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Mort de migrants en Méditerranée : la cour d’appel de Paris ordonne une enquête

Embarcation de migrants en Méditerranée. (Photo d'archives DR)

Embarcation de migrants en Méditerranée. (Photo d’archives DR)

 

La cour d’appel de Paris a ordonné une enquête sur la mort en Méditerranée de 63 migrants qui fuyaient la Libye en guerre en 2011, un drame dans lequel l’armée française est mise en cause, a-t-on appris jeudi de source proche du dossier.

Deux survivants de cette embarcation de fortune, où 72 personnes avaient pris place pour rallier l’Europe, avaient déposé en juin 2013 à Paris une plainte avec constitution de partie civile pour « non-assistance à personne en danger ».

Soutenus par quatre ONG (Migreurop, FIDH, LDH et Gisti), ils estimaient que plusieurs armées européennes engagées en Libye, et la marine française en particulier, avaient eu connaissance du péril pesant sur leur canot en panne.

Comme l’avait requis en novembre le parquet de Paris, une juge d’instruction avait rendu en décembre une ordonnance de non-lieu ab initio – c’est-à-dire sans avoir entrepris elle-même d’investigations. Elle avait estimé que la responsabilité de l’armée française ne pouvait être retenue, en se fondant notamment sur les résultats de démarches entreprises auprès du ministère de la Défense par le parquet après une première plainte classée en novembre 2012.

Saisie d’un appel des plaignants, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris a infirmé mardi cette ordonnance, contre l’avis du parquet général. Elle a jugé « prématuré » d’affirmer qu’aucune charge ne pouvait être retenue contre un quelconque militaire français et renvoyé l’enquête à la juge d’instruction, selon la source proche du dossier.

« C’est une très grande satisfaction, a réagi Me Stéphane Maugendre, avocat des rescapés et du Gisti. Nous voulons comprendre pourquoi le canot a été notamment survolé par un avion militaire et des hélicoptères, mais pas secouru ».

Le 26 mars 2011, peu après le début de la révolte contre l’ex-dictateur libyen Mouammar Kadhafi, 70 migrants africains et deux bébés avaient embarqué à bord d’un fragile canot pneumatique dans l’espoir d’atteindre les côtes européennes. À court de carburant le 28 au matin, le bateau avait dérivé jusqu’à son échouement sur les côtes libyennes à la suite d’une tempête le 10 avril. Seules neuf personnes ont survécu.

Les plaignants affirmaient que pendant les deux semaines de leur dérive cauchemardesque, l’embarcation avait été photographiée par un avion de patrouille français, survolée à deux reprises par un hélicoptère et qu’ils avaient croisé au moins deux bateaux de pêche et plusieurs autres navires, dans une zone que surveillaient des dizaines de bâtiments de plusieurs marines.

Les naufragés étaient également parvenus à l’aide d’un téléphone satellitaire à avertir le responsable d’une association italienne qui avait à son tour alerté les garde-côtes italiens, lesquels avaient relayé l’appel de détresse à l’ensemble des navires circulant dans la zone, mais également au quartier général de l’Otan à Naples (Italie), selon la plainte.

Dans son arrêt, la cour d’appel demande des vérifications pour déterminer notamment la position du navire d’où opérait l’avion qui aurait photographié les migrants, vérifier s’il a réceptionné l’appel de détresse relayé par le centre de coordination et de sauvetage maritime de Rome, et comprendre, le cas échéant, pourquoi il n’a pas porté secours aux naufragés, selon la source proche du dossier.

« Cette décision sonne comme un avertissement adressé à l’Union européenne et à ses États membres qui s’emploient à dresser toutes sortes d’obstacles (…) au franchissement des frontières par des migrants jugés indésirables aussi longtemps qu’ils n’ont pas été « choisis » », ont estimé dans un communiqué les quatre associations.

