Un danseur frappé par la double peine
Qu’est devenu Bouda, ce danseur hors pair rendu célèbre par le documentaire soufflant de Jean-Pierre Thorn, On n’est pas des marques de vélo ? Huit mois après sa diffusion sur Acte, le film sort cette semaine en salles. Après une peine de prison de quatre ans, une expulsion vers la Tunisie et un retour clandestin en France, Ahmed M’Hemdi, c’est son vrai nom, est devenu un symbole de la double peine. Et aujourd’hui ? Il « breake > toujours, mais avec des brides. Après la campagne nationale lancée par plusieurs associations contre la double peine et la mobilisation des milieux hip-hop, il « bénéficie » d’une assignation à résidence en Seine- Saint-Denis. Charmante mesure de clémence qui lui interdit de danser, donc de travailler, hors du 93. Ou, pire, de participer à une émission de radio à… Paris !
Le cas de Bouda ne doit pas faire oublier tous les autres : à titre d’exemple, en 1997 (année d’expulsion de Bouda), 11997 interdictions du territoire ont été prononcées. « Cette loi est un dinosaure, s’insurge maître Stéphane Maugendre, avocat de Bouda et vice-président du Gisti, Groupe d’information et de soutien des immigrés. Sarkozy a annoncé cet été que la double peine était abrogée. C’est faux. Pour les plus démunis, pour tous ceux qui ne peuvent justifier d’une vie sociale, rien n’a changé : des interdictions de territoire continuent d’être prononcées. » La loi va être de nouveau débattue au Sénat, début octobre, noyée au milieu de la réforme sur l’immigration. Affaire à suivre de près…
A lire : En finir avec la double peine, ouvrage collectif, et Voyage au pays de la double peine, de Michaël Faure, aux éd. de l'Esprit frappeur.