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Des migrants abandonnés à en mourir en Méditerranée

 , Marie Barbier, 12/04/2012

Un an après la mort 
de 63 migrants au large de la Libye, quatre survivants mettent en cause l’armée française.

La traversée devait durer moins de vingt-quatre heures, elle s’est transformée en une épopée tragique de quinze jours durant lesquels soixante-trois hommes, femmes et enfants, abandonnés à la dérive, sont morts de faim et de soif. Un radeau de la Méduse en pleine mer Méditerranée, localisé par les autorités européennes et dérivant à quelques milles marins des flottes les plus sophistiquées au monde…

L’histoire commence dans la nuit du 26 au 27 février 2011. Depuis un mois, le chaos qui règne en Libye provoque un exode massif, les migrants subsahariens fuient le pays par centaine de milliers. Entre minuit et deux heures du matin cette nuit-là, un zodiac quitte Tripoli à destination de l’Italie. À son bord, soixante-dix hommes et femmes, âgés de vingt à vingt-cinq ans et deux bébés. Le lendemain, peu avant 17 heures, un avion de patrouille français prend une photographie de l’embarcation et la transmet aux garde-côtes italiens, accompagnée du positionnement du bateau. Dans la soirée, celui-ci est survolé par un hélicoptère, les migrants pensent être sauvés. Mais l’hélico repart. Il reviendra dans la nuit leur lancer de l’eau et des biscuits.

Le 28 mars, en début de matinée, le bateau tombe définitivement en panne de carburant. Une longue dérive de quatorze jours commence, tandis que les appels de détresse continuent d’être renouvelés toutes les quatre heures par les garde-côtes italiens. Au cinquième jour, les premiers décès surviennent. Après dix jours en mer, plus de la moitié des occupants du zodiac sont morts. Les migrants croisent alors un navire militaire. « Il y avait trente morts sur le bateau à ce moment, raconte Dan Haile Gebre, un survivant. Nous avons crié et leur avons montré les corps des bébés morts. Mais ils nous ont juste pris en photo. » Aujourd’hui encore, nul ne sait sous quel pavillon naviguait ce bateau. L’Otan, comme les troupes américaines et européennes présentes alors en Méditerranée, n’ont pas répondu aux sollicitations des ONG. Le 10 avril 2011, après quatorze jours de dérive dans la faim, la soif et l’odeur putride des cadavres, une tempête rejette le bateau sur la plage de Zliten, en Libye. Parmi les onze survivants, deux mourront dans les heures suivant leur débarquement, alors que les neuf autres seront placés en détention.

Quatre de ces survivants ont porté plainte hier en France pour non-assistance à personne en danger. Une plainte contre X qui met en cause l’armée française, à l’époque la plus importante au large de la Libye. « La France connaissait l’existence et la position de ce bateau, dénonce Stéphane Maugendre, président du Gisti et avocat des survivants. Quel que soit le lieu où se trouvaient les avions, bateaux et sous-marins français, le fait qu’ils n’aient pas dévié leur route constitue une non-assistance à personne en danger. » D’autres plaintes pourraient être déposées prochainement dans les pays concernés.

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La marine française mise en cause après la mort de migrants en Méditerranée

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Plusieurs ONG ont demandé mercredi à la justice française d’établir les responsabilités dans la mort de 63 migrants qui fuyaient la Libye par la mer en 2011, accusant la marine française d’avoir ignoré leurs appels de détresse, ce que conteste le ministère de la Défense.

Quatre survivants de ce périple cauchemardesque devraient déposer vendredi une plainte contre X à Paris pour non assistance à personne en danger, a précisé Me Stéphane Maugendre, président du Groupe français d’information et de soutien des travailleurs immigrés (Gisti), l’une des organisations associées à cette initiative.

« La connaissance par les militaires français du bateau en péril est avérée », indique ce projet de plainte, que l’AFP a pu consulter. « L’armée française ne pouvait pas ignorer le péril pesant sur cette embarcation et le besoin d’assistance de ses passagers. »

Une accusation que rejette catégoriquement le ministère de la Défense, la qualifiant de « totalement infondée » sur la foi notamment d’un rapport du Conseil de l’Europe publié fin mars.

