Archives de catégorie : violences policières

Des policiers jugés pour la mort d’un étranger expulsé

europe1_beta, 28/09/2006

Trois fonctionnaires de la Police de l’air et des frontières (PAF) ont comparu jeudi devant le tribunal de Bobigny pour « homicide involontaire » d’un Africain mort en janvier 2003 dans l’avion qui devait le renvoyer en Afrique du Sud. La représentante de l’accusation a estimé que deux des prévenus, Axel Dallier, 26 ans, et Merwan Khelladi, 32 ans, soupçonnés de brutalités, s’étaient montrés « maladroits et négligents » mais n’avaient pas enfreint de règlement. Elle a donc requis une peine de prison avec sursis, d’une durée non précisée. Elle a demandé au tribunal de ne pas inscrire la sanction aux casiers judiciaires des prévenus, ce qui leur permettrait de continuer à exercer leur métier. Contre le troisième policier, David Tarbouriech, 28 ans, elle a requis une relaxe car il n’est pas impliqué dans les gestes qui ont conduit à la mort de la victime. Le jugement a été mis en délibéré au 23 novembre.

Getu Hagos, qui semble être Somalien ou Ethiopien, est mort le 18 janvier 2003 alors que les policiers venaient de l’embarquer de force dans un vol pour l’Afrique du sud, pays dont il était venu une semaine auparavant sans aucun papier d’identité.

Les policiers ont reconnu à l’audience l’avoir menotté et entravé aux genoux et aux chevilles avec du scotch pour le faire monter dans l’appareil, puis ont dit l’avoir maintenu en position penchée alors que les autres passagers embarquaient.

Trois membres de l’équipage ont affirmé lors de l’enquête que les policiers Dallier et Khelladi en fait assis sur lui alors qu’il était couché, afin de l’empêcher de crier. Il se montrait en effet paniqué et très agité à l’idée d’être expulsé. Il est mort non d’asphyxie mais d’un malaise vagal, l’irrigation du cerveau ayant été stoppée.

L’avocat de la famille de la victime, Me Stéphane Maugendre, a regretté qu’ils n’aient pas renoncé et engagé une procédure de poursuite pour « refus d’embarquer », comme c’est habituel. Il a regretté que les prévenus n’aient pas eu un mot à l’audience pour la famille de l’Africain. « Ils ont voulu expulser un homme à tout prix, au prix non seulement de sa dignité mais de sa vie », a-t-il dit.

Depuis cette ministère de l’Intérieur a publié des recommandations aux policiers exécutant les expulsions, stipulant de limiter l’usage de la force et de faire marche arrière si la personne être en situation de panique. Des formations ont été mises sur pied.

Des policiers jugés pour la mort d’un étranger expulsé

logo express 28/09/2006

Une peine de prison avec sursis, d’une durée non précisée, a été requise contre deux policiers jugés pour l »’homicide involontaire » d’un Africain mort en janvier 2003 dans l’avion qui devait le renvoyer en Afrique du Sud.

La représentante de l’accusation a estimé que les deux prévenus de la Police de l’air et des frontières (PAF), Axel Dallier, 26 ans, et Merwan Khelladi, 32 ans, soupçonnés de brutalités, s’étaient montrés « maladroits et négligents » mais n’avaient pas enfreint de règlement.

Elle a demandé au tribunal de ne pas inscrire la sanction aux casiers judiciaires des prévenus, ce qui leur permettrait de continuer à exercer leur métier.

Contre un troisième policier prévenu des mêmes faits, David Tarbouriech, 28 ans, elle a requis une relaxe car il n’est pas impliqué dans les gestes qui ont conduit à la mort de la victime.

Le jugement devait être mis en délibéré dans la soirée.

Il est très attendu par le ministère de l’Intérieur comme par les associations de défense des étrangers, au moment où la France s’apprête à dépasser pour l’année 2006 le chiffre de 20.000 expulsions d’étrangers de l’an dernier.

