Archives de catégorie : droit des étrangers

Afghans de France: le gouvernement dépense plus de 2.550 euros pour reconduire chaque migrant à Kaboul

© R. GACAD / AFP

 , Bérénice Dubuc, 

Plus de 2.553 euros. C’est ce qu’a coûté la reconduite de chacun des trois Afghans de France à Kaboul. Cependant, ce calcul ne comprend pas le prix des nuits d’hôtel. Eric Besson a en effet affirmé ce jeudi matin sur France Info que les trois migrants seraient logés dans un hôtel dans la capitale afghane «payé par la France pendant deux semaines».

Le ministre a expliqué qu’un vol groupé franco-britannique «spécialement affrété» avait décollé de Roissy vers minuit avec trois Afghans en situation irrégulière en France, dans la nuit de mardi à mercredi. L’avion, en provenance de Londres, a fait escale à Roissy pour embarquer les trois personnes, avant de repartir direction Kaboul, via Bakou en Azerbaïdjan. Selon les informations du Daily Mail, chaque place sur le vol a coûté 500 livres (553 euros) à la France.

Aide à la réinstallation

Eric Besson avait promis mercredi que ces trois migrants seraient «accueillis à Kaboul par un fonctionnaire français de l’immigration et de l’intégration», et recevraient un «accompagnement individualisé». Chose promise, chose due: ils ont chacun reçu une aide à la réinstallation de 2.000 euros. L’un des Afghans reconduits, contacté par L’Express, confirme avoir reçu l’aide de l’Etat français, une fois arrivé à l’ambassade de France en Afghanistan.

Ce qui est étonnant, c’est que l’aide à la réinstallation est normalement accordée uniquement aux candidats au retour volontaire, ce que ne sont pas ces trois Afghans, de l’aveu même du ministre de l’Immigration. Jean-Michel Centres, membre du Conseil d’administration du Mrap, chargé des questions d’immigration, dénonce un coup de communication: si l’argent a été donné à ces trois migrants, alors qu’ils n’étaient pas candidats au retour volontaire, «c’est pour faire taire les récriminations des associations».

«Faire passer la pilule»

«L’idée de Besson est de faire passer la pilule, de faire accepter ce départ afin d’habituer l’opinion publique à ces charters», indique Jean-Michel Centres. Stéphane Maugendre, président du Groupe d’information et de soutien des immigrés (Gisti), abonde dans ce sens. Pour lui, «Faire passer un charter pour quelque chose d’humain, c’est le summum du cynisme. On essaye de faire passer l’expulsion de ces trois personnes pour un voyage de loisirs.» Le ministère n’a pu être joint pour commenter ces informations.

Selon un rapport du Sénat rédigé par la commission des Finances, le coût total des reconduites forcées est estimé à 415,2 millions d’euros pour l’année 2009. Cette somme comprend notamment les «frais de billetterie» (le coût des billets d’avion pour le migrant et son escorte policière), soit 1.800 euros par personne reconduite.

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Charters, le cynisme de Besson

Accueil  Emilie Rive, 21/10/2009

AFP/Philippe Huguen
AFP/Philippe Huguen

Mercredi 21 octobre, le ministère a finalement déclaré avoir bel et bien renvoyé trois Afghans par avion. Hier, déjà des sources policières confirmaient l’imminence d’un charter franco- britannique pour Kaboul. Stéphane Maugendre, du Gisti, fustige ces retours forcés, à la fois inhumains et inutiles.

Comme d’habitude, la transparence n’est pas de mise au ministère de l’Immigration. Des sources policières de plus en plus concordantes ont affirmé, hier, qu’un charter franco-britannique, partant d’Angleterre, atterrirait à l’aéroport de Lille Lesquin dans la soirée pour embarquer une dizaine d’Afghans encore en rétention au centre de Coquelles, puis ferait escale à Roissy vers 23 heures afin de récupérer « seize autres Afghans » en provenance des centres d’Ile-de France et encadrés eux « par huit policiers français ». Ils sont une cinquantaine retenus en France à Palaiseau, Coquelles, Lille, au Mesnil-Amelot, à Paris-Vincennes et à Nice. Le ministre a, dans un premier temps démenti, puis jeté l’éponge en rappelant qu’il y aurait des renvois…

Des rassemblements étaient de toute façon annoncés à Lille et à Roissy hier soir. Car l’opération ne passe toujours pas. L’appel européen contre les retours forcés lancé par une trentaine d’associations il y a quinze jours a déjà reçu plus de 10000 signatures (lire ce texte en pages «Tribunes»). Stéphane Maugendre, président du Groupe d’Information et de Soutien des Immigrés, précise les raisons de s’opposer aux renvois groupés.