« L’accumulation de dispositifs aussi coûteux que sophistiqués ne dissuade pas les candidats au départ mais les contraint seulement à recourir à des voies de plus en plus dangereuses pour gagner l’Europe », ajoutent-elles.

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Enquête sur un naufrage en Méditerranée

images fig avec AFP, 27/06/2014

La cour d’appel de Paris a ordonné une enquête sur la mort en Méditerranée de 63 migrants qui fuyaient la Libye en guerre en 2011, un drame dans lequel l’armée française est mise en cause, a appris l’AFP aujourd’hui.

Deux survivants de cette embarcation de fortune, où 72 personnes avaient pris place pour rallier l’Europe, avaient déposé en juin 2013 à Paris une plainte avec constitution de partie civile pour « non-assistance à personne en danger ».

Soutenus par quatre ONG (Migreurop, FIDH, LDH et Gisti), ils estimaient que plusieurs armées européennes engagées en Libye, et la marine française en particulier, avaient eu connaissance du péril pesant sur leur canot en panne.

Comme l’avait requis en novembre le parquet de Paris, une juge d’instruction avait rendu en décembre une ordonnance de non-lieu « ab initio » – c’est-à-dire sans avoir entrepris elle-même d’investigations.

Elle avait estimé que la responsabilité de l’armée française ne pouvait être retenue, en se fondant notamment sur les résultats de démarches entreprises auprès du ministère de la Défense par le parquet après une première plainte classée en novembre 2012.

« Une grande satisfaction », avocat des rescapés

Saisie d’un appel des plaignants, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris a infirmé mardi cette ordonnance, contre l’avis du parquet général. Elle a jugé « prématuré » d’affirmer qu’aucune charge ne pouvait être retenue contre un quelconque militaire français et renvoyé l’enquête à la juge d’instruction, selon la source proche du dossier.

« C’est une très grande satisfaction », a réagi auprès de l’AFP Me Stéphane Maugendre, avocat des rescapés et du Gisti. « Nous voulons comprendre pourquoi le canot a été notamment survolé par un avion militaire et des hélicoptères, mais pas secouru ».

Le 26 mars 2011, peu après le début de la révolte contre l’ex-dictateur libyen Mouammar Kadhafi, 70 migrants africains et deux bébés avaient embarqué à bord d’un fragile canot pneumatique dans l’espoir d’atteindre les côtes européennes. A court de carburant le 28 au matin, le bateau avait dérivé jusqu’à son échouement sur les côtes libyennes à la suite d’une tempête le 10 avril. Seules neuf personnes ont survécu.

Les plaignants affirmaient que pendant les deux semaines de leur dérive cauchemardesque, l’embarcation avait été photographiée par un avion de patrouille français, survolée à deux reprises par un hélicoptère et qu’ils avaient croisé au moins deux bateaux de pêche et plusieurs autres navires, dans une zone que surveillaient des dizaines de bâtiments de plusieurs marines.

Les naufragés étaient également parvenus à l’aide d’un téléphone satellitaire à avertir le responsable d’une association italienne qui avait à son tour alerté les garde-côtes italiens, lesquels relayèrent l’appel de détresse à l’ensemble des navires circulant dans la zone, mais également au quartier général de l’Otan à Naples (Italie), selon la plainte.

Dans son arrêt, la cour d’appel demande des vérifications pour déterminer notamment la position du navire d’où opérait l’avion qui aurait photographié les migrants, vérifier s’il a réceptionné l’appel de détresse relayé par le centre de coordination et de sauvetage maritime de Rome, et comprendre le cas échéant pourquoi il n’a pas porté secours aux naufragés.

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L’armée française est-elle responsable de la mort de migrants naufragés ?

logo_site Lena Bjurström, 27/06/2014

Le parquet de Paris poursuit une information judiciaire pouvant impliquer l’armée française pour non-assistance à des migrants naufragés en Méditerranée.

