Trois policiers suspendus après la mort d’un clandestin

logoParisien-292x75 Julien Constant, 23/01/2003

LP/Philippe de Poulpiquet
LP/Philippe de Poulpiquet

LA MORT de Mariam Getu Hagos, un Somalien de 24 ans, pris d’un malaise lors de sa reconduite à la frontière à l’aéroport de Roissy, est suspecte. L’étranger sans papiers est décédé samedi dernier à l’hôpital d’Aulnay-sous-Bois (Seine- Saint-Denis), deux jours après avoir été embarqué de force par trois fonctionnaires de la police aux frontières (PAF).

Ces trois gardiens de la paix âgés de 27 à 28 ans, ont été suspendus mardi par le ministère de (Intérieur dans l’attente des résultats de l’en¬quête de (Inspection générale des services (IGS), la police des polices. Le même jour, le parquet a égale-ment ouvert une information judiciaire contre X pour homicide involontaire afin de faire la lumière sur la mort de ce Somalien qui suscite l’indignation de plusieurs syndicats l’Air France et d »associations.

Second décès trois semaines

Mariam Getu Hagos était arrivé, via (Johannesburg (Afrique du Sud), le 1er janvier dernier à Roissy seul et sans papiers. Le jour de sa reconduite à la frontière, « il était violent et très excité, se défend un fonctionnaire de la PAF. En milieu d’après-midi et en début de soirée, il a fait deux malaises. Il a été examiné par un médecin qui a conclu qu’il simulait ». Donc, vers 23 heures, les policiers décident d’embarquer l’homme dans le vol Air France AF 990 à destination de la capitale sud-africaine. Toujours d’après les policiers, Mariam est toujours très agité. A bord de l’appareil, il aurait réussi à libérer l’une de ses mains de l’étreinte des menottes et frappé un des membres de l’escorte. Les policiers lui font une prise pour l’immobiliser. « Cette technique, habituellement utilisée, consiste à plier son corps en deux », explique le même fonctionnaire. C’est alors qu’il avait le buste plaqué contre ses genoux que Mariam se serait trouvé mal après avoir été maintenu dans cette position pendant plusieurs minutes.

Pris en charge par le Samu alors qu’il avait perdu conscience, il est conduit à l’hôpital où il est mort samedi dernier après une phase de coma. « Au moment où il a été pris en charge à Roissy, le personnel médical a diagnostiqué une rupture d’anévrisme », assure le policier de la PAF.

Hier, le parquet n’a pas souhaité communiquer les premiers résultats de l’autopsie. Les associations de défense des étrangers, comme l’Anafé et le Gisti, soulignent qu’il s’agit du second décès dans les mêmes circonstances en trois semaines. Le 30 décembre dernier, un Argentin de 52 ans était mort officiellement d’une crise cardiaque dans l’avion qui devait le ramener chez lui « Ricardo a été attaché aux pieds et aux mains, son corps était plié en deux et on l’avait recouvert d’une couverture alors qu’il était cardiaque », s’indigne Stéphane Maugendre, avocat du Gisti qui envisage de porter plainte alors que le parquet de Bobigny a classé l’enquête sans suite.