Archives de catégorie : Avocat

Un bénévole de la Croix-Rouge poursuivi pour avoir aidé une sans-papiers au Havre

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Un bénévole de la Croix-Rouge poursuivi pour avoir aidé une sans-papiers au Havre
AFP/Thomas Coex

Soupçonné d’avoir établi une fausse attestation d’hébergement pour une Congolaise sans-papier, un retraité du Havre se voit convoqué par le tribunal correctionnel ce mardi alors même que  le délit de solidarité a été abrogé.

Soupçonné d’avoir établi une fausse attestation d’hébergement pour une Congolaise sans-papier, un retraité du Havre se voit convoqué par le tribunal correctionnel ce mardi, selon une information de France Info parue ce mardi. Les militants, dont on avait beaucoup parlé en 2009 avec le film Welcome, sont pourtant censés ne plus être hors la loi depuis que le délit de solidarité a été abrogé en décembre 2012.

Pourtant, cet ancien bénévole de la Croix-Rouge du Havre doit se présenter devant le tribunal correctionnel ce mardi. Il est accusé de « faux et usage de faux parce que la dame n’habite pas » chez lui.

Jusqu’à un an de prison et 15 000 € d’amende

Sa convocation a été envoyée au début de l’été, alors que l’histoire remonte à plus d’un an. Léopold Jacquens reçoit alors une femme congolaise sans-papier dans un local de la Croix-Rouge où il est bénévole. La femme ne connaissant personne, le retraité lui « donne son adresse ». Un prérequis pour débuter toute demande de domiciliation auprès de la sous-préfecture. Quelques mois plus tard, la police débarque chez lui pour le convoquer au commissariat et lui signifier qu’il doit payer une amende.

L’ancien bénévole a beau justifier son acte en arguant qu’il a juste fait un certificat pour donner une « adresse postale », le procureur estime que l’hébergement doit être « réel ». Léopold Jacquens risque jusqu’à un an de prison et 15 000 euros d’amende.

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Immigration familiale : un parcours semé d’embûches

Terraeco.net, Alexandra Bogaert, 23/08/2013,

Manuel Valls a dit vouloir remettre en cause le regroupement familial. Pourtant, il concerne peu de monde et la procédure est de plus en plus longue et compliquée.

(Crédit photo : rachel_pics - flickr)
(Crédit photo : rachel_pics – flickr)

« La question du regroupement familial pourra être posée. » Le ministre de l’Intérieur Manuel Valls a à nouveau lancé le débat sur les droits accordés aux familles étrangères en matière d’immigration, laissant penser que la législation est trop permissive. Pourtant, il est de plus en plus difficile pour un conjoint de Français de venir vivre en France. Pour un étranger installé dans l’Hexagone, faire venir sa famille relève également du parcours du combattant. Explications romancées.

Prenons l’exemple d’Igor

Plutôt que de vous marier avec un gars/une fille du village, ou un ressortissant de l’Union européenne, vous vous êtes entiché(e) d’un(e) bel(le) étranger(e) malien(ne), chinois(e), égyptien(ne), etc. Pour les besoins de cet article, nous l’imaginons – de manière arbitraire – de nationalité russe, et s’appelant Igor. Donc vous voilà unie à Igor depuis dix-huit mois. Le contrat de mariage a été signé à Irkoutsk et vous avez vécu assez longtemps dans les steppes pour avoir envie de rentrer au bercail avec votre bien-aimé. Mais pour qu’il puisse avoir une place dans la valise, il faut au préalable que la France accepte de l’accueillir.

De 1984 à 2006, la vie était assez simple pour les couples mixtes : le conjoint étranger d’un ressortissant français bénéficiait d’un accès inconditionnel et immédiat à la carte de résident, valable dix ans. Mais Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, a changé la donne. Désormais, un étranger marié à un Français ne peut bénéficier d’une carte de résident qu’après avoir vécu trois ans avec une carte de séjour « vie privée et familiale », à renouveler annuellement, et à condition de prouver qu’il a fait des efforts pour s’intégrer (apprentissage de la langue, respect des valeurs de la République).

La carte de résident, la croix et la bannière

Pour obtenir cette carte de séjour, il faut franchir un parcours semé d’embûches. Première difficulté : puisque vous ne vous êtes pas marié en France, il vous faut obtenir la transcription du mariage dans l’état civil français auprès du tribunal de Nantes. « C’est la croix et la bannière, ça dure des mois », explique Stéphane Maugendre, président du Gisti, Groupe d’information et de soutien aux immigré-e-s. Surtout quand il faut vérifier que les extraits d’état civil présentés ont bien été délivrés par les autorités étrangères (le Sénat a, dans un rapport d’information, fait état de nombreux faux en circulation). Ensuite seulement, Igor peut demander un visa de long séjour, valable un an, auprès de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii). S’il vous a déjà rejointe dans l’attente de l’issue de la procédure, il doit prouver à l’Ofii qu’il est entré de manière régulière sur le territoire français. S’il ne le peut pas, retour en Russie pour formuler sa demande. Une fois cette étape franchie, votre couple devra apporter la preuve d’une vie commune, voire se soumettre à des enquêtes.

Un mariage avec un étranger, c’est forcément suspect

Car l’administration entoure les mariages mixtes de suspicion. « Du moins ceux contractés avec des ressortissants de pays exerçant une pression migratoire importante. L’administration est moins regardante quand il s’agit d’un citoyen d’un pays du Nord », nuance Stéphane Maugendre. Cette traque aux mariages blancs, voire gris (c’est-à-dire une union où l’époux étranger trompe le français afin de bénéficier des avantages que procure le mariage) entraîne « une véritable intrusion dans la vie privée de la part de l’administration », déplore le président du Gisti.

Mais dévoiler une part de votre intimité ne suffit pas. Depuis 2007 et la loi Hortefeux, un visa de long séjour n’est délivré qu’à l’issue d’un test d’évaluation de la connaissance du français et des valeurs de la République, souvent effectué dans le pays d’origine. Si le niveau d’Igor est insuffisant, il doit suivre une formation gratuite mais obligatoire. Sinon, c’est niet pour le visa.

Un contrat à sens unique

Une fois cette première évaluation passée, il lui faut signer avec l’Ofii un Contrat d’accueil et d’intégration. Ce CAI vise à instaurer entre la France et lui « une relation de confiance et d’obligation réciproque ». En fait, ce sera surtout à Igor de faire des efforts, comme perfectionner son français et, ce qui est mis en avant, respecter la laïcité. Ces éléments seront vérifiés lors du renouvellement de la carte de séjour.

