A l7 HEURES, hier, Nathalie Delhomme a craqué. Debout devant les jurés de la cour d’assises de Paris, aux côtés de ses coaccusés, Marc Petaux et Aziz Oulamara, deux ex-videurs de la rue Saint-Denis, l’ancienne prostituée est passée aux aveux Une vérité qu’elle a lâchée l’une voix haut perchée, entre deux sanglots. A la veille du réquisitoire et (des plaidoiries, cette rousse, qui avait dû être flamboyante, a soldé les (comptes de son passé. « Et pourtant, lâchera-t-elle à la fin de sa confession, le visage baigné de larmes, je prends des risques en parlant Je sais que dans le public il y a des gars du milieu, ils ne me lâcheront plus, ni moi ni mon fils de 4 ans. J’ai subi des menaces pour me taire. »
Il aura donc fallu entendre cinq jours de mensonges et attendre le sixième jour d’audience pour que le puzzle qui permet de comprendre qui a assassiné la jeune gardienne de la paix, Catherine Choukroun, une nuit de février 1991, s’agence de manière un peu plus précise. « Cette nuit-là, dit Nathalie Delhomme, j’étais bien dans la voiture à l’arrière et complètement défoncée. Lorsque je me suis réveillée, les deux hommes à l’avant s’engueulaient Le chauffeur criait : T’as encore fait une connerie, on est dans la merde. Je n’ai fait le rapprochement que quelques [jours plus tard quand on m’en a parlé rue Saint-Denis. « Qui était avec vous dans la voiture ? » demande la présidente qui sent enfin qu’elle peut tirer un fil de vérité. « Il n’y avait pas Marc Petaux », avoue Nathalie Delhomme.
« Cette histoire n’est pas la mienne »
Assis à ses côtés, son coaccusé ne sourcille pas. Cet aveu qui pourrait le conduire à l’acquittement il a dû en rêver, lui qui ne cesse de crier son innocence. Le matin, cet ancien militaire, déjà condamné pour vols de voitures et proxénétisme, et dont l’ambition était de mettre une fille sur le trottoir pour être entretenu, avait crié quelques accents de vérité face aux jurés : « Cette histoire n’est pas la mienne. Oulamara m’a dénoncé pour protéger quelqu’un d’autre. Cette affaire n’est ni dans mon corps ni dans mon cœur, ni dans mon âme. »
Si Petaux n’était pas dans la voiture, Oulamara y était-il, lui ? « Je ne connais pas le conducteur, poursuit alors, l’ancienne prostituée, décidément prolixe en rebondissements, balayant ainsi l’hypothèse la plus probable, qui voulait que Oulamara ait été au volant cette nuit-là. « Le conducteur, je ne l’avais jamais vu avant, je ne le connais pas » répète Nathalie Delhomme.
« Et le passager alors ? », poursuit la présidente. Nathalie Delhomme hésite. « J’ai peur de parler. J’ai vu des filles mourir sous mes yeux, la rue Saint-Denis c’est terrible ». Mais le désir de tout balancer l’emporte et, quelques instants plus tard, à une question détournée où on lui demande si c’est Oulamara qui était le tireur, elle hoche la tête de haut en bas.
Mais malgré l’évidence, Oulamara, hier soir, continuait à nier les faits et à taire le nom de l’homme qui conduisait la voiture ce soir-là. Qui ment ? Nathalie Delhomme qui accuse et innocente ou Oulamara et Petaux qui nient ?