco et Nathalie vendaient aussi de la drogue ». Madame Simone ne cache pas que ses activités, sur lesquelles elle reste très pudique, lui valaient des relations très suivies avec des policiers.

« Vous comprenez, Mme la Présidente, explique-t-elle à la barre, la police faisait tout à coup des recherches dans mon immeuble et J’ai même été arrêtée.J‘ai alors demandé ce qu’il cherchaient. Je leur al indiqué la seule voiture qui ne faisait pas partie de l’immeuble et c’était l’Austin noire de Nathalie Delhomme». Simone Darridon affirme quelle trouvait sympathiques les accusés à l’époque où Ils « travaillaient » ensemble mais que, lorsqu’ils ont été impliqués d’après des rumeurs selon elle, elle a été écœurée « Si J’ai parlé de cette affaire, c’est parce que tuer pour s’amuser, pour rigoler, c’est une honte Pour un règlement de comptes, je n’aurais rien dit mais là! »…

Madame Simone, délatrice au grand cœur.

logo-liberation-311x113 Patricia Tourancheau

A71 ans, dont 25 passés rue Saint-Denis, «madame Simone», prostituée puis tenancière, ne s’est pas démontée hier à la barre de la cour d’assises de Paris face à Aziz Oulamara dit «Jacky» et Marc Pétaux ou «Marco», deux videurs d’immeubles de passe jugés pour l’assassinat d’une policière sur le périphérique, le 20 février 1991, et à «Joanna», nom de guerre de Nathalie Delhomme, accusée de complicité. La Bretonne a beau posséder un studio de prostitution et en gérer deux autres, elle a sa morale à elle: «J’ai toujours été honnête dans mon genre, je pense que j’ai toujours marché droit.»

Obsession. Cheveux noir jais tirés en queue de cheval, jean bleu, poitrine opulente sous le corsage chamarré, gilet noir façon serveur, Simone Darridon rapporte les rumeurs de la rue et les confidences de «Jacky». Le meurtre de la policière Catherine Choukroun Porte de Clignancourt, «c’est une affaire tellement moche! Cette personne a été tuée pour rigoler, pour s’amuser, et ce n’est pas excusable». Une nuit, dans l’escalier du 194, le videur Aziz Oulamara, «pas dans son état normal», a raconté à Simone «sept ou huit fois» la même chose incroyable, «une obsession chez lui»: «Tu vois, moi, je suis pire qu’un tireur d’élite, je vise la tête. A 100 km/h, je tire dans la tête. Si tu me crois pas, demande à Marco.»

La présidente Martine Varin interroge sur une hypothétique confusion avec un autre que Marc Pétaux: «Mais non, assure Simone avec aplomb, ils travaillaient ensemble, et il n’y a pas d’autre Marco.» Quelque temps après, les policiers traînent sans arrêt au pied de l’immeuble à la recherche d’une «petite voiture noire» suspecte, et ce n’est pas bon pour les affaires.

Alors, Simone téléphone à son «contact à la Mondaine» («j’en avais un, pas 36») pour «vérifier cette histoire de voiture qui aurait fait le problème à Clignancourt, et j’en vois qu’une: celle de Joanna. Un jour, j’ai vu Marc Pétaux rentrer dans cette Austin Metro qui n’est pas son genre, trop petite pour ses grandes jambes, et discuter avec Joanna vers le café La Palette. Le policier m’a dit: « Mais non c’est pas Joanna. Ecoutez, Simone, si un jour, j’apprends que vous avez donné quoi que ce soit à un poulet, c’est fini pour vous rue Saint-Denis. » Moi, j’ai besoin d’exercer, pour mes petits-enfants, alors je me suis tue». N’empêche que Simone a marqué sur un bout de papier le numéro «9 643 PT 92» de «l’Ostine Metro» (sic) de Joanna qu’elle extirpe de son sac à main, et remet à la présidente Martine Varin.

