Archives de catégorie : Avocat

La Cour de cassation condamne l’interpellation de sans-papiers convoqués en préfecture

Le Monde.fr avec AFP, 21/02/2007.

Dans un arrêt du 6 février 2007, la plus haute instance judiciaire française juge illégale l’interpellation de sans-papiers visés par un arrêté de reconduite à la frontière, lorsqu’ils sont convoqués en préfecture pour examen de leur situation.

Un sans-papiers visé par un arrêté de reconduite à la frontière, dont la situation doit être examinée en préfecture, ne peut faire l’objet d’une interpellation en vue de son placement en rétention, estime la Cour de cassation dans un arrêt récent dont l’AFP a obtenu copie mardi 20 février.

Un ressortissant algérien, qui faisait l’objet d’un arrêté de reconduite à la frontière du préfet de police de Paris, s’était présenté le 27 décembre 2004 en préfecture de Seine-Saint-Denis, département où il résidait, à la suite d’une convocation, son avocat ayant sollicité un réexamen de sa situation administrative.

Le jour-même, le préfet de Seine-Saint-Denis avait pris un arrêté de maintien en rétention administrative, levé le 29 décembre par le juge des libertés et de la détention. Cette décision avait été confirmée le 31 décembre par le premier président de la cour d’appel de Paris mais le préfet avait formé un pourvoi en Cassation.

Dans un arrêt rendu le 6 février 2007, la première chambre civile de la Cour de cassation a débouté le préfet. La Cour a en effet estimé que l’administration ne pouvait « utiliser la convocation à la préfecture d’un étranger, faisant l’objet d’un arrêté de reconduite à la frontière, qui sollicite l’examen de sa situation administrative nécessitant sa présence personnelle pour faire procéder à son interpellation en vue de son placement en rétention ».

« DES FRONTIÈRES ÉTHIQUES ET IDÉOLOGIQUES À NE PAS DÉPASSER »

Selon une source judiciaire à la Cour, il s’agit d’une décision rappelant qu’il « existe des frontières éthiques et déontologiques qu’il convient de ne pas dépasser dans un Etat démocratique ».

« Nous sommes extrêmement satisfaits de cette décision qui démontre que, dans un Etat démocratique, les ruses du chasseur ne sont pas de mise », a déclaré Jean-Pierre Dubois, président de la Ligue des droits de l’homme, selon qui cette pratique, sanctionnée par la haute juridiction, est « extrêmement courante ». « Il y a un principe de bonne foi qui est une garantie de sécurité juridique. Manifestement, le ministère de l’intérieur avait besoin qu’on le lui rappelle », a-t-il ajouté.

Pour Stéphane Maugendre, vice-président du Groupe d’intervention et de soutien aux travailleurs immigrés (Gisti), cette décision constitue une « vraie innovation » face à « une pratique des préfectures dont on se plaignait depuis longtemps ». « Lorsque vous dites à quelqu’un qu’il s’agit de l’examen de son dossier, ce n’est pas pour faire autre chose », a ajouté M. Maugendre.

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Convoqué, un clandestin ne pourra pas être arrêté

index 3  D.H. (avec agence), 20 février 2007

tf1-lci-2223411_1713La Cour de cassation estime qu’un sans-papiers ne peut être interpellé pour être placé en rétention alors qu’il a été convoqué à la préfecture pour un examen de sa situation.

Un sans-papiers visé par un arrêté de reconduite à la frontière et convoqué en préfecture pour un examen de sa situation ne peut faire l’objet d’une interpellation en vue de son placement en rétention, estime la Cour de cassation dans un arrêt du 6 février. La Cour a en effet estimé que l’administration ne pouvait « utiliser la convocation à la préfecture d’un étranger (…) nécessitant sa présence personnelle pour faire procéder à son interpellation en vue de son placement en rétention« . Selon une source judiciaire à la Cour, il s’agit d’une décision rappelant qu’il « existe des frontières éthiques et déontologiques qu’il convient de ne pas dépasser dans un Etat démocratique« .