Getu Hagos, qui semble être Somalien ou Ethiopien, est mort le 18 janvier 2003 alors que les trois policiers venaient de l’embarquer de force dans un vol pour l’Afrique du sud, pays dont il était arrivé une semaine auparavant sans aucun papier d’identité.

Les policiers ont reconnu à l’audience l’avoir menotté et entravé aux genoux et aux chevilles avec du scotch pour le faire monter dans l’appareil, puis ont dit l’avoir maintenu en position penchée alors que les autres passagers embarquaient.

Trois membres de l’équipage ont affirmé lors de l’enquête que les policiers Dallier et Khelladi s’étaient en fait assis sur lui alors qu’il était couché, afin de l’empêcher de crier.

Il se montrait en effet paniqué et très agité à l’idée d’être expulsé. Il est mort non d’asphyxie mais d’un malaise « vagual », l’irrigation du cerveau ayant été stoppée.

L’avocat de la famille de la victime. Me Stéphane Maugendre, a regretté qu’ils n’aient pas renoncé et engagé une procédure de poursuite pour « refus d’embarquer », comme c’est habituel.

Il a regretté que les prévenus n’aient pas eu un mot à l’audience pour la famille de l’Africain. « Ils ont voulu expulser un homme à tout prix, au prix non seulement de sa dignité mais de sa vie », a-t-il dit.

Interrogés sur la mort de l’homme, les prévenus se sont dit « troublés », « surpris » et ont parlé de « situation pas facile à vivre » mais n’ont pas exprimé de regrets.

Depuis cette affaire, le ministère de l’Intérieur a publié des recommandations aux policiers exécutant les expulsions, leur stipulant de limiter l’usage de la force et de faire marche arrière si la personne apparaît être dans une situation de panique. Des formations ont été mises sur pied.

Des policiers jugés pour la mort d’un étranger expulsé

Reuters, 28/09/2006

Une peine de prison avec sursis, d’une durée non précisée, a été requise contre deux policiers jugés pour homicide involontaire » d’un Africain mort en janvier 2003 dans l’avion qui devait le renvoyer en Afrique du Sud.

La représentante de l’accusation a estimé que les deux prévenus de la Police de l’air et des frontières (PAF), Axel Dallier, 26 ans, et Merwan Khelladi, 32 ans, soupçonnés de brutalités, s’étaient montrés « maladroits et négligents » mais n’avaient pas enfreint de règlement.

Elle a demandé au tribunal de ne pas inscrire la sanction aux casiers judiciaires des prévenus, ce qui leur permettrait de continuer à exercer leur métier.

Contre un troisième policier prévenu des mêmes faits, David Tarbouriech, 28 ans, elle a requis une relaxe car il n’est pas impliqué dans les gestes qui ont conduit a la mort de la victime.

Le jugement devait être mis en délibéré dans la soirée.

Il est très attendu par le ministère de l’Intérieur comme par les associations de défense des étrangers, au moment où la France s’apprête à dépasser pour I’année 2006 le chiffre de 20.000 expulsions d’étrangers de l’an dernier.

Getu Hagos, qui semble être Somalien ou Ethiopien, est mort le 18 janvier 2003 alors que les trois policiers venaient de l’embarquer de force dans un vol pour l’Afrique du sud, pays dont il était arrivé une semaine auparavant sans aucun papier d’identité.

Les policiers ont reconnu à l’audience l’avoir menotté et entravé aux genoux et aux chevilles avec du scotch pour le faire monter dans l’appareil, puis ont dit l’avoir maintenu en position penchée alors que les autres passagers embarquaient.

Trois membres de l’équipage ont affirmé lors de l’enquête que les policiers Dallier et Khelladi s étaient en fait assis sur lui alors qu’il était couché, afin de l’empêcher de crier.

Il se montrait en effet paniqué et très agité à l’idée d’être expulsé. Il est mort non d’asphyxie mais d’un malaise « vagual », l’irrigation du cerveau ayant été stoppée.