«Faudra le prouver». Seule, Simone mène l’enquête rue Saint-Denis: «Des amis intimes à ces trois m’ont certifié que c’était Joanna et mes videurs», qui, en réalité, «faisaient leurs petites affaires comme moi, s’occupaient de studios et encaissaient des loyers» (6 000 F par mois et par fille, à raison de 20 à 30 prostituées par studio, selon les deux videurs). Pour Simone, qui connaît son monde, «Oulamara buvait mais ne se droguait pas. Pétaux n’a jamais été videur mais dealer. Mme Nathalie [Delhomme, ndlr] consommait et vendait». Tombé pour proxénétisme en 1993 (avec Pétaux), «Jacky» Oulamara demande un jour à Simone, qui «l’assiste» en prison, de l’aider: «T’as qu’à balancer l’affaire de Clignancourt», coupe court Simone. «Un jour de permission, je l’ai amené chez moi: « Ecoute, Jacky, tu me demandes de te sortir mais je ne suis pas dupe, l’affaire de Clignancourt, c’est toi. » Jacky m’a répondu: « Oui, mais ça, faudra le prouver. »»

Sans animosité, Simone parle de «Jacky», «trop faible pour être dans la rue Saint-Denis, pas assez de volonté», «un brave garçon qui a certainement eu de mauvaises fréquentations». Tout à coup, Simone fronce les sourcils, et tance les accusés d’un ton sévère: «Ce n’est pas normal de tuer une femme, policier, ou d’une autre profession. On n’a pas le droit de tirer sur quelqu’un à 100 km à l’heure pour rigoler. C’est abominable. Un accident, ça peut arriver, mais ce n’était pas un accident.» Dans le box, personne ne moufte.

Réveillon. Et puis, la nuit du 31 décembre 1996, Simone qui réveillonne seule «Chez Bouzid», un restaurant à Montreuil, y croise «un policier de mon pays en qui j’ai entière confiance». Le capitaine Henri Seghair, alors en poste à la brigade des stups de Seine-Saint-Denis, à qui elle a déjà confié ses «soucis» sur sa fille toxicomane, l’invite à sa table. Et là, en guise de «cadeau» du nouvel an, selon le policier qui a déposé jeudi, Simone l’aiguille sur les tueurs de la gardienne Choukroun: elle donne «Joanna» et le numéro de l’Austin, conservé depuis six ans sur un post-it bleu délavé dans son portefeuille.

Le lendemain, ce policier a mis la brigade criminelle sur la bonne piste. «Y a-t-il eu un contrat, une promesse, du donnant-donnant?», questionne l’avocat général, Philippe Bilger. Outrée, Simone dément toute protection des «condés» pour continuer ses «affaires» en toute impunité: «Jamais. C’est la plus grande insulte qu’on m’ait faite de ma vie.» Néanmoins, la brigade criminelle s’est insurgée quand la Mondaine a envoyé Simone quatre mois en prison en 1998 pour proxénétisme aggravé: «La Mondaine m’a accusée de manger sur une morte [la gardienne Choukroun, ndlr], ça ne va pas, non! Si j’ai parlé de cette affaire, c’est pour rien. Je trouve qu’on ne tue pas des gens pour rigoler. Dans un règlement de comptes, je n’aurais rien dit. Je n’ai pas peur, de toute façon ces messieurs ne m’ont jamais fait peur. Vous me parlez de courage, est-ce qu’on en donne à une ancienne taulière?» Altière, la petite Simone se tourne vers la famille de Catherine Choukroun: «J’ai fait ça pour que cette dame dorme en paix.».

