Archives de catégorie : Avocat

L’Otan mise en cause après la mort de 63 migrants

Migrant boat disaster: Spain challenges Nato over distress call claim

Survivor of migrant boat tragedy arrested in Netherlands

, 29/03/2012

Abu Kurke KebatoAbu Kurke Kebato, who was one of just nine people to survive two weeks adrift in Mediterranean, set to be deported to Italy.

One of the few survivors from a migrant boat tragedy that claimed 63 lives in the Mediterranean has been arrested by immigration police in the Netherlands and is set to be deported from the country.

The detention of Abu Kurke Kebato, a 23-year-old Ethiopian, came just hours after the European body charged with investigating the incident called on EU member states to look kindly on asylum claims from those who survived the tragedy.

Their dinghy was left drifting for two weeks in the sea despite European authorities pinpointing the location of the vessel and distress calls being sent out repeatedly to nearby ships.

Abu Kurke was among nine people who made it back to land alive from an initial group of 72 that set off from Tripoli in an effort to reach Europe in March last year. The boat was eventually washed back on to Libyan shores. Amazingly he went on to launch another — this time successful — voyage across the sea soon after the tragedy, arriving in Italy before making his way to the Netherlands where he attempted to settle with his wife.

On Thursday morning police acted on an expulsion order and removed the couple from an asylum centre in the Dutch town of Baexem. Under the « Dublin Convention » European states are permitted in some circumstances to deport irregular migrants back to their port of landing, which in this case would be Italy. Abu Kurke’s lawyer, Marq Wijngaarden, said he would be lodging appeals with the Dutch supreme court.

« It would also be possible to apply for an injunction from the European court of human rights, but in theory the deportation could take place at any time, » explained Wijngaarden.

On Wednesday, only hours before his arrest, Abu Kurke told the Guardian how relieved he was to be building a new life in Europe and said that he was still traumatised by the events of last spring.

« I don’t sleep, even now, » said the refugee, who fled his native region of Oromia in Ethiopia several years ago as a result of political violence and went on to make a 20-day trek across the Sahara in an effort to reach the North African coast. « My life has started again in the Netherlands, but there is no sleep in it. Once you watch your friends die, there is no sleep. »

He said he was now seeing a psychologist in an effort to deal with the memories and went on to condemn the military helicopter and naval vessel that the survivors claim encountered their troubled boat but refused their pleas for assistance. « These powers, they came and looked at us, they saw us and they knew. They must face justice. » Abu Kurke’s phone has now been taken away by the Dutch authorities.

In a cruel twist of fate, Abu Kurke’s arrest took place on the same day that a special committee of the Council of Europe – the continent’s watchdog which oversees the European court of human rights – adopted a resolution recommending that « in view of the ordeal of the survivors, member states use their humanitarian discretion to look favourably on any claims for asylum and resettlement coming from these persons ».

Speaking before news of Abu Kurke’s detention was known, Tineke Strik, the Dutch parliamentarian behind a nine-month inquiry into the tragedy, said: « Hearing the testimony of these survivors really touches you deeply.

« Hearing what they have gone through over these 14 days: being among corpses, cast adrift at sea, all rescue opportunities disappearing and the knowledge that death could be their fate as well … it’s very hard to imagine how that must feel. »

At a press conference to launch the Council of Europe report, human rights activists announced legal action would now be launched on behalf of at least five of the survivors in an effort to hold those who ignored the boat criminally responsible for their actions.

« There is no doubt that someone, somewhere, has criminal responsibility for the deaths of these people, » said Stéphane Maugendre, president of the Paris-based Groupe d’Information et de Soutien des Immigrés [Group for information and support of immigrants].

He went on to quote another survivor, Dain Haile Gebre, on what happened when the migrant boat encountered the naval vessel: « Some people were wearing civilian clothing, others were in military uniform. They took photos of us and filmed us with cameras and portable phones.

« We took our dead people in our arms and showed them, asking for help. Some of us drank seawater to make them understand that we needed drinking water. »

« It is clear a charge of ‘not helping people in danger’ is applicable, » added Maugendre.