L’avocat de la famille de la victime, Me Stéphane Maugendre, a regretté qu’ils n’aient pas renoncé et engagé une procédure de poursuite pour « refus d’embarquer », comme c’est habituel.

Il a regretté que les prévenus n’aient pas eu un mot à l’audience pour la famille de l’Africain. « Ils ont voulu expulser un homme à tout prix, au prix non seulement de sa dignité mais de sa vie », a-t-il dit.

Interrogés sur la mort de l’homme, les prévenus se sont dit « troublés », « surpris » et ont parlé de situation pas facile à vivre » mais n’ont pas exprimé de regrets.

Depuis cette affaire, le ministère de l’Intérieur a publié des recommandations aux policiers exécutant les expulsions, leur stipulant de limiter l’usage de la force et de faire marche arrière si la personne apparaît être dans une situation de panique. Des formations ont été mises sur pied.

Enquête sur le décès d’un Ethiopien à Roissy

09/06/2004

UNE RECONSTITUTION des conditions de la mort d’un Ethiopien de 24 ans, Mariame Getu Hagos, décédé d’un malaise lors de son expulsion le 16 janvier 2003, a été organisée, hier, à l’aéroport de Roissy, par le juge de Bobigny (Seine-Saint-Denis) en charge de l’instruction.

Les trois policiers de la PAF qui assuraient l’escorte, mis en examen pour « homicide involontaire » en novembre, ont réédité les gestes accomplis. Leur version des faits – l’utilisation de gestes proportionnés à la très forte résistance de M. Hagos – aurait été contredite par les témoins de la scène, qui disent avoir vu l’un des policiers « assis sur son dos ». La Commission nationale de déontologie de la sécurité avait estimé que Mariame Getu Hagos avait « subi des violences qui l’ont plongé dans le coma ». Me Stéphane Maugendre, avocat des parents du jeune homme, a indiqué son intention de demander une requalification des faits en « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner ».

Dérapages policiers

 Jacky Durand

Du tabassage à la garde à vue abusive, la commission de déontologie et la police des polices relèvent une hausse des bavures de 9,10 %.

Voilà qui devrait rafraîchir la mémoire de Nicolas Sarkozy. Lui qui déclarait, le 21 novembre 2003, alors qu’il était en poste place Beauvau : «Depuis dix-neuf mois, il n’y a eu aucune bavure.» N’en déplaise à l’ex-ministre de l’Intérieur, les saisines de la Commission nationale de la déontologie de la sécurité (CNDS, créée en 2000) ont presque doublé en 2003. Cette commission administrative n’a pas de pouvoir de sanction mais rend des avis et des recommandations auxquels les ministres concernés sont tenus de répondre.

Tendance. Les saisines sont passées d’une vingtaine en 2001, à une quarantaine en 2002 et à soixante-dix en 2003. Certes, les chiffres sont modestes au regard de l’activité policière (275 955 infractions relevées l’année dernière) mais ils corroborent une tendance déjà observée par la police des polices : en 2003, l’Inspection générale de la police nationale (IGPN, compétente sur l’Hexagone) et l’Inspection générale des services (IGS, compétente à Paris) ont enregistré 611 faits allégués de violences policières contre 560 en 2002, soit une hausse de 9,10 %. «Le nombre de saisines n’a cessé d’augmenter et le rythme actuel ne faiblit pas», a dit Pierre Truche, ancien président de la Cour de cassation et actuel président de la CNDS, qui a remis hier son rapport annuel au président de la République.

De plus en plus sollicitée donc, la commission a traité 43 affaires concernant la police dite «de voie publique» mais aussi la police aux frontières. Pierre Truche a également noté que «la commission avait été saisie de façon massive de problèmes dans les prisons» avec sept décès de détenus, dont cinq suicides, pour la plupart de jeunes. «Aussi bien pour la police que pour l’administration pénitentiaire, nous constatons un défaut d’encadrement. On livre trop souvent des jeunes fonctionnaires à eux-mêmes qui n’ont pas toujours le bon réflexe et pas suffisamment d’expérience. Des réformes sont indispensables», a-t-il souligné.

