Eric Besson refuse de parler de « vols spéciaux », évoquant une « procédure classique de reconduite de ressortissants étrangers ».
Les Roms dont les camps ont été démantelés après le « discours de Grenoble » de Nicolas Sarkozy vont commencer à être reconduits jeudi en Roumanie sur la base du volontariat, à bord d’avions « affrétés », le gouvernement refusant de parler de « vols spéciaux » ou de « charters ».
« Il n’y a pas de vols spéciaux vers la Roumanie. Nous sommes dans le cadre de procédures classiques de reconduite de ressortissants étrangers en situation irrégulière dans leur pays d’origine », a déclaré Eric Besson, en soulignant qu’il s’agissait du 25e vol de ce type organisé par le ministère de l’Immigration et l’Ofii (Office français de l’Immigration et de l’Intégration) depuis le début de l’année en direction de la Roumaine et de la Bulgarie.
« La subtilité linguistique m’échappe »
Pour le président du Groupe d’information et de soutien aux travailleurs immigrés (Gisti), Stéphane Maugendre, ce sont pourtant « des charters déguisés ».
« La subtilité linguistique m’échappe », a également commenté Mouloud Aounit du Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap), selon lequel « les Roms sont devenus une variable d’ajustement statistique » de la politique d’immigration du gouvernement qui s’est fixé un objectif de 30.000 expulsions par an.
Pour Laurent El Ghozi du collectif Roms Europe, « c’est un mensonge de dire que vont être expulsés les 700 Roms dont les camps ont été démantelés » puisque la plupart d’entre eux se « sont installés ailleurs » ou « se sont évanouis dans la nature ». Pour lui, seulement 10% de personnes acceptent l’aide au retour humanitaire mais reviennent ensuite en France où vivent 15.000 Roms.
Le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, a précisé de son côté que les vols, à destination de la Roumanie et la Bulgarie, seront effectués par des « compagnies privées depuis des aéroports publics ».
44 vols en 2009
Sur les vols « affrétés » comme celui de jeudi prochain vers Bucarest, les autorités transportent des étrangers ayant accepté de retourner volontairement dans leur pays. Lorsque le nombre de personnes reconduites se résume à quelques unes, elles sont embarquées à bord de vols réguliers. S’il est important, le ministère de l’Immigration et l’Ofii affrètent des avions.
En 2009, 44 vols ont été organisés et 10.000 Roumains et Bulgares ont été reconduits dans leur pays, selon le ministère de l’Immigration. Une demi-douzaine de vols ont été effectués à partir de Marseille-Marignane avec des centaines d’enfants et d’adultes embarqués.
Eric Besson a lui-même reconnu que les personnes reconduites, membres de l’Union européenne, « pourront revenir en France« .
La Roumanie et la Bulgarie ont rejoint l’UE en 2007. En vertu d’un régime transitoire, leurs ressortissants peuvent entrer en France sans formalité particulière et y rester durant trois mois sans avoir à justifier d’une activité.
Au-delà des trois mois, ils doivent avoir un emploi, suivre des études ou justifier de ressources suffisantes. Ces Roms sont estimés à 15.000 euros en France.