DE FUTURES prostituées sont-elles recrutées aux abords du palais de justice de Bobigny ? Révélée au printemps dernier par « le Parisien » et « Aujourd’hui en France », la présence de rabatteurs à la sortie du tribunal de grande instance de Seine-Saint-Denis est bien plus qu’une simple rumeur. Connues depuis longtemps, mais jamais révélées au grand jour, les approches des supposés proxénètes intéressent désormais ta justice. Un magistrat instructeur enquête sur des faits présumés de « proxénétisme en bande organisée » et d’arrestation, enlèvement et séquestration de mineurs de 15 ans ».
Pourquoi Bobigny ? C’est là que les mineurs étrangers sont présentés à la justice, après leur transit par la zone d’attente de Roissy (Val-d’Oise). Dans la majorité des cas, ils quittent libres le palais, orientés vers un juge des enfants. Dehors, les fameux, rabatteurs les guettent. Ce « recrutement » pourrait expliquer l’apparition de prostituées mineures, souvent des Africaines, sur les trottoirs parisiens.
Étrange manège
Des associations d’aide aux étrangers ont ainsi remarqué la présence d’individus extérieurs au tribunal qui abordent les adolescentes. Certains personnels du palais (greffiers, juges, interprètes…) ont également noté cet étrange manège, qui n’a pas échappé non plus à des avocats et des policiers. « Tout le monde a connaissance de ces agissements et personne ne bouge », déplorait début novembre Stéphane Maugendre, avocat du Groupe d’information et de soutien aux travailleurs immigrés (Gisti), organisme qui a porté plainte. Aujourd’hui, cette indifférence n’est plus de mise.