Le 26 mars 2011, 72 migrants fuyaient la Libye en guerre, à bord d’une embarcation de fortune. En panne de carburant, ils ont dérivé pendant près de deux semaines sans que personne ne vienne à leur secours. Sur les 72 passagers du bateau, seules neuf personnes ont survécu.

En juin 2013, deux d’entre elles ont porté plainte contre X, à Paris, pour non-assistance à personnes en danger. Et si personne n’est directement inculpé, c’est bien l’armée française qui est visée.

Car, au cours de leur longue dérive, les survivants affirment avoir croisé de nombreux bâtiments militaires. À l’époque, intervention de l’Otan en Libye oblige, la Méditerranée était une zone très fréquentée. Outre l’armée française, les forces militaires espagnoles, britanniques, italiennes, canadiennes et belges gravitaient le long des côtes libyennes.

Selon la convention des Nations unies sur le droit de la mer, tout État exige des bâtiments battant son pavillon de porter secours aux personnes en détresse. Pourtant, pas un des navires qu’ils auraient croisés n’est venu en aide aux migrants naufragés.

Lire le témoignage d’Abu Kurke, survivant de l’embarcation

Du non-lieu à l’appel

Lorsqu’ils portent plainte en 2013, les rescapés et les associations – qui se sont constituées parties civiles – savent que cette action a peu de chances d’aboutir. Quatre survivants avaient déjà déposé une plainte similaire en 2011, classée sans suite par le parquet. Celui-ci se fondait alors sur une enquête du ministère de la Défense indiquant qu’aucun navire français ne se trouvait dans le sillage de l’embarcation à la dérive.

Mais l’action judiciaire reste un moyen de lutter contre l’omerta des États sur cette affaire et de déterminer des responsabilités. En 2013, la même plainte est ainsi déposée en France et en Italie, en Espagne et en Belgique, tandis que des informations judiciaires sont demandées au Canada, en Grande-Bretagne et aux États-Unis. Soit dans chaque pays pouvant être impliqué.

En France, la juge d’instruction en charge du dossier prononce un non-lieu en décembre dernier, s’appuyant toujours sur cette information du ministère de la Défense. « Il est établi de façon manifeste […] que les faits dénoncés par la partie civile n’ont pas été commis par un bâtiment français », conclut-elle dans l’exposé de ses motifs.

« Cette décision n’est pas du tout justifiée à nos yeux », déclare alors Stéphane Maugendre, avocat des plaignants et président du Groupe d’information et de soutien des immigré.e.s (Gisti).

Pour Patrick Baudouin, président d’honneur de la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH), « 63 personnes ont trouvé la mort à proximité des forces françaises. Une fin de non-recevoir n’est donc pas acceptable. La justice française doit enquêter et faire toute la lumière sur cette tragédie. Les survivants et les victimes méritent au moins cela. » Les plaignants font appel.

Contre toute attente, leurs arguments sont entendus. La cour d’appel de Paris a décidé, mardi, d’infirmer l’ordonnance de non-lieu, « prématurée », selon les magistrats. Dans l’affaire du « bateau abandonné à la mort », certaines questions n’ont jamais trouvé de réponse.

Des informations manquantes

Dans un rapport, adopté par l’Assemblée parlementaire européenne en mars 2012, l’eurodéputée néerlandaise Tineke Strik soulignait les parts d’ombre de l’histoire.

« D’après les informations fournies par Rome MRCC [le centre de coordination et de sauvetage maritime de Rome], un bateau chargé de migrants a été observé par un avion français le 27 mars à 14 h 55, deux heures seulement avant que les migrants ne lancent leur premier appel », rappelle-t-elle.

La photo prise par un avion français (source Forensic Oceanography)

L’image est floue, mais l’embarcation, prise en photo par l’avion, a été identifiée par l’un des survivants comme son bateau, encore en route vers l’Italie avant la panne de carburant.