« Celui-ci ne met à aucun moment en cause la France. Et, comme l’a écrit le ministre Gérard Longuet à son auteur (la sénatrice néerlandaise Tineke Strik, ndlr), aucun bâtiment français n’opérait à ce moment-là dans la zone concernée », a déclaré à l’AFP le porte-parole Gérard Gachet.

Le 26 mars 2011, quelques jours après le début du conflit libyen, 70 Africains âgés de 20 à 25 ans et deux bébés avaient embarqué à bord d’un fragile canot pneumatique, dans l’espoir d’atteindre dans les 24 heures les côtes européennes.

A court de carburant le 28 au matin, le bateau avait dérivé jusqu’à être rejeté sur les côtes libyennes par une tempête le 10 avril. Seuls neuf personnes ont survécu.

Pendant les deux semaines de cette épreuve, affirme la plainte, l’embarcation fut photographiée par un avion de patrouille français, survolée à deux reprises par un hélicoptère et croisa au moins deux bateaux de pêche et plusieurs autres navires, dans une zone que surveillaient des dizaines de bâtiments de guerre.

Le 3 ou le 4 avril, selon la plainte, un grand navire de couleur gris-clair portant deux hélicoptères s’approcha à quelques dizaines de mètres des migrants qui, en vain, appelèrent à l’aide en montrant les dépouilles des bébés.

Les naufragés parvinrent également à l’aide d’un téléphone satellitaire à avertir le responsable d’une association italienne qui alerta les garde-côtes italiens, lesquels relayèrent l’appel de détresse à l’ensemble des navires circulant dans la zone, mais également au quartier-général de l’Otan à Naples.

« Il semble bien plus probable que lesdits militaires aient préféré considérer que le sauvetage de migrants en détresse ne relevait pas de leur mission », peut-on lire dans la plainte.

« Quel que soit le lieu où se trouvaient les bateaux, ou les avions ou les sous-marins français qui avaient connaissance de cet appel de détresse, le fait de ne pas avoir dévié sa route pour aller porter secours à ces personnes-là, c’est une non assistance à personne en danger », a déclaré à la presse Me Maugendre.

Cette plainte vise la France mais d’autres pays sont susceptibles d’être concernés, a indiqué le président d’honneur de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH), Patrick Baudouin: « On se réserve d’agir (…) dans d’autres pays européens ».

La coalition d’ONG appuyant la plainte a notamment tenté d’identifier les pavillons des bateaux et hélicoptères ayant croisé la route des naufragés, sachant que, selon elle, les armées française, américaine, espagnole, canadienne, britannique et italienne étaient sur zone.

La FIDH affirme avoir envoyé des courriers à ces Etats et à l’Otan, sans obtenir jusque-là de « réponses suffisantes ».

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L’armée française mise en cause après la mort de migrants en Méditerranée

  11/04/2012

La marine française a ignoré en 2011 les appels de détresse de migrants fuyant la Libye en guerre à bord d’une embarcation de fortune, ont accusé mercredi des ONG qui demandent à la justice française de déterminer les responsabilités dans ce drame ayant fait 63 morts.
Quatre des neuf survivants de ce périple cauchemardesque devraient dans les prochains jours porter plainte contre X à Paris pour non assistance à personne en danger, a précisé Me Stéphane Maugendre, président du Groupe français d’information et de soutien des travailleurs immigrés (Gisti), l’une des organisations associées à cette initiative.
«La connaissance par les militaires français du bateau en péril est avérée», indique ce projet de plainte, que l’AFP a pu consulter. «L’armée française ne pouvait pas ignorer le péril pesant sur cette embarcation et le besoin d’assistance de ses passagers».
Le 26 mars 2011, quelques jours après le début du conflit libyen, 70 Africains âgés de 20 à 25 ans et deux bébés avaient embarqué à bord d’un fragile canot pneumatique d’une dizaine de mètres de long, dans l’espoir d’atteindre 18 à 24 heures plus tard les côtes européennes.
A court de carburant le 28 au matin, le bateau avait alors dérivé jusqu’à être rejeté sur les côtes libyennes par une tempête le 10 avril. Seules neuf personnes avaient survécu.
Or pendant les 16 jours de ce cauchemar, indique la plainte, l’embarcation fut photographiée par un avion de patrouille français, survolée à deux reprises par un hélicoptère et croisa au moins deux bateaux de pêche et plusieurs autres navires, dans une zone du sud de la Méditerranée où naviguaient des dizaines de bâtiments de guerre engagés contre le régime libyen.
Les naufragés parvinrent également à l’aide d’un téléphone satellitaire à avertir le responsable d’une association italienne qui alerta les garde-côtes italiens, lesquels relayèrent l’appel de détresse à l’ensemble des navires circulant dans la zone, mais également au quartier général de l’Otan à Naples.
«Il semble bien plus probable que lesdits militaires aient préféré considérer que le sauvetage de migrants en détresse ne relevait pas de leur mission», peut-on lire dans la plainte.