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« Un meurtre gratuit, je ne peux l’admettre »

logoParisien-292x75 Nelly Terrier, 12/09/2000

MADAME SIMONE, la proxénète qui a dénoncé les tueurs d’une policière

MADAME SIMONE, 71 ans, s’avance à la barre des témoins d’une démarche chaloupée. Étrange créature que cette septuagénaire à la poitrine imposante et à la chevelure d’ébène. Elle porte un gilet d’homme sur un chemisier à fleurs, un jean tombant sur des mocassins et en bandoulière, un mini-sac à main. Ce qui frappe le plus, lorsqu’elle s’avance à la barre des témoins, c’est son visage à la carnation presque transparente. Et au milieu de traits tirés et émaciés, ses deux yeux noirs et mobiles.

17 heures hier, devant la cour d’assises de Paris, tout le monde retient son souffle. Madame Simone vient témoigner au quatrième jour du procès d’Aziz Oulamara, Marc Petaux et Nathalie Delhomme, accusés tous les trois de l’assassinat de Catherine Choukroun, une policière de 27 ans tuée en février 1991 porte de Clignancourt à Paris, sur le périphérique. Ce n’est un secret pour personne — un policier l’a confirmé à l’audience jeudi dernier — qu’elle est à l’origine du « tuyau » qui a donné les accusés à la police. Ce qui, dans le milieu de la rue Saint-Denis, équivaut à une trahison. Mais-Madame Simone, qui habite, dans les beaux quartiers de Neuilly-sur-Seine grâce au fruit de vingt ans de travail dans le monde de la prostitution, a sa morale : « Ce meurtre serait un règlement de comptes, je n’aurais rien dit Mais un meurtre gratuit pour s’amuser, je ne peux l’admettre. Je fais cela pour cette dame qui avait un enfant. Pour qu’elle dorme en paix On me croit ou non, je suis honnête à ma façon. »

« Il faudra le prouver »

Et la « tenancière » comme elle se nomme elle- même, incarcérée en 1998 pour proxénétisme parce qu’elle percevait les loyers de treize studios, se met à raconter. Une nuit où elle travaillait à « encaisser les prostituées », Oulamara, qui était videur rue Saint-Denis et qu’elle connaissait depuis longtemps, lui fait des confidences. « Il n’arrêtait pas de répéter -.Je suis pire qu ’un tireur d’élite, à 100 à l’heure je vise la tête. C’était pour lui une obsession et comme j’ai fini par m’énerver, il m’a annoncé : Si tu ne me crois pas, demande à Marco. » « Et Marco, c’est Petaux ? » demande la présidente. « Bien sûr, rétorque Madame Simone. Ils étaient copains, toujours .ensemble. Petaux était dealer rue Saint-Denis à l’époque. Sur le coup, je n’ai pas fait le rapprochement avec le meurtre de la policière. Mais assez vite, il y a eu des policiers partout dans le coin. Je me suis renseignée, ils recherchaient une voiture qui pourrait être liée à l’affaire de Clignancourt »

Madame Simone mène alors l’enquête. Les rumeurs de la me attribuent le coup à Petaux et Oulamara. Elle note l’immatriculation de la voiture utilisée alors par Petaux Un numéro qui se termine par T 92, comme celui décrit par un témoin du meurtre de la policière. « Je n’étais pas sûre que c’était eux Alors j’ai demandé à Jacky (le surnom de Oulamara) : L’affaire de Clignancourt, c’est toi, hein ?» « Oui, mais ça faudra le prouver », lui aurait-il alors répondu

Madame Simone se confie alors à un flic quelle connaît bien. Mais il lui déconseille de parler sous peine de ne plus pouvoir travailler me Saint-Denis. Ce n’est que six ans plus tard qu’elle donne son renseignement à un policier des stups qui, lui, saura en faire usage.

Aux assises de Paris, les confessions de « Madame Simone»

index Jean-Michel Dumay, 12/09/2000

Surnommée la « PDG de la rue Saint-Denis », Simone Darridon renseigna la police sur l’assassinat de la policière Catherine Choukroun, sur le périphérique, en 1991.

