Archives de catégorie : Avocat

Argenteuil : non-lieu annulé dans l’affaire Ali Ziri

19/02/2014

Le collectif vérité et justice pour Ali Ziri se dit «satisfait» ce mercredi. Mardi, la cour de cassation a annulé l’arrêt de la cour d’Appel de Versailles qui confirmait le non-lieu prononcé le 15 octobre 2012 par le juge d’instruction de Pontoise.

«Nous sommes mobilisés depuis cinq ans. La décision d’hier [mardi] est une avancée considérable», réagit un membre du collectif.

Ali Ziri, retraité algérien de 69 ans, vivait à Argenteuil. Il est mort le 11 juin 2009, deux jours après une interpellation par la police, à la suite d’un contrôle routier. Il se trouvait alors en voiture avec un ami. Les deux hommes, passablement éméchés, auraient tenté de résister, contraignant les policiers à faire usage de la force pour les maîtriser. Il avait été conduit à l’hôpital d’Argenteuil le soir même vers 22 heures.

Alors que la première autopsie avait conclu à une « fragilité cardiaque » et confirmé la « forte alcoolémie » du sexagénaire, une contre-expertise avait révélé la présence de 27 « hématomes de 12 à 17 cm » sur son corps. L’affaire relève désormais de la chambre d’instruction de la Cour d’appel de Rennes. Le collectif insiste : «Nous resterons mobilisés».

«C’est une victoire, mais ça ne veut pas dire que c’est définitivement gagné», réagit ce mercredi matin l’avocat de la famille d’Ali Ziri, Stéphane Maugendre. «C’est un vrai camouflet au juge d’instruction [de Pontoise] et à la cour d’Appel de Versailles. La Cour de cassation leur reproche de ne pas avoir enquêté sur l’usage de la technique du pliage dans ce contexte, analyse le conseil. Deuxièmement, elle leur reproche de ne pas avoir instruit l’affaire sur l’attitude de la police au regard de l’état de Mr Ziri au moment de son interpellation. Il n’était visiblement pas bien et aurait dû être emmené tout de suite à l’hôpital».

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Le non-lieu dans l’affaire Ali Ziri, mort après un contrôle de police, annulé en cassation

19/02/2014

La Cour de cassation a annulé une décision de non-lieu dans l’affaire Ali Ziri, un retraité mort après un contrôle de police à Argenteuil (Val-d’Oise), et renvoyé l’affaire devant la chambre d’instruction de la cour d’appel de Rennes, dans un arrêt consulté par l’AFP mercredi.

« Après une enquête bâclée, (cette décision) relance la machine juridique », a déclaré Omar Slaouti, du collectif Justice et Vérité pour Ali Ziri.

Selon la haute juridiction, les juges auraient dû « rechercher si les contraintes exercées » sur M. Ziri « n’avaient pas été excessives au regard du comportement de l’intéressé ». Les policiers avaient maîtrisé ce retraité de 69 ans, ivre, en lui appuyant la tête contre les genoux pendant plus de quatre minutes dans leur véhicule, selon la technique dite du « pliage ».

Les magistrats reprochent également au juge d’instruction de Pontoise, ainsi qu’à la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Versailles, qui avaient tous deux conclu au non-lieu, de ne pas avoir vérifié « si l’assistance fournie (par les policiers, ndlr) avait été appropriée ».

Ali Ziri a été transporté à l’hôpital une heure et demie après son arrivée au commissariat.L’enquête sur la mort d’une personne après son arrestation par la police, doit être « méticuleuse, objective et impartiale », relève la cour, d’autant que dans l’affaire Ali Ziri, les rapports médicaux sur les causes de la mort sont contradictoires.Le renvoi de l’affaire devant la juridiction rennaise « permettra d’avoir un oeil neuf » sur les faits, a déclaré l’avocat des proches de M. Ziri, Me Stéphane Maugendre. Il espère voir ordonner une reconstitution. Les proches veulent pouvoir visionner la vidéosurveillance montrant l’arrivée d’Ali Ziri au commissariat.M. Ziri avait été contrôlé, ivre à bord d’un véhicule conduit par un ami, à Argenteuil (Val-d’Oise) en juin 2009.

