Archives de catégorie : droit pénal

Une intervention musclée dans des «conditions ubuesques»

logo-liberation-311x113 Jacky Durand

Trois policiers jugés pour violences sur des habitants de Saint-Denis en 2001.

Cinq ans de procédure judiciaire, d’attente prolongée par quatre reports d’audience et, au final, un sentiment assez partagé et pesant d’incommunication hier matin au tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis). Juliette, Houria, Sofiane et Lucas n’ont pas obtenu les explications qu’ils attendaient des trois policiers qu’ils accusaient de les avoir frappés, le 17 octobre 2001 (Libération du 26 octobre 2001). Costume gris, profil bas, les trois fonctionnaires comparaissaient pour «violences par personne dépositaire de l’autorité publique», mais ont nié les faits qui leur étaient reprochés. C’est peu dire que tout un monde séparait victimes et prévenus dans la salle d’audience de 11e chambre, présidé par un juge unique. «Ce n’est pas le procès de la police nationale en Seine-Saint-Denis, a dit la procureure, Camille Hennetier. Mais cette affaire est emblématique du « dialogue de sourds » qui pèse sur les relations entre la police et la population.»

Attroupement. Il est vrai que, dès son origine, l’affaire jugée hier suivait pas à pas le scénario ordinaire du divorce entre habitants des quartiers et forces de l’ordre : une intervention à l’utilité contestée par un attroupement d’habitants débouchant sur l’arrivée en nombre de policiers et une vague confuse d’interpellations. Ainsi, le 17 octobre 2001, en début de soirée dans le centre-ville de Saint-Denis, des îlotiers contrôlaient à la suite d’un vol de portable un jeune homme qui fut rapidement mis hors de cause. Le ton était monté entre les policiers et une dizaine de jeunes. Avec d’autres habitants, Juliette, éducatrice, était descendue de son appartement «en robe de chambre et en claquettes» pour tenter d’apaiser la tension alors que des renforts de police arrivaient sur place. Elle fut menottée, frappée à terre et gazée. Lucas, mineur au moment des faits, eut le nez fracturé par un coup de pied, tandis qu’Houria était giflée par un policier alors qu’elle tentait de s’interposer pour protéger sa propre fille, enceinte de sept mois. Cinq ans plus tard, Lucien T., 50 ans, explique maladroitement qu’il n’a fait que lever la main pour se protéger d’une mère de famille hystérique. Les autres prévenus ne sont guère plus loquaces quand le tribunal avance la débauche de moyens déployés par la police face à de simples habitants. «On intervient sur un vol. Le jeune contrôlé est mis hors de cause par un autre policier. Pourquoi appeler des renforts ?» demande le juge Olivier Géron à l’un des prévenus, aujourd’hui chargé de la formation des policiers sur le terrain. «A cause de la supériorité numérique de la foule. Les policiers ont eu peur pour leur intégrité physique. Ça dépend aussi de la maturité du fonctionnaire qui est à la radio», répond Thierry J., 37 ans. En l’occurrence, c’était une adjointe de sécurité (ADS, emploi-jeune dans la police) qui avait demandé des renforts sur les ondes. «Son ton était choquant, on sentait un danger pour la personne», affirme Sylvain G., 33 ans, le troisième prévenu. Le juge Géron insiste : «20, 21… 28 policiers vont se retrouver à intervenir dans des conditions qui m’ont paru ubuesques. Les policiers se sont gazés les uns les autres. Comment expliquez-vous cela Monsieur J. ?» La faute à un «gardien de la paix stagiaire» ou un «faux mouvement» avance le policier.

Matraque. La procureure a également évoqué hier la «réponse disproportionnée» des forces de l’ordre face à «une situation de crise qui n’était pas incontrôlable vu les participants». Evoquant des violences«inacceptables», elle a demandé au tribunal de condamner à six mois de prison, dont quatre avec sursis, Thierry J., qui a été désigné par Lucas comme lui ayant porté des coups au visage. Contre Sylvain G., désormais à la police aux frontières, elle a requis quatre mois de prison avec sursis. Il était accusé d’avoir frappé à coups de matraque Sofiane, âgé de 17 ans à l’époque. Contre le dernier policier, Lucien T., le seul encore en poste à Saint-Denis, elle a requis deux mois avec sursis. L’avocate des policiers a plaidé la relaxe de ses clients, mettant en doute l’exactitude des témoignages. Le jugement a été mis en délibéré au 24 janvier 2007.

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Condamné après la mort d’un expulsé éthiopien

C.S., 24 Nov. 2006

UN CHEF D’ESCORTE de la police aux frontières (PAF), Axel Dallier, 26 ans, a été condamné hier à six mois de prison avec sursis pour la mort involontaire de Mariame Getu Hagos, un Ethiopien de 24 ans débouté de l’asile politique, qu’il était chargé d’escorter dans un avion à Roissy, le 16 janvier 2003.