Au procès de l’assassinat de Catherine Choukroun, policière tuée sur le périphérique parisien, en 1991, Simone Darridon, soixante et onze ans, patronne de studios de prostitution et indicateur de police, est venue raconter, lundi 11 septembre, dans quelles conditions elle avait fourni, juste après le meurtre. L’information qui allait aboutir, six ans plus tard, à l’arrestation des trois personnes aujourd’hui dans le boxe des accusés. Cette déposition de « Madame Simone » a permis de mieux faire comprendre le subtil jeu de donnant-donnant entre la brigade de répression du proxénétisme et le monde de la prostitution. « Dans la rue Saint-Denis, rares sont les studios qui n’ont pas de protection, tout le monde le sait! », a-t-elle affirmé. Entendu, l’ancien patron de la « mondaine », a jugé ces pratiques acceptables « si au bout du compte le bilan est positif pour le service public »

A LA BARRE, convoquée comme témoin, Simone Darridon, soixante et onze ans, en paraissant dix de moins dans sa livrée de jean et de cuir, ne déclare pas de profession. Tout juste cette petite femme carrée aux cheveux noirs et au torse imposant parle-t-elle, entre les lignes de sa déposition, de ses « petites affaires » d’hier, dont l’un des accusés mentionna qu’elles lui valaient, ces dernières années, dans les quartiers chauds de Paris, le surnom de « PDG de la rue Saint-Denis».

Mme Darridon, pour la rue « Madame Simone », ancienne prostituée et tenancière de plusieurs studios de prostitution, fut à l’origine du « tuyau » finalement communiqué à l’aube de 1997 aux limiers de la brigade criminelle chargés d’enquêter sur l’assassinat de Catherine Choukroun, cette jeune gardien de la paix abattue en février 1991 d’une décharge de chevrotine alors qu’elle effectuait, avec un collègue, la nuit, de banals contrôles de vitesse sur le boulevard périphérique (Le Monde des 8 et 9 septembre).

Quoique erroné sur nombre de points, le renseignement, qui visait deux « videurs » d’immeubles et une ancienne prostituée toxicomane, permit finalement l’arrestation d’Aziz Oulamara, Marc Petaux et Nathalie Delhomme, qui comparaissent aujourd’hui aux assises, à Paris, avec, essentiellement contre eux, un entrelacs de déclarations de prostituées, tenancières, « julots », malfrats et autres voyous.

La raison d’un tel cadeau à la police ? « C’est un crime qui n’est pas excusable », assure le témoin, d’une voix sourde, évoquant l’acte insensé, gratuit, qui aurait été commis, selon son renseignement, sur les chemins d’un « plan de came ». « Si c’était un règlement de comptes, je la fermerais. Mais je fais ça pour cette dame [Catherine Choukroun], qu’elle dorme en paix. On n’a pas le droit de tuer, comme ça, pour rigoler. »

UN SOIR DE LIBATIONS

Face à la rumeur vertueuse, la défense bruit déjà d’une indignation à peine contenue lorsque Mme Darridon, devançant les critiques, précise, presqu’en s’excusant : « Oh ! Mais ma parole ne vaut pas grand-chose, vous savez. Je ne suis qu’une tenancière. On me traite de »balance«. Pourtant, j’ai toujours été honnête dans mon genre. » L’avocat général Philippe Bilger, qui devra bientôt sceller son accusation : « Moi, je vous crois. »

Ainsi, Mme Darridon affirme, entre autre, qu’Aziz Oulamara, un soir de libations, et bien d’autres, lui a déclaré, gestuelle à l’appui : « Moi, je suis pire qu’un tireur d’élite. Moi, je vise la tête. A cent à l’heure, je te mets une balle dans la tête. Si tu me crois pas, demande à Marco [Marc Petaux] . » Aziz Oulamara vitupère. « C’est une affaire d’argent ! Elle a livré de fausses informations pour garder ses studios ! » La défense rappelle : cinq à six studios sur les deux cents répertoriés rue Saint-Denis, d’autres rue Lebel, de cinq à dix filles par studio (des maliennes, surtout), de 8 à 10 000 francs mensuels par fille, soit 700 000 francs encaissés chaque mois, selon l’accusé. Ce qui, évidemment, représente plus que le RMI aujourd’hui annoncé.