Les deux hommes avaient été transportés au commissariat et placés en garde à vue. Ali Ziri était tombé dans le coma et décédé deux jours plus tard.Une première autopsie avait conclu que des problèmes cardiaques et l’alcoolémie étaient les causes du décès. Mais une contre-expertise avait révélé la présence d’une vingtaine d’hématomes, dont certains larges de 17 cm.Un rapport de la Commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS) avait mis en cause la sincérité des déclarations des policiers impliqués dans le décès, estimant qu’ils avaient fait un usage disproportionné de la force.

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Mort après un contrôle de police. Une nouvelle enquête pour Ali Ziri

Affaire Ali Ziri : la Cour de cassation annule le non-lieu rendu en faveur des policiers

logo_france_bleu Martine Bréson , 18/02/2014

Ali Ziri c’est cet Algérien de 69 ans mort en juin 2009. Contrôlé par la police, il est emmené au commissariat d’Argenteuil et il meurt deux jours plus tard à l’hôpital d’Argenteuil. Les policiers, mis en cause par la famille, avaient bénéficié d’un non-lieu en appel.

« Cest une première victoire  » : Maître Stéphane Maugendre, avocat de la famille d’Ali Ziri  (00’56 »)

Ces sont les proches du vieil homme qui se sont pourvus en cassation.

Les précisions de Marine Chailloux de France Bleu 107.1  (00’56 »)

Ils viennent d’obtenir gain de cause. L’affaire est dépaysée . Elle est désormais devant la chambre d’instruction de la Cour d’appel de Rennes. A cette cour de décider un non-lieu ou la nomination d’un nouveau juge d’instruction..

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Ali Ziri : première victoire pour la famille devant la Cour de cassation

Louise Fessard

La Cour de cassation a annulé, le 18 février 2014, une décision de la Cour d’appel de Versailles confirmant le non-lieu dans cette affaire de violences policières. Ali Ziri, 69 ans, était décédé, asphyxié, le 11 juin 2009, deux jours après son interpellation par la police à Argenteuil.

Même ténue, c’est une victoire pour la famille d’Ali Ziri qui, depuis le 11 juin 2009, se bat pour savoir pourquoi ce retraité algérien de 69 ans est décédé, asphyxié, suite à son interpellation par la police d’Argenteuil. Mardi 18 février 2014, La chambre criminelle de la Cour de cassation a annulé l’arrêt de la Cour d’appel de Versailles qui confirmait le non-lieu prononcé le 15 octobre 2012 par un juge d’instruction de Pontoise.

Comme souvent dans les affaires de violences policières, l’instruction s’est réduite à une bataille d’experts, sans aucun autre acte d’enquête. Alors qu’un premier cardiologue avait pointé une bien commode « cardiomyopathie méconnue», deux expertises ont ensuite mis en cause la technique du pliage. Un procédé que les policiers d’Argenteuil ont reconnu avoir utilisé pour maintenir le vieil homme durant le trajet vers le commissariat.

Dans son rapport de juillet 2009, l’ancienne directrice de l’institut médico-légal de Paris indiquait ainsi qu’Ali Ziri, fortement alcoolisé ce soir-là, était décédé « d’un arrêt cardio-circulatoire d’origine hypoxique par suffocation multifactorielle (appui postérieur dorsal, de la face et notion de vomissements) ». L’autopsie avait en effet montré une vingtaine d’hématomes sur le corps d’Ali Ziri, pouvant « correspondre à des lésions de maintien », ainsi que des signes d’asphyxie mécanique des poumons, lin avril 2011, une nouvelle expertise confirmait : l’arrêt cardiaque d’Ali Ziri a bien été causé par « un épisode hypoxique (une diminution de la quantité d’oxygène apportée aux tissus – ndlr) en rapport avec les manœuvres d’immobilisation et les vomissements réitératifs ».