Alliance, premier syndicat de gardiens de la paix, et Synergie, second syndicat d’officiers de police, se sont déclarés, hier, «indignés de la polémique stérile» née de «l’exploitation» du rapport de la CNDS «visant à discréditer la police nationale». Alliance reconnaît pourtant le déficit d’encadrement des jeunes policiers (lire ci-contre).

Gazage. Les cas examinés par la CNDS vont de la garde à vue arbitraire à l’intervention pour tapage nocturne traitée comme une opération de maintien de l’ordre avec moult gazage quand ce n’est pas un tabassage en règle pour un feu rouge grillé par un conducteur en état d’ivresse. La commission s’est également penchée sur l’histoire d’un homme victime d’un malaise diabétique que les policiers croyaient en état d’ébriété. Il fut frappé puis volé par les fonctionnaires avant d’être abandonné.

Concernant la police aux frontières (PAF), la commission souligne, «avec force, la nécessaire rigueur qui doit caractériser l’enseignement et l’application de « gestes de contrainte »», après la mort de deux expulsés dans un avion qui les ramenait dans leur pays, un Argentin (décembre 2002) et un jeune Somalien (janvier 2003). Saisie par la défenseure des enfants, Claire Brisset, elle a aussi examiné le cas d’un jeune Chinois de 15 ans, victime d’une tentative illégale de réembarquement, assortie de violences, pour lequel elle a saisi la justice.

Pierre Truche s’est dit «frappé par la couleur de peau et la fréquence statistique (parmi les victimes de violences policières, ndlr) de personnes étrangères ou ayant des noms à consonance étrangère». La commission travaillera sur ce point pour le rapport de l’année prochaine, a-t-il promis.

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Le frère de l’Argentin ceinturé porte plainte

  Jacqueline Coignard, 0

Il demande «la vérité» sur le décès survenu lors de l’expulsion.

Ce sont les médias argentins qui lui ont appris son décès : son frère unique dont il était sans nouvelles depuis quatre ans, Ricardo, était mort le 30 décembre sur un aéroport parisien, avant le décollage d’un avion qui allait le ramener de force au pays (Libération du 7 janvier). Carlos Barrientos s’est alors mis à surfer sur les sites des quotidiens français pour en savoir plus sur les conditions de ce tragique embarquement sur le vol AF 416 Paris-Buenos Aires de la compagnie Air France. Depuis une semaine, Carlos Barrientos est à Paris. Avec réserve et émotion, il explique être venu accomplir son «devoir de frère».

Errance. «Je veux donner une sépulture digne à mon frère. Assister à son enterrement», dit-il. Un enterrement administratif est prévu au cimetière de Tremblay-en-France, mais sans date précise. Or Carlos doit rentrer ce lundi en Argentine, car ses ressources sont limitées. Il veut aussi reconstituer le parcours français de Ricardo, depuis son séjour à Aix jusqu’à ses errances de poète des rues à Paris. Et savoir pourquoi cet homme de 52 ans est mort. Sur ce point, il laisse la parole à ses deux avocats qui vont, en son nom et au nom des associations qu’ils représentent (1), porter plainte pour «coups mortels». Me Stéphane Maugendre et Me Sophie Thonon-Wesfreid vont déposer cette plainte contre X, la semaine prochaine, devant le doyen des juges de Bobigny.

A huis clos. Ricardo Barrientos avait été maintenu plié en deux par deux policiers qui appuyaient sur ses omoplates. La police a expliqué que c’était la procédure habituelle ; l’institut médico-légal a conclu à un infarctus ; et le juge a estimé que la mort était naturelle, avant de classer l’affaire. «Ricardo est mort à huis clos et l’enquête s’est déroulée à huis clos», constate Me Maugendre.