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La Marine française mise en cause après la mort de migrants en Méditerranée

11/04/2012

Plusieurs ONG ont demandé mercredi à la justice française d’établir les responsabilités dans la mort de 63 migrants qui fuyaient la Libye par la mer en 2011, accusant la Marine française d’avoir ignoré leurs appels de détresse, ce que conteste le ministère de la Défense.

Quatre survivants de ce périple cauchemardesque devraient déposer vendredi une plainte contre X à Paris pour non assistance à personne en danger, a précisé Me Stéphane Maugendre, président du Groupe français d’information et de soutien des travailleurs immigrés (Gisti), l’une des organisations associées à l’initiative. »La connaissance par les militaires français du bateau en péril est avérée », indique ce projet de plainte, que l’AFP a pu consulter. « L’armée française ne pouvait pas ignorer le péril pesant sur cette embarcation et le besoin d’assistance de ses passagers. »Une accusation que rejette catégoriquement le ministre de la Défense, Gérard Longuet, sur la foi notamment d’un rapport du Conseil de l’Europe publié fin mars.Le document, a souligné mercredi soir le ministre dans un communiqué, « ne mentionne, à aucun moment, une quelconque responsabilité de la France dans ce tragique événement ». »Rien, aujourd’hui, ne permet à ces ONG d’accuser l’armée française de non secours aux migrants naufragés », a-t-il ajouté.Le 26 mars 2011, peu après le début du conflit libyen, 70 Africains âgés de 20 à 25 ans et deux bébés avaient embarqué à bord d’un fragile canot pneumatique dans l’espoir d’atteindre dans les 24 heures les côtes européennes.A court de carburant le 28 au matin, le bateau avait dérivé jusqu’à son échouement sur les côtes libyennes à la suite d’une tempête le 10 avril. Seules neuf personnes ont survécu.Pendant les deux semaines de cette épreuve, affirme la plainte, l’embarcation fut photographiée par un avion de patrouille français, survolée à deux reprises par un hélicoptère et croisa au moins deux bateaux de pêche et plusieurs autres navires, dans une zone que surveillaient des dizaines de bâtiments de plusieurs marines.Le 3 ou le 4 avril, selon la plainte, un grand navire de couleur gris-clair portant deux hélicoptères s’approcha à quelques dizaines de mètres des migrants qui, en vain, appelèrent à l’aide en montrant les corps des bébés.Les naufragés parvinrent également à l’aide d’un téléphone satellitaire à avertir le responsable d’une association italienne qui alerta les garde-côtes italiens, lesquels relayèrent l’appel de détresse à l’ensemble des navires circulant dans la zone, mais également au quartier général de l’Otan à Naples (Italie). »Il semble bien plus probable que les dits militaires aient préféré considérer que le sauvetage de migrants en détresse ne relevait pas de leur mission », peut-on lire dans la plainte. »Quel que soit le lieu où se trouvaient les bateaux, ou les avions ou les sous-marins français qui avaient connaissance de cet appel de détresse, le fait de ne pas avoir dévié sa route pour aller porter secours à ces personnes-là, c’est une non assistance à personne en danger », a déclaré à la presse Me Maugendre.Dans son communiqué, M. Longuet précise « qu’aucun bâtiment de guerre français n’a croisé un canot en détresse ni n’était dans la zone considérée aux dates indiquées par le rapport ». »Un avion de patrouille maritime français a bien pris, plusieurs heures avant l’appel de détresse, une photo, transmise aux autorités compétentes, mais cette embarcation roulait à vive allure et ne présentait aucun signe de détresse », a-t-il ajouté.La plainte visera la France mais d’autres pays sont susceptibles d’être concernés, a dit le président d’honneur de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH), Patrick Baudouin: « On se réserve d’agir (…) dans d’autres pays européens ».

