Il est « possible » techniquement de faire revenir Leonarda seule, estime Pierre Henry, le directeur général de France Terre d’asile, l’une des principales associations à s’occuper des demandeurs d’asile en France, mais « c’est une erreur de s’adresser à elle de cette manière ».
Selon M. Henry, « depuis le début, tout le monde a perdu le sens des responsabilités. Cette gamine a été ‘parentifiée’, ses parents se réfugient derrière elle, le président de la République n’a pas à s’adresser à elle directement, c’est une erreur. Il aurait dû s’adresser à ses parents ».
Le responsable associatif estime en effet que si les parents de Leonarda en sont d’accord, il est parfaitement envisageable qu’elle revienne en France sans eux. L’adolescente, âgée de 15 ans, peut être « confiée à l’aide sociale à l’enfance, être placée dans une famille d’accueil ou en internat. A partir du moment où il y a l’accord parental, même si elle n’est pas citoyenne européenne, cela peut être très bien organisé. C’est juridiquement, en quelque sorte, comme si on envoyait son enfant dans un collège à l’étranger à des fins de séjour linguistique », décrypte-t-il.
Ce cas de figure reste toutefois « exceptionnel », estime M. Henry. « Et à partir du moment où les autorités françaises sont contre le principe de faire revenir toute la famille, il faudrait au moins, dans l’idéal, insiste-t-il, pouvoir organiser un droit de visite de la famille. »
UNE DÉCISION « RENDUE UNIQUEMENT EN FONCTION DES SONDAGES »
Pour Stéphane Maugendre, avocat membre du Groupe d’information et de soutien des immigrés, la solution proposée par François Hollande de faire revenir seule Leonarda est également « possible, mais aberrante ».
« Si le président décide d’accorder à cette jeune fille un visa pour qu’elle vienne faire ses études en France, c’est possible, estime-t-il. La problème, c’est que l’on est en train de créer une sorte de mineur isolé, c’est une solution complètement aberrante, rendue uniquement en fonction des sondages d’opinion. »
Si Leonarda revient en France, elle dépendra de l’aide sociale à l’enfance (ASE), à moins que quelqu’un ou un proche dise qu’il peut s’occuper d’elle, détaille l’avocat militant, qui se dit stupéfait par le renversement d’analyse de l’administration sur la situation de la famille de Leonarda.
« Lors de l’expulsion, on a estimé que l’intérêt supérieur de l’enfant était d’être avec ses parents, notamment avec sa mère. On a donc monté tout un stratagème coûteux pour venir la chercher lors de sa sortie scolaire, et aujourd’hui, finalement, on estime que l’intérêt de Léonarda pourrait d’être seule en France. L’interprétation varie selon l’entrée ou la sortie, c’est aberrant ! »