Pourquoi vous oposez-vous à ces expulsions collectives ?

STÉPHANE MAUGENDRE. « Parce que nous avons eu des retours d’informations de la part de personnes qui ont eu à subir ces renvois par charter. Or, les problèmes d’hygiène, de sécurité, les risques de mauvais traitements sont légion… Ce n’est pas pour rien que ce genre d’opération est menée dans le plus grand des secrets. Ainsi, nous n’avons aucune garantie sur la façon dont sont traités les gens à l’intérieur des avions. Ils risquent d’être entravés, bâillonnés, et on peut facilement imaginer qu’ils sont plus mal traités que dans les avions de ligne où le regard des passagers exerce un certain contrôle. »

Ces procédures sont-elles légales ?

STÉPHANE MAUGENDRE. « Sur les 150 Afghans raflés d’un seul coup à Calais, les juges ont constaté qu’il y avait de nombreuses illégalités et ont libéré la grande majorité. On court donc le risque que ces expulsions collectives se fassent elles aussi avec des irrégularités, entre le moment où le juge a statué et celui où les gens vont être mis dans l’avion. Il y a de graves risques d’atteinte aux droits fondamentaux. Enfin, sans vouloir faire le parallèle avec une période sombre de notre histoire, la rationalisation de l’expulsion, en tant que principe de société, fait froid dans le dos. On rafle, on fiche à outrance, on fait passer des mineurs pour des majeurs… Rappelez-vous: au procès Papon, on lui avait demandé pourquoi il changeait les dates de naissance. Bien sûr, ce n’est pas la même chose, mais ces méthodes me terrifient.

Ces charters sont-ils «efficaces», du point de vue du gouvernement ?

STÉPHANE MAUGENDRE Un exemple: les Anglais ont tenté de reconduire récemment une cinquantaine d’Irakiens à Bagdad. Seuls dix d’entre eux ont finalement été laissés sur place, avec 100 dollars chacun. Les autres sont rentrés à Londres par le même avion, les autorités irakiennes leur ayant demandé s’ils voulaient descendre ou non. Cette opération a coûté, selon le New York Times de dimanche, 450 000 dollars pour l’aller-retour. En France, on évalue à sept millions d’euros par an le coût des arrestations-rétentions-expulsions. Cette affaire illustre bien l’inanité de la politique européenne de l’immigration : on ne se préoccupe pas de savoir ce que pensent les autres, on est sûr d’avoir raison, et donc, on est prêt à traiter les gens comme du bétail… Je ne parle même pas de l’image de la France après cela. Notre gouvernement renvoie des gens qui cherchent refuge chez nous, alors que nos soldats se font tuer chez eux au nom de nos valeurs démocratiques… Tout cela pour démontrer à une partie de l’opinion qu’on est capable d’agir. On est dans le cynisme le plus total.

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Calais : des associations dénoncent «l’illégalité» de l’opération Besson

logo_3714 01/10/2009

Plusieurs associations de défense du droit des étrangers ont dénoncé jeudi «l’illégalité» et «l’inanité» de l’opération de démantèlement de la «jungle» à Calais en se félicitant que les magistrats aient sanctionné «les irrégularités de procédure commises par le ministère de l’Immigration».

« Beaucoup de bruit pour rien! », a lancé Stéphane Maugendre, président du Gisti, lors d’une conférence de presse sur l’évacuation très médiatisée de la « jungle » de Calais et alors que la quasi-totalité des migrants placés en rétention ont été libérés.

L’Association pour la défense des droits des étrangers (ADDE) a fait état du dernier bilan des « 140 personnes » placées en rétention, quasiment toutes des Afghans, sur les 276 interpellées dans la « jungle » le 22 septembre. Cent trente-deux personnes, a précisé Vanina Rochiccioli de l’ADDE, ont été libérées dont 66 à la suite d’annulations par des juges administratifs de décisions de reconduites à la frontière. « Ces 66 annulations, a renchéri Jean-Louis Borie du Syndicat des avocats de France (Saf), ont été prononcées car les juges ont estimé que le droit d’asile avait été bafoué ».