Pressée de questions, elle concède bien : Mais elle nie avoir parlé donnant-donnant. D’ailleurs, en 1998, elle a été interpellée par la brigade de répression du proxénétisme (BRP, ex-« mondaine»), et mise en examen pour proxénétisme aggravé, alors que l’instruction de l’affaire Choukroun n’était pas achevée. A ce sujet, on la dit victime d’une guerre des polices : la crime contre la mondaine, cette même « mondaine » auprès de qui elle affirme avoir donné, juste après les faits, en 1991, le renseignement de 1997, sans qu’il ait été exploité.

« Trouvez-vous scandaleux qu’on fasse preuve de tolérance à l’égard d’un informateur ? », demande l’avocat général au commissaire Yves Castano, patron de la BRP de 1994 à juin 2000. « Non, si au bout du compte le bilan est positif pour le service public », répond celui-ci, pragmatique, en confirmant que Simone Darridon fut, « pendant un certain nombre d’années », « un indic » pour son service. Avant qu’elle ne soit répudiée, vers 1994, pour inefficacité et manque de discrétion.

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Le lourd passé des tueurs présumés de la policière

logoParisien-292x75 Nelly Terrier, 09/09/2000

JOSE DA SILVA, dit « le Gitan », porte beau : cheveux noirs lustrés, belle gueule de mâle méditerranéen, habits soignés. Hier à la barre des témoins de la cour d’assises de Paris, « le Gitan » qui a passé treize ans de sa vie derrière les barreaux pour proxénétisme, stups et vols, qui font de lui un voyou de 36 ans, parle haut et raconte avec culot que s’il n’avait pas eu « la chance » d’être incarcéré le jour de la mort de Catherine Choukroun — la femme policière tuée sur le périphérique la nuit du 11 au 12 février 1991 — il serait « probablement dans le box des accusés avec eux ». José Da Silva montre alors d’un ample geste de la main, les trois individus assis entre les gendarmes : Nathalie Delhomme — son ex-prostituée —, Aziz Oulamara et Marc Petaux, deux videurs de la rue Saint-Denis, tous trois poursuivis pour l’assassinat de la jeune gardienne de la paix.

Voilà donc un procès où la défense des accusés cite comme témoin de moralité « un mac » sorti de prison il y a quelques mois et qui livre un récit où les jurés sont invités à croire que, si « ses amis sont en tôle » aujourd’hui, ils le doivent à des aveux extorqués par les policiers sous les coups et les menaces.

Duo de choc de la rue Saint-Denis

Pourtant Nathalie Delhomme, visage de lionne fatigué, apparaît au fil des témoignages comme une prostituée à la redresse, n’hésitant pas à braquer des dealers pour se fournir en came, traficotant elle-même auprès de ses congénères du trottoir, et mise en examen dans un autre dossier — avec Oulamara et José le Gitan — pour l’assassinat de son ancien protecteur.

Oulamara et Petaux ne sont pas en reste. Duo de choc de la me Saint- Denis, sous l’emprise de l’alcool le plus souvent ils ont inventé le jeu du lance-flammes qui consiste à brûler des clients avec un aérosol auquel ils mettent le feu. « Un soir, l’un d’eux a cassé ma vitrine à coups de pied en rigolant gratuitement », rapporte, du bout des lèvres, un cafetier encore impressionné par les deux hommes. « Ils terrorisaient la rue, cherchaient la bagarre », livre un autre commerçant.