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France : Nicolas Sarkozy souhaite accélérer les expulsions d’extrémistes

W4sKQvXx28/03/2012

Suite aux tueries survenues à Montauban et Toulouse, le président Nicolas Sarkozy mène l’offensive contre l’islam radical. Il souhaite notamment une accélération des procédures d’expulsion concernant les « extrémistes » présents en France. Dans la foulée, il souhaite aussi interdire la venue sur le territoire national de toutes les personnes tenant des propos infamants contre la France.

Que ce soit des imams ou des prédicateurs, ces personnes qualifiées par le ministère de l’Intérieur d’« extrémistes » auraient une conception de l’islam contraire aux valeurs de la République. Ce qui justifie l’introduction de mesures d’éloignement, une procédure qui se fait régulièrement.

« Le code de l’entrée du séjour des étrangers prévoit la possibilité d’expulser de France tout étranger qui constitue une menace grave pour l’ordre public, explique Stéphane Maugendre, juriste au Gisti (Groupe d’information et de soutien des immigrés). Ce genre d’arrêtés peut être pris en urgence absolue -il ne faut pas que ce soit tout d’un coup parce qu’on décide de le faire qu’il y a urgence absolue- et à ce moment là, la condition d’expulsion n’est pas saisie par le ministère de l’Intérieur ou la préfecture. Et donc ça peut être fait dans les 24 heures ».

Pour autant ce n’est pas si simple et des recours sont possibles comme le détail Stéphane Maugendre : « En urgence, devant le tribunal administratif de Paris, pour voir si effectivement les conditions requises par le texte sont ou non remplies ». Les concernés peuvent aussi se tourner vers les instances européennes. « Il arrive régulièrement que la Cour européenne des droits de l’homme demande à la France de suspendre l’expulsion dans l’attente d’une étude approfondie du dossier ».

Depuis 2001, 129 islamistes radicaux ont été expulsés du territoire français.

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Sarkozy désintègre l’immigration

logo-liberation-311x113, Fabrice Tassel, 8/03/2012

Dans son interview au Figaro Magazine, le 11 février, le chef de l’Etat avait déjà annoncé un durcissement des conditions de logement et de ressources «pour les titres de séjour obtenus par un mariage avec un Français», qui a concerné l’an dernier environ 50 000 personnes (des regroupements au titre de liens personnels ou familiaux et l’existence d’enfants complètent l’immigration familiale). L’absence dans cet entretien de chiffrage, qui est la vraie nouveauté de mardi soir, conjuguée à l’absence de réaction de François Hollande (lire ci-contre) explique que l’annonce était alors passée relativement inaperçue.

Couples. Le chef de l’Etat a dans le viseur les mariages mixtes, qui ont augmenté de 61% entre 2006 et 2010, pour s’établir à 37 000. A l’avenir, les couples pourraient être soumis aux mêmes conditions de ressources et de logement que les personnes intégrées dans le cadre du regroupement familial. Ainsi depuis la loi Sarkozy de 2006, deux personnes d’une même famille séparées par une frontière peuvent se retrouver si leur revenu atteint le Smic sur l’année précédant la demande, et que la surface du logement qu’ils occupent n’est pas inférieure à 22 m2. Il pourrait désormais en être de même pour les couples. Les conditions de délivrance de visas d’installation aux étrangers mariés à des ressortissants français – les unions célébrées à l’étranger – seront aussi, selon Sarkozy, durcies. «L’argent va séparer les gens : certains pourront permettre à leur conjoint d’obtenir un travail et un logement acceptables, les autres devront choisir de le faire venir clandestinement, ou partir en exil pour vivre leur histoire d’amour…» déplore Pierre Henry, directeur général de France Terre d’asile. Les juristes prédisent un encombrement des tribunaux, car les articles 8 et 12 de la Convention européenne des droits de l’homme protègent le droit au mariage et une vie familiale normale.