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La marine française a-t-elle ignoré les appels à l’aide de naufragés libyens ?

La marine française a ignoré, en mars 2011, les appels de détresse de migrants fuyant la Libye en guerre à bord d’une embarcation de fortune, ont accusé mercredi des ONG qui demandent à la justice française de déterminer les responsabilités dans ce drame ayant fait 63 morts.

Quatre des neuf survivants de ce périple cauchemardesque devraient dans les prochains jours porter plainte contre X à Paris pour non-assistance à personne en danger, a précisé Me Stéphane Maugendre, président du Groupe français d’information et de soutien des travailleurs immigrés (Gisti), l’une des organisations associées à cette initiative.

«La connaissance par les militaires français du bateau en péril est avérée», indique ce projet de plainte. «L’armée française ne pouvait pas ignorer le péril pesant sur cette embarcation et le besoin d’assistance de ses passagers.»

Le 26 mars 2011, quelques jours après le début du conflit libyen, 70 Africains âgés de 20 à 25 ans et deux bébés avaient embarqué à bord d’un fragile canot pneumatique d’une dizaine de mètres de long, dans l’espoir d’atteindre 18 à 24 heures plus tard les côtes européennes.

A court de carburant le 28 au matin, le bateau avait alors dérivé jusqu’à être rejeté sur les côtes libyennes par une tempête le 10 avril. Seules neuf personnes avaient survécu.

«Pas leur mission»

Or pendant les seize jours de ce cauchemar, indique la plainte, l’embarcation fut photographiée par un avion de patrouille français, survolée à deux reprises par un hélicoptère et croisa au moins deux bateaux de pêche et plusieurs autres navires, dans une zone du sud de la Méditerranée où naviguaient des dizaines de bâtiments de guerre engagés contre le régime libyen.

Les naufragés parvinrent également à l’aide d’un téléphone satellitaire à avertir le responsable d’une association italienne qui alerta les garde-côtes italiens, lesquels relayèrent l’appel de détresse à l’ensemble des navires circulant dans la zone, mais également au quartier général de l’Otan à Naples.

«Il semble bien plus probable que lesdits militaires aient préféré considérer que le sauvetage de migrants en détresse ne relevait pas de leur mission», peut-on lire dans la plainte.

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La marine française mise en cause après la mort de migrants en Méditerranée

  ja_512x512_0 11/04/2012

photo_1334162458241-1-0-512x296Plusieurs ONG ont demandé mercredi à la justice française d’établir les responsabilités dans la mort de 63 migrants qui fuyaient la Libye par la mer en 2011, accusant la marine française d’avoir ignoré leurs appels de détresse, ce que conteste le ministère de la Défense.

Quatre survivants de ce périple cauchemardesque devraient déposer vendredi une plainte contre X à Paris pour non assistance à personne en danger, a précisé Me Stéphane Maugendre, président du Groupe français d’information et de soutien des travailleurs immigrés (Gisti), l’une des organisations associées à cette initiative.

« La connaissance par les militaires français du bateau en péril est avérée », indique ce projet de plainte, que l’AFP a pu consulter. « L’armée française ne pouvait pas ignorer le péril pesant sur cette embarcation et le besoin d’assistance de ses passagers. « 

Une accusation que rejette catégoriquement le ministère de la Défense, la qualifiant de « totalement infondée » sur la foi notamment d’un rapport du Conseil de l’Europe publié fin mars.