Il y a pourtant des contradictions entre la version officielle et les témoignages de passagers recueillis dans les différents médias. «Il y avait deux médecins parmi les passagers, dont une femme qui a constaté la mort. Aucun des passagers n’a été entendu par les enquêteurs, pas plus que les hôtesses et stewards», s’étonne Me Maugendre. Cet homme est mort entre les mains des policiers, et un minimum de transparence est nécessaire, selon les deux avocats. Ricardo a-t-il été tué ? «Je ne peux pas le présager. La justice française doit clarifier les choses, éclairer la vérité», répond Carlos. D’où l’intérêt de confier l’affaire à un juge d’instruction, comme c’est déjà le cas pour un Ethiopien décédé dans les mêmes conditions en janvier.

(1) Le Gisti, l’Anafé, le Mrap et l’Association France-Amérique latine.

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La police aux frontières face à la pression du « résultat »

index Piotr Smolar, 22/02/2003

En trois semaines, deux étrangers escortés sont morts au cours de reconduites à la frontière.

S’il y a bien un corps policier où la fameuse « culture du résultat », voulue par Nicolas Sarkozy, place les fonctionnaires dans une situation impossible, c’est la police aux frontières (PAF). Son bilan statistique ? Il est mauvais. Sur les quelque 40 000 mesures d’éloignement prononcées chaque année, le taux de reconduite est inférieur à 20 %.

La pression ministérielle est donc montée depuis quelques mois, plaçant les policiers de la PAF devant un dilemme : comment embarquer de force davanta­ge d’étrangers expulsables sur des lignes régulières sans multiplier les risques de dérapage ?

En trois semaines, deux person­nes sont mortes alors qu’elles étaient escortées et placées dans l’avion du retour. Le 30 décembre, un Argentin de 52 ans, Ricardo Barrientos, décédait d’une crise cardia­que a l’aéroport de Roissy. L’autopsie a conclu à une mort naturelle. Le 18 janvier, Mariame Getu Hagos, un Éthiopien de 24 ans, devait être reconduit sous escorte à bord d’un vol en direction de l’Afrique du Sud. Ses protestations ont incité les policiers à utiliser ce qu’ils nomment les « ges­tes techniques d’intervention », afin de le maîtriser et le réduire au silen­ce : en somme, ils l’ont maintenu compressé, assis, le visage contre les genoux. Trop longtemps. Hospi­talisé dans le coma, le jeune hom­me est décédé. «Ces deux morts ne sont pas le fruit du hasard, assure Me Stéphane Maugendre, responsa­ble du Groupe d’information et de soutien aux immigrés (Gisti). On a demandé aux policiers de faire du chiffre. Pour la PAF, ça signifie reconduire plus sévèrement. »

3 OOO REFUS d’embarquement

Suivant les recommandations d’un rapport de l’inspection géné­rale des services (IGS) et désireux de sanctionner à titre d’exemple, Nicolas Sarkozy a mis à pied les trois policiers impliqués jusqu’à l’issue de l’enquête judiciaire. Par ailleurs, le ministère de l’intérieur peaufine actuellement des aména­gements dans le mode d’interven­tion des policiers de la PAF, qui a dû gérer, en 2002, près de 3 000 refus d’embarquement, selon les chiffres de la direction générale de la police nationale.

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Trois policiers suspendus après la mort d’un clandestin

logoParisien-292x75 Julien Constant, 23/01/2003

LP/Philippe de Poulpiquet
LP/Philippe de Poulpiquet

LA MORT de Mariam Getu Hagos, un Somalien de 24 ans, pris d’un malaise lors de sa reconduite à la frontière à l’aéroport de Roissy, est suspecte. L’étranger sans papiers est décédé samedi dernier à l’hôpital d’Aulnay-sous-Bois (Seine- Saint-Denis), deux jours après avoir été embarqué de force par trois fonctionnaires de la police aux frontières (PAF).