Igor a signé son CAI, mais il ne reçoit, comme cela arrive parfois, son visa de long séjour valable un an que neuf mois après son entrée en validité. Il faut donc déjà effectuer les démarches pour obtenir la carte de séjour. Petite consolation : la carte de séjour d’un an coûte 106 euros quand le visa initial en a coûté 241.

Votre couple a un peu vacillé pendant ces longs mois d’épreuves (en moyenne huit mois et seize jours selon une évaluation précise du blog Combats pour les droits de l’homme) mais a eu raison de s’accrocher à ce fait : l’administration n’a pas le droit de refuser à Igor le droit de venir s’installer en France à vos côtés, sauf si sa présence constitue une menace pour l’ordre public. En 2012, 51 556 étrangers ont ainsi bénéficié d’un titre de séjour pour un mariage avec une personne française, ou parce qu’ils sont parents d’un enfant français.

Des regroupements familiaux refusés pour des bricoles

C’est bien plus que le regroupement familial, procédure réservée aux étrangers hors UE résidant en France de façon régulière depuis au moins dix-huit mois et satisfaisant des conditions de revenus (au moins le Smic) et de logement suffisantes pour pouvoir accueillir leur famille. Seuls 16 576 titres de séjour ont été distribués en 2012 au titre du regroupement familial, sur un total de 191 452 titres de séjour octroyés.

Et pour cause : le président du Gisti explique avoir « déjà eu un dossier où un regroupement familial a été refusé parce que les toilettes n’étaient pas aérées, un autre parce qu’il manquait 30 euros au seuil des revenus ou parce que deux enfants de sexe et d’âge différents allaient devoir dormir dans la même chambre. Et quand l’on dépose un recours, ça prend encore deux ou trois ans ! »

Ainsi, à l’instar des conjoints de Français, les proches d’un étranger résidant en France doivent s’armer de patience. Depuis 2003, ils n’ont plus d’accès de plein droit à la carte de résident. Ils doivent en passer eux aussi par un visa de long séjour valant titre de séjour. Ensuite, ils devront obtenir une carte « vie privée et familiale » qui, après trois ans de renouvellement onéreux, pourra déboucher sur une carte de résident – si et seulement si le père ou la mère qui a été rejoint en possède une lui-même. Là encore, la délivrance du visa de long séjour est subordonnée à l’évaluation, en amont et dans le pays d’origine, de la connaissance du français et des valeurs républicaines. A laquelle s’ajoute une visite médicale.

A leur arrivée en France, les adultes doivent s’engager à suivre une formation civique, débouchant sur la signature avec l’Ofii d’un Contrat d’accueil et d’intégration familiale, dans lequel sont rappelées quelques règles : en France, on ne bat ni sa femme ni ses enfants, on laisse ces derniers aller à l’école. « Ça rappelle “le bruit et l’odeur de Jacques Chirac”. Résultat, quand on parle de regroupement familial, les gens pensent allocations, aides au logement, chômage, RSA », regrette Stéphane Maugendre.

L’esprit de la loi a bien changé

Les lois successives signées notamment Sarkozy et Hortefeux (en 2003, 2006 et 2007) ont détricoté la loi de 1984 qui, en accordant automatiquement une carte de résident de dix ans dans le cadre du regroupement familial, favorisait l’intégration par la stabilité du séjour. Elles en ont même inversé la philosophie : désormais, l’intégration est testée en amont, et même en priorité pour ceux qui, ayant des attaches familiales en France, ont le droit de s’y établir. Et il faut maintenant prouver qu’on est intégré pour obtenir un droit au séjour stable.

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Immigration : faut-il ouvrir le débat ?

la provence 22/08/2013

La petite phrase de trop dans un été passé sur le devant de la scène médiatique ? À l’occasion du séminaire gouvernemental consacré, lundi, à la France en 2025, Manuel Valls a rouvert le dossier de l’immigration. Le ministre de l’Intérieur estime que les politiques migratoires devront être questionnées et notamment celle du regroupement familial.

Au-delà des réactions politiques, les associations de défense des droits des étrangers s’étonnent de voir cette question revenir sur le tapis. « Valls fonctionne comme Sarkozy, observe Stéphane Maugendre, président du Groupe d’information et de soutien des immigrés (Gisti). Il lance une idée sans rien en dire de concret, c’est un test car tout le monde suppute. « 

Les juristes s’étonnent d’autant plus que le regroupement familial est « un principe général du droit français conforté par l’article 8 de la Convention européenne des droits de l’Homme sur le droit à une vie privée et familiale », observe Anaïs Leonhardt, avocate membre de la commission Droit des étrangers du barreau de Marseille. Si le principe ne peut pas être remis en cause, la loi peut en rendre l’application plus difficile. Depuis le milieu des années 1970, décrets et circulaires ont durci les critères du regroupement familial.

Une procédure lourde

L’étranger souhaitant faire venir sa famille doit résider depuis dix-huit mois de manière légale en France, disposer de ressources – hors aides sociales – équivalentes au SMIC pour un foyer de deux ou trois personnes et même plus selon le nombre d’enfants. L’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII) qui instruit les demandes – la procédure dure au moins douze mois – passe au crible l’appartement. Il faut une superficie de 24 m2 pour un couple, plus 10 m2 par enfant. Et l’administration est intransigeante ; on l’a vu refuser le titre de séjour pour une aération manquante dans l’appartement par exemple.

Le tribunal administratif de Marseille a récemment annulé une décision de refus de regroupement familial déposé par un retraité souhaitant faire venir son épouse au motif qu’il lui manquait… 30 € de revenus mensuels.

Le faible nombre de titres de séjour délivrés, en France, au titre du regroupement familial, atteste de la lourdeur de la procédure. « Mais, observe Stéphane Maugendre, c’est la tarte à la crème parce que ça tape à l’imaginaire collectif : qui dit regroupement familial dit immigration subie, dit que des familles étrangères vont toucher des allocations familiales, etc., etc. ».

Les associations estiment que plus les conditions du regroupement familial sont durcies, plus cela pousse les familles à recourir à la clandestinité. Tous s’étonnent qu’un ministre de gauche vienne remettre en cause un droit accordé par un président de la République de droite. C’est en visitant des bidonvilles à Marseille et  La Ciotat qu’au milieu des années 1970, Valéry Giscard d’Estaing avait invité le rapprochement familial pour lutter contre l’extrême isolement des travailleurs immigrés.