« Celui-ci ne met à aucun moment en cause la France. Et, comme l’a écrit le ministre Gérard Longuet à son auteur (la sénatrice néerlandaise Tineke Strik, ndlr), aucun bâtiment français n’opérait à ce moment-là dans la zone concernée », a déclaré à l’AFP le porte-parole Gérard Gachet.

Le 26 mars 2011, quelques jours après le début du conflit libyen, 70 Africains âgés de 20 à 25 ans et deux bébés avaient embarqué à bord d’un fragile canot pneumatique, dans l’espoir d’atteindre dans les 24 heures les côtes européennes.

A court de carburant le 28 au matin, le bateau avait dérivé jusqu’à être rejeté sur les côtes libyennes par une tempête le 10 avril. Seuls neuf personnes ont survécu.

Pendant les deux semaines de cette épreuve, affirme la plainte, l’embarcation fut photographiée par un avion de patrouille français, survolée à deux reprises par un hélicoptère et croisa au moins deux bateaux de pêche et plusieurs autres navires, dans une zone que surveillaient des dizaines de bâtiments de guerre.

Le 3 ou le 4 avril, selon la plainte, un grand navire de couleur gris-clair portant deux hélicoptères s’approcha à quelques dizaines de mètres des migrants qui, en vain, appelèrent à l’aide en montrant les dépouilles des bébés.

Les naufragés parvinrent également à l’aide d’un téléphone satellitaire à avertir le responsable d’une association italienne qui alerta les garde-côtes italiens, lesquels relayèrent l’appel de détresse à l’ensemble des navires circulant dans la zone, mais également au quartier-général de l’Otan à Naples.

« Il semble bien plus probable que lesdits militaires aient préféré considérer que le sauvetage de migrants en détresse ne relevait pas de leur mission », peut-on lire dans la plainte.

« Quel que soit le lieu où se trouvaient les bateaux, ou les avions ou les sous-marins français qui avaient connaissance de cet appel de détresse, le fait de ne pas avoir dévié sa route pour aller porter secours à ces personnes-là, c’est une non assistance à personne en danger », a déclaré à la presse Me Maugendre.

Cette plainte vise la France mais d’autres pays sont susceptibles d’être concernés, a indiqué le président d’honneur de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH), Patrick Baudouin: « On se réserve d’agir (. . . ) dans d’autres pays européens ».

La coalition d’ONG appuyant la plainte a notamment tenté d’identifier les pavillons des bateaux et hélicoptères ayant croisé la route des naufragés, sachant que, selon elle, les armées française, américaine, espagnole, canadienne, britannique et italienne étaient sur zone.

La FIDH affirme avoir envoyé des courriers à ces Etats et à l’Otan, sans obtenir jusque-là de « réponses suffisantes ».

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La Marine française mise en cause après la mort de migrants en Méditerranée

logo_72dpi2_400x400 11/04/2012

Plusieurs ONG ont demandé mercredi à la justice française d'établir les responsabilités dans la mort de 63 migrants qui fuyaient la Libye par la mer en 2011, accusant la marine française d'avoir ignoré leurs appels de détresse, ce que conteste le ministère de la Défense.
Mauro Seminara afp.com
© 2012 AFP

Plusieurs ONG ont demandé mercredi à la justice française d’établir les responsabilités dans la mort de 63 migrants qui fuyaient la Libye par la mer en 2011, accusant la Marine française d’avoir ignoré leurs appels de détresse, ce que conteste le ministère de la Défense.

Quatre survivants de ce périple cauchemardesque devraient déposer vendredi une plainte contre X à Paris pour non assistance à personne en danger, a précisé Me Stéphane Maugendre, président du Groupe français d’information et de soutien des travailleurs immigrés (Gisti), l’une des organisations associées à l’initiative.

« La connaissance par les militaires français du bateau en péril est avérée », indique ce projet de plainte, que l’AFP a pu consulter. « L’armée française ne pouvait pas ignorer le péril pesant sur cette embarcation et le besoin d’assistance de ses passagers. »

Une accusation que rejette catégoriquement le ministre de la Défense, Gérard Longuet, sur la foi notamment d’un rapport du Conseil de l’Europe publié fin mars.