Étudiants. Pour baisser l’immigration légale de 100 000 personnes, l’autre principal poste de réduction est constitué par les étudiants étrangers, qui représentent 60 000 des 180 000 immigrés réguliers. L’annonce du chef de l’Etat peut donc laisser imaginer que la circulaire dite Guéant serait réajustée en cas de réélection, ce qui ne manquerait pas de soulever un mouvement dans l’opinion. Samedi, Alain Juppé n’a d’ailleurs pas manqué de critiquer cette circulaire. L’immigration professionnelle, après avoir constitué le cheval de bataille du Président en début de quinquennat, semble en revanche moins le préoccuper, sans doute parce qu’elle ne concerne que 10 000 personnes par an.

«L’immigration est une chance mais elle peut être un problème», a aussi lancé Sarkozy à Bordeaux. Sur France 2, il a surtout mis le deuxième point en avant, annonçant son projet de réduire l’accès des étrangers réguliers à certains droits sociaux. Sarkozy estime que 16 500 étrangers bénéficient du RSA et que 20 000 perçoivent un minimum vieillesse. Et d’annoncer des conditions – dix ans de présence en France et cinq ans de travail – pour continuer à toucher ces prestations. «La thématique de l’assistanat développée ces derniers jours avait commencé à préparer les esprits, et cela renvoie encore et toujours les étrangers à l’image de fraudeurs et de profiteurs», estime Stéphane Maugendre, avocat spécialisé dans le droit des étrangers et membre du Groupe d’information et de soutien des immigrés. Les attaques contre les acquis sociaux des immigrés ne sont pas nouvelles, l’aile droitière de l’UMP réclamant depuis longtemps la suppression de l’Aide médicale d’Etat, accordée aux étrangers en situation irrégulière. Bon prince, Sarkozy a expliqué que «la tradition de la France, c’est de soigner quelle que soit la nationalité». Une annonce qui ne suffira pas à gommer l’impression que, plus que jamais pour le candidat UMP «quand il y en a un [étranger], ça va, c’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes».

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Propos de Sarkozy sur l’immigration : « C’est le ‘bruit et l’odeur’ de Chirac »

images  2161324402810 Celine Rastello, 08/03/2012

On a entendu sur France 2 « un discours d’extrême-droite qu’on tente d’habiller de façon humaine », estime le Gisti. Interview.

Trois membres du Gisti (Groupe d’information et de soutien des immigrés), Stéphane Maugendre (président), Jean-Philippe Foegel (membre du groupe de travail sur les étudiants étrangers) et Antoine Math commentent pour « Le Nouvel Observateur » les propos sur l’immigration tenus mardi soir sur le plateau de l’émission « Des paroles et des actes », sur « France 2 », par Nicolas Sarkozy.

« Nous avons trop d’étrangers sur notre territoire et nous n’arrivons plus à leur trouver un logement, un emploi, une école » 

– Stéphane Maugendre : « Ce n’est pas conforme à la réalité et correspond au ‘bruit et l’odeur’ de Chirac. C’est une manière déguisée et polie d’annoncer la préférence nationale et de tenir un discours d’extrême-droite qu’on tente d’habiller de façon humaine. »

« S’agissant du regroupement familial et du visa quand on se marie avec un français ou une française (…) Désormais (…) nous mettrons des conditions de revenus »

– Stéphane Maugendre : « Faux, car les conditions de revenus existent depuis longtemps pour le regroupement familial. Les conditions de revenus et de logements ont certes été considérablement durcies, mais avec des effets pervers autant économiques qu’humains : de plus en plus de conjoints et d’enfants viennent clandestinement. Les chiffres officiels baissent, mais la réalité est différente. Créer des conditions de revenus pour les conjoints de Français amorce par ailleurs une véritable rupture égalitaire entre Français. »

« Sur le quinquennat, je considère que pour relancer dans de bonnes conditions l’intégration, il faut diviser par deux le nombre de gens que nous accueillons… »