Dans la région, un habitant sur dix est un immigré

En Provence-Alpes-Côte d’Azur, un habitant sur dix est un immigré. C’est-à-dire une personne « née étrangère dans un pays étrangerJ’. Une définition donnée par l’Insee, qui ne signifie pas pour autant qu’un immigré restera « étranger » toute sa vie. Il pourra en effet acquérir la nationalité française. Cependant, même devenu Français, il restera un immigré.

Selon l’Insee Paca qui, en octobre 2012, a présenté une étude sur le sujet, elles sont 482 800 personnes immigrées à vivre sur notre territoire. Soit 9,9% de la population. C’est davantage que la moyenne de la France métropolitaine (8,5%), mais c’est bien moins qu’lie de France (17,6%) et un peu moins que la région Alsace (10,4%). 42% de cette population immigrée est originaire du Maghreb (Algérie, Maroc, Tunisie). Alors que 39% sont natifs du continent européen. Dans ce dernier ensemble, seuls 4% ne sont pas des ressortissants des 27 pays de l’Union européenne. La communauté la plus nombreuse est celle des Algériens, avec 84 000 ressortissants, soit 18 % de la population immigrée de Paca. La seconde est celle des Marocains (66 400 personnes). Enfin, issus de vagues plus anciennes, la communauté italienne (59 300 personnes, 12% de la population régionale).

48% ont un diplôme égal ou supérieur au bac

Conséquence du temps de présence requis sur le territoire (18 ans, 12 ans pour un Algérien), des choix et des mécanismes d’intégration ont joué au fil du temps : 45% de cette population, soit 4 points de plus que la moyenne nationale, a acquis la nationalité française. In fine, sur les 482 000 immigrés recensés par l’Insee, 216 000 sont devenus des ressortissants Français.

Comment évolue l’immigration régionale ? L’Insee estime dans son étude que depuis 1975, la population immigrée progresse moins vite en Paca qu’au niveau national.

Mais en fait, deux périodes sont distinguées. Jusqu’en 1999, elle a diminué. Après, la progression a repris à un rythme annuel un peu plus élevé que celui national. C’est durant cette dernière période que sont arrivés 30% des immigrés qui habitent actuellement ici.

L’Insee indique que ces « nouveaux immigrés » sont pour 35% originaires de l’Europe et pour 38% du Maghreb. 48% de ces arrivants ont moins de 30 ans et contrairement à une idée reçue, 48% ont un diplôme égal ou supérieur au bac. Mais 35% d’entre eux sont aussi sans diplôme, un taux très supérieur à celui de la population régionale (19%).

Faut-il alors être sélectif ? « Parler d’immigration sans être positif, en étant frileux, est une erreur. Je pense en revanche qu’il faut être ouvert aux autres, mais en étant réaliste », répond le professeur Jean-Louis Reiffers, auteur de plusieurs analyses sur l’économie de la Méditerranée.

Pour 3 m2, Sébastien ne peut pas vivre en famille

Sébastien, un Camerounais âgé de 38 ans, s’est vu refuser son regroupement familial par la préfecture des Bouches-du-Rhône. Il souhaite tout naturellement vivre avec son épouse et ses deux filles âgées de 13 et 17 ans. Employé du bâtiment à Marseille, il a d’abord travaillé en intérim durant de longues années donnant tellement satisfaction à l’entreprise où il était affecté que le patron l’a embauché en CDI. Sa carte de résident – valable dix ans – en poche, il a déposé, en 2011, sa demande de regroupement familial.

Son dossier financier est bon, tous ses bulletins de salaire y sont. Ses ressources sont suffisantes à faire vivre sa famille . Mais au bout du compte, sa demande a été rejetée au terme de l’enquête de l’Office français de l’immigration et de l’intégration. Motif : il manque 3 mètres carrés à son logement. Le sien, dans un immeuble de qualité, répondant à toutes les normes de salubrité et d’habitabilité, mesure 41 m2 quand les textes lui en réclament 44 m2. Et, cerise sur le gâteau, une aération fait défaut dans sa cuisine. « On exige toujours plus des étrangers que des nationaux », observe son avocate Me Betty Khadir-Cherbonel qui a saisi le tribunal administratif. Selon elle, c’est « un moyen déguisé de faire obstacle » à l’introduction de la famille de Sébastien à Marseille. Mais quoi qu’il en soit, l’administration semble avoir gagné. En cas d’annulation par les juges du refus préfectoral, il faudra refaire une demande. D’ici là, la fille aînée de Sébastien aura eu 18 ans, or le regroupement familial ne concerne que les enfants mineurs.

Les liens de Sébastien avec son épouse et ses deux filles se résument depuis des années à Skype et à un voyage par an au Cameroun. « Mais à quel titre, questionne l’avocate, impose-t-on à ce salarié exemplaire un tel isolement, la solitude, l’impossibilité de voir ses enfants grandir ? Cet éloignement fracture les liens familiaux. Et à quel titre prive-t-on deux enfants de leur père ? »

L’absence de famille et la vie passée entre deux pays sont sources de dérive, parfois de maladie. C’est le cas des Chibanis, ces vieux travailleurs qui ont passé quarante ans en France et qui, à l’heure de la retraite, y demeurent. Au motif principal – c’est le cas des Algériens – que le versement de la retraite à l’étranger entraîne la réduction de son montant. « Leurs liens se sont distendus avec des enfants qui ne connaissent pas leur père. Eux n’arrivent pas à vivre là-bas, détaille Me Khadir-Cherbonel. C’est une mort lente ».

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Muerte en el Mediterráneo

proceso Anne Marie Mergier, 21/07/2013

La lancha que quedó varada en la costa de Libia

Tras dos semanas a la deriva, una lancha inflable con 72 pasajeros que buscaban llegar a Italia terminó varada en la costa de Libia, de donde partió inicialmente. En ese lapso no recibieron ninguna ayuda a pesar de que los vieron buques de guerra, pesqueros e incluso helicópteros. La apatía cobró 63 vidas y sólo hubo nueve sobrevivientes. Aunque este hecho ocurrió en 2011, en junio pasado un grupo de 15 ONG conocido como Nuestra Coalición acompañó a cuatro sobrevivientes para interponer demandas en Francia, España, Italia y Bélgica contra quienes resulten responsables por el criminal abandono de personas.

PARÍS (Proceso).- “Tengo pesadillas. Por la noche me atormentan las imágenes de la tragedia y no puedo dormir. Ver cómo mueren una tras otra 63 personas no se olvida fácilmente”, confía Abu Kurke.