Le document, a souligné mercredi soir le ministre dans un communiqué, « ne mentionne, à aucun moment, une quelconque responsabilité de la France dans ce tragique événement ».

« Rien, aujourd’hui, ne permet à ces ONG d’accuser l’armée française de non secours aux migrants naufragés », a-t-il ajouté.

Le 26 mars 2011, peu après le début du conflit libyen, 70 Africains âgés de 20 à 25 ans et deux bébés avaient embarqué à bord d’un fragile canot pneumatique dans l’espoir d’atteindre dans les 24 heures les côtes européennes.

A court de carburant le 28 au matin, le bateau avait dérivé jusqu’à son échouement sur les côtes libyennes à la suite d’une tempête le 10 avril. Seules neuf personnes ont survécu.

Pendant les deux semaines de cette épreuve, affirme la plainte, l’embarcation fut photographiée par un avion de patrouille français, survolée à deux reprises par un hélicoptère et croisa au moins deux bateaux de pêche et plusieurs autres navires, dans une zone que surveillaient des dizaines de bâtiments de plusieurs marines.

Le 3 ou le 4 avril, selon la plainte, un grand navire de couleur gris-clair portant deux hélicoptères s’approcha à quelques dizaines de mètres des migrants qui, en vain, appelèrent à l’aide en montrant les corps des bébés.

Les naufragés parvinrent également à l’aide d’un téléphone satellitaire à avertir le responsable d’une association italienne qui alerta les garde-côtes italiens, lesquels relayèrent l’appel de détresse à l’ensemble des navires circulant dans la zone, mais également au quartier général de l’Otan à Naples (Italie).

« Il semble bien plus probable que les dits militaires aient préféré considérer que le sauvetage de migrants en détresse ne relevait pas de leur mission », peut-on lire dans la plainte.

« Quel que soit le lieu où se trouvaient les bateaux, ou les avions ou les sous-marins français qui avaient connaissance de cet appel de détresse, le fait de ne pas avoir dévié sa route pour aller porter secours à ces personnes-là, c’est une non assistance à personne en danger », a déclaré à la presse Me Maugendre.

Dans son communiqué, M. Longuet précise « qu’aucun bâtiment de guerre français n’a croisé un canot en détresse ni n’était dans la zone considérée aux dates indiquées par le rapport ».

« Un avion de patrouille maritime français a bien pris, plusieurs heures avant l’appel de détresse, une photo, transmise aux autorités compétentes, mais cette embarcation roulait à vive allure et ne présentait aucun signe de détresse », a-t-il ajouté.

La plainte visera la France mais d’autres pays sont susceptibles d’être concernés, a dit le président d’honneur de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH), Patrick Baudouin: « On se réserve d’agir (…) dans d’autres pays européens ».

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La marine nationale mise en cause après la mort de migrants en Méditerranée

images 2 source AFP, 11/04/2012

Un navire de guerre français (photo d'illustration).
Un navire de guerre français (photo d’illustration).©ECPAD / Marine nationale
« L’armée française ne pouvait pas ignorer le péril » pesant sur les 70 personnes alors en détresse, selon l’avocat.

La France mise en cause après la mort de migrants

11/04/2012

En mars 2011, en plein soulèvement libyen, des milliers de migrants fuient le pays vers l’intérieur du continent, ou par la mer. Le 27 mars, 72 personnes dont des femmes et des enfants quittent Tripoli à bord d’une embarcation de fortune. Après deux semaines en mer et malgré les appels de détresse, ils seront rejetés par les vagues sur les côtes libyennes. 63 d’entre eux sont morts dans cette tentative désespérée de rejoindre l’Europe. Un an après le drame, quatre survivants ont décidé de porter plainte contre X à Paris pour non assistance à personne en danger.

Deux semaines de cauchemard

 Ils s’appellent Elias Mohamad KADI, Kebede ASFAW DADHI, Mohamad Ahmad IBRAHIM et Abu KURKE KABETO. Tous les quatre sont Ethiopiens et rescapés du périple  cauchemardesque d’avril dernier. Ils ont porté plainte à Paris car ils sont persuadés que des avions et navires militaires, présents au large des côtes libyennes, auraient pu leur venir en aide alors qu’ils dérivaient au milieu de la Méditerranée sans eau ni nourriture.