– Jean-Philippe Foegle : « On saisit assez mal le lien entre une réduction purement mécanique de l’immigration et l’intégration. La conséquence directe d’une réduction du nombre d’immigrés légaux est la multiplication du nombre de personnes toujours sur le territoire national, mais en situation irrégulière. On multiple le nombre de personnes qui seront marginalisées, exclues du monde du travail et des chaînes de solidarité. On ne peut pas d’un côté favoriser l’intégration des étrangers, et d’un autre maintenir un nombre de plus en plus important de personnes socialement marginalisées. A moins de considérer que les personnes sans titre de séjour ne font pas partie de l’humanité. »

… »c’est-à-dire passer de 180.000 aux alentours de 100.000″

– Jean-Philippe Foegle : « On ne sait pas d’où sort ce chiffre de 180.000. Vouloir réduire de moitié l’immigration légale paraît difficilement réalisable, voire fantaisiste, car on voit mal à partir de quelle catégorie le gouvernement peut encore réduire le nombre d’immigrés légaux. Il a déjà essayé de réduire fortement l’immigration familiale, qui représente environ 80% de l’immigration totale, mais il a du mal car elle est protégée par des textes internationaux. Si le gouvernement veut continuer à réduire l’immigration, il risque donc de s’attaquer aux catégories moins protégées, comme l’immigration choisie des étudiants et des travailleurs dont les règles de séjour sont plus précaires. Cette politique est incohérente. En 2006, Nicolas Sarkozy s’est fait élire avec l’immigration choisie. Aujourd’hui, il semble que ces mêmes personnes soient devenues ses premières cibles. »

« 165.000 étrangers bénéficient du RSA, 20.000 du minimum vieillesse. Nous allons mettre pour les deux des conditions de présence sur le territoire et d’activité, de travail : 10 ans de présence sur le territoire et 5 ans d’activité »

– Antoine Math : « Les conditions d’obtention de ces prestations ont été fortement durcies depuis quelques années. Mais elles sont contestables et contestées d’un point de vue légal, car en violation avec des textes internationaux. Pour le minimum vieillesse, depuis 2006, la condition d’antériorité de résidence est de 5 ans, ce qui est considéré comme discriminatoire par la Halde et le défenseur des droits, entre autres. Depuis la loi de financement de la sécurité sociale de décembre 2011, on est passés à 10 ans de résidence, avec les conditions suivantes : être en situation régulière et avoir le droit au travail.

Pour le RSA, l’antériorité a d’abord été de 3 ans, durcie à 5 ans en 2004, puis, quand le RMI est devenu RSA en 2009, cette condition a été étendue au conjoint, concubin ou partenaire. En proposant 10 ans pour les deux et 5 ans de travail, le président va encore plus loin. On est dans la surenchère, pour s’aligner encore plus sur l’exclusion de l’étranger, la xénophobie d’Etat et le Front National. Or, depuis quelques années, on constate déjà les effets du durcissement, avec de plus en plus d’étrangers en situation régulière exclus des prestations. »

« S’agissant de la Couverture médicale universelle (CMU) et de l’aide médicale d’Etat (AME) accordée aux sans-papiers, la tradition de la France c’est de soigner quelle que soit la nationalité. Je ne souhaite pas qu’on remette en cause cette générosité française. »

– Antoine Math : « Il sait surtout très bien que c’est difficilement réalisable au regard des normes internationales. En 2005, la France a été condamnée par le comité des droits sociaux de la charte sociale du conseil de l’Europe pour avoir durci l’accès à l’AME concernant les enfants. »

« Est-il normal que quelqu’un qui vient à partir de 60 ans en France ait un minimum vieillesse plus grand que la veuve d’un agriculteur qui a cotisé toute sa vie et qui a une petite retraite ? Ce n’est pas normal »

– Antoine Math : « Mensonge absolu. Le minimum vieillesse est un revenu différencié calculé à partir des ressources. Son montant, aux alentours de 700 euros, est le même pour tous. Si, par exemple, cette veuve touche une petite retraite de 300 euros, elle recevra 400 euros au titre du minimum vieillesse. Personne ne pourra avoir plus ! Ce n’est pas en supprimant à plus d’étrangers le droit au minimum vieillesse qu’on améliore la situation des autres. Par ailleurs, si le président estime que le minimum vieillesse n’est pas suffisant, c’est peut-être à lui de l’augmenter. »