Quand, deux heures plus tard, l’embarcation commence à dériver, les migrants, munis d’un téléphone satellitaire, préviennent un contact en Italie qui transmet l’information aux services de secours en mer. Ceux-ci lancent un appel de détresse à haute priorité.

Pour Tineke Strik, l’identité de l’avion français doit être établie. Sur quel porte-avions s’est-il posé après avoir pris la photo de l’embarcation ? Ce porte-avions a-t-il reçu l’appel de détresse lancé par les garde-côtes italiens ? Si oui, pourquoi ne s’est-il pas porté au secours du bateau naufragé ?

« J’ai écrit aux autorités françaises pour leur poser des questions à propos de cette photo, raconte l’eurodéputée dans son rapport […]. Je leur ai également demandé de répondre à mes questions antérieures concernant la position et les activités de leurs unités à ce moment-là. » Les précisions renvoyées par le ministère de la Défense ne fournissent « aucune réponse concrète sur l’identité de l’avion français ».

S’appuyant sur le rapport européen, la cour d’appel de Paris estime donc « prématuré d’affirmer qu’il n’existait pas de charges suffisantes contre un quelconque militaire français d’avoir commis l’infraction de non-assistance en danger ». La justice française devra recueillir les informations manquantes auprès des garde-côtes italiens. Pour l’heure, trop de questions restent en suspens.

Mais, pour les associations, l’avis rendu par la cour d’appel de Paris sonne déjà comme une petite victoire.

« La décision des juges français d’ouvrir une enquête fera peut-être prendre conscience de ce que les morts en mer, dont la liste s’allonge chaque jour, ne peuvent être tenues pour de simples dommages collatéraux de cette cynique politique de “gestion des flux migratoires”, écrivent les organisation dans un communiqué. Elle invitera, espérons-le, à cesser de se voiler la face sur les drames engendrés par cette politique, a fortiori lorsqu’ils se déroulent sous les yeux de nos armadas. »

Naufrage au large de la Libye : les pays de la coalition accusés d’avoir tourné le dos

logo-liberation-311x113 Willy Le Devin

L’armée a-t-elle sciemment tourné le dos à un bateau de migrants à la dérive ? C’est la question sur laquelle la justice va devoir plancher. Jeudi, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris a jugé recevable une plainte contre X déposée par deux survivants, Girma Halofom, un Erythréen, et Abu Kurke Kebato, un Ethiopien, pour «non-assistance à personne en danger». Dans cette procédure, ils sont épaulés par plusieurs ONG, notamment le Gisti et la Ligue des droits de l’homme (LDH).

Que s’est-il passé ?

Dans la nuit du 26 au 27 mars 2011, entre minuit et 2 heures du matin, un zodiac quitte Tripoli, alors en pleine guerre contre la coalition, pour rejoindre l’île italienne de Lampedusa. A bord, 72 personnes – 70 adultes âgés de 20 à 25 ans, parmi lesquels plusieurs femmes enceintes, et 2 bébés – s’entassent les unes sur les autres. Le bateau, piloté par un Ghanéen et équipé d’un GPS, d’une boussole et d’un téléphone satellitaire, navigue deux jours avant de tomber en panne de carburant. Quinze jours durant, les migrants vont dériver, attendant désespérément l’arrivée des secours. Malheureusement, le zodiac est retrouvé brisé sur les côtes libyennes le 10 avril 2011 au matin, le naufrage faisant 63 victimes.

Sur quels éléments se basent les plaignants ?

Les survivants affirment que des gardes-côtes italiens ont relayé leurs signaux de détresse à l’ensemble des navires circulant dans le canal de Sicile. Des messages radio auraient ainsi été transmis toutes les quatre heures au quartier général de l’Otan basé à Naples. Pour preuve : un hélicoptère est venu larguer de l’eau et de la nourriture. Mais ensuite, aucun des nombreux bâtiments militaires engagés dans les opérations «Harmattan» et «Unified Protector», destinées à destituer Muammar al-Kadhafi, n’est venu porter secours à l’embarcation. Pis, selon les deux plaignants, un navire décrit comme un porte-avions (de nationalité non précisée) se serait approché d’eux le 3 ou le 4 avril, et le personnel de bord aurait pris des photos.