Des destins à l’opposé de celui de Catherine Choukroun évoqué la veille lorsque Gilbert Le Roy, son supérieur hiérarchique, était venu parler de la jeune gardienne de la paix disparue. « Elle travaillait de 20 heures à 3 h 30 du matin chaque nuit avait-il livré d’une voix contenue. A son retour de congé maternité, quelques mois avant sa mort, elle avait demandé à reprendre ce service de terrain pour garder elle- même sa fille dans la journée et s’éviter les frais de nourrice. Un travail dur, à placer et surveiller les radars sur le périphérique, été comme hiver. »

Ces vies si dissemblables se sont-elles tragiquement croisées, cette nuit de février 1991 ? Trois policiers de la brigade criminelle sont venus raconter comment grâce à un tuyau de mère maquerelle, ils avaient patiemment retrouvé les accusés d’aujourd’hui, des années après les faits et recueilli — à l’exception de Petaux — leurs aveux. Des aveux que contestent aujourd’hui les accusés.

Aux assises de Paris le poids des « bruits » de la rue Saint-Denis

index Jean-Michel Dumay, 08/09/2000

C’EST une déposition de fin d’audience, tard le soir, quand la fatigue guette l’entendement des jurés. Le policier « ne veut pas en faire un secret ». Contrairement à ses collègues de la brigade criminelle, avant lui, qui, par une pudeur toute professionnelle, ont avancé la protection des sources anonymes, Henri Seghair, capitaine de police, explique à la cour d’assises de Paris, jeudi 7 septembre, la genèse du « tuyau » qui relança, en 1997, l’affaire de l’assassinat de la femme policier sur le périphérique, en février 1991, à Paris. Un crime mystérieux ( Le Monde du 8 septembre), dont Emile Hubbel, policier blessé, a conservé le seul souvenir d’un « petit véhicule » approchant au ralenti, puis, quelques secondes plus tard, du poids du corps de sa collègue, Catherine Choukroun, s’affaissant sur lui, mortellement touchée par une décharge de chevrotines.

Le soir de la Saint-Sylvestre 1996, dans un restaurant, raconte posément M. Seghair, « Simone » (Simone Darridon, alias « Madame Simone ») presque septuagénaire, dont il ignorait, dit-il, le passé de prostituée et la lucrative activité de location de studios rue Saint-Denis, lui confie à titre amical « des éléments pour identifier les auteurs de l’assassinat ». « Ce n’est pas une histoire de protection policière, comme on a pu le dire », affirme le policier, qui officiait aux « stups » en Seine-Saint-Denis. « Elle m’a dit :» Tiens, je vais te faire un cadeau«. »

Parmi ces éléments : l’information selon laquelle deux « videurs » d’un immeuble de la rue Saint-Denis, déjà mêlés à l’assassinat d’un proxénète, en 1987, auraient été impliqués : un certain José, Portugais, et un Patrice, le tireur, accompagné d’une « Johanna », prostituée, que « Simone » aurait revue rue Saint-Denis, près de la voiture volée, dont elle a relevé, par la même occasion, l’immatriculation.

« Simone m’a indiqué qu’elle avait d’ailleurs déjà fourni ces renseignements, en 1991, peu de temps après les faits, à un fonctionnaire de la brigade de répression du proxénétisme. Il l’avait alors envoyée promener… » Et effectivement, constata la brigade criminelle, jamais le tuyau n’était « remonté ».

Six ans après les faits, le même renseignement allait permettre aux enquêteurs de tisser la trame de délicates et fragiles investigations, pour l’essentiel reposant sur des témoignages d’anciennes prostituées, de videurs, de malfrats, d’anciens codétenus : « les bruits », dit un directeur d’enquête, dont regorge « en permanence » la rue Saint-Denis. Alors la défense, sans attendre : « Quelle crédibilité leur accorder ? »

« ELLE A PLEURÉ»