« Je veux une immigration pour que les étrangers viennent en France parce qu’ils aiment la France, qu’ils veulent construire une vie en France, et pas parce qu’en France il y a un système de protection sociale plus favorable que chez nos voisins »

– Antoine Math : « C’est un peu faux. Le RSA et le minimum vieillesse français sont parmi les dispositifs les moins généreux des pays en développement comparables de l’Union européenne. Les études menées auprès des migrants montrent qu’ils n’évoquent quasiment jamais les systèmes de prestations sociales des pays car ils les ignorent. Mais il est plus facile de stigmatiser les étrangers que de s’attaquer aux vraies problématiques. »

Pour rappel, la déclaration de Jacques Chirac sur « le bruit et l’odeur », en juin 1991 : http://www.ina.fr/video/CAB91027647/meeting-cresson-le-pen-video.html

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Droite ou gauche au pouvoir, des régularisations de « sans-papiers » inévitables

AFP, Amer Ouali, 01/03/2012

Droite ou gauche au pouvoir, les régularisations des immigrés clandestins ne se sont jamais taries depuis les Trente glorieuses et se poursuivront quel que soit le résultat de la présidentielle, selon des experts interrogés par l’AFP.

Même si le gouvernement met la lumière sur les expulsions, un chiffre plus en rapport avec sa politique de maîtrise des flux migratoires, il a régularisé des dizaines de milliers de personnes pendant le quinquennat de Nicolas Sarkozy, selon les associations qui parlent d’environ 30.000 par an.

« Plus il y a des politiques restrictives plus on aura besoin de recoller avec le droit et de rapprocher la politique avec la réalité », estime le sociologue Sylvain Laurens, soulignant qu’un Etat « ne peut pas accepter que 20% de ses immigrés soient des illégaux ».

Actes dérogatoires consistant à faire passer dans la légalité un étranger en infraction, les régularisations a posteriori étaient automatiques jusqu’à la circulaire du 29 juillet 1968 qui concernait des catégories limitées et était considérée comme le premier acte de « l’immigration choisie ».

Aujourd’hui, elles restent la grande inconnue des statistiques officielles, les autorités ne communiquant pas sur ce point.

Selon les associations, 31.000 sans-papiers ont été régularisés en 2009, 28.000 en 2010. Interrogée par l’AFP fin janvier sur ce chiffre d’environ 30.000 par an, une source gouvernementale s’était bornée à indiquer que c’était « un peu moins ».
« Au cas par cas »

Grâce aux « pratiques préfectorales répondant à des objectifs politiques, on peut gonfler ou dégonfler comme on veut » ce chiffre, affirme le président du Gisti (Groupe d’information et de soutien des immigrés), Stéphane Maugendre, qui a « le sentiment » mais « aucune preuve » qu’il y a « beaucoup de régularisations ». Mais « le gouvernement ne veut pas montrer qu’il régularise », estime M. Maugendre alors que le président Sarkozy est attaqué par le Front National sur ce sujet et qu’il dénonce un risque d »’appel d’air » par la voie de « régularisations massives » en cas de victoire de François Hollande.

Celui-ci prône en fait des régularisations « au cas par cas », sur des « critères précis », excluant des opérations exceptionnelles comme celles de 1981 (131.000 sur 149.000 dossiers) et de 1998 (90.000 sur 145.000).

« La première opération de régularisation par circulaire remonte au 29 juillet 1968 et a touché des catégories limitées de personnes », indique un rapport du Sénat de 1998, selon lequel « la normalisation du 13 juin 1973 a bénéficié à près de 40.000 personnes ».

A Pierrefitte et à Stains, le sauve-qui-peut des médecins

logo-liberation-311x113Alice Géraud

«Vous savez que ce département est en train de devenir un désert médical parce que des gens comme vous s’en prennent aux professionnels de santé ?» interroge sévèrement la magistrate de la 13e chambre du tribunal correctionnel de Bobigny (Seine-Saint-Denis). A la barre, le prévenu hausse mollement les épaules. Il a été condamné hier à trois ans de prison, dont deux ferme.