Les tribunaux administratifs ont en effet constaté que les ressortissants afghans « n’avaient pas eu véritablement l’occasion de déposer leurs demandes d’asile, malgré la présence d’une antenne du HCR dépêchée sur le site une semaine auparavant », a expliqué M. Borie. Mis à part ces 66 annulations, les juges des libertés et de la détention (JLD) ainsi que ceux des cours d’appel ont invoqué deux grands arguments pour libérer les « retenus ».

D’abord, l’âge des personnes, souvent mineures : « Dans certains cas, les juges ont estimé que l’administration n’avait rien fait pour s’assurer que les personnes arrêtées n’étaient pas mineures », a expliqué la Cimade.

Second argument, « l’impossibilité pour les personnes d’exercer leurs droits », en raison notamment de la longueur des transfèrements vers les neuf centres de rétention administratifs (CRA) dispersés à travers la France, certains trajets en autobus ayant duré 20 heures.

Avocats ou magistrats présents ont dénoncé « la volonté du gouvernement d’éclater la défense » des étrangers en les dispersant dans neuf CRA (Marseille, Toulouse, Lyon, Metz, Nîmes, Rouen, Rennes, Paris, Melun) alors que les centres de Coquelles et de Lesquin, près de Lille où les étrangers avaient été placés en garde à vue, « avaient des places disponibles ». « On a voulu éclater les gens pour les éloigner de leurs droits », a déclaré Stéphane Maugendre remarquant que « c’est aussi ce que veut faire le gouvernement avec la réforme des CRA. Avec l’éclatement en lots, il y aura impossibilité de centraliser les informations et les étrangers seront dans l’impossibilité d’accéder à leurs droits ».

Le ministre de l’Immigration Eric Besson a, à plusieurs reprises, justifié l’opération de Calais en arguant du fait qu’elle « n’avait pas pour objectif d’interpeller le maximum de migrants ». Pour lui, « l’objectif, qui était de détruire un campement insalubre et une plaque tournante des filières clandestines à destination de l’Angleterre, est atteint ».

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« Jungle » de Calais : des associations dénoncent «l’illégalité» de l’opération Besson

Logo_La_Voix_du_Nord 01/10/2009

afp
afp

Plusieurs associations de défense du droit des étrangers ont dénoncé jeudi «l’illégalité» et «l’inanité» de l’opération de démantèlement de la «jungle» à Calais en se félicitant que les magistrats aient sanctionné «les irrégularités de procédure commises par le ministère de l’Immigration».

« Beaucoup de bruit pour rien! », a lancé Stéphane Maugendre, président du Gisti, lors d’une conférence de presse sur l’évacuation très médiatisée de la « jungle » de Calais et alors que la quasi-totalité des migrants placés en rétention ont été libérés.

L’Association pour la défense des droits des étrangers (ADDE) a fait état du dernier bilan des « 140 personnes » placées en rétention, quasiment toutes des Afghans, sur les 276 interpellées dans la « jungle » le 22 septembre. Cent trente-deux personnes, a précisé Vanina Rochiccioli de l’ADDE, ont été libérées dont 66 à la suite d’annulations par des juges administratifs de décisions de reconduites à la frontière. « Ces 66 annulations, a renchéri Jean-Louis Borie du Syndicat des avocats de France (Saf), ont été prononcées car les juges ont estimé que le droit d’asile avait été bafoué ».

Les tribunaux administratifs ont en effet constaté que les ressortissants afghans « n’avaient pas eu véritablement l’occasion de déposer leurs demandes d’asile, malgré la présence d’une antenne du HCR dépêchée sur le site une semaine auparavant », a expliqué M. Borie. Mis à part ces 66 annulations, les juges des libertés et de la détention (JLD) ainsi que ceux des cours d’appel ont invoqué deux grands arguments pour libérer les « retenus ».

D’abord, l’âge des personnes, souvent mineures : « Dans certains cas, les juges ont estimé que l’administration n’avait rien fait pour s’assurer que les personnes arrêtées n’étaient pas mineures », a expliqué la Cimade.

Second argument, « l’impossibilité pour les personnes d’exercer leurs droits », en raison notamment de la longueur des transfèrements vers les neuf centres de rétention administratifs (CRA) dispersés à travers la France, certains trajets en autobus ayant duré 20 heures.