Identifiée comme étant « Johanna », Nathalie Delhomme, ancienne prostituée trentenaire, a été arrêtée en juin 1997, chez sa sœur, dans le Vercors. « Elle était devenue une mère de famille, constate l’enquêteur qui a procédé à son interpellation. Elle avait manifestement rompu avec son passé», tout entière à son enfant d’un an et demi. « Quand je lui ai parlé de [la policière décédée] et de son bébé, elle a pleuré. »

En cinq auditions de garde à vue, la jeune femme a progressivement reconnu avoir été dans la voiture le soir des faits, à l’arrière, « défoncée par la came » : souvenirs flous d’un événement inattendu, d’une bouffée d’air soudaine, d’une fenêtre remontée par le passager avant, de lampadaires défilant à grande vitesse. Alors, elle a livré le nom d’Aziz Oulamara, un ancien « videur », à la place du passager. Il portait un foulard palestinien, comme en vit l’un des rares témoins, ce soir-là, dans une voiture suspecte. Jamais cependant, elle ne donna celui du conducteur. Ni celui de Marc Petaux, troisième accusé, auquel on oppose son ascendant, à l’époque, sur Aziz Oulamara.

Puis Nathalie Delhomme s’est rétractée, après avoir brièvement rencontré ce dernier, à l’issue de sa garde à vue et hors procédure. « Nathalie était redevenue Johanna », constate un policier. De simple témoin, elle s’est retrouvée complice présumée, détenue aujourd’hui depuis trois ans. Delhomme, Oulamara, Petaux : c’est notre « conviction policière », avancent les enquêteurs à la barre. Mais « qu’est-ce qu’une conviction policière ? » questionne la présidente, chargée, avec ses assesseurs et le jury, d’établir une vérité judiciaire.

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Deux coups de feu, une morte et trois suspects qui nient

logo-liberation-311x113 Patricia Tourancheau, 08/09/2000

La reconstitution du meurtre de la policière s’avère difficile

IMG_2081Une petite voiture noire, un passager avec un keffieh, une femme blonde, un bout d’immatriculation «… T 92», un tuyau sur une prostituée, «Choupette», et six années de recherches vaines pour le meurtre de la gardienne de la paix Catherine Choukroun à Paris, le 20 février 1991 à lh24 du matin. Les policiers de la brigade criminelle ont retracé hier l’enquête chaotique et exsangue d’éléments matériels qui les a menés à l’ex- prostituée Nathalie Delhomme alias «Johanna» (35 ans), jugée comme complice. Et à deux anciens videurs d’un immeuble de passe rue Saint-Denis: Aziz Oulamara dit «Jacky» (39 ans) et Marc Pétaux (41 ans), tous deux accusés de l’assassinat de la première femme-flic tuée en service en France, et de tentative de meurtre sur son coéquipier Emile Hubbel.

Témoin.

Ce brigadier «planque» ce soir- là aux côtés de Catherine Choukroun dans le véhicule de police stationné sur la bretelle d’accès au périphérique, Porte de Clignancourt. Ils surveillent un radar. Dans son rétroviseur, Emile Hubbel a juste aperçu «une petite voiture ralentir et s’approcher par la droite, comme pour demander un renseignement»: deux coups de feu et sa collègue meurt à ses côtés. Seul, un chauffeur de taxi, Haïm, témoigne qu’après les deux détonations, il est «doublé par une petite voiture noire, nerveuse et puissante, de même catégorie qu’une R5 ou une Austin Métro qui roule à 100- 120 km/h tous feux éteints», avec à bord: «A l’arrière, un homme et une fille de 20-25ans aux cheveux blonds, et à l’avant, un passager brun aux sourcils fournis avec, autour du cou, un foulard de type palestinien à carreaux rouges et blancs.» Le témoin, décédé depuis, avait été «frappé par le rictus de son visage qui exprimait le dédain, la haine, le mépris et la méchanceté. La voiture a emprunté la sortie Porte de Saint-Ouen».