El joven etíope de 25 años se esfuerza por expresarse en inglés pero involuntariamente vuelve con frecuencia al oromo, su idioma nativo.

Delgado, de rasgos finos y mirada insondable, Kurke es uno de los nueve sobrevivientes de la “lancha-ataúd” que salió de Libia el 26 de marzo de 2011 con 72 personas a bordo para tratar de alcanzar la isla italiana de Lampedusa. La balsa inflable estuvo dos semanas a la deriva en el Mediterráneo y acabó varada de regreso en la costa libia el 10 de abril.

Durante su periplo la embarcación se cruzó con dos pesqueros y un buque militar. Los migrantes desesperados pidieron auxilio a los pescadores y a los marinos. En vano. Tampoco los socorrió un helicóptero militar que tuvo contacto directo con ellos.

El servicio de guardacostas de Italia emitió llamadas de socorro a la OTAN y a las naves militares y comerciales presentes en el Mediterráneo, indicando la localización de la balsa. Estas llamadas se repitieron cada cuatro horas durante 10 días. No tuvieron el mínimo eco.

A mediados de marzo de 2011 el operativo Unified Protector desplegado por la OTAN en la costa libia convirtió el Mediterráneo en el espacio marítimo más vigilado del mundo. Aviones de guerra, aeronaves de patrulla y helicópteros vigilaban el espacio aéreo y el mar era recorrido por decenas de naves de combate y varios portaaviones, entre ellos el Charles de Gaulle (nave insignia de la marina francesa) dotado de sofisticados sistemas de vigilancia y comunicación.

Kurke sabe que la tragedia que sufrió y que le costó la vida a sus compañeros es sólo una entre miles. Pero está consciente de que el hecho excepcional de haber sobrevivido lo convierte en un testigo de mucha importancia. El joven etíope asume esa responsabilidad: Tiene el valor de denunciar públicamente la atrocidad de estas vidas perdidas ante la indiferencia general y de exigir justicia.

El pasado 18 de junio, junto con tres compañeros de infortunio también etíopes –Elias Mohamad Kadi, Mohamad Ibrahim y Kebede Asfaw Dadhi– y 15 organizaciones no gubernamentales de Francia, Italia, Bélgica, España, Gran Bretaña, Canadá y Estados Unidos –reunidas con el nombre de Nuestra Coalición y coordinadas por la Federación Internacional de Derechos Humanos (FIDH)–, Kurke presentó una demanda “contra gente desconocida” ante el Tribunal de Primera Instancia de París por “no asistencia a persona en peligro”.

Ese mismo día sus abogados españoles, también miembros de Nuestra Coalición, presentaron una denuncia similar ante la Audiencia Nacional en Madrid.

Una tercera demanda por el mismo motivo acaba de ser interpuesta en Italia y una cuarta pronto lo será en Bélgica. En Gran Bretaña, Canadá y Estados Unidos, donde no se pueden llevar ese tipo de querellas judiciales, las ONG exigen de sus gobiernos que investiguen por qué sus fuerzas militares desplegadas en el Mediterráneo en los días de la tragedia no rescataron a los migrantes, pese a haber sido debidamente avisadas de su desesperada situación.

Una acción conjunta internacional de tal envergadura es excepcional.

Según explica Patrick Baudouin, presidente de la FIDH, el caso de Kurke y de los sobrevivientes de la lancha-ataúd tiene una importancia capital por sí mismo y porque permite enfrentar pública y judicialmente a los Estados occidentales con sus ineludibles obligaciones humanitarias.

“Escasos son los testimonios de las víctimas de los naufragios que ocurren a menudo en el Mediterráneo”, dice Baudouin. “El de Kurke y sus compañeros nos permitió llevar una investigación exhaustiva sobre lo que pasó entre el 26 de abril y el 10 de marzo de 2011. Llegamos a la conclusión de que se hubiera podido salvar la vida de los 63 pasajeros de la lancha. Ese crimen no debe quedar impune. Los responsables deben ser identificados y juzgados. Tal es el objetivo de nuestras demandas en Francia y otros países europeos”.

La odisea de Kurke empezó en su provincia natal de Oromia, que se extiende del centro al oeste y del centro al sur de Etiopía. Acababa de salir de la adolescencia cuando incursionó en la militancia política. Detenido en 2006 pasó seis meses en la cárcel; huyó de su país en 2007 y se refugió en Sudán, donde vivió dos años. A finales de 2009 se lanzó a la peligrosa travesía del desierto para alcanzar Libia, donde la guerra civil lo sorprendió a principios de 2011.

Más de 750 mil extranjeros vivían en Libia cuando empezó a tambalearse el régimen de Muamar Gadafi. Los occidentales fueron rapatriados por sus gobiernos mientras los africanos tuvieron que atenerse a sus propios medios para regresar a sus países. Los que habían escapado de su patria por razones políticas intentaron llegar a Túnez por tierra o a Europa, por mar. Kurke optó por la segunda vía.

Según cuenta, pasó varios días a orillas del mar, cerca de Trípoli, intentando abordar una lancha. Los coyotes pedían sumas exorbitantes mientras los soldados libios trataban de impedir que la gente huyera.

Pero súbitamente los militares cambiaron de actitud y obligaron a los africanos a abordar embarcaciones precarias. Obedecían órdenes de Gadafi, quien amenazaba a los paises europeos con una ‘invasión de migrantes” en caso de que intervinieran en Libia.

Así, la noche del 26 de marzo Kurke abordó una balsa inflable Zodiac de escasos siete metros de eslora junto con otras 71 personas Los adultos, de entre 20 y 25 años, eran oriundos de Etiopía, Nigeria, Eritrea, Ghana y Sudán.

Con el afán de llenar al máximo la balsa, los coyotes impidieron que los pasajeros llevaran agua y comida. “Nombraron” capitán a un pasajero de Ghana a quien le dieron un teléfono satelital y una brújula.

“Empezamos a navegar y no tardé en entender que había demasiada gente en la lancha. Sentí que corríamos peligro. Me quise echar al mar para regresar a la costa nadando, pero los demás pasajeros me dijeron que los soldados libios me iban a matar. Me quedé”, narra Kurke.

La travesía hacia Lampedusa debía durar 18 horas. El mar estaba agitado pero la balsa avanzaba. Pasaron más de 18 horas sin que se vislumbrara costa alguna. Un avión de patrulla voló sobre la embarcación. Meses después de los hechos se supo que era francés, que su tripulación tomó fotos de la balsa y señaló su presencia a los guardacostas italianos.