En août 2010, avec deux copains mineurs, ce jeune garçon habitant la cité des Poètes de Pierrefitte avait braqué deux kinés de sa ville dans leur cabinet. Ils pensaient qu’elles avaient de l’argent et une grosse voiture. L’une d’elle s’est retrouvée avec un pistolet entre les deux yeux. Elle a expliqué hier au tribunal qu’après cet épisode, son cabinet avait cessé pendant six mois d’assurer les permanences bronchiolites pour les bébés. Durant cette même période, à Pierrefitte, la gynécologue et la pédiatre se sont également fait agresser. Elles ont quitté la ville. Cette commune de 29 000 habitants, qui connaît le plus fort de taux de natalité de la Seine-Saint-Denis, n’a donc plus de pédiatre ni de gynéco.

«Hémorragie». «Ces affaires-là ne sont pas anodines, elles ont des conséquences pour toute une population qui se voit privée d’accès aux soins, alors qu’elle en a particulièrement besoin», explique Me Stéphane Maugendre, avocat de l’ordre des masseurs-kinésithérapeutes, partie civile dans le dossier de l’agression de Pierrefitte. Pour Claude Leicher, président du syndicat MG France (médecins généralistes), «la dégradation des conditions d’exercice, notamment la hausse de la délinquance contre les professionnels de santé, a des conséquences préoccupantes». «On est en train de laisser se créer des no man’s land de la santé, poursuit-il. En plus de la précarité économique, on laisse des populations exposées à une précarité des soins

A Pierrefitte et à Stains, la commune voisine, les professionnels de santé tentent depuis deux ans d’alerter les pouvoirs publics sur cette «hémorragie». Ils réclament sur leurs territoires des mesures incitatives comme dans les zones franches pour retenir et attirer les médecins. Et des outils pour assurer leur sécurité, notamment lors des visites à domicile. Ils ont obtenu des avancées, comme des référents sécurité dans les commissariats.«Le préfet est attentif, mais il faudrait une volonté politique et des moyens. Or, avec les politiques, on crie dans le désert», se désespère Joselyne Rousseau, présidente de l’association des professionnels de santé de Pierrefitte. Ce médecin généraliste de 55 ans exerce ici depuis trente ans. Elle en est à sa 18e agression, la plupart survenues ces dernières années. En 2009, elle aussi s’est retrouvée avec un pistolet sur la tempe. Après cet épisode, elle a envisagé pour la première fois de jeter l’éponge. Fermer ce cabinet médical qui n’en est plus un depuis longtemps. Trois médecins et une orthophoniste occupaient auparavant ce petit pavillon. Joselyne Rousseau exerce désormais toute seule, et le petit pavillon dont la porte était «toujours ouverte» est devenu un bunker un peu décati, avec visiophone à l’entrée et rideaux de fer aux fenêtres. Le dernier médecin du cabinet est parti en 2008. Il est allé s’installer sur la commune d’à côté, à Sarcelles qui, contrairement à Pierrefitte, dispose d’une zone franche urbaine. Les médecins libéraux y bénéficient d’une défiscalisation importante, ainsi que d’aides pour leurs vacations. Ce système mis en place en 1997 pour relancer l’économie dans les quartiers sensibles a, selon Joselyne Rousseau, «un incroyable effet pervers» sur les zones avoisinantes.

«Sentinelle». Josselyne Buruchian, kiné à Stains et présidente des professionnels dans sa commune, explique qu’il faut «s’accrocher pour rester». Dans la paisible ville du Val-d’Oise où elle habite, à 30 km de là, un kiné va partir. «Ce serait simple pour moi de m’installer. Fini les agressions et les journées à rallonge.» Elle a pourtant décidé de rester : «Si on part, personne ne viendra s’occuper de nos patients

En 2011, Pierrefitte et Stains ont ainsi perdu 10% de leurs professionnels de santé. Certains sont partis en zone franche, d’autres dans des endroits plus calmes ou tout simplement à la retraite, mais sans trouver de remplaçants. Joselyne Rousseau évoque le rôle de «sentinelle» des médecins dans ces zones de grande pauvreté. Elle rappelle que des maladies d’un autre temps viennent d’y faire leur réapparition, comme la tuberculose. Que les professionnels de santé y jouent aussi un rôle fondamental pour le maintien à domicile des personnes âgées ou le désengorgement des urgences.