Que peut faire la justice ?

Elle va désormais se tourner vers les états-majors des pays de la coalition afin qu’ils transmettent les positions exactes de leurs bâtiments en manœuvre. Il s’agira ensuite d’étudier l’ensemble des communications passées entre les navires et le QG napolitain. Un juge d’instruction est chargé d’enquêter, alors même que l’enquête préliminaire était classée. Mais sa tâche s’annonce ardue en raison du classement secret-défense de nombreux documents.

⇒ Voir l’article

Non-assistance à un bateau de migrants : l’armée est-elle coupable?

logo-liberation-311x113 Willy Le Devin ,

En mars 2011, un bateau fuyant la Libye n’a reçu aucun secours des navires militaires présents sur la zone. La cour d’appel a jugé recevable une plainte de réfugiés soutenus par des associations.

L’armée a-t-elle sciemment tourné le dos à un bateau de migrants à la dérive ? C’est la question sur laquelle la justice va désormais devoir plancher. Ce jeudi, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris a jugé recevable une plainte contre X déposée par deux survivants, Girma Halofom et Abu Kurke Kebato, pour «non-assistance à personne en danger». Dans cette procédure, ils sont épaulés par plusieurs ONG, notamment le Gisti et la Ligue des droits de l’homme (LDH).

Que s’est-il passé ?

Dans la nuit du 26 au 27 mars 2011, entre minuit et 2 heures du matin, un zodiac quitte Tripoli, alors en pleine guerre avec la coalition, pour rejoindre Lampedusa. A bord, 72 personnes s’entassent les unes sur les autres (70 adultes âgés de 20 à 25 ans, parmi lesquels plusieurs femmes enceintes, et 2 bébés). Le bateau, piloté par un Ghanéen et équipé d’un GPS, d’une boussole et d’un téléphone satellitaire, navigue deux jours puis tombe en panne de carburant. Durant quinze jours, les migrants vont dériver en attendant désespérement que l’on vienne les secourir. Malheureusement, le zodiac est retrouvé brisé sur les côtes libyennes le 10 avril 2011 au matin.

Sur quels éléments se basent les plaignants ?

Les survivants affirment que des gardes-côtes italiens ont relayé leurs signaux de détresse à l’ensemble des navires circulant dans le canal de Sicile. Des messages radio auraient été transmis toutes les quatre heures au quartier général de l’Otan basé à Naples. Pour preuve, un hélicoptère est venu distribuer de l’eau et de la nourriture. Mais, ensuite, aucun des nombreux bâtiments militaires engagés dans l’opération «Harmattan et Unified Protector», destinée à destituer Mouamar Kadhafi, n’est venu porter secours à l’embarcation. Pire, selon Girma Halofom et Abu Kurke Kebato, un navire décrit comme un porte-avions, de nationalité non-précisée, se serait approché des migrants vers le 3 ou le 4 avril, et le personnel de bord aurait pris des photos au moment même où plusieurs personnes étaient sur le point de décéder.

A lire aussi «On a vu plusieurs bateaux, mais ils ne nous ont pas aidés», le témoignage d’Abu Kurke

Que peut faire la justice ?

Celle-ci va désormais se tourner vers les états-majors des pays de la coalition afin qu’ils transmettent les positions exactes de leurs bâtiments en manœuvre. Par la suite, il s’agira d’étudier l’ensemble des communications passées entre les navires et le QG napolitain. Un juge d’instruction est chargé d’enquêter alors même que l’enquête préliminaire avait été classée. Mais sa tâche s’annonce ardue du fait des classements «secret-défense».