Al paso de las horas el mar se encrespó y a la balsa se le empezó a terminar el combustible. Empezó a cundir el pánico. El “capitán” llamó al sacerdote Mussie Zeria, eritreo radicado en Roma quien encabeza la organización Habeshia, conocida por su apoyo a los migrantes perdidos en el Mediterráneo.

El religioso alertó al Centro Romano de Coordinación de Rescate Marítimo el 27 de marzo a las 18:28 horas. Los guardacostas italianos lograron determinar la posición de la balsa pero no pudieron comunicarse con los migrantes porque el teléfono satelital se quedó sin batería.

El “capitán” paró el motor para ahorrar gasolina y la balsa empezó a derivar. Varias horas después de la llamada a Zerai apareció un helicóptero militar con dos personas a bordo.

“Les hicimos señas. Les enseñamos a los bebés. Les dimos a entender que nuestra situación era grave. Tomaron fotos… y se fueron. Al rato volvió. Con una cuerda nos bajaron galletas y botellas de agua. También nos hicieron señas. Entendimos que nos pedían no cambiar de posición, porque iban a volver. Y otra vez el helicóptero se fue”, recuerda Kurke.

Los balseros se alegraron. Creyeron que se acercaba su rescate. El “capitán” tiró la brújula y el teléfono al mar por temor a ser acusado de tráfico de migrantes.

“Empezamos a rezar y a esperar”, dice escuetamente Kurke.

Después de varias horas se desató una violenta pelea entre el capitán y los pasajeros. El primero quería seguir esperando, pero los migrantes, que ya habían perdido toda esperanza de rescate, querían volver a Libia. Ganaron los segundos. La balsa retomó su ruta. Kurke asegura que en ese momento el viaje se convirtió en pesadilla.

Se desató una tempestad. Las olas sacudían la balsa y la llenaban de agua. Los vientos arrojaron al mar a varios pasajeros, que se ahogaron. Otros fueron muriendo de inanición o deshidratación. Algunos alucinaban. Finalmente la balsa se quedó sin combustible y los ataques de pánico se multiplicaron.

Durante una breve calma la lancha se cruzó con dos barcos pesqueros, uno italiano y otro tunecino. El primero se alejó a toda velocidad, pese a las súplicas de los migrantes. Los pescadores tunecinos se limitaron a decirles que la balsa navegaba en dirección opuesta a Lampedusa y huyeron cuando el “capitán” de la balsa les pidió gasolina.

Después empezó el auténtico horror.

“Cada día morían más personas. Me di cuenta de que la gente que tomaba agua de mar moría más rápido que quienes aguantaban la sed. Guardé una de las botellas que nos había lanzado el helicóptero. La llené con mi orina, que bebía cuando se me secaba demasiado la boca. Para comer sólo tenía pasta de dientes”, confía Kurke.

Agrega: “Al principio nos quedamos con los cadáveres a bordo de la balsa porque nadie se atrevía a tirarlos al mar. Cuando nos cruzamos con los barcos pesqueros les enseñamos los cuerpos para que entendieran. Después de una semana el olor se tornó insoportable y empezamos a tirar a los muertos por la borda. A veces las olas se metían a la balsa y se los llevaban”.

Ya tenían unos 10 días a la deriva cuando se cruzaron con un portaaviones cuya nacionalidad no pudieron identificar. La balsa se acercó y los migrantes vieron cómo hombres vestidos de civil y otros uniformados los observaban con binoculares y les tomaban fotos con sus celulares.

Les enseñaron los cadáveres de los bebés, los cuerpos de las mujeres enfermas, los tanques de gasolina vacíos, las botellas de agua vacías. En vano. Unos migrantes se echaron al mar para jalar la balsa y acercarla al portaaviones. En balde. La nave se alejó sin ayudarlos.

La lancha dejada a la merced de las corrientes y de los vientos siguió derivando. El 10 de abril, con sólo 11 personas a bordo acabó varada cerca de Zitla, ciudad costera libia 60 kilómetros al oeste de Misrata. Una mujer murió al pisar tierra firme; los demás quedaron inconscientes.

Las autoridades libias los encontraron y los encarcelaron. No les dieron atención médica. Un migrante falleció en la cárcel. Los nueve sobrevivientes –dos mujeres y siete hombres– traumados, heridos y hambrientos fueron trasladados de prisión en prisión. Gracias a “una ayuda exterior”, no se precisa de quién, lograron “negociar” su liberación y fueron atendidos por la iglesia católica de Trípoli. Algunos llegaron a Túnez, donde siguen viviendo en campos de refugiados.

Kurke no tuvo esa suerte. Otra vez los soldados libios lo obligaron a subirse a una lancha que salía para Lampedusa.

Confiesa: “Encontrarme de nuevo en esa situación después de todo lo vivido fue como haber sido condenado a muerte. Me escondí en el fondo del bote. No quería ver el mar. Estaba seguro de que iba a morir”.

Pero esta vez el joven etíope llegó sano y salvo a Italia. No le fue fácil alcanzar Holanda, donde pudo al fin reunirse con su esposa. Ambos fueron acogidos en un centro de refugiados de la cuidad de Baexem. Pidieron asilo en los Países Bajos y Kurke empezó una terapia. Pero sus sueños de vida estable se derrumbaron el 29 de marzo de 2012, cuando él y su esposa fueron detenidos por la policía migratoria holandesa. La pareja fue trasladada a un centro de retención y amenazada de expulsión; aún eran indocumentados.

Marq Wijngaarden, su abogado holandés, apeló ante la Corte Suprema, se movilizaron organizaciones de defensa de los derechos humanos, estalló el escándalo y finalmente las autoridades holandesas regularizaron la situación migratoria de Kurke y su esposa.

El mismo 29 de marzo de 2012, cuando la pareja era detenida en Baexem, la Asamblea Parlamentaria del Consejo de Europa presentó un informe detallado del caso de la lancha-ataúd en la que murieron los 63 compañeros de Kurke y pidió que los Estados miembros de la Unión Europea dieran pruebas de humanidad para con los sobrevivientes de esa tragedia otorgándoles asilo.

Firmado por Tineke Strick, diputada socialista holandesa, el informe de 26 páginas Vidas perdidas en el Mar Mediterráneo: ¿Quién es responsable? es el resultado de una investigación de 11 meses. Sus conclusiones son demoledoras.