A l’époque, Oulamara héberge, dans son pavillon à Saint-Ouen, Pétaux, qui vit avec sa sœur Zina. Un anonyme incrimine aussi un petit véhicule immatriculé «…T 92». Contrôle des 480 automobilistes flashés la nuit du crime, des voitures «.. .T 92» de couleur foncée, de mille et un tuyaux percés, de voleurs et cambrioleurs gitans. En vain. Me Hervé Témime, qui défend «l’innocence» revendiquée de Pétaux, monte à l’assaut du commissaire Guillet de la brigade criminelle. Pour l’avocat, l’heure du crime, lh24, et celle avancée par Haïm, le taxi, lh45,ne collent pas. Mais pour le commissaire: «A lh45, sur le périph, il y avait plein de voitures de secours et de police, le taxi n’aurait pas manqué de les voir.» A la barre, le commandant Vasquez, chef du groupe qui a enquêté de A à Z sur l’affaire, assure: «On a misé dès le début sur la blonde à l’arrière qui, de par sa position dans la voiture, ne pouvait être que témoin et en plus, femme.» Mais l’informateur qui l’aiguille dès 1991 sur une certaine «Choupette», «pute et toxico», s’est révélé suspect.

Interpellations.

Janvier 1997,une indicatrice remet à nouveau «la Crim» sur la piste d’une prostituée appelée «Johanna-Nathalie», présente dans une «Austin Métro noire immatriculée 9643 PT 92» qui a servi au meurtre du périph. Surtout, le tuyau précise que «Johanna-Nathalie» a été entendue par la PJ de Versailles pour le meurtre de son proxénète. Ainsi, «la Crim» identifie Nathalie Delhomme, interrogée en 1987 sur le meurtre d’Abdel Laidoudi.Le 17 juin 1997,la blonde-rousse qui a «tourné la page depuis quatre ans, mère de famille en province» est interpellée, avec des gens de la rue Saint-Denis, dont Oulamara qui était très «proche du souteneur de Delhomme». Sans plus. C’est Johanna-Nathalie qui, la première sur procès-verbal, place Aziz Oulamara comme passager avant dans la voiture. Elle se situe «avachie sur la banquette arrière, complètement défoncée et sortie de sa torpeur par un courant d’air frais». Elle indique alors aux policiers qu’elle a «vu Aziz remonter sa vitre» et a senti que «quelque chose de grave venait de se passer». Elle parle aussi de l’habituel «keffieh à pompon» d’Aziz et du videur «Momo» qui, le lendemain, peste contre «Aziz qui a encore fait des siennes hier soir».

Plaintes.

Aujourd’hui, l’accusée Nathalie Delhomme maintient juste le keffieh d’Oulamara et la rumeur de la rue sur ses vantardises d’avoir buté un flic. Pour le reste, «les policiers m’ont convaincue de la présence d’Oulamara, de prendre la place de témoin, pour récupérer mon fils, et tout s’est construit au fur et à mesure».

Oulamara, lui, se plaint de coups, de côtes et de nez cassés. Les policiers parlent d’une «interpellation musclée pour le maîtriser». Enfin, le commissaire Guillet endosse une entorse à la procédure: à l’issue de la garde à vue, Delhomme a été placée dans la même cellule qu’Oulamara, au risque d’une concertation ou d’intimidation. «On a peut-être péché par excès de confiance.» Au fil des mois, «Johanna» a nié être dans la voiture. Et Oulamara a rejeté les tirs sur Pétaux. Un témoin à charge les voit rentrer à Saint-Ouen vers 2 heures du matin tous les deux I en «205 GTI». Mais l’intime conviction du commandant Vasquez c’est que «Pétaux est le conducteur de la 205 GTI, Oulamara, le passager au keffieh est le tireur et Delhomme à l’arrière». Mais comment un «un tir à bout portant, à 50 cm de distance maximum», selon la légiste, a-t-il pu partir du siège avant droit d’une voiture qui avance, pour cibler la voiture de police située à gauche et abattre Catherine Choukroun?

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