A l’époque, au début de l’année 2011, la Lybie est en guerre. Sur place, des rumeurs indiquent que le colonel Kadhafi recrute des mercenaires subsahariens pour tuer les insurgés libyens. Craignant pour leurs vies, des milliers de travailleurs noirs quittent le pays. C’est le cas de 72 migrants Ethiopiens, Nigériens, Soudanais et Ghanéens qui décident, dans la nuit 26 au 27 mars, de rallier l’île italienne de Lampedusa, à bord d’une embarcation de fortune. Pendant les premières heures du voyage, le bateau fonce vers le large. Il est même pris en photo par un avion de reconnaissance français. La Fédération Internationale des Droits de l’Homme dit s’être procuré le cliché.

A la moitié du parcours, le bateau n’a plus de carburant. Les naufragés utilisent alors un téléphone satellitaire pour contacter un prêtre Erythréen basé à Rome. Celui-ci fait parvenir le message aux autorités italiennes avec les coordonnés GPS de l’embarcation. Dans la soirée du 27 mars, les gardes-côtes italiens diffusent un message à tous les navires se trouvant dans la zone pour leur demander de porter secours aux migrants.

 Tous les bateaux transitant dans cette zone sont priés d’être vigilants et d’informer en urgence les garde-côtes de Rome de toute observations

 Le message est également transmis aux autorités maltaises et au quartier général de l’OTAN à Naples.

Dans cette même soirée, un hélicoptère aurait survolé l’embarcation, avant de s’en aller. Les migrants pensaient être secourus rapidement, mais rien n’a suivi. Des bateaux de pêches croisés un peu plus tard auraient également refusé de les secourir. Toujours dans la nuit, un hélicoptère (le même ?) aurait largué des bouteilles d’eau et des biscuits aux migrants présents sur le bateau.

Le lendemain matin, les gardes-côtes italiens diffusent un deuxième message à tous les bateaux en Méditerranée. Il sera répété toutes les quatre heures pendant deux semaines.

Après une demi-dizaine de jours en mer, les premiers migrants meurent. Plus de la moitié des occupants sont morts au bout de dix jours au milieu de la Méditerranée.

Pourtant, selon les témoignages des survivants, ils ont bien croisé un autre navire, militaire. Il est question d’un grand bâtiment « gris-clair, portant deux hélicoptères  et dont certaines personnes à bord portaient des uniformes ».

Le navire aurait fait plusieurs fois le tour de l’embarcation des migrants, s’approchant à « quelques dizaines de mètres ». Mais l’équipage se serait contenté de faire des photos avant de s’éloigner.

En tout, le périple des naufragés a duré 15 jours. Une tempête rejettera finalement le bateau à son point de départ : la Libye. Près de Zliten. Bilan : 63 morts et neuf survivants, incarcérés par les libyens.

Le témoignage d’un des survivants, Dan Heile Gebre

Des questions sur le rôle de la France et de l’OTAN

 La plainte en France vise sans la citer la Marine Nationale et les navires présents sur zone à l’époque. Ainsi, dans la plainte, l’avocat des naufragés écrit :

 Il semble bien plus probable que lesdits militaires aient préféré considérer que le sauvetage de migrants en détresse ne relevait pas de leur mission

Katherine Booth, responsable du bureau des droits des migrants à la FIDH

 Fin mars un rapport parlementaire du Conseil de l’Europe estime qu’il y a dans cette affaire une responsabilité collective.

Pour sa part, le France récuse les accusations concernant l’armée. Gérard Longuet, le ministre de la Défense, a même écrit à l’auteur du rapport pour l’informer : « La France n’est pas mise en cause. Aucun bâtiment français  n’opérait à ce moment dans la zone concernée »

Le porte-parole du ministère de la Défense Gérard Gachet, au micro de Simon Tivolle

Lecture
 

 La France n’est pas le seul pays concerné. Le rapport de du Conseil de l’Europe évoque également le rôle de l’OTAN. Plusieurs ONG travaillent donc pour rassembler des preuves de la présence sur place de bâtiments militaires de l’Alliance.C’est ce qu’avance le Groupe d’information et de soutien aux immigrés, association solidaire de la plainte :

Stéphane Maugendre Président du GISTI

 A termes, d’autres pays devraient être concernés par des plaintes : l’Espagne, l’Italie ou encore la Grande Bretagne.