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Deux ans ferme pour l’agresseur des kinés

logoParisien-292x75 01/03/2012

Le jeune homme avait menacé la praticienne et sa consœur en plein après-midi, en août 2010, dans un cabinet de Pierrefitte. Il avait été confondu par son ADN.

Sallou n’a pas attendu le résultat des délibérations des juges, profitant de la suspension d’audience pour s’éclipser du tribunal. Ce jeune homme de bientôt 20 ans avait quelques raisons de craindre la sanction : arrivé libre à son procès pour l’agression et le vol de deux femmes kinésithérapeutes, dans leur cabinet de Pierrefitte en août 2010, il risquait fort de quitter le tribunal de Bobigny en fourgon, direction la prison, pour y purger les deux ans ferme finalement prononcés contre lui hier après-midi.

 Le substitut du procureur en avait même requis quatre dont trois ferme, avec mandat de dépôt à l’audience. Désormais, c’est un mandat d’arrêt immédiat qui court sur le nom de ce grand jeune homme dont le repentir apparent n’a pas convaincu les juges. Pas plus que sa constance à affirmer qu’il ignorait l’activité de ses victimes, lorsqu’il a surgi, un pistolet à billes en main et réclamant « de l’argent », avec deux complices d’à peine 15 et 17 ans.


Sallou avait pu être confondu par l’empreinte ADN décelée sur un sweat-shirt, qu’il avait abandonné dans une ruelle de la cité des Poètes. C’est là que trois jeunes correspondant au signalement des agresseurs avaient été repérés peu après leur attaque au butin finalement dérisoire d’un ordinateur portable.

C’était le 20 août 2010, au cœur de l’après-midi, dans le cabinet de kinés associées d’une zone pavillonnaire de Pierrefitte. Sallou et ses copains y étaient entrés une première fois pour « des renseignements sur la prise de rendez-vous ». Aline Guillier et sa consœur étaient alors toutes deux occupées avec leurs patients. L’une avec une mère et son bébé de 2 mois, l’autre avec une femme fragilisée par une maladie grave.

Soudain, les trois jeunes étaient revenus, tout de noir vêtus et capuche jusqu’au nez. La scène avait duré une poignée de secondes, qui ont paru une éternité. Aline Guillier y est revenue avec une émotion palpable, la voix tremblante, hier à la barre du tribunal. « Il m’a pointé son pistolet sur la tempe, se souvient-elle en s’efforçant de regarder Sallou, assis à moins de deux mètres. Il réclamait de l’argent et les clés d’une Mercedes garée devant le cabinet! J’ai expliqué qu’on n’avait pas d’argent ici, que c’était un cabinet médical, et que cette voiture n’était pas à nous. Et, soudain, ils sont partis. Quant à savoir si son arme était un jouet ou un vrai pistolet… » La jeune femme reste persuadée que ses agresseurs « ont bien vu qu’il y avait des femmes, des enfants qui attendaient. Ils ne pouvaient ignorer qu’ils étaient dans un endroit de soins ».

C’est pour cette raison que le Conseil départemental de l’ordre des masseurs-kinésithérapeutes a décidé de se porter partie civile, soutenu par Me Maugendre  (avocat). Le tribunal a jugé recevable cette demande, confirmant le caractère délibéré de l’agression du cabinet, précisément en raison de son activité et de la vulnérabilité des praticiens. Les agressions de médecins et de professionnels de santé s’étaient d’ailleurs multipliées, en 2009 et 2010, notamment à Pierrefitte, et les praticiens avaient plusieurs fois manifesté leur désespoir et leur colère.

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