Avocats ou magistrats présents ont dénoncé « la volonté du gouvernement d’éclater la défense » des étrangers en les dispersant dans neuf CRA (Marseille, Toulouse, Lyon, Metz, Nîmes, Rouen, Rennes, Paris, Melun) alors que les centres de Coquelles et de Lesquin, près de Lille où les étrangers avaient été placés en garde à vue, « avaient des places disponibles ». « On a voulu éclater les gens pour les éloigner de leurs droits », a déclaré Stéphane Maugendre remarquant que « c’est aussi ce que veut faire le gouvernement avec la réforme des CRA. Avec l’éclatement en lots, il y aura impossibilité de centraliser les informations et les étrangers seront dans l’impossibilité d’accéder à leurs droits ».

Le ministre de l’Immigration Eric Besson a, à plusieurs reprises, justifié l’opération de Calais en arguant du fait qu’elle « n’avait pas pour objectif d’interpeller le maximum de migrants ». Pour lui, « l’objectif, qui était de détruire un campement insalubre et une plaque tournante des filières clandestines à destination de l’Angleterre, est atteint ».

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Rétention: le Conseil d’État rejette la requête en annulation déposée notamment par la Cimade

images et AP, 03/06/2009

Le Conseil d’État a rejeté la demande d’annulation du décret du 22 août 2008 remettant en cause les modalités de l’assistance aux étrangers placés dans les 27 centres de rétention assurée jusqu’ici par la seule Cimade. La plus haute juridiction administrative rappelle au gouvernement que les futurs intervenants ne devront pas limiter leur mission à l’information des étrangers mais devront permettre l’exercice effectif de leurs droits », indique le Conseil dans un communiqué diffusé mercredi.
La Cimade et neuf autres requérants (ACAT-France, ADDE, ANAFE, Comede, ELENA-France, GISTI, LDH, SAF et Secours Catholique) avaient demandé l’annulation du décret, qui prévoit de confier l’assistance aux étrangers, pour chaque centre de rétention administrative (CRA), à une seule personne morale sélectionnée par les autorités ministérielles.

Le Conseil d’État a écarté les critiques émises contre le décret: il a estimé « que les droits des étrangers placés en centre de rétention (doivent être) garantis dans les mêmes conditions sur l’ensemble du territoire », cette nécessité n’impliquant « pas que les missions d’assistance à ces étrangers soient assurées par la ou les mêmes personnes morales sur l’ensemble du territoire national » selon le communiqué.

La plus haute instance administrative formule cependant quelques résides dans l’interprétation des dispositions du décret. Il rappelle au ministre de l’Immigration que la convention passée avec les « personnes morales” choisies au terme de rappel d’offre ne devra pas se limiter « à des prestations d’information » aux étrangers mais qu’elle comprend également raide à l’exercice de leurs droits. Elle souligne aussi que l’État ne pouvait « légalement limiter le contenu de cette convention à des prestations d’information ».

Le Conseil d’État précise dans son arrêt que les associations avec lesquelles l’État a décidé de conclure la convention devront présenter des « garanties d’indépendance et de compétences suffisantes, notamment sur le plan juridique et social, pour assurer le Iran accomplissement des missions d’accueil, de soutien et d’information prévues par la loi ».

Cette réserve de la plus haute instance administrative est saluée par le président du Gisti, Stéphane Maugendre, qui y voit le bien-fondé des recours contre ce décret.

De son côté, la Cimade a estimé dans un communiqué que la décision du Conseil d’État, même s’il n’a pas jugé le décret illégal, « confirmait » l’analyse du juge des référés du tribunal administratif de Paris qui a suspendu samedi les contrats conclus le 10 mai par le Ministre de l’Immigration concernant l’assistance juridique aux étrangers placés en rétention administrative.

Ainsi, pour la Cimade, l’encadrement précis que le Conseil d’État donne du décret sur le « cœur même de la réforme, il indique que la mission des associations en rétention doit être une mission d’aide juridique et ne peut se réduire à une mission d’information », souligne l’association, qui espère aujourd’hui, après ces deux décisions de justice, que les pouvoirs publics « décideront de sortir d’une logique de confrontation ».

Elle appelle à nouveau le ministre de l’Immigration Eric Besson à « ouvrir une véritable négociation avec les associations de défense des droits » pour élaborer un « dispositif pérenne qui permette, dans la concertation et l’apaisement, de garantir la qualité de l’assistance que les associations, ensemble, doivent apporter aux étrangers en rétention ».