La totalité du témoignage du survivant Dan Heile Gebre (en anglais) :

Une plainte de réfugiés qui dérange la Marine

logo-liberation-311x113 Thomas Hofnung, 11/04/2012

Naufrage. En mars 2011, un bateau fuyant la Libye n’a reçu aucun secours des navires présents sur zone.
AFP
AFP

Au moins 38 témoins, et pas une main secourable. Comme dans le récent film de Lucas Belvaux, mais cette fois en mer Méditerranée, une tragédie a eu lieu, il y a un an, sans que personne ne réagisse. Et sans que personne, aujourd’hui encore, n’assume ses responsabilités. Hier, à Paris, quatre ressortissants éthiopiens, soutenus par plusieurs ONG (la FIDH et le Gisti notamment), ont porté plainte contre X pour non-assistance à personne en danger. Ils mettent en cause la passivité, entre autres, de l’armée française, soupçonnée d’avoir eu connaissance du drame qui se jouait en mer pour des dizaines de clandestins sans être intervenue. Une accusation rejetée par le ministère français de la Défense qui parle de «gesticulation».

Dérive. Tout commence dans la nuit du 26 au 27 mars 2011. Cela fait une semaine que les Occidentaux ont lancé leur campagne de raids contre les forces du «Guide» libyen. Un canot pneumatique quitte le port de Tripoli avec à son bord 72 personnes – des migrants issus d’Afrique subsaharienne qui fuient les violences dans une Libye où ils sont assimilés à des auxiliaires du régime. Leur objectif : rallier l’île italienne de Lampedusa. Mais, rapidement à court de carburant, ils perdent le contrôle de l’embarcation. Leur dérive va durer quatorze jours. Privés de nourriture et d’eau, les passagers – dont deux bébés et plusieurs femmes – vont mourir les uns après les autres. Quand le 10 avril, par une tragique ironie de l’histoire, le bateau est rejeté par la tempête sur la plage libyenne de Zliten, seules onze personnes ont survécu. Deux d’entre elles décèdent peu après. Or, cette atroce odyssée s’est déroulée à l’ombre d’une armada de navires : ceux de l’Otan, qui surveillaient étroitement le Golfe de Syrte pour empêcher tout ravitaillement en armes de Kadhafi.

Dès le 24 mars, 38 bateaux de diverses nationalités étaient mobilisés pour mener à bien cette opération. Au début de la traversée du canot pneumatique, un avion – français semble-t-il – survole l’embarcation et prend une photo, transmise aux garde-côtes italiens. «Nous avons effectivement le cliché d’un Zodiac lancé à pleine vitesse, absolument pas en détresse, dit-on à Paris. Mais nous avons dénombré une quarantaine de personnes à bord. S’agit-il du même bateau ?»

Les passagers sont ensuite parvenus à prévenir par téléphone satellitaire un prêtre érythréen à Rome, qui alerte à son tour les garde-côtes, puis l’Otan. Personne ne bouge. Plus tard, un hélicoptère portant l’inscription «Army», selon les rescapés, distribue de l’eau et de la nourriture aux réfugiés. Puis plus rien. Les ONG indiquent qu’aucun gouvernement, pas plus que l’Otan, n’a donné d’information précise sur les positions de leurs navires.

Défaillance. Paris, qui assure que ses navires ne croisaient pas dans la zone où le bateau a dérivé, rappelle qu’«il existe par ailleurs des services maritimes spécialement dédiés au sauvetage en mer». Ni les garde-côtes italiens ni leurs homologues maltais, a priori les plus proches de la zone, ne se sont portés au secours de l’embarcation. Il y a quelques semaines, une enquête menée par des parlementaires du Conseil de l’Europe pointait cette défaillance collective. Sans parvenir à conclure sur l’identité des responsables.

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