Un ressortissant algérien, qui faisait l’objet d’un arrêté de reconduite à la frontière du préfet de police de Paris, s’était présenté le 27 décembre 2004 en préfecture de Seine-Saint-Denis, département où il résidait, à la suite d’une convocation car son avocat avait sollicité un réexamen de sa situation administrative. Le jour-même, le préfet de Seine-Saint-Denis a pris un arrêté de maintien en rétention administrative que le 29 décembre, le juge des libertés et de la détention (JLD) a levé. Cette décision a été confirmée le 31 décembre par le Premier président de la cour d’appel de Paris mais le préfet a formé un pourvoi en cassation. La 1ère chambre civile de la Cour de cassation a débouté le préfet.

« Principe de bonne foi« 

« Nous sommes extrêmement satisfaits de cette décision qui démontre que, dans un État démocratique, les ruses du chasseur ne sont pas de mise« , a affirmé le président de la Ligue des droits de l’Homme, selon qui cette pratique, sanctionnée par la haute juridiction, est « extrêmement courante ». « Il y a un principe de bonne foi qui est une garantie de sécurité juridique. Manifestement, le ministère de l’Intérieur avait besoin qu’on le lui rappelle« , a-t-il ajouté.

Pour le vice-président du Groupe d’intervention et de soutien aux travailleurs immigrés (Gisti), cette décision constitue une « vraie innovation » face à « une pratique des préfectures dont on se plaignait depuis longtemps ». « Lorsque vous dites à quelqu’un qu’il s’agit de l’examen de son dossier, ce n’est pas pour faire autre chose« , a-t-il ajouté.

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Une intervention musclée dans des «conditions ubuesques»

logo-liberation-311x113 Jacky Durand

Trois policiers jugés pour violences sur des habitants de Saint-Denis en 2001.

Cinq ans de procédure judiciaire, d’attente prolongée par quatre reports d’audience et, au final, un sentiment assez partagé et pesant d’incommunication hier matin au tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis). Juliette, Houria, Sofiane et Lucas n’ont pas obtenu les explications qu’ils attendaient des trois policiers qu’ils accusaient de les avoir frappés, le 17 octobre 2001 (Libération du 26 octobre 2001). Costume gris, profil bas, les trois fonctionnaires comparaissaient pour «violences par personne dépositaire de l’autorité publique», mais ont nié les faits qui leur étaient reprochés. C’est peu dire que tout un monde séparait victimes et prévenus dans la salle d’audience de 11e chambre, présidé par un juge unique. «Ce n’est pas le procès de la police nationale en Seine-Saint-Denis, a dit la procureure, Camille Hennetier. Mais cette affaire est emblématique du « dialogue de sourds » qui pèse sur les relations entre la police et la population.»

Attroupement. Il est vrai que, dès son origine, l’affaire jugée hier suivait pas à pas le scénario ordinaire du divorce entre habitants des quartiers et forces de l’ordre : une intervention à l’utilité contestée par un attroupement d’habitants débouchant sur l’arrivée en nombre de policiers et une vague confuse d’interpellations. Ainsi, le 17 octobre 2001, en début de soirée dans le centre-ville de Saint-Denis, des îlotiers contrôlaient à la suite d’un vol de portable un jeune homme qui fut rapidement mis hors de cause. Le ton était monté entre les policiers et une dizaine de jeunes. Avec d’autres habitants, Juliette, éducatrice, était descendue de son appartement «en robe de chambre et en claquettes» pour tenter d’apaiser la tension alors que des renforts de police arrivaient sur place. Elle fut menottée, frappée à terre et gazée. Lucas, mineur au moment des faits, eut le nez fracturé par un coup de pied, tandis qu’Houria était giflée par un policier alors qu’elle tentait de s’interposer pour protéger sa propre fille, enceinte de sept mois. Cinq ans plus tard, Lucien T., 50 ans, explique maladroitement qu’il n’a fait que lever la main pour se protéger d’une mère de famille hystérique. Les autres prévenus ne sont guère plus loquaces quand le tribunal avance la débauche de moyens déployés par la police face à de simples habitants. «On intervient sur un vol. Le jeune contrôlé est mis hors de cause par un autre policier. Pourquoi appeler des renforts ?» demande le juge Olivier Géron à l’un des prévenus, aujourd’hui chargé de la formation des policiers sur le terrain. «A cause de la supériorité numérique de la foule. Les policiers ont eu peur pour leur intégrité physique. Ça dépend aussi de la maturité du fonctionnaire qui est à la radio», répond Thierry J., 37 ans. En l’occurrence, c’était une adjointe de sécurité (ADS, emploi-jeune dans la police) qui avait demandé des renforts sur les ondes. «Son ton était choquant, on sentait un danger pour la personne», affirme Sylvain G., 33 ans, le troisième prévenu. Le juge Géron insiste : «20, 21… 28 policiers vont se retrouver à intervenir dans des conditions qui m’ont paru ubuesques. Les policiers se sont gazés les uns les autres. Comment expliquez-vous cela Monsieur J. ?» La faute à un «gardien de la paix stagiaire» ou un «faux mouvement» avance le policier.