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Voir aussi notre carte animée Deux minutes pour comprendre comment l’Europe se barricade

Morts de migrants en 2011 : la marine française devra s’expliquer

logoParisien-292x75 Carole Sterlé, 26/06/2014

La cour d’appel de Paris estime qu’il faut ouvrir une enquête sur d’éventuelles responsabilités de l’armée française, après le décès de migrants, au large de la Lybie en 2011.

Soixante-douze hommes, femmes et enfants étaient partis de Tripoli le 26 mars 2011, comptant rallier l’Europe en deux jours. Mais leur rêve a tourné à la tragédie : après quatorze jours dérive et malgré des appels de détresse répétés, 63 des 72 passagers ont trouvé la mort.

En avril 2012, quelques rescapés, épaulés par des associations, ont déposé plainte contre X pour non assistance à personne en danger, ciblant clairement l’armée française. Un rapport parlementaire du Conseil de l’Europe a établi que le bateau a été survolé et photographié par un avion de patrouille français, qui l’a ensuite signalé aux gardes côtes italiens. A l’époque, la zone était sous contrôle de l’Otan et la flotte française importante.

L’enquête préliminaire du parquet a abouti à un classement sans suite, et le juge d’instruction, a ordonné un non lieu. Le Gisti (groupe d’information et de soutien des immigrés) a fait appel. L’arrêt rendu mardi par la chambre de l’instruction, que nous avons pu consulter, infirme l’ordonnance, estimant que trop de questions restent en suspens : le bateau de la photo est-il bien le pneumatique bleu à bord duquel les migrants ont embarqué le 26 mars ? Est-ce bien un militaire français qui a pris cette photo depuis les airs ? Où ? Si oui, pourquoi n’y a-t-il pas eu assistance ?

Le dossier est donc renvoyé au juge d’instruction. En toute logique, une commission rogatoire devrait être délivrée. «Il faudrait que l’armée française produise ses livres de bord, afin de savoir quels bâtiments se trouvaient en Méditerranée dans le secteur de la dérive de ce bateau», commente Stéphane Maugendre, avocat des rescapés et du Gisti, association dont la constitution de partie civile est jugée recevable par la cour d’appel.

Contacté ce jeudi, le ministère de la Défense a indiqué ne «pas avoir à faire de commentaire sur une décision de justice» et «laisser la justice poursuivre son enquête».

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Le « dragueur de Montmartre » condamné à 12 ans pour viols

logoParisien-292x75 16/05/2014

Les dénégations de Smail n’ont pas convaincu la cour d’assises de Bobigny. Après trois jours de procès à huis clos, cet homme de 42 ans a été reconnu coupable de viols aggravés et condamné à douze années de réclusion, avec interdiction d’entrer sur le territoire français pendant dix ans.

 A deux années d’intervalle, en 2009 et en 2011, et sans se connaître, deux femmes ont livré le même récit à la police. Elles avaient fait confiance à un homme, rencontré sur les hauteurs de Montmartre à Paris, et s’étaient retrouvées à sa merci, chez lui. Elles avaient subi plusieurs viols, dans son appartement à Saint-Ouen, fermé à double tour. La première Anna, a mis du temps à se faire entendre de la justice. Smail, dragueur bien connu à Montmartre, avait été placé en garde à vue. Mais l’affaire avait été classée sans suite en juin 2011. Lui parlait d’une relation consentie par Anna. Et sur une photo extraite de la vidéo de la gare RER où il avait ensuite raccompagné Anna, il lui tenait la main.

L’agresseur changeait de prénom selon les rencontres

Anna a dû attendre deux ans et le viol de Léa, une touriste coréenne de 27 ans pour être enfin reconnue comme victime. Smail changeait de prénom selon ses rencontres. Mais Anna se souvenait de son adresse et Léa lui avait subtilisé son pass Navigo. « Au départ, elle ne voulait pas venir à ce procès, mais après le verdict elle m’a dit que ça lui avait fait beaucoup de bien, que ça lui permettait enfin de se vider la tête et de se reconstruire », rapporte Stéphane Maugendre, l’avocat de Léa, qui indique que les deux victimes se sont beaucoup soutenues. Smail est en outre condamné à verser 25 000 € à chacune des victimes. Sa défense n’a pu être jointe hier soir, notamment pour savoir s’il envisage ou non de faire appel.