Enfatiza Tineke Strik: “Ese drama pone en evidencia una serie de disfunciones: las autoridades libias no asumieron la responsabilidad de su zona SAR (búsqueda y rescate, por sus siglas en inglés); los centros de coordinación de salvamento marítimo italiano y maltés no asumieron la responsabilidad de lanzar una operación de búsqueda y rescate, y la OTAN no reaccionó al recibir las llamadas de socorro pese a que buques militares bajo su mando estaban cerca de la lancha cuando se emitieron esas llamadas”.

Y precisa: “El navío de guerra español Méndez Núñez estaba aparentemente a una distancia de 11 millas de la balsa, pero Madrid niega el hecho. Los países cuyos buques enarbolaban su bandera en los alrededores del bote faltaron también a la obligación de salvar a estas personas. Lo mismo que dos barcos pesqueros que rehusaron responder a sus pedidos de auxilio”.

Strik denuncia además graves “lagunas jurídicas marítimas” que sirvieron de “pretexto” para no socorrer a los migrantes; fustiga a los Estados europeos por ejercer represalias judiciales contra los barcos comerciales que rescatan a migrantes, acusando a sus tripulaciones de tráfico de seres humanos; también culpa a la OTAN y a los Estados implicados militarmente en Libia por no haber anticipado el éxodo de refugiados que desencadenó su intervención.

La Asamblea Parlamentaria del Consejo de Europa no suelta el caso. Su prioridad es identificar el helicóptero y el portaaviones que se negaron a salvar a los pasajeros de la lancha- ataúd. Strik exigió datos precisos al respecto a la OTAN y a los Estados implicados en el operativo Unified Protector. Hasta ahora se ha topado con un muro de silencio y mala fe.

Lo mismo pasó con Stéphane Maugendre, abogado francés de los cuatro sobrevivientes etíopes, quien hace un año –en abril de 2012– interpuso una primera demanda por no asistencia a persona en peligro ante el procurador de la República del Tribunal Superior de París.

“El procurador transmitió nuestra denuncia al Ministerio de Defensa de Francia. La respuesta de los militares fue tajante: no encontraron motivo alguno para ser incriminados.

“Según ellos, las fuerzas aéreas y navales francesas que operaban en el Mediterráneo no incursionaron bajo el paralelo 35, donde derivó la balsa. Afirmaron, además, no sentirse responsables ya que a partir del 31 de marzo de 2011 estuvieron bajo el mando de la OTAN y del operativo Unified Protector. La Fiscalía se dio por satisfecha con esa respuesta y archivó nuestra demanda”, confía Maugendre a la corresponsal. Se nota indignado.

“La amplia investigación que Nuestra Coalición hizo en los últimos meses demuestra la mala fe del Ministerio de Defensa francés. Juntamos elementos de prueba contundentes que nos permiten presentar ahora una nueva denuncia, pero esta vez como coadyuvantes civiles, lo que obliga a la apertura de una instrucción judicial. Hubo clara violación de la obligación de prestar socorro a los pasajeros de esa lancha. Ese crimen no puede quedar impune.”

Gonzalo Boye, abogado español de Kurke y de los otros tres etíopes, va más lejos. Habla de “crimen de guerra”.

Dice a la corresponsal: “La Convención de Ginebra y el propio Código Penal español establecen como delito el hecho de no prestar socorro o no dar el trato debido a personas que tienen que ser especialmente protegidas en caso de conflicto armado. Los militares españoles se fueron a Libia en misión de paz en un conflicto armado. Tenían que respetar los principios que rigen en caso de guerra. Al no hacerlo perpetraron un crimen de guerra; es lo que estipulan los protocolos adicionales de la Convención de Ginebra. Hasta donde sabemos el buque Méndez Núñez, que navegaba muy cerca de la desafortunada lancha, no auxilió a sus pasajeros”.

El pasado 18 de junio Boye presentó ante la Audiencia Nacional la demanda por no asistencia a persona en peligro, contra el capitán del Méndez Núñez y contra quien resulte responsable.

“Por increíble que parezca, hasta la fecha no hemos logrado conocer la identidad del capitán”, recalca.

Insiste en la importancia de la iniciativa internacional lanzada por Nuestra Coalición: “Vamos a sentar un precedente judicial capital para la protección de los migrantes. Y eso vale para todos los migrantes que siempre son los más vulnerables y los más golpeados. Pienso entre muchos otros en los africanos que se arriesgan a cruzar el Mediterráneo, pero también en los centroamericanos que corren tantos riesgos al pasar por México. Los poderes públicos europeos y mexicanos, para citar sólo estos, tienen la obligación legal y moral de protegerlos. Si no lo hacen, nos toca recordarles sus deberes.”

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Deux migrants portent plainte pour « non assistance » et ciblent l’armée française

logo_site Lena Bjurström , 20/06/2013

Extrait : Deux survivants d’un drame ayant causé la mort de 63 migrants en Méditerranée en 2011 ont porté plainte contre X, le 18 juin à Paris. Dans le viseur : l’armée française.

Le 26 mars 2011, 72 migrants quittaient Tripoli et les ravages de la guerre en Libye dans une petite embarcation, à destination des côtes italiennes. En panne de carburant, ils ont dérivé pendant près de deux semaines, avant de s’échouer sur une plage libyenne. Bilan : 63 morts. Deux survivants du (…)

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63 morts en Méditerranée, une tragédie évitable

newlogohumanitefr-20140407-434 Paolo Stuppia, 19/06/2013

Hier, une plainte visant les armées française et espagnole a été déposée après le chavirage dramatique d’une embarcation pleine de migrants, en 2011, au large de la Libye.

Comment est-il possible de laisser dériver en pleine mer un zodiac chargé de 72 migrants (en majorité éthiopiens) alors que plusieurs navires et hélicoptères militaires de l’Otan connaissaient parfaitement sa position et sa situation de détresse ? C’est la question à laquelle vont devoir répondre les autorités françaises et espagnoles, saisies, mardi 18 juin, par une plainte avec constitution de partie civile par plusieurs associations d’aide aux migrants (Gisti, Migreurop, LDH, FIDH).

Les faits remontent au printemps 2011 : en pleine guerre civile libyenne, alors qu’une opération de l’Otan est déclenchée afin de chasser le colonel Kadhafi, un bateau chargé de réfugiés quitte Tripoli, en direction de l’Italie. Rapidement, les migrants perdent le contrôle du zodiac et commencent une lente dérive qui durera quinze jours. Ils lancent un appel de détresse qui sera renouvelé toutes les quatre heures pendant dix jours. Entre-temps, ils sont photographiés par un avion militaire français, ravitaillés en eau et en biscuits par un hélicoptère non identifié et croisent plusieurs bateaux militaires et civils. Mais aucun ne vient à leur secours. Lorsque le zodiac échoue enfin, pas très loin de son point de départ, on compte seulement 11 personnes rescapées, deux mourront peu de temps après. Une tragédie qui aura été fatale à 63 personnes au total. Et qui aurait pu être évitée, selon les associations.

D’ailleurs, en avril 2012, une première plainte pour non-assistance à personnes en danger avait déjà été déposée en France, mais le parquet avait classé l’affaire sans suite. « Le parquet a suivi l’avis du ministère de la Défense : l’armée française n’était pas là et, même si elle était là, sa responsabilité ne saurait être engagée car l’opération militaire relevait de l’Otan », rappelle Stéphane Maugendre, avocat français des parties civiles et président du Gisti. D’où le choix de lancer, aujourd’hui, une nouvelle procédure « en France et en Espagne, car nous sommes sûrs que le zodiac a croisé au moins un avion français et un bateau espagnol qui lui ont refusé toute assistance », explique Me Boye, l’avocat qui suivra cette plainte côté espagnol.

« J’ai pu obtenir l’asile aux Pays-Bas, mais, depuis cette traversée, j’ai des problèmes de santé, a témoigné hier Abu Kurke, Éthiopien de vingt-six ans et un des rares survivants de la tragédie. Pourquoi nous ont-ils abandonnés ? » Mussie Zerai, le prêtre érythréen qui avait recueilli les survivants, a sa réponse : c’est la politique migratoire européenne qui réduit les migrants à des « personnes à repousser, y compris lorsque leur vie est en danger », qui est responsable de ce drame.

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Des migrants poursuivent l’armée

europe1_beta, M-L Combes avec M. Lefebvre et AFP  ,19/06/2013

Ils reprochent à l’armée française de ne pas les avoir secourus alors qu’ils dérivaient en mer.

La question. L’armée française a-t-elle laissé mourir 63 migrants au large de la Libye en 2011 ? C’est ce qu’affirme deux des rescapés de ce voyage au bout de l’enfer qui ont déposé une plainte pour « non assistance à personne en danger ». Ils demandent l’ouverture d’une instruction judiciaire.

72 migrants dans un zodiac. Tout commence dans la nuit du 26 au 27 mars 2011, au tout début de l’intervention occidentale en Libye. 72 migrants sont entassés dans un zodiac qui a quitté les côtes libyennes à destination de l’Italie. Mais au bout de quelques heures à peine, le moteur lâche.

Urine et dentifrice pour survivre. C’est alors le début du calvaire. Sans eau ni nourriture, 63 candidats à l’exil meurent, certains sont emportés par les vagues. D’autres sont contraints de boire leur urine et de manger du dentifrice pour survivre. Une errance qui va durer 15 jours : leur bateau échoue finalement sur les côtes libyennes le 10 avril.

Un coup de téléphone en pleine mer. Et pourtant, deux des survivants estiment que tout aurait pu se terminer bien plus tôt. Dès le deuxième jour, les migrants avaient réussi à passer un appel de détresse avec un téléphone satellitaire. Le coup de fil avait permis d’établir leur localisation. Et les garde-côtes italiens avaient relayé le message à l’ensemble des navires circulant dans la zone.

« Personne ne nous a aidés ». Les deux plaignant affirment avoir vu des bateaux et des hélicoptères militaires passer à proximité de leur embarcation, sans qu’ils ne leur portent secours. « Nous avons vu beaucoup de bateaux militaires et des hélicoptères de combat. Deux hélicoptères qui ont tourné autour de nous, très bas. Ils ne nous ont pas aidés. On leur a montré, on leur a crié ‘Nous avons besoin d’aide !’ Mais personne ne nous a aidés », a raconté Abu, un Érythréen de 25 ans, qui a déposé plainte.

Aucun signal de détresse reçu. A Paris, le ministère de la Défense, contacté par Europe 1 affirme qu’aucun militaire n’a reçu le signal de détresse du zodiac ni vu l’embarcation à la dérive. Difficile à croire pour Stéphane Maugendre, l’avocat des survivants. « Toutes les armées disent ‘on n’était pas là’. Donc on avait la mer Méditerranée pleine de bateaux militaires mais finalement personne n’y était », s’interroge-t-il.

Le problème du secret défense. Les plaignants demandent donc l’ouverture d’une instruction judiciaire qui permettrait d’enquêter sur les positions exactes des forces de l’OTAN à l’époque. Une démarche qui imposerait de lever le secret défense.

D’autres plaintes à l’étranger. Les migrants ont également lancé des procédures dans d’autres pays. Une plainte a été ausi déposée simultanément à Madrid pour « crime de guerre par non assistance à personne en danger ». D’autres plaintes ont déjà été déposées en Italie, une autre suivra bientôt en Belgique, a ajouté Patrick Baudouin, président d’honneur de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH). Des procédures sont également en cours au Canada et aux Etats-Unis pour obtenir plus d’informations.

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L’armée française visée par une plainte après la mort de migrants de Libye en 2011

la-croix-logo Rémy Pigaglio , 18/06/13

Au début de l’intervention occidentale en Libye en 2011, soixante migrants étaient morts après avoir dérivé pendant deux semaines.

Deux survivants et des associations ont déposé mardi 18 juin une plainte contre X avec constitution de partie civile, forçant la saisine d’un juge d’instruction.

« Nous nous étions réunis il y a un an pour exactement la même raison : déposer plainte. » C’était en avril 2012, mais la plainte avait été classée sans suite quelques semaines plus tard par le parquet de Paris. Cette fois, Patrick Baudouin, président de la FIDH, et trois autres associations ont déployé les grands moyens : au lieu d’une plainte simple, ils ont déposé une plainte avec constitution de partie civile. La différence ? Un juge d’instruction, indépendant de l’autorité politique, est automatiquement saisi.

« Il est regrettable que le parquet de Paris se soit contenté l’an dernier des réponses du ministère de la défense » – selon lequel aucun bateau français n’était sur zone –, déplore Stéphane Maugendre, président du Gisti et avocat des survivants. « Les réponses de toutes les autorités européennes ont été lacunaires et erronées », juge Lorenzo Pezzani, chercheur et coauteur d’un rapport sur le drame.

plainte pour « non-assistance à personne en danger »

Cette absence d’enquête approfondie a poussé les associations (FIDH, Ligue des droits de l’homme, Migreurop et Gisti) et deux rescapés à déposer une nouvelle plainte mardi 18 juin matin au TGI de Paris pour « non-assistance à personne en danger ». Déposée contre X, la plainte vise en réalité l’armée française. Une plainte a été déposée simultanément en Espagne, une autre l’a déjà été en Italie et une doit l’être en Belgique.

Dans la nuit du 26 au 27 mars 2011, au tout début de l’intervention internationale en Libye, 72 migrants subsahariens embarquent à Tripoli sur un Zodiac de dix mètres de long. Leur but : l’île italienne de Lampedusa. Les passeurs leur ont assuré une traversée de 24 heures maximum. Dès le soir du 27 mars pourtant, la situation devient périlleuse. Un message de détresse est envoyé aux garde-côtes italiens et retransmis automatiquement toutes les quatre heures à tous les navires de Méditerranée. Mais personne ne leur viendra en aide. Ils dériveront pendant presque deux semaines.

Onze personnes seulement ont survécu

Pourtant, depuis début mars, la zone est sillonnée par des dizaines de navires militaires occidentaux intervenant contre les forces de Mouammar Kadhafi. Les migrants disent avoir été survolés par plusieurs aéronefs. Au moins deux bateaux militaires ont été aperçus par les migrants, dont « un grand navire gris » qui serait, selon les associations, le porte-avions Charles-de-Gaulle.

Poussé par une tempête, le navire échoue finalement à Zlitan en Libye. Onze personnes seulement ont survécu, et deux d’entre elles meurent presque immédiatement. « Au bout d’une semaine, nous n’avions plus de vivres, raconte Abu Kurke, l’un des rescapés, qui a déposé plainte. Les premiers morts étaient ceux tombés à l’eau au tout début. Puis les gens ont commencé à mourir de faim et de soif. » Après avoir été emprisonnés par les autorités libyennes, Abu Kurke et les autres rescapés sont remis de force dans un bateau et atteignent finalement l’Europe, où ils obtiendront l’asile.

« Les navires de l’Otan avaient pour mandat de protéger les civils, insiste le P. Mussie Zerai, un prêtre éry­thréen installé en Italie, qui avait été appelé du Zodiac par les migrants et avait accueilli les survivants. Ceux qui connaissent la vérité doivent la dire, afin de briser la loi du silence. »

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Dérive de migrants en Méditerranée: Deux rescapés portent plainte à Paris et Madrid

logo_72dpi2_400x400 avec AFP,

JUSTICE Ils veulent établir les responsabilités des armées française et espagnole dans le drame…

 Un bateau de migrants arrive sur l'île italienne de Lampedusa, le 1er août 2011. Sur le quai sont allongés les corps de 25 migrants africains qui tentaient de rejoindre l'Italie depuis la Libye.
ALESSIA CAPASSO/AP/SIPA

 

Deux rescapés de la dérive d’un canot de migrants, qui avait fait 63 morts en 2011 en Méditerranée, ont porté plainte mardi à Paris et Madrid pour établir les responsabilités des armées française et espagnole dans le drame. Pendant les 15 jours de dérive, «nous avons vu des hélicoptères, des navires militaires et des bateaux de pêche, mais personne ne nous a aidés», a raconté lors d’une conférence de presse l’un des neuf survivants, Abu Kurke, un Erythréen de 25 ans, qui a déposé plainte pour «non assistance à personne en danger».

Le 26 mars 2011, au début de l’intervention occidentale en Libye, 72 migrants africains avaient quitté Tripoli à bord d’un zodiac pour gagner l’Italie. Très rapidement, ils avaient perdu le contrôle de leur embarcation, qui finira rejetée sur les côtes libyennes le 10 avril. «Les gens sont morts de faim ou de soif, d’autres ont été emportés par des vagues», a expliqué Abu Kurke. «A cause des odeurs, nous avons dû jeter les corps à la mer.» Lui pense avoir survécu parce qu’il «bu un peu d’urine et mangé du dentifrice». Dès le deuxième jour, les migrants avaient passé un appel de détresse avec un téléphone satellitaire, ce qui avait permis d’établir leur localisation. Les garde-côtes italiens avaient relayé le message à l’ensemble des navires circulant dans la zone.

Une plainte a été déposée simultanément à Madrid

Pour comprendre pourquoi aucun navire ne les avait secourus alors que plusieurs bateaux occidentaux croisaient à proximité, des rescapés, soutenus par des organisations de défense des droits de l’Homme, ont lancé des actions juridiques dans plusieurs pays. En France, ils avaient déposé une première plainte en avril 2012, mais elle a été classée sans suite. M. Kurke, un autre rescapé, et quatre associations (LDH, FIDH, Gisti, Migreurop) ont donc décidé de déposer une nouvelle plainte, cette fois avec constitution de partie civile pour obtenir la nomination d’un juge d’instruction. Une plainte a été déposée simultanément à Madrid pour «crime de guerre par non assistance à personne en danger », a expliqué Me Gonzalo Boye.

D’autres plaintes ont déjà été déposées en Iralie, une autre suivra bientôt en Belgique, a ajouté Patrick Baudouin, président d’honneur de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH). Des procédures sont également en cours au Canada et aux Etats-Unis pour obtenir plus d’informations.

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Naufrage en Méditerranée: nouvelle plainte contre l’«omerta»

langfr-280px-Logo-crieur.svg Carine Fouteau ,18/06/2013

Extrait : Plus de deux ans après un naufrage qui a provoqué la mort de 63 migrants en mer Méditerranée, les survivants cherchent toujours à faire éclater la vérité, et notamment l’abandon dont ils estiment avoir fait l’objet de la part de militaires intervenant dans le cadre de la guerre en Libye. Deux plaintes sont déposées à Paris et à Madrid.

Plus de deux ans après la tragédie à l’origine du décès en avril 2011 de 63 migrants en mer Méditerranée, les survivants cherchent toujours à faire éclater la vérité sur ce qui leur est arrivé, notamment l’abandon dont ils estiment avoir fait l’objet de la part de militaires intervenant dans le cadre de la guerre en Libye. Lors d’une conférence de presse organisée le 18 juin à Paris, plusieurs ONG ont fait savoir que deux des rescapés ont déposé plainte pour non-assistance à personne en danger devant le tribunal de grande instance de Paris et devant l’Audiencia nacional à Madrid, visant la responsabilité des armées française et espagnole. Cette annonce intervient alors que sept migrants viennent de se …

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