Matraque. La procureure a également évoqué hier la «réponse disproportionnée» des forces de l’ordre face à «une situation de crise qui n’était pas incontrôlable vu les participants». Evoquant des violences«inacceptables», elle a demandé au tribunal de condamner à six mois de prison, dont quatre avec sursis, Thierry J., qui a été désigné par Lucas comme lui ayant porté des coups au visage. Contre Sylvain G., désormais à la police aux frontières, elle a requis quatre mois de prison avec sursis. Il était accusé d’avoir frappé à coups de matraque Sofiane, âgé de 17 ans à l’époque. Contre le dernier policier, Lucien T., le seul encore en poste à Saint-Denis, elle a requis deux mois avec sursis. L’avocate des policiers a plaidé la relaxe de ses clients, mettant en doute l’exactitude des témoignages. Le jugement a été mis en délibéré au 24 janvier 2007.

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Condamné après la mort d’un expulsé éthiopien

C.S., 24 Nov. 2006

UN CHEF D’ESCORTE de la police aux frontières (PAF), Axel Dallier, 26 ans, a été condamné hier à six mois de prison avec sursis pour la mort involontaire de Mariame Getu Hagos, un Ethiopien de 24 ans débouté de l’asile politique, qu’il était chargé d’escorter dans un avion à Roissy, le 16 janvier 2003.

Le tribunal correctionnel de Bobigny a reconnu la culpabilité du policier, en raison d’un « manquement à une obligation de prudence et de sécurité », considérant que le « pliage de la tête sur le cou et le thorax » prolongé de Mariame qui se débattait pour ne pas être expulsé « ne correspondait pas à un usage nécessaire strictement proportionné », comme le prévoit le Code de déontologie de la police.

Les deux autres policiers coprévenus ont été relaxés, la causalité entre leur intervention et le décès du passager entravé n’étant pas établie. Le parquet avait demandé une peine de principe contre deux policiers, avec sursis et d’une durée laissée au choix des juges.

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Un étranger mort, la police condamnée

Actualités Politique, Monde, Economie et Culture - L'Express

Un agent de la police de l’air et des frontières, Axel Dallier, a été condamné à six mois de prison avec sursis pour l' »homicide involontaire » d’un Somalien rapatrié de force.

Un agent de la police de l’air et des frontières, Axel Dallier, a été condamné à six mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour l' »homicide involontaire » d’un Somalien en janvier 2003 à Roissy dans l’avion qui devait le renvoyer en Afrique du Sud.
La sanction ne sera pas inscrite au casier judiciaire du condamé, ce qui lui permettra de rester dans la police. Le tribunal a relaxé deux autres agents impliqués dans l’affaire, Merwan Khelladi et David Tarbouriech.
Getu Hagos est mort le 18 janvier 2003 alors que les trois policiers venaient de l’embarquer de force dans un vol pour l’Afrique du sud, pays dont il était arrivé une semaine auparavant sans aucun papier d’identité.

« Technique du pliage »

Les policiers ont reconnu à l’audience l’avoir menotté et entravé aux genoux et aux chevilles avec du scotch pour le faire monter dans l’appareil, car il se rebellait. Axel Dallier l’a maintenu en position penchée alors que les autres passagers embarquaient, technique policière dite du « pliage », officiellement interdite depuis l’affaire.

Le tribunal estime que la mort résulte non de maladresses comme le disaient les prévenus mais de gestes qui n’étaient pas strictement nécessaires au maintien de l’étranger dans l’avion et constituent donc « un manquement aux rêgles de prudence ».

Me Stéphane Maugendre, avocat de la famille de la victime, s’est dit satisfait du jugement. « Une responsabilité est reconnue et c’est ce qui nous intéresse », a-t-il déclaré.