* Les prénoms des victimes ont été changés.

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Le dragueur de Montmartre accusé de viols

logoParisien-292x75 13/05/2014

Elles vivent à 10 000 km l’une de l’autre et vont se retrouver ce matin côte à côte sur le banc des parties civiles de la cour d’assises de Bobigny (Seine-Saint-Denis). Anna*, 45 ans, est française. Léa*, 31 ans, habite en Corée du Sud. « Elle revient en France exprès pour ce procès », relate son avocat, Me Stéphane Maugendre.

 Les deux femmes ont croisé le même homme, à Montmartre, à deux ans d’intervalle. A Anna, en 2009, celui-ci a dit s’appeler Yacine. Pour Léa, en 2011, c’était Stéphane. Deux prénoms d’emprunt pour un dragueur notoire du Sacré-Coeur, un homme de 42 ans aujourd’hui, accusé de viols avec séquestration. Incarcéré depuis près de trois ans, l’accusé répète qu’elles étaient consentantes. Peu importent les récits troublants de similitude que font les deux femmes de ces heures de cauchemar.

La justice avait été appelée à l’aide par Anna lorsque, sous le choc, elle poussait la porte du commissariat. Après une soirée arrosée avec des amis, elle avait rencontré Yacine, musicien, sur la butte Montmartre. Il lui avait proposé de la raccompagner en taxi. Cependant, c’est à Saint-Ouen, chez lui, qu’elle avait atterri. Elle a dit s’être endormie et, lorsque au réveil, elle a voulu partir, l’hôte s’est montré agressif. Elle raconte avoir pleuré, s’être débattue. En vain. Il lui a imposé des relations sexuelles, des heures durant. Arrêté dans la foulée, il a admis un rapport mais consenti. C’était sa parole contre celle d’Anna. Il avait été remis en liberté après une garde à vue, d’autant que les caméras de la gare RER où il l’avait raccompagnée les montraient main dans la main. L’affaire avait été classée sans suite en juin 2011.

Enfermée dans son appartement

La touriste coréenne, 27 ans à l’époque, passait quatre jours à Paris. Le lendemain de son arrivée, partie visiter le XVIII e, elle croise Stéphane, se laisse embrasser une fois, mais elle veut rentrer seule en métro. Il lui propose de partager un taxi, et la course se termine à Saint-Ouen. Prise d’une envie pressante, elle explique avoir accepté de monter le temps qu’il commande un autre taxi. La porte s’est alors refermée jusqu’au lendemain. Le récit que Léa fait des heures passées chez Stéphane donne le tournis. En sortant, elle vole le passe Navigo de son agresseur et va porter plainte. Une plainte qui rappelle celle d’Anna, une femme qui, cinq ans plus tard, est « choquée et en colère », selon son avocate, Me Bénédicte Litzler. « Toute la question tourne autour du consentement de l’une et de l’autre », souligne Me Sarah Baruk, l’avocate de l’accusé, qui encourt vingt ans de réclusion. Le verdict est attendu demain.

* Les prénoms ont été changés.

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Jusqu’à trois ans de prison ferme pour les trafiquants des Chênes

logoParisien-292x75 01/04/2014

LE TRIBUNAL correctionnel de Pontoise a infligé vendredi soir des peines allant jusqu’à trois ans de prison ferme et 10 000 € d’amende pour les trafiquants de stupéfiants du quartier des Chênes à Ermont. Dans une ambiance tendue, avec la présence de nombreux policiers, les magistrats ont rendu leur décision vers 23 heures et prononcé trois mandats de dépôt à la barre. Un des 4 jeunes, déjà détenu, a été également maintenu en détention. Après le délibéré, deux personnes ont été placées en garde à vue pour rébellion et outrage à la suite d’incidents.