Au lendemain de la décision du tribunal administratif, Eric Besson a annoncé dimanche vouloir prolonger de trois mois la mission de la Cimade dans les CRA. L’association a accepté le principe de cette prolongation, mais son président doit encore rencontrer Eric Besson la semaine prochaine pour arrêter les modalités pratiques, a-t-on appris auprès de l’association.

Délit de solidarité : les associations écrivent à Besson

L'Obs - Actualité 02-06-2009

Alors que les rapports avec le ministre de l’Immigration se tendent chaque jour un peu plus, Emmaüs France, le Gisti ou encore Médecins du monde réclament la suppression du délit de solidarité.

Plusieurs associations dont Emmaüs France, Médecins du monde, la LDH ou encore SOS Racisme appellent le ministre de l’Immigration Eric Besson, dans un courrier transmis à nouvelobs.com mardi 2 juin, à renoncer au délit de solidarité. Répondant à une invitation du ministre à venir discuter avec de nombreuses autres associations, les signataires s’interrogent sur « la date retenue –l’avant-veille d’une journée électorale– (qui leur) paraît peu opportune si notre objectif commun est de reprendre un dialogue sur des bases plus sereines, hors de tout brouillage qu’occasionnent nécessairement les enjeux électoraux ». Surtout, ils demandent « une modification » de l’ordre du jour compte tenu du « désaccord de fond sur la loi dans sa rédaction actuelle et dans son application », qui existe entre les signataires de cette lettre et Eric Besson. « C’est sur quoi ont porté nos précédents échanges et c’est bien de la suppression du délit de solidarité que nous souhaitons vous entretenir », précise les associations.

Fond du problème

« Nous demandons le report de cette réunion qui a été préparée en une semaine », a par ailleurs indiqué Patrick Dugois à nouvelobs.com. « Eric Besson refuse d’aller au fond; (…) nous, nous cherchons à travailler, pas à polémiquer » a ajouté le Délégué Général d’Emmaüs France. « Nous ne savons peut-être pas aussi bien lire qu’au ministère » s’est-il interrogé à propos de la liste des condamnations pour aide à des étrangers. Le ministre a en effet affirmé qu' »en 65 années d’application de la loi, personne en France n’a jamais été condamné pour avoir seulement accueilli, accompagné ou hébergé un étranger en situation irrégulière ».

« Faire du chiffres »

De son côté, Stéphane Maugendre, président du Gisti (Groupe d’intervention et de soutien au travailleurs immigrés), défend également le travail des associations, notamment en centre de rétention. « Le gouvernement ne veut rien entendre sur la politique d’immigration, ce qui compte c’est de faire du chiffre » en matière de reconduites aux frontières, a-t-il indiqué. « Mais nous lui disons: attention aux dérapages contre les aidants ».

Le Gisti a publié en mai sur son site un « inventaire non exhaustif » de condamnations prononcées depuis 1986 contre « des personnes qui ont apporté une aide à des étrangers, la plupart du temps en les hébergeant ».

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Centres de rétention : pour le Gisti rien n’est joué

Pour l’association d’aide aux étrangers, la décision du tribunal administratif de Paris de suspendre l’accord entre le ministère de l’Immigration et les associations sur l’assistance aux étrangers dans les centres de rétention est « positive », mais elle souligne que d’autres décisions de justice sont attendues.

Le Gisti (Groupe d’information et de soutien des immigrés) a salué lundi 1er juin la décision du tribunal administratif de Paris de suspendre les contrats entre son ministère et les six associations sélectionnées pour intervenir aux côtés des étrangers en instance d’expulsion, mais a souligné rester attentif car d’autres « décisions de justice sont attendues dans les mois à venir ». Dans une interview à nouvelobs.com, le président de l’association Stéphane Maugendre a assuré : « ce qui est positif c’est l’affirmation du principe selon lequel les étrangers doivent être assistés car c’est la loi, presque un principe constitutionnel ».
Mais il a également souligné que « la logique même d’appel d’offre (le) choque car il ne s’agit pas de construction de ponts mais de la liberté d’individus ». Le président du Gisti, qui condamne « la politique du chiffre » du gouvernement en matière d’immigration, attend donc la décision du Conseil d’Etat sur la validité même des appels d’offre. Une décision attendue selon Stéphane Maugendre depuis une dizaine de jours, mais qui n’a toujours pas été prise.

