NEUF MEMBRES d’un réseau international de prostitution comparaissent ce matin devant le tribunal correctionnel de Bobigny. Ce réseau recrutait des jeunes femmes en Afrique de l’Ouest avant de les récupérer au tribunal de Bobigny à la sortie des audiences statuant sur l’entrée en France des étrangers. Ce procès sera marqué par l’absence d’Edith Erhunmwunse, pièce maîtresse du trafic. Cette Nigériane de 25 ans aurait pris la fuite dans le nord de l’Europe. Ses complices, tous originaires de pays anglophones d’Afrique de l’Ouest, installés dans la Seine-Saint-Denis, (ans le Val-d’Oise et à Paris, comparaissent pour proxénétisme et complicité de proxénétisme.
Recrutées au Nigeria
En mai 2001, le groupe d’information et de soutien des immigrés (Gisti), dépose plainte auprès du doyen des juges d’instruction de Bobigny : plus de cinquante jeunes filles ont disparu des foyers de l’aide sociale à l’enfance de la Seine-Saint-Denis. A la même période à Paris, les trottoirs des boulevards des maréchaux commencent à être envahis de jeunes prostituées africaines.
L’enquête prend un tour décisif le 25 novembre 2001 lorsqu’une Nigériane, Grâce Williams, et deux Sierra-Léonaises, Rose Sako, dite « Queen », et Victoria Brown, âgées de 20 à 25 ans, toutes trois prostituées, décrivent leur calvaire aux hommes de la brigade de répression du proxénétisme de Paris.
Elles ont suivi le même chemin, qui les a menées de l’Afrique à la porte de Vincennes, à Pa-ris, après un détour par le tribunal de Bobigny. Recrutées à Lagos (Nigeria), les trois jeunes femmes, obligées de se prostituer tous les soirs, battues dès que leur rendement baissait et quotidiennement menacées de mort, devaient rembourser le prix de leur voyage, estimé à 50 000 $ (environ 50 000 €). Rose, arrivée en septembre 2001, avait déjà remboursé 24 000 $ (environ 24 000 €).
Le 26 novembre 2001, Herod Opuku, un Ghanéen de 42 ans, et sa femme, Joye, âgée de 32 ans, qui hébergeaient les filles à Garges-lès-Gonesse (Val-d’Oise), sont interpellés. Herod reconnaît que les jeunes filles vivaient chez lui. « Nous avons rencontré Edith et Aaron Kodua, son petit ami ghanéen, dans une église pentecôtiste de Sarcelles. Elle m’a demandé d’héberger ses cousines. Je ne savais pas qu’elles se prostituaient Lorsque je l’ai découvert nous étions en conflit et elles nous ont ensuite accusés de les exploiter se défend Joye, libérée après quatre mois de détention. Aaron Kodua et Benjamin Imarhiagbe, le dernier compagnon d’Edith, agé de 25 ans, seront interpellés un peu plus tard et incarcérés pour leur rôle majeur dans le trafic et l’organisation de la prostitution. L’enquête a pu établir qu’a moins douze jeunes filles étaient passées en les mains de ces proxénètes.