Pour une éventuelle indemnisation, il devra se tourner vers la tribunal administratif. A l’audience, le parquet avait requis des peines de prison avec sursis contre Axel Dallier et Merwan Khelladi et la relaxe de David Tarbouriech.

Depuis cette affaire, le ministère de l’Intérieur a publié des recommandations stipulant à la police de l’air et des frontières de limiter l’usage de la force et de faire marche arrière si la personne apparaît être dans une situation de panique. Des formations ont été mises sur pied.

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Un agent de la police aux frontières condamné pour la mort d’un sans-papiers

index

Le tribunal correctionnel de Bobigny a condamné, jeudi 23 novembre, à six mois de prison avec sursis pour « homicide involontaire » un agent de la police aux frontières (PAF), pour la mort d’un Ethiopien qu’il était chargé d’escorter lors de son expulsion en janvier 2003 à Roissy (Val-d’Oise). Le 18 janvier, Getu Hagos Mariame, un Ethiopien de 24 ans, devait être reconduit à bord d’un avion en direction de l’Afrique du Sud. Ses protestations ont incité les policiers à utiliser ce qu’ils nomment les « gestes techniques d’intervention », afin de le maîtriser et de le réduire au silence : ils l’ont maintenu compressé, assis, le visage contre les genoux. Trop longtemps. M. Hagos Mariame a fait un malaise. Hospitalisé dans le coma, il est mort le lendemain. Pour le tenir plié sur son siège, M. Dallier s’était assis sur lui, selon des témoins, ce qu’il a toujours nié.

« MANQUEMENT À UNE OBLIGATION DE PRUDENCE ET DE SÉCURITÉ »

Le tribunal a reconnu la culpabilité d’Axel Dallier, 26 ans, le chef d’escorte, pour « homicide involontaire » en raison d’un « manquement à une obligation de prudence et de sécurité ». Dans ses motivations, le tribunal a considéré que le « pliage »  prolongé, qui avait entraîné le malaise du jeune homme, « ne correspondait pas à un usage nécessaire et strictement proportionné de la violence », ainsi que le préconise le code de déontologie de la police. Les deux collègues d’Axel Dallier ont été relaxés, le tribunal estimant que dans leur cas, la causalité entre les gestes exercés sur la victime avant le décollage de l’avion, dans la nuit du 16 au 17 janvier 2003, et la mort, n’était pas clairement établie.

Lors de l’audience, le 28 septembre, la procureure, Nadine Perrin, avait demandé la condamnation de principe d’Axel Dallier et de son collègue Merwan Khelladi, 32 ans, sans demander de peine précise. Elle avait estimé toutefois « qu’ils n’avaient pas transgressé le règlement »  et n’avait pas demandé la condamnation de David Tarbouriech, 28 ans, le dernier agent.

Depuis ce drame, la commission nationale de déontologie de la sécurité a recommandé l’abandon du geste technique de compression qui était alors enseigné à l’école de police. Et la formation des policiers d’escorte, qualifiée de « lacunaire » par la procureure, a été améliorée. Me Stéphane Maugendre, l’avocat de la famille de la victime, a estimé ce jugement « motivé et clair », réaffirmant que « le désir de la famille et des associations était d’obtenir une condamnation forte de certaines pratiques d’éloignement des étrangers, et notamment de la technique du pliage ». Suspendus pendant dix mois, les trois policiers avaient ensuite été réintégrés dans un autre service de la PAF.

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Un policier condamné pour la mort d’un étranger

logo-la-tribune-pour-bloc-mixte 23/11/2006

Un agent de la police de l’air et des frontières, Axel Dallier, a été condamné à six mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour homicide involontaire » d’un Somalien mort en janvier 2003 à Roissy dans l’avion qui devait le renvoyer en Afrique du Sud.

La sanction ne sera pas inscrite au casier judiciaire, ce qui permettra au condamné de rester dans la police. Le tribunal a relaxé deux autres policiers impliqués dans l’affaire, Merwan Khelladi et David Tarbouriech, qui n’ont pas directement commis les gestes à l’origine de la mort, dit le tribunal.

Getu Hagos est mort le 18 janvier 2003 alors que les trois policiers venaient de l’embarquer de force dans un vol pour l’Afrique du sud, pays dont il était arrivé une semaine auparavant sans aucun papier d’identité.