Dix jeunes avaient comparu pendant deux jours dans le cadre d’un trafic multicartes, proposant de la résine de cannabis, de la cocaïne et des pastilles d’ecstasy, démantelé par la sûreté départementale en juin 2012. Lors des perquisitions effectuées à leurs domiciles, les policiers ont retrouvé 1,5 kg de résine, mais aussi 670 g de cocaïne et 73 pilules d’ecstasy. Me Maugendre, avocat d’un prévenu condamné à 2 ans ferme, mais sans mandat de dépôt, juge mesurée la décision du tribunal pour son client. « La peine est aménageable. C’est une condamnation qui va lui permettre de s’intégrer et de devenir ingénieur. Son erreur de parcours n’a duré que six mois. » Il estime les autres condamnations à peu près conformes à la réalité du dossier, « même si les mandats de dépôts ne se justifiaient peut-être pas ».

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Bobigny : l’agresseur à la machette ne se souvient de rien

logoParisien-292x75 18/03/2014

Vendredi, ce ressortissant nord-coréen a attaqué, avec une feuille de boucher, une fillette de 4 ans et demi et blessé grièvement le grand-père.

ELLE EST SAUVE. La fillette de 4 ans et demi, attaquée à la machette, vendredi en fin d’après-midi, rue du Chemin-Vert à Bobigny, s’en sort avec des balafres sur le crâne. Son grand-père, âgé de 51 ans, en revanche, est toujours hospitalisé, dans un état préoccupant, après avoir reçu des coups à la tête, en tentant de protéger l’enfant de cet homme armé, qu’ils ne semblaient pas connaître.

 Lui-même d’ailleurs n’a pas été en mesure d’expliquer ce déchaînement de violence.
Cet homme de 26 ans semblait dans un état de sidération lorsqu’il a été présenté au juge d’instruction de Bobigny, ce week-end, pour sa mise en examen. Des bandes vidéo de l’immeuble témoignent de la violence de l’agression. Des photos ont été extraites et présentées au suspect, lorsqu’il était dans le bureau du juge.

« Il s’est rendu compte de ce qu’il avait fait en voyant les photos, il en a pleuré et a demandé s’il avait blessé la petite fille et comment allait le grand-père », commente Stéphane Maugendre, l’avocat qui l’a assisté ce week-end. L’agresseur a été mis en examen pour meurtre et écroué à la prison de Fresnes, qui dispose d’un hôpital. Si l’état de cet homme de 26 ans n’a pas été jugé incompatible avec son placement en garde à vue, son état psychique pose néanmoins question.

Il s’agit d’un ressortissant de Corée du Nord. D’après son récit, il aurait fui son pays à l’âge de 13 ans, avec sa mère, après le décès de son père, pour s’installer en Chine. Il serait resté une douzaine d’années puisque son arrivée en France remonte à l’été dernier, en août 2013. Il vivait à Bobigny, rue du Chemin-Vert avec un compatriote nord-coréen lui aussi, et travaillait, occasionnellement, dans un restaurant chinois pour moins de 30 EUR par jour, au noir. Il ne semble avoir aucune autre attache en France.

Vendredi, il aurait bu, avec son colocataire, beaucoup d’alcool. De la bière, a-t-il expliqué. C’est au moment où son colocataire s’est absenté quelques instants aux toilettes qu’il aurait dévalé les escaliers, avec une feuille de boucher à la main, pour fondre sur cette fillette asiatique qui se trouvait avec sa mère et son grand-père. Pourquoi ? L’a-t-il ciblée au hasard ? L’option de l’ouverture d’une information judiciaire, plutôt que d’un jugement en comparution immédiate, a finalement été retenue. Cela permettra peut-être d’apporter des éléments de réponses, au regard notamment de la situation psychologique de l’agresseur.

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