Pas assez de garanties pour les droits des étrangers

Selon l’ordonnance du juge, « les prestations objet du marché, ainsi fixées par le ministre de l’Immigration, ne permettent pas d’atteindre, dans son intégralité, l’objectif fixé par le législateur (…) à savoir mettre les étrangers retenus à même d’assurer l’exercice effectif de leurs droits ».
Le juge a donc suspendu l’exécution du marché public et a ordonné à l’Etat de verser 3.000 euros à la Cimade au titre des frais de justice.
Dans son ordonnance, le juge des référés note que « le ministère a la faculté de conclure avec la Cimade un avenant prolongeant » sa mission au-delà du 2 juin, comme cela avait déjà été le cas à l’automne dernier après l’annulation du premier appel d’offre.

Division par lots

Le 19 mai, plusieurs associations d’aide aux immigrés, dont la Cimade, avaient annoncé avoir déposé un nouveau recours suspensif contre les nouvelles modalités d’attribution de l’assistance juridique dans les centres de rétention administrative (CRA).
Eric Besson avait signé le 10 mai le texte attribuant la mission d’assistance juridique aux étrangers à l’ASSFAM, la Cimade, le Collectif Respect, le Forum Réfugiés, France Terre d’Asile et l’Ordre de Malte, suite à l’appel d’offres dont le résultat a été publié le 10 avril.
Seule à assister jusqu’alors les étrangers placés en rétention administrative, la Cimade avait obtenu trois lots, les autres organisations un chacune. Les nouvelles modalités d’intervention des associations devaient entrer en vigueur à partir de mardi 2 juin.

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Nouveaux recours contre la réforme Besson

Accueil , Marion Sevenier, 20/05/2009

AFP/Bertrand Guay
AFP/Bertrand Guay

Les associations de soutien aux étrangers ne désarment pas et appellent à un rassemblement solidaire le 2 juin.

Malgré les attaques répétées du ministre de l’Immigration Éric Besson, les associations d’aide aux étrangers ne baissent pas les bras. Hier, plusieurs d’entre elles (la Cimade, le GISTI et l’Association pour les droits des étrangers) ont annoncé leur intention de déposer de nouveaux recours contre la réforme de l’aide aux personnes placées en rétention. En effet, les procédures précédentes avaient été stoppées par le passage en force du ministre, le 10 mai dernier. Avec ce nouveau recours, explique Stéphane Maugendre, président du GISTI, « nous espérons que le tribunal administratif pourra ainsi statuer, non pas sur le référé comme précédemment, mais sur le fond ».

Pour l’heure, néanmoins, c’est le projet du ministre qui tient la corde : l’aide aux étrangers dans les centres de rétention serait divisée en huit « lots », répartis entre six associations. Parmi elles, les controversées Collectif Respect et ASSFAM (Association service social familial migrants), dont l’aptitude dans le domaine est mise en cause.

« Nous ne sommes pas là simplement pour défendre notre pré carré. Mais l’action dans les CRA suppose une maîtrise du droit face à des contentieux techniques, complexes, et dans des délais très courts », a argumenté Laurent Giovannoni, secrétaire général de la Cimade, seule association à apporter un soutien juridique dans les centres de rétention depuis plus de vingt-cinq ans. « Ce que nous défendons, ce sont les droits des étrangers dans les CRA. Il est question de faire respecter des droits fondamentaux. »

Or, plaident les associations, l’émiettement voulu par le ministère créera une situation de « concurrence et de dépendance par rapport au gouvernement, qui choisira ceux qui auront le discours le moins critique face à la politique des quotas, et qui défendront finalement le moins bien les droits des étrangers ».

Les responsables associatifs appellent donc à un rassemblement solidaire le 2 juin prochain, pour « réaffirmer leur soutien aux étrangers enfermés » et exprimer « leur attachement à l’indépendance des associations, à leur liberté de parole et de témoignage », dans le contexte actuel de muselage des contre-pouvoirs.

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Rétention: nouveaux recours des associations et appel pour le 2 juin

la-croix-logo 19/05/2009

La Cimade et plusieurs autres ONG de défense des droits de l’homme ont annoncé mardi à Paris leur intention de déposer de nouveaux recours contentieux contre la décision du ministère de l’Immigration d’accorder le marché de l’assistance aux étrangers placés en rétention à six associations.