Les policiers ont reconnu à l’audience l’avoir menotté et entravé aux genoux et aux chevilles avec du scotch pour le faire monter dans l’appareil, car il se rebellait.

Axel Dallier l’a maintenu en position penchée alors que les autres passagers embarquaient, technique policière dite du « pliage », officiellement interdite depuis l’affaire.

Le tribunal estime que la mort résulte non de maladresses comme le disaient les prévenus mais de gestes qui n’étaient pas strictement nécessaires au maintien de l’étranger dans l’avion et constituent donc « un manquement aux règles de prudence”.

Me Stéphane Maugendre, avocat de la famille de la victime, s’est dit satisfait du jugement. « Une responsabilité est reconnue et c’est ce qui nous intéresse », a-t-il dit à Reuters.

Pour une éventuelle indemnisation, il devra se tourner vers la tribunal administratif. A l’audience, le parquet avait requis des peines de prison avec sursis contre Axel Daliier et Merwan Khelladi et la relaxe de David Tarbouriech.

Depuis cette affaire, le ministère de l’Intérieur, dont la politique officielle est d’augmenter les expulsions d’étrangers en situation irrégulière, a publié des recommandations stipulant à la PAF de limiter l’usage de la force et de faire marche arrière si la personne apparaît être dans une situation de panique. Des formations ont été mises sur pied.

Un policier condamné pour la mort d’un étranger

Reuters, 23/11/2006

Un agent de la police de l’air et des frontières, Axel Dallier, a été condamné à six mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour homicide involontaire » d’un Somalien mort en janvier 2003 à Roissy dans l’avion qui devait le renvoyer en Afrique du Sud.

La sanction ne sera pas inscrite au casier judiciaire, ce qui permettra au condamné de rester dans la police. Le tribunal a relaxé deux autres policiers impliqués dans l’affaire, Merwan Khelladi et David Tarbouriech, qui n’ont pas directement commis les gestes à l’origine de la mort, dit le tribunal.

Getu Hagos est mort le 18 janvier 2003 alors que les trois policiers venaient de l’embarquer de force dans un vol pour l’Afrique du sud, pays dont il était arrivé une semaine auparavant sans aucun papier d’identité.

Les policiers ont reconnu à l’audience l’avoir menotté et entravé aux genoux et aux chevilles avec du scotch pour le faire monter dans l’appareil, car il se rebellait.

Axel Dallier l’a maintenu en position penchée alors que les autres passagers embarquaient, technique policière dite du « pliage », officiellement interdite depuis l’affaire.

Le tribunal estime que la mort résulte non de maladresses comme le disaient les prévenus mais de gestes qui n’étaient pas strictement nécessaires au maintien de l’étranger dans l’avion et constituent donc « un manquement aux règles de prudence”.

Me Stéphane Maugendre, avocat de la famille de la victime, s’est dit satisfait du jugement. « Une responsabilité est reconnue et c’est ce qui nous intéresse », a-t-il dit à Reuters.

Pour une éventuelle indemnisation, il devra se tourner vers la tribunal administratif. A l’audience, le parquet avait requis des peines de prison avec sursis contre Axel Daliier et Merwan Khelladi et la relaxe de David Tarbouriech.

Depuis cette affaire, le ministère de l’Intérieur, dont la politique officielle est d’augmenter les expulsions d’étrangers en situation irrégulière, a publié des recommandations stipulant à la PAF de limiter l’usage de la force et de faire marche arrière si la personne apparaît être dans une situation de panique. Des formations ont été mises sur pied.

Somalien expulsé tué : un policier condamné

Un agent de la police aux frontières a écopé de 6 mois de prison avec sursis pour la mort involontaire d’un Somalien expulsé en janvier 2003.

Le tribunal correctionnel de Bobigny (Seine-Saint-Denis) a condamné jeudi 23 novembre un policier de la Police de l’air et des frontières (PAF), Axel Daillier, à six mois d’emprisonnement avec sursis pour homicide involontaire suite au décès d’un Somalien de 24 ans, embarqué de force dans un avion en janvier 2003.

Deux autres fonctionnaires de police, Merwan Khellady et David Tarbouriech, ont été relaxés.