Malgré cela, aucun des juges d’instruction qui se sont succédé sur cette affaire n’a jugé utile d’auditionner ni les policiers concernés ni les témoins présents ce soir-là au commissariat. Aucune reconstitution n’a été réalisée. Et, le 15 octobre 2012, le juge d’instruction Jean-Marc Heller refermait le dossier, écrivant tranquillement que l’enquête « n’a établi aucun acte de violence volontaire qui aurait été la cause directe ou indirecte du décès de M. Ali Ziri, ni aucune faute directe ou indirecte imputable à quiconque qui aurait involontairement causé sa mort ». Le 28 février 2013, la chambre de l’instruction confirmait ce non-lieu. Motif? Les divergences entre les différentes expertises médicales et l’impossibilité de déterminer avec certitude la cause du décès. Dans la foulée, la chambre jugeait cependant inutiles les demandes de reconstitution, de visionnage des bandes des caméras du commissariat et d’audition des policiers…

Un peu court, l’a rembarrée, le 18 février 2014, la chambre criminelle de la Cour de cassation. «En se déterminant ainsi sans rechercher si les contraintes exercées n’avaient pas été excessives au regard du comportement de l ’intéressé et si l’assistance fournie avait été appropriée, la chambre de l’instruction n’a pas justifié sa décision», tranche la plus haute juridiction. Y aura-t-il un jour un procès dans l’affaire Ali Ziri ? C’est désormais à la Cour d’appel de Rennes, désignée par la Cour de cassation, de trancher.

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Immigration : l’exercice d’équilibriste de Valls

europe1_betaBenjamin Bonneau ,31/01/2014

ANALYSE – Discret sur le sujet, le ministre de l’Intérieur ne veut s’aliéner aucun électorat.

 L’exercice est un passage obligé. Vendredi, Manuel Valls a présenté son premier bilan en matière d’immigration. Un sujet à haut risque pour le ministre de l’Intérieur, qui, depuis son entrée en fonction, alterne entre promesses de « fermeté », – ce qui lui confère une popularité certaine à droite – et preuves « d’humanisme » – pour ne pas mécontenter la gauche. « Le gouvernement précédent résumait sa politique migratoire en une phrase : ‘ferme et humaine’. Pour Valls, c’est : ‘ferme, mais humaine’ », résume pour Europe1.fr Stéphane Maugendre, avocat et président du Groupe d’information et de soutien des immigrés (Gisti).

« C’est vrai qu’on l’entend moins sur l’immigration »

Manuel Valls avait commencé tambour battant, notamment sur la question Rom, qui a secoué la majorité socialiste, choquée par la fermeté de son ministre de l’Intérieur. Au cœur de l’été, en plein conseil des ministres, Manuel Valls avait été jusqu’à estimer qu’il fallait « revoir la politique migratoire ». Bronca au PS. Depuis, c’est silence radio, ou presque. Les deux réformes d’envergure en préparation – la création d’un titre de séjour pluriannuel pour les étrangers résidant en France et l’accélération de la procédure d’examen de la demande d’asile ? Repoussées aux calendes grecques.

« C’est vrai qu’on l’entend moins sur l’immigration… et heureusement, car la priorité des Français est la sécurité », assure à Europe1.fr Carlos Da Silva , député de l’Essonne et membre de la garde rapprochée de Manuel Valls. Des explications qui ne convainquent pas les associations. « Il n’y a pas eu une seule vraie réforme depuis que les socialistes sont au pouvoir. Mais nous ne sommes pas déçus car on n’attendait rien d’eux », regrette ainsi Stéphane Maugendre. Carlos Da Silva rappelle certes la suppression de la circulaire Guéant sur les étudiants étrangers, mais le président du Gisti Stéphane Maugendre réplique avec le report du droit de vote des étrangers aux élections locales, une mesure que Valls a « oublié » de défendre.

« Il ne faut pas voir de stratégie politicienne là-dedans »

Si Manuel Valls choisit la discrétion sur ce sujet, ce serait, à en croire ses détracteurs, pour ne pas prendre de risques à quelques mois des municipales. Mettre sur la table ces sujets serait favoriser une thématique chère au Front national, qui n’a pas besoin de ça pour grimper dans les sondages. « Valls accompagne la montée du FN »,a taclé Marine Le Pen, vendredi sur le JDD.fr.

Et le ministre de l’Intérieur, ambitieux, ne veut se fâcher avec personne. « Il a bien conscience de la structuration de sa popularité, qui tient aussi, et surtout, à l’électorat du centre et de la droite. Il se doit donc de donner des gages dans les deux camps », analyse le politologue Pascal Perrineau, contacté par Europe1.fr. Ce qui n’empêche pas l’UMP de dénoncer son « échec » et son « laxisme ».

