Trois jeunes en perdition condamnés pour un braquage

logoParisien-292x75 Geoffroy Tomasovitch, 08/04/1997

Il est 16 heures et le tribunal correctionnel d’Evry vient de condamner Cédric et Ahmed à trois ans de prison dont dix-huit mois avec sursis, leur complice Dominique écopant de trois ans dont deux avec sursis. Tous trois sont les auteurs d’un braquage au Crédit agricole de Ris-Orangis, le 30 octobre dernier. Des faits examinés hier par les juges d’Evry ; un braquage presque banal commis par des « jeunes en désarroi qui n’ont rien de bandits de grand chemin », selon l’expression de l’avocate d’Ahmed

Les faits sont simples et reconnus — à quelques détails près — par les prévenus. Ce 30 octobre, Ahmed, 22 ans, originaire de Vitry-sur-Seine (94) et Cédric, 20 ans, domicilié à Noisy-le-Grand (93) braquent «en douceur » la banque à l’aide d’une arme factice. Butin : 31000 F. Ils se le partagent après avoir « payé » leur complice de Brunoy, Dominique, 29 ans, oui leur a servi de chauffeur. Aucun d’eux n’a pensé à réclamer la bande enregistrée par le système de surveillance de la banque. Aussi, les braqueurs seront-ils rapidement interpellés et placés en détention provisoire. Mais, hier, la personnalité des prévenus a prévalu sur les circonstances du braquage, dont personne n’a nié la gravité.
Sans emploi et presque sans ressource, ces trois jeunes vivait dans des conditions plus que précaires. Cédric n’a jamais connu son père et sa mère, condamnée par la maladie, l’a émancipé à l’âge de 16 ans. Sa famille croule sous les loyers impayés et est menacée d’expulsion. « un jeune en perdition. Avec l’argent du butin, Cédric a réglé des dettes de téléphone, d’électricité et même des honoraires médicaux», explique son défenseur, Stéphane Maugendre. Ahmed, passionné de sport, a raté quant à lui sa formation à cause d’une blessure et d’un échec à un examen théorique. La commune de Vitry se dit prête à faciliter son insertion dans le monitorat sportif. Dominique enfin, père de deux enfants, souffre d’une invalidité et percevait le RMI à l’époque des faits.
Au vu du verdict, le tribunal ne semble pas avoir été insensible à l’évocation de la vie pas facile des trois prévenus.