Ces associations ont aussi appelé à une « mobilisation citoyenne » pour le 2 juin, date de la fin du contrat qui confiait à la seule Cimade la mission d’aide aux étrangers dans les centres de rétention administrative (CRA).

Plusieurs ONG de défense des étrangers, dont le Secours catholique, Emmaüs France, la LDH et le Gisti, ont réitéré mardi devant la presse leurs critiques sur le nouveau dispositif initié par un décret et un appel d’offres en août 2008.

Selon elles, la réforme vise surtout à transformer l’aide à l’exercice effectif des droits des étrangers placés en rétention en une simple mission d’information.

Stéphane Maugendre, président du Gisti, a expliqué que son association, ainsi que l’ADDE (Avocats pour la défense des droits des étrangers), allaient déposer un nouveau recours auprès du Tribunal administratif, contre la décision du ministère, annoncée le 10 mai, d’attribuer à six « prestataires » le marché de la rétention dorénavant répartis en huit « lots ».

Les associations avaient déjà déposé un recours en référé contre un nouvel appel d’offres lancé en décembre 2008.

Avec ce nouveau recours, a expliqué Stéphane Maugendre, « nous espérons que le Tribunal administratif pourra ainsi statuer, non pas sur le référé comme précédemment, mais sur le fonds ».

Selon lui, en annonçant sa signature des contrats le 10 mai, le ministre de l’Immigration Eric Besson a empêché la justice de se prononcer sur le fonds, c’est-à-dire les conditions d’attribution du marché.

La Cimade déposera également un nouveau recours, a annoncé son secrétaire général Laurent Giovannoni.

Pierre Levené, secrétaire général du Secours catholique, a dénoncé « le jeu du gouvernement qui veut déstabiliser les associations en les divisant et décourager les bénévoles ». « On veut faire jouer au monde associatif un rôle de sous-traitance en soulignant qu’il est financé pour celà et rien de plus », a-t-il dit.

Laurence Mollaret (Syndicat de la magistrature) a dénoncé « la volonté gouvernementale de sabordage de l’autorité judiciaire ». « Avec la réforme de la rétention, c’est toute la question de l’accès au droit et aux juges qui est posée », a-t-elle résumé.

Après un premier appel d’offres annulé le 30 octobre par le tribunal administratif, qui souhaitait notamment une meilleure définition des compétences juridiques des candidats, le ministère avait lancé en décembre un nouvel appel d’offres, clos le 10 février.

Le 10 avril, il avait annoncé la répartition des CRA en huit lots attribués à six associations: Cimade, Ordre de Malte, Forum Réfugiés, Collectif Respect, France Terre d’Asile et Assfam.

Le 10 mai, il a annoncé la signature des marchés de prestations résultant de l’appel d’offres, considérant qu’il y avait « urgente nécessité » pour garantir, à compter du 2 juin, l’accompagnement des étrangers en rétention.

Besson « voyou » d’Etat

Image_3_reasonably_small-du_400x400  Anne Laffeter, 19/05/2009

Mensonges, polémiques, pression médiatique : le ministre de l’Immigration et de l’Identité nationale s’acharne sur les associations de défense des sans-papiers, qui ripostent.

Plus flippant que Brice Hortefeux ? Besson l’a fait. En déclarant une guerre ouverte aux associations d’aide aux sans-papiers, le ministre de l’Immigration et de l’Identité nationale a engagé la seconde phase de la feuille de route de son ministère : l’affaiblissement des contre-pouvoirs qui nuisent à l’efficacité de la machine à expulser.

Depuis son entrée en fonctions en janvier, le transfuge socialiste a imposé rapports de force et polémiques au centre de sa stratégie de communication pour détourner l’attention de ses mensonges médiatisés. Alors qu’il affirme haut et fort depuis des semaines “qu’il n’y a pas de délit de solidarité” et qu’aucun “aidant” n’a jamais été inquiété, le Groupe d’information et de soutien des immigrés (Gisti) publie une liste prouvant le contraire. Irrité, il contre-attaque le 22 avril sur BFM TV : “La crédibilité du Gisti en la matière est quasiment nulle.” Et ce, alors que l’expertise du Gisti sur la question des droits des étrangers est reconnue par le monde judiciaire et que chaque jour en apporte la preuve.