Ces trois gardiens de la paix âgés de 27 à 28 ans, ont été suspendus mardi par le ministère de (Intérieur dans l’attente des résultats de l’en¬quête de (Inspection générale des services (IGS), la police des polices. Le même jour, le parquet a égale-ment ouvert une information judiciaire contre X pour homicide involontaire afin de faire la lumière sur la mort de ce Somalien qui suscite l’indignation de plusieurs syndicats l’Air France et d »associations.

Second décès trois semaines

Mariam Getu Hagos était arrivé, via (Johannesburg (Afrique du Sud), le 1er janvier dernier à Roissy seul et sans papiers. Le jour de sa reconduite à la frontière, « il était violent et très excité, se défend un fonctionnaire de la PAF. En milieu d’après-midi et en début de soirée, il a fait deux malaises. Il a été examiné par un médecin qui a conclu qu’il simulait ». Donc, vers 23 heures, les policiers décident d’embarquer l’homme dans le vol Air France AF 990 à destination de la capitale sud-africaine. Toujours d’après les policiers, Mariam est toujours très agité. A bord de l’appareil, il aurait réussi à libérer l’une de ses mains de l’étreinte des menottes et frappé un des membres de l’escorte. Les policiers lui font une prise pour l’immobiliser. « Cette technique, habituellement utilisée, consiste à plier son corps en deux », explique le même fonctionnaire. C’est alors qu’il avait le buste plaqué contre ses genoux que Mariam se serait trouvé mal après avoir été maintenu dans cette position pendant plusieurs minutes.

Pris en charge par le Samu alors qu’il avait perdu conscience, il est conduit à l’hôpital où il est mort samedi dernier après une phase de coma. « Au moment où il a été pris en charge à Roissy, le personnel médical a diagnostiqué une rupture d’anévrisme », assure le policier de la PAF.

Hier, le parquet n’a pas souhaité communiquer les premiers résultats de l’autopsie. Les associations de défense des étrangers, comme l’Anafé et le Gisti, soulignent qu’il s’agit du second décès dans les mêmes circonstances en trois semaines. Le 30 décembre dernier, un Argentin de 52 ans était mort officiellement d’une crise cardiaque dans l’avion qui devait le ramener chez lui « Ricardo a été attaché aux pieds et aux mains, son corps était plié en deux et on l’avait recouvert d’une couverture alors qu’il était cardiaque », s’indigne Stéphane Maugendre, avocat du Gisti qui envisage de porter plainte alors que le parquet de Bobigny a classé l’enquête sans suite.

Information judiciaire sur la mort d’un Somalien

images fig Delphine Moreau, 23/01/2003

Les trois policiers chargés de l’escorte de Mariame Getu Hagos, le sans-papiers mort après avoir fait un malaise lors d’une procédure d’expulsion à l’aéroport, de Roissy, ont été suspendus par Nicolas Sarkozy. « Il s’agit d’une mesure conservatoire qui ne préjuge en rein la suite d’une procédure dorénavant confiée à la justice » précise le ministère de l’Intérieur dans un communiqué.

Arrivé le 11 janvier à l’aéroport Charles-de-Gaulle, ce Somalien de 24 ans, dont la demande d’asile avait été refusée, devait être expulsé le 16 sur un vol à destination de Johannesburg. Accompagné à l’arrière de l’avion par trois agents de la police aux frontières (PAF), le jeune homme a tenté de se rebeller, obligeant les fonctionnaires à le maîtriser, disent-ils, avec les « techniques habituelles ».

Victime d’un malaise, Mariame Gëtu Hagos est mort deux jours plus tard. Mardi, le parquet de Bobigny a ouvert une information judiciaire contre X pour homicide involontaire.

Le compte rendu de l’autopsie n’a pas été rendu public. Selon une source proche de l’enquête, la mort du Somalien n’a pas été provoquée par une crise cardiaque spontanée. Il n’est pas exclu qu’elle soit liée à une compression du thorax conduisant à une asphyxie. En clair, les policiers auraient peut-être maintenu la victime trop longtemps dans une position inadaptée.