Pour Carlos Da Silva, Manuel Valls n’essaye en aucun cas de satisfaire tout le monde. « Il est simplement le ministre de la République, donc il doit s’assurer que la loi est respectée, dans le sens des expulsions comme des régularisations. Il ne faut pas voir de stratégie politicienne là-dedans », assure-t-il. Et quand on lui suggère que cette discrétion sur le sujet pourrait être, aussi, un moyen de repousser toute ressemblance avec Nicolas Sarkozy, ce proche collaborateur du ministre de l’Intérieur depuis 15 ans rappelle que « Nicolas Sarkozy a déjà essayé d’attirer Manuel Valls dans ses filets, qui a refusé. Il avait fait de l’immigration un positionnement politique pour chasser sur les terres du FN. Personne ne s’attend à ce que nous épousions ces méthodes ! », lance-t-il, énervé. Pour Stéphane Maugendre pourtant, leur politique migratoire, « c’est kif kif ».

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Un rapport choc sur le contentieux des étrangers provoque la colère des avocats

la-croix-logo François Jean-baptiste, 13/01/2014

Voilà une dépense que l’État ne semble pas vouloir prendre à la légère, en ces périodes de réduction du déficit public. De plus en plus d’étrangers intentent des recours en justice et la note commence à être un peu trop salée, au goût de l’administration, qui dénonce les « stratégies » de certains avocats pour développer le contentieux dans ce domaine.

Entre 2008 et 2012, les litiges spécifiques aux ressortissants d’autres pays ont provoqué un doublement des frais pour les préfectures, passant de 8,5 à 16,6 millions d’euros, révèle un rapport de l’IGA sur « l’évolution et la maîtrise des dépenses de contentieux », discrètement mis en ligne sur le site de la Place Beauvau, le 20 décembre dernier. Mais, au-delà du constat statistique, c’est l’analyse avancée par ce document qui provoque les foudres des défenseurs des migrants et demandeurs d’asile.

Tout d’abord, la mission pointe du doigt les « stratégies juridictionnelles toujours renouvelées de la part des avocats ». Ces derniers parviennent à trouver des failles juridiques qui obligent les préfectures à s’adapter, le temps que le juge de l’appel mette fin « à la jurisprudence de première instance » et à « l’effet de mode », regrettent les deux inspecteurs responsables de l’enquête, François Langlois et Chloé Mirau. Ces derniers déplorent également qu’« il n’existe à ce jour aucune limitation du droit à l’aide juridictionnelle », accessible pour tout justiciable ne disposant pas des moyens nécessaires pour régler ses frais de défense, ni aucun « coût d’entrée » pour attaquer la décision d’un préfet, « qui pourrait être dissuasif pour les premiers dossiers ». Le document s’alerte également de la multiplication des remboursements des frais engagés par le requérant lorsque l’État est perdant.

Ces positions ne manquent pas de jeter le trouble parmi les juristes spécialistes du droit des étrangers. « C’est le monde à l’envers. Si l’administration était moins dans l’illégalité, on ne se poserait pas la question du contentieux », estime Serge Slama, universitaire rattaché au Centre de recherche et d’études sur les droits fondamentaux. Les conseils de l’ordre, de leur côté, organisent leur mobilisation. Des motions contre l’état d’esprit de ce rapport ont déjà été signées par les professionnels à Bobigny, à Créteil, et d’autres sont en cours à Lyon, ou encore à Toulouse. La colère est d’autant plus grande que le document met directement en cause certains comportements. Des avocats sont accusés de voir dans ce « contentieux plutôt simple techniquement et répétitif une source lucrative de revenus ».

Cette critique est sans doute exagérée, mais pas sans fondement, témoigne Joseph Krulic, de l’Association française des juges de l’asile (Afja), qui constate que sept ou huit avocats se sont arrogé la meilleure partie des 37 000 affaires traitées à la Cour nationale du droit d’asile (CNDA) en 2012. « Ces cas sont réglés entre 600 et 3 000 € le dossier, et les avocats les plus habiles peuvent traiter jusqu’à 1 000 dossiers par an. Faites le calcul: il s’agit d’un vrai marché », explique le magistrat. « Certains sont dans une situation de monopole telle qu’ils obtiennent le droit de ne pas être convoqué tel ou tel jour pour ne pas avoir à se faire remplacer », poursuit-il. Gilles Piquois, après vingt-cinq ans de carrière, fait partie des grands avocats à la CNDA: « Je fais beaucoup d’affaires, c’est vrai, mais je ne peux pas faire autrement car il y a trop de dossiers à traiter. J’en refuse déjà beaucoup pour les laisser à mes confrères », se défend-il, regrettant que l’inspection générale n’ait consulté aucun ordre pour réaliser son rapport.