Mais le message du ministre doit être le plus audible. Même au prix d’une pression directe exercée sur France Inter. Son cabinet aurait ainsi sommé la rédaction d’empêcher la rediffusion d’un reportage intitulé Aimer les sans-papiers est-il un délit ?, sur Jennifer Chary, Dijonnaise de 23 ans, accusée “d’aide au séjour irrégulier” de son concubin marocain, expulsé avant leur mariage. Une autre voix déplaît au ministre : celle de la Cimade. Depuis plusieurs mois, le ministère a engagé un bras de fer avec l’association sur le marché d’attribution de l’aide aux étrangers en rétention. Eric Besson est passé en force le 10 mai alors que la juge du tribunal administratif de Paris devait examiner le référé le 13. Outré par ce “bras d’honneur à la justice”, le secrétaire général de la Cimade, Laurent Giovannoni, a dénoncé des “méthodes de voyous”. La juge devait vérifier la capacité des six associations candidates à défendre les sans-papiers, conformément à la loi. Deux d’entre elles sont largement sujettes à caution. Le collectif Respect, jusque-là inconnu du milieu associatif, et créé en 2003 au lendemain de la polémique sur La Marseillaise sifflée au stade de France, serait un faux nez de l’UMP. L’Afssam est aussi suspecte, car financée largement par le ministère, à hauteur de 450 000 euros. Eric Besson a menacé de porter plainte contre Laurent Giovannoni, tout en accusant l’association de “mordre et cracher en permanence sur la main qui (la) nourrit”.

Ce rapport de force méprisant n’est sûrement pas pour déplaire au chef de meute Sarkozy qui a édicté l’affrontement et l’absence de dialogue en mode de gouvernance. “Il a des preuves à faire. Besson se veut plus dur, infiniment plus agressif, hargneux, que le soldat Hortefeux. Il a probablement envie de montrer qu’il a mérité la vice-présidence UMP”, tance Jean-Paul Dubois, le président de la Ligue des droits de l’homme, avant d’ajouter : On ne mord pas la main qui vous nourrit ? Le collectif Respect ? Qu’est-ce que ça veut dire ? Besson a ressuscité Maurice Drouot (homme de gauche qui siégea au Conseil national mis en place par Vichy – ndlr) ? Ces méthodes sont plus surprenantes en France que dans la Tunisie de Ben Ali. ”

Ces virulentes attaques contre la Cimade et le Gisti ont aussi fédéré contre le ministre le gratin des associations de défense des droits des plus démunis et des immigrés en situation irrégulière.

Seize d’entre elles (Emmaüs France, le Secours catholique, RESF, FSU…) se sont fendues d’un communiqué pour freiner ces provocations : “Le mode de relation agressif que vous semblez vouloir instaurer avec les associations qui interviennent sur les questions de précarité nous paraît préoccupant.” Pour calmer le jeu,  le ministre leur a proposé de “venir débattre du fond de ce qu’elles écrivent”. Du fond et l’arrêt des polémiques, c’est justement ce qu’elles réclament.

“Cette polémique sur le mot “voyou” est une façon inélégante de détourner l’attention des vrais problèmes : l’ensemble des réformes qui tentent de diminuer le rôle des associations et, à travers elles, l’assistance juridique aux étrangers”, insiste Laurent Giovannoni. Le collectif Respect s’est ainsi vu attribuer la gestion des centres de rétention administrative d’outre-mer, ceux justement qui avaient été pointés du doigt dans un rapport de la Cimade pour leurs conditions inhumaines de rétention.

“Le but est de faire baisser le nombre de recours, donc augmenter le nombre d’éloignements. Dans sa feuille de route, Sarkozy demande à Besson de restreindre le contentieux”, ajoute Stéphane Maugendre, le président du Gisti. Hortefeux l’avait tenté en essayant de simplifier la procédure d’appel du recours – un juge contre deux actuellement – avant d’être retoqué par la commission Mazeaud. “Dans les centres de rétention, de véritable conseil, on va passer à la distribution de feuilles où seront récapitulés les droits. « il ne faudra pas trop en faire sinon le marché ne sera pas reconduit l’année d’après”, anticipe Stéphane Maugendre. “Cantonner les associations dans un rôle de faire-valoir permettra ainsi d’huiler l’industrialisation des expulsions et de suivre le mouvement européen”, conclut Laurent Giovannoni.