L’affaire déclenche les foudres des associations de défense des droits de l’homme, comme des syndicats de Roissy, d’autant qu’un Argentin est mort le 30 décembre dernier dans des circonstances similaires.

Les représentants des forces de l’ordre refusent d’être tenus pour responsables. « L’administration met la pression sur le dos des agents d’escorte pour obtenir une rentabilité maximum en terme d’expulsion indique Nicolas Couteau, secrétaire national du Syndicat général de la police FO. Mais les sans-papiers sont souvent difficiles à maîtriser le jour de leur départ. Depuis des années, nous réclamons qu ‘ils portent des ceintures de contention (sortes de camisoles. NDRL.) entre le moment où ils sont accompagnes dans l’avion et le décollage. On nous les refuse ».

Trois policiers de l’aéroport de Roissy suspendus après la mort d’un Somalien

AFP, Delphine Touitou, 22/01/2003

Trois fonctionnaires de la police aux frontières (PAF) de I’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle ont été suspendus mardi par le ministre de l’Intérieur, après Le décès d’un Somalien, non admis en France, qui devait être reconduit jeudi dernier en Afrique du Sud.

La direction générale de la police nationale, qui a fait part de cette décision, précise que la suspension de ces policiers, chargés de l’escorte de la victime, est « une mesure conservatoire qui ne préjuge en rien la suite d’une procédure » judiciaire.

Cette suspension intervient après celle, vendredi, de deux fonctionnaires de police de Paris, impliqués dans une altercation avec le témoin d’une interpellation sur la voie publique. La suspension avait alors soulevé une polémique entre les syndicats de police et Nicolas Sarkozy.

Les fonctionnaires de la police nationale sont de plus en plus souvent confrontés à des attitudes violentes de la part de personnes récalcitrantes ; ils ont dû faire face à 3.000 refus d’embarquement en 2002″, a souligné mardi la direction générale de la police nationale (DGPN) dans un communiqué.

Reste que les associations réclament que lumière soit faite sur la mort du ressortissant somalien, la deuxième en moins de trois semaines.

Jeudi, Getu Hagos Mariam, âgé de 24 ans, arrivé à l’aéroport de Roissy le 11 janvier et déclaré non admis, devait être reconduit sous escorte de la PAF sur un vol en direction de Johannesburg (Afrique du Sud).

Au cours de cette opération, le ressortissant somalien a perdu connaissance puis, après les premiers secours, il a été admis à à l’hôpital Robert Ballanger de Villepinte (Seine-Saint-Denis), où il est décédé samedi après une phase de coma, de source judiciaire.

Le 30 décembre, un ressortissant argentin de 52 ans, également sous le coup d’un arrêté de reconduite à la frontière, était mort d’une crise cardiaque à l’aéroport de Roissy alors qu’il allait partir à bord d’un avion pour l’Argentine. L’autopsie, pratiquée à l’IML, avait conclu à une mort naturelle, une conclusion qui ne convainc pas les associations à l’instar du GISTI (groupe d’information et de soutien aux immigrés).

Le Groupe d’information et de soutien aux immigrés (GISTI) a indiqué mercredi à l’AFP qu’il allait, dans les prochains jours, déposer une plainte contre X dans l’affaire de l’Argentin et se constituer partie civile dans celle du Somalien.

« Le principe est simple : les policiers ont obligation d’exécuter les ordresqu’ils reçoivent, mais ils ont aussi obligation de préserver la sécurité et la santé des personnes dont ils ont la charge », souligne Me Stéphane Maugendre (avocat),responsable du GISTI.

« Il ne s’agit pas de crier haro sur la police, mais il y a des choses à éclaircir. Si des policiers ont mal fait leur travail, ils ne sont pas dignes d’être fonctionnaires », ajoute-t-il.

Avocat