Le tribunal correctionnel de Bobigny a reconnu la culpabilité du policier, en raison d’un « manquement à une obligation de prudence et de sécurité », considérant que le « pliage de la tête sur le cou et le thorax » prolongé de Mariame qui se débattait pour ne pas être expulsé « ne correspondait pas à un usage nécessaire strictement proportionné », comme le prévoit le Code de déontologie de la police.

Les deux autres policiers coprévenus ont été relaxés, la causalité entre leur intervention et le décès du passager entravé n’étant pas établie. Le parquet avait demandé une peine de principe contre deux policiers, avec sursis et d’une durée laissée au choix des juges.

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Un étranger mort, la police condamnée

Actualités Politique, Monde, Economie et Culture - L'Express

Un agent de la police de l’air et des frontières, Axel Dallier, a été condamné à six mois de prison avec sursis pour l' »homicide involontaire » d’un Somalien rapatrié de force.

Un agent de la police de l’air et des frontières, Axel Dallier, a été condamné à six mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour l' »homicide involontaire » d’un Somalien en janvier 2003 à Roissy dans l’avion qui devait le renvoyer en Afrique du Sud.
La sanction ne sera pas inscrite au casier judiciaire du condamé, ce qui lui permettra de rester dans la police. Le tribunal a relaxé deux autres agents impliqués dans l’affaire, Merwan Khelladi et David Tarbouriech.
Getu Hagos est mort le 18 janvier 2003 alors que les trois policiers venaient de l’embarquer de force dans un vol pour l’Afrique du sud, pays dont il était arrivé une semaine auparavant sans aucun papier d’identité.

« Technique du pliage »

Les policiers ont reconnu à l’audience l’avoir menotté et entravé aux genoux et aux chevilles avec du scotch pour le faire monter dans l’appareil, car il se rebellait. Axel Dallier l’a maintenu en position penchée alors que les autres passagers embarquaient, technique policière dite du « pliage », officiellement interdite depuis l’affaire.

Le tribunal estime que la mort résulte non de maladresses comme le disaient les prévenus mais de gestes qui n’étaient pas strictement nécessaires au maintien de l’étranger dans l’avion et constituent donc « un manquement aux rêgles de prudence ».

Me Stéphane Maugendre, avocat de la famille de la victime, s’est dit satisfait du jugement. « Une responsabilité est reconnue et c’est ce qui nous intéresse », a-t-il déclaré.

Pour une éventuelle indemnisation, il devra se tourner vers la tribunal administratif. A l’audience, le parquet avait requis des peines de prison avec sursis contre Axel Dallier et Merwan Khelladi et la relaxe de David Tarbouriech.

Depuis cette affaire, le ministère de l’Intérieur a publié des recommandations stipulant à la police de l’air et des frontières de limiter l’usage de la force et de faire marche arrière si la personne apparaît être dans une situation de panique. Des formations ont été mises sur pied.

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Un agent de la police aux frontières condamné pour la mort d’un sans-papiers

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Le tribunal correctionnel de Bobigny a condamné, jeudi 23 novembre, à six mois de prison avec sursis pour « homicide involontaire » un agent de la police aux frontières (PAF), pour la mort d’un Ethiopien qu’il était chargé d’escorter lors de son expulsion en janvier 2003 à Roissy (Val-d’Oise). Le 18 janvier, Getu Hagos Mariame, un Ethiopien de 24 ans, devait être reconduit à bord d’un avion en direction de l’Afrique du Sud. Ses protestations ont incité les policiers à utiliser ce qu’ils nomment les « gestes techniques d’intervention », afin de le maîtriser et de le réduire au silence : ils l’ont maintenu compressé, assis, le visage contre les genoux. Trop longtemps. M. Hagos Mariame a fait un malaise. Hospitalisé dans le coma, il est mort le lendemain. Pour le tenir plié sur son siège, M. Dallier s’était assis sur lui, selon des témoins, ce qu’il a toujours nié.

« MANQUEMENT À UNE OBLIGATION DE PRUDENCE ET DE SÉCURITÉ »

Le tribunal a reconnu la culpabilité d’Axel Dallier, 26 ans, le chef d’escorte, pour « homicide involontaire » en raison d’un « manquement à une obligation de prudence et de sécurité ». Dans ses motivations, le tribunal a considéré que le « pliage »  prolongé, qui avait entraîné le malaise du jeune homme, « ne correspondait pas à un usage nécessaire et strictement proportionné de la violence », ainsi que le préconise le code de déontologie de la police. Les deux collègues d’Axel Dallier ont été relaxés, le tribunal estimant que dans leur cas, la causalité entre les gestes exercés sur la victime avant le décollage de l