Le dragueur de Montmartre accusé de viols

logoParisien-292x75 13/05/2014

Elles vivent à 10 000 km l’une de l’autre et vont se retrouver ce matin côte à côte sur le banc des parties civiles de la cour d’assises de Bobigny (Seine-Saint-Denis). Anna*, 45 ans, est française. Léa*, 31 ans, habite en Corée du Sud. « Elle revient en France exprès pour ce procès », relate son avocat, Me Stéphane Maugendre.

 Les deux femmes ont croisé le même homme, à Montmartre, à deux ans d’intervalle. A Anna, en 2009, celui-ci a dit s’appeler Yacine. Pour Léa, en 2011, c’était Stéphane. Deux prénoms d’emprunt pour un dragueur notoire du Sacré-Coeur, un homme de 42 ans aujourd’hui, accusé de viols avec séquestration. Incarcéré depuis près de trois ans, l’accusé répète qu’elles étaient consentantes. Peu importent les récits troublants de similitude que font les deux femmes de ces heures de cauchemar.

La justice avait été appelée à l’aide par Anna lorsque, sous le choc, elle poussait la porte du commissariat. Après une soirée arrosée avec des amis, elle avait rencontré Yacine, musicien, sur la butte Montmartre. Il lui avait proposé de la raccompagner en taxi. Cependant, c’est à Saint-Ouen, chez lui, qu’elle avait atterri. Elle a dit s’être endormie et, lorsque au réveil, elle a voulu partir, l’hôte s’est montré agressif. Elle raconte avoir pleuré, s’être débattue. En vain. Il lui a imposé des relations sexuelles, des heures durant. Arrêté dans la foulée, il a admis un rapport mais consenti. C’était sa parole contre celle d’Anna. Il avait été remis en liberté après une garde à vue, d’autant que les caméras de la gare RER où il l’avait raccompagnée les montraient main dans la main. L’affaire avait été classée sans suite en juin 2011.

Enfermée dans son appartement

La touriste coréenne, 27 ans à l’époque, passait quatre jours à Paris. Le lendemain de son arrivée, partie visiter le XVIII e, elle croise Stéphane, se laisse embrasser une fois, mais elle veut rentrer seule en métro. Il lui propose de partager un taxi, et la course se termine à Saint-Ouen. Prise d’une envie pressante, elle explique avoir accepté de monter le temps qu’il commande un autre taxi. La porte s’est alors refermée jusqu’au lendemain. Le récit que Léa fait des heures passées chez Stéphane donne le tournis. En sortant, elle vole le passe Navigo de son agresseur et va porter plainte. Une plainte qui rappelle celle d’Anna, une femme qui, cinq ans plus tard, est « choquée et en colère », selon son avocate, Me Bénédicte Litzler. « Toute la question tourne autour du consentement de l’une et de l’autre », souligne Me Sarah Baruk, l’avocate de l’accusé, qui encourt vingt ans de réclusion. Le verdict est attendu demain.

* Les prénoms ont été changés.

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