Bouda condamné à rester zen

AVT_Telerama_6680 Jacques Morice, 24/09/2003

Un danseur frappé par la double peine

"On est pas des marques de vélo"
« On est pas des marques de vélo »

Qu’est devenu Bouda, ce danseur hors pair rendu cé­lèbre par le documentaire soufflant de Jean-Pierre Thorn, On n’est pas des marques de vélo ? Huit mois après sa diffusion sur Acte, le film sort cette semaine en salles. Après une peine de prison de quatre ans, une expulsion vers la Tunisie et un retour clandestin en Fran­ce, Ahmed M’Hemdi, c’est son vrai nom, est devenu un symbole de la double peine. Et aujourd’hui ? Il « breake > toujours, mais avec des brides. Après la campagne na­tionale lancée par plusieurs associations contre la double peine et la mobilisation des milieux hip-hop, il « bénéficie » d’une assignation à résidence en Seine- Saint-Denis. Charmante mesure de clémence qui lui in­terdit de danser, donc de travailler, hors du 93. Ou, pire, de participer à une émission de radio à… Paris !

Le cas de Bouda ne doit pas faire oublier tous les autres : à titre d’exemple, en 1997 (année d’expulsion de Bouda), 11997 interdictions du territoire ont été pro­noncées. « Cette loi est un dinosaure, s’insurge maître Stéphane Maugendre, avocat de Bouda et vice-prési­dent du Gisti, Groupe d’information et de soutien des immigrés. Sarkozy a annoncé cet été que la double pei­ne était abrogée. C’est faux. Pour les plus démunis, pour tous ceux qui ne peuvent justifier d’une vie socia­le, rien n’a changé : des interdictions de territoire conti­nuent d’être prononcées. » La loi va être de nouveau débattue au Sénat, début octobre, noyée au milieu de la réforme sur l’immigration. Affaire à suivre de près…

A lire : En finir avec la double peine, ouvrage collectif, et Voyage au pays de la double peine, de Michaël Faure, aux éd. de l'Esprit frappeur.