Le 28 septembre dernier, le parquet avait requis la relaxe de Tarbouriech, mais avait réclamé une peine de prison avec sursis contre ses deux collègues, estimant que les gestes de Daillier et Khellady, doublé d’une « formation lacunaire », avaient entraîné le décès de Getu Hagos Mariame, arrivé le 11 janvier 2003 d’Afrique du Sud.« Déporté accompagné »Le 16 janvier, sa demande d’asile étant rejetée, il a été ré-embarqué dans un vol d’Air France à destination de Johannesburg. Mais l’homme a refusé son retour, simulé deux malaises en zone d’attente de l’aéroport de Roissy.

De force, il est embarqué à l’arrière de l’avion avant les passagers, entre Axel Daillier, chef d’escorte, et Merwan Khellady. Le troisième fonctionnaire, David Tarbouriech lui faisait face sur la rangée précédente.

Le « déporté accompagné », c’est ainsi qu’on les appelle, a hurlé, s’est débattu. Pour le forcer à rester calme, Axel Daillier l’a maintenu plié en deux sur son siège, Merwan Khellady a tenu les menottes, lui entravant les mains dans le dos. David Tarbouriech lui a appuyé sur la tête de temps en temps pour l’empêcher de se relever mais a surtout fait le « tampon », comme il l’a expliqué à l’audience, avec les passagers.

« Technique du pliage »

Getu Hagos Mariame serait resté dans cette position une vingtaine de minutes. Selon l’expertise médicale, cette position pliée a entraîné son décès par manque d’oxygénation. Depuis ce drame, cette « technique du pliage » est interdite.

L’avocat des parents de la victime, Me Stéphane Maugendre, s’est dit « satisfait » jeudi de ce jugement « bien motivé qui reconnaît la faute de chacun ».

Après le drame, les trois fonctionnaires avaient été suspendus dix mois, avant d’être réintégrés. La condamnation de Daillier ne sera pas inscrite à son casier judiciaire. Le tribunal lui permet ainsi de rester dans la police. (AP)

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Ethiopien mort lors de son expulsion: six mois avec sursis pour un policier

AFP, 23/11/2006

Photo Fred Dufour/AFP
Photo Fred Dufour/AFP

Le tribunal correctionnel de Bobigny a condamné jeudi à 6 mois de prison avec sursis un agent de la police aux frontières (PAF) pour la mort involontaire d’un Ethiopien qu’il était chargé d’escorter lors de son expulsion, en janvier 2003 à Roissy (Val-d’Oise).

Le tribunal a reconnu la culpabilité d’Axel Dallier, 26 ans, le chef d’escorte, pour « homicide involontaire », en raison d’un « manquement à une obligation de prudence et de sécurité ».

Dans ses motivations, le tribunal a considéré que le « pliage » prolongé (maintien, en position assise, du buste contre les cuisses), qui avait entraîné un malaise de Getu Hagos Madame, un Ethiopien de 24 ans qui se débattait pour ne pas être expulsé, « ne correspondait pas à un usage nécessaire et strictement proprotionné de la violence », comme le préconise le code de déontologie de la police.

Le tribunal a relaxé ses deux autres collègues, estimant que dans leur cas, la causalité entre les gestes exercés sur la victime avant le décollage de l’avion, dans la nuit du 16 au 17 janvier 2003, et la mort n’était pas clairement établie.

Lors de l’audience au fond, le 28 septembre, la procureure, Nadine Perrin, avait demandé la condamnation de principe d’Axel Dallier et de son collègue Merwan Khelladi, 32 ans, sans demander de peine précise. Elle avait estimé toutefois « qu’ils n’avaient pas transgressé le règlement ». Elle n’avait pas demandé la condamnation de David Tarbouriech, 28 ans, le dernier agent.

Hagos Madame était décédé le lendemain de son malaise. Pour le tenir plié sur son siège, la tête sur les genoux, M. Dallier s’était assis sur lui, selon des témoins, ce qu’il a toujours nié.

Depuis ce drame, la Commission nationale de déontologie de la sécurité a recommandé l’abandon du geste technique de compression qui était alors enseigné à l’école de police. Et la formation des policiers d’escorte, qualifiée de « lacunaire » par la procureure, a été améliorée.

Me Stéphane Maugendre, l’avocat de la famille de la victime a estimé ce jugement « motivé et clair », réaffirmant à l’AFP que « le désir de la famille et des associations était d’obtenir une condamnation forte de certaines pratiques d’éloignement des étrangers, et notamment de la technique du pliage »