« Les avocats qui tirent avantage de la multiplication des procédures, c’est un épiphénomène », observe Stéphane Maugendre, président du Gisti, association prêtant une assistance juridique aux migrants. Pour cet avocat au barreau de Bobigny (Seine-Saint-Denis), l’administration est la première responsable de la situation dans laquelle elle se trouve. « Il y a quelques années, il existait encore une commission du titre de séjour dans chaque département pour éviter que les dossiers comportant des anomalies flagrantes n’arrivent devant les tribunaux, mais cette dernière a été supprimée », déplore-t-il.

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Christiane Taubira gèle l’ouverture du tribunal des étrangers à Roissy

index Franck Johannès

Extrait : C’est une satisfaction pour les associations : Christiane Taubira a décidé, mardi 17 décembre, de reporter l’ouverture, prévue le 1er janvier 2014, d’une salle d’audience du tribunal de Bobigny dans la zone d’attente de l’aéroport de Roissy. La première audience du tribunal de Meaux pour les étrangers, près du centre de rétention du Mesnil-Amelot, en Seine-et-Marne, et à proximité des pistes, avait provoqué à la mi-octobre un vif émoi. La ministre de la justice a donc décidé de commander, le 29 octobre, un rapport sur la conformité « aux exigences européennes et nationales » de l’annexe du tribunal de Bobigny dans l’aéroport. Le bref rapport, remis mardi, estime que, en l’état, cette salle d’audience court le risque d’être inconstitutionnelle, et propose quelques solutions.

La situation des étrangers dans les centres de rétention et les zones d’attente n’est pas la même. Les étrangers sans titre de séjour interpellés en France sont placés par les préfets dans des centres de rétention administrative (CRA) ; un juge des libertés et de la détention doit, au bout de vingt-cinq jours, se prononcer sur leur maintien en rétention pour vingt jours supplémentaires. Il existe trois annexes de tribunaux près des CRA, à Coquelles (Pas-de-Calais), au Canet à Marseille, et, donc, au Mesnil-Amelot.

En revanche, dans la zone d’attente pour personnes maintenues en instance (ZAPI) de l’aéroport de Roissy, l’étranger n’a juridiquement pas mis le sol français : il est cueilli à la descente d’avion, faute de passeport ou de certificat d’hébergement, et retenu quatre jours. Un juge des libertés peut prolonger son maintien jusqu’à vingt jours, voire vingt-six pour les demandeurs d’asile. D’où l’idée de créer une annexe du tribunal près de la ZAPI pour éviter d’aller jusqu’à Bobigny, à 17 km de là.

DES LOCAUX « AU CONFORT FORT SOMMAIRE »

Et cela fait du monde : Roissy détient, relève le rapport, « le record pour ce qui concerne le nombre de décisions de refus d’entrée sur le territoire », avec 6 246 refus en 2012, 6 997 personnes placées en zone d’attente présentées à un juge.

Les auteurs, Bernard Bacou, ancien président de la cour d’appel d’Aix-en-Provence et Jacqueline de Guillenchmidt, ancienne membre du Conseil constitutionnel ne contestent pas la nécessité de faire venir les juges jusqu’à l’aéroport, mais les magistrats sont réservés, les avocats hostiles et les militants  choqués même si « Actuellement reste intolérable, pour le respect des droits de l’homme le  transfert massif des étrangers de la ZAP vers le siège du tribunal », de la distance ou de l’attente dans des locaux  » au confort fort sommaire ».

En revanche, penser qu’éviter les transfèrements permettra des économie est tout à fait illusoire », il s’agit en fait « d’un simple transfert de charge entre le ministère de l’intérieur et celui de la justice avec un résultat probablement négatif pour le budget global de l’État ».

Reste une difficulté : la Cour de cassation, en 2008, puis le Conseil constitutionnel, en 2011, ont jugé que les salles d’audience devaient être placées « à proximité immédiate » des centres de rétention, mais pas à l’intérieur. Le juge doit pouvoir « statuer publiquement », or l’accès aux centres de rétention, comme aux zones d’attente, est interdit au public.

« UNE VICTOIRE EN DEMI-TEINTE »

A Roissy, l’annexe du tribunal est certes indépendante, mais séparée par une simple porte. Les rapporteurs demandent qu’elle soit murée pour que l’étranger n’ait pas l’impression d’être toujours entre les mains de la police mais bien devant un juge : « Seule une sortie effective de la zone d’attente par l’extérieur » permettrait « de satisfaire la nécessité de l’apparence d’impartialité » du tribunal. Il suffit en somme de faire un détour par l’extérieur.

Enfin, « l’accueil, le contrôle de l’entrée et la surveillance de l’audience peuvent être confiés à la police aux frontières (PAF), puisque c’est elle qui a placé les étrangers en zone d’attente et qu’elle est partie à l’audience juge ne saurait siéger au domicile de l’une des parties ». Il suffirait de remplacer à l’audience la PAF par des CRS pour lever la difficulté.

Christiane Taubira, avant de prendre une décision, va devoir mener un négociation serrée avec le ministère de l’intérieur. « C’est une victoire demi-teinte, constate Me Stéphane Maugendre, le président du Groupe de soutien aux travailleurs immigrés (Gisti). Le rapport ne s’attache qu’à l’apparence de l’impartialité, et pas au problème de fond. La justice, sereine, doit être rendue sous l’œil du citoyen. Et personne n’ira jusqu’à la zone de fret de Roissy pour suivre une audience. »

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La salle d’audience n’ouvrira pas en janvier

logoParisien-292x75 Carole Sterlé, 18/12/2013

es étrangers que la police estime indésirables à leur descente d’avion continueront à être jugés à Bobigny (Seine-Saint-Denis), même en 2014. Hier, la garde des Sceaux, Christiane Taubira, a fait savoir qu’elle n’autorisait pas l’ouverture de l’annexe judiciaire à côté de la zone d’attente de Roissy au 1er janvier, tant que des aménagements ne seront pas réalisés.

Les rapporteurs veulent une « impartialité objective »

Pour cet arbitrage, Christiane Taubira a missionné deux spécialistes du droit : Bernard Bacou, ancien président de la cour d’appel d’Aix-en-Provence, et Jacqueline de Guillenchmidt, ancien membre du Conseil constitutionnel. Cette annexe est une première en France. Il n’y avait donc pas de jurisprudence pour savoir si elle enfreint ou non des exigences européennes ou nationales, comme le soutiennent avec vigueur des magistrats, avocats et associations de défense des étrangers. Pour eux, il s’agit ni plus ni moins d’une justice d’exception, rendue au pied des pistes, dans un lieu difficile d’accès.

Après un mois d’auditions et d’examen des lieux, les deux rapporteurs préconisent des aménagements matériels afin d’assurer « l’impartialité objective » du tribunal, ce qu’on appelle aussi l’apparence de justice. Point majeur de ce rapport, encore : la police de l’audience ne peut pas être assurée par des policiers de la PAF (police de l’air et des frontières), puisque ce sont eux qui, en amont, placent les étrangers en zone d’attente. Ils ne peuvent donc être ceux qui interpellent et ceux qui garantissent dans le même temps la sérénité des débats.

On est ici sur un site qui appartient au ministère de l’Intérieur et dans des locaux construits par ce même ministère pour le compte du ministère de la Justice. « Nous avons commencé des aménagements que nous allons poursuivre, réagit-on au cabinet de Manuel Valls. Nous avons déjà supprimé un grillage, la salle et le parking sont en libre accès. » Auparavant, on avait l’impression d’entrer sur un site aussi surveillé que la zone d’attente. Concernant la police de l’audience, l’Intérieur s’engage à « faire des propositions très rapidement », l’objectif étant d’« ouvrir dans les premiers mois de l’année 2014 ». Place Beauvau, on rappelle que cette salle d’audience, dont la construction a été décidée sous les gouvernements précédents, permettrait d’économiser aux retenus une escorte longue et pas très confortable jusqu’à Bobigny, avec des locaux d’attente exigus. Et cela permettrait aussi des économies financières.

« C’est une belle victoire mais elle est incomplète », réagit Stéphane Maugendre, avocat et président du Gisti (le groupe de soutien des étrangers). « Le rapport n’est pas allé jusqu’au bout, il aurait dû reconnaître que ces audiences, au pied des pistes sont une justice d’exception. » Cette annexe du tribunal de Bobigny est de fait réservée aux seules audiences des étrangers.

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Entre passeurs de migrants et avocats, des liaisons dangereuses

la-croix-logo Jean-Baptiste François, 10/12/2013

Alors qu’un avocat est suspecté de complicité avec une filière d’immigration clandestine, les spécialistes du droit des étrangers mettent en avant des frontières déontologiques à ne pas dépasser.

De quels faits l’avocat mis en cause doit-il répondre ?

Le tribunal correctionnel de Bobigny a commencé, lundi 9 décembre, à entendre les acteurs présumés d’un réseau de passeurs de clandestins depuis le Maroc. Parmi eux, sept personnes : des petites mains, des fonctionnaires convaincus de corruption et… un avocat, Me André Mikano, qui risque au même titre que les autres dix années de prison.

L’avocat comparaît pour aide en bande organisée à l’entrée et au séjour irrégulier de sans-papiers arrivés entre 2007 et 2010 à l’aéroport de Roissy Charles-de-Gaulle. Ces étrangers, clients de la filière illégale, auraient bénéficié d’une sorte de « forfait » incluant dans les prestations les services juridiques.

En échange de plusieurs milliers d’euros, les clandestins prenaient des billets d’avion pour le Brésil, avec un changement à Paris. Une fois dans l’aéroport français, ils étaient guidés jusqu’à la sortie à l’aide de téléphones portables afin de ne pas se retrouver nez à nez avec la police aux frontières (PAF). En cas d’interpellation, c’est Me Mikano qui assurait systématiquement leur défense, selon l’accusation.

Ce n’est pas le premier démêlé de l’avocat avec la justice : il avait déjà passé un mois et demi en prison pour des faits similaires au printemps dernier.

Comment l’avocat peut-il savoir qu’il a affaire à un passeur ?

Stéphane Maugendre, président du Gisti et avocat au barreau de Bobigny, affirme qu’il y a deux écoles de défense distinctes. « Il y a ceux qui refusent catégoriquement d’être saisi par des intermédiaires qui semblent entretenir des liens extrêmement ténus avec les personnes à défendre. Et d’autres qui, au contraire, ne vont pas être très regardants », estime-t-il.

Ce spécialiste du droit des étrangers constate de telles pratiques qu’il condamne, mais dont l’illégalité est très difficile à établir. Pour lui, la limite déontologique est franchie dès lors que l’avocat conseille directement le passeur, mais pas l’étranger lui-même. « Cela peut consister à dire aux têtes de réseau de ne pas prendre les billets d’avions tel jour, parce qu’on sait qu’un magistrat coriace sera présent au tribunal, ou encore lui dire de se présenter avec tel ou tel document ».

Comment peut-on prouver qu’un avocat est de mèche avec un passeur ?

Le procureur et la police peuvent notamment se fonder sur la nature et la fréquence des échanges entre l’avocat et les passeurs pour prouver les faits. Dans le cas de Me Mikano, l’accusation avance que Me Mikano était « l’avocat attitré » du réseau de passeurs, pour lequel il œuvrait « sciemment ».

Ses honoraires étaient fixés « à l’avance » (1500 €), sans qu’il ne connaisse l’identité de ses clients. Mais pour le bâtonnier Robert Feyler, « On n’a pas entendu à ce jour d’élément véritablement probant » à charge contre Me Mikano, « excellent avocat, grand technicien », que la police aux frontières a « dans le nez ».

De son côté, l’avocat d’André Mikano, Me Jeffrey Schinazi, considère que « c’est le procès du statut de l’avocat ». Ce dernier appelle le tribunal à faire « la différence entre une filière et le filon » d’une clientèle faite d’étrangers qui recommandent tout simplement l’avocat pour son efficacité. Le procès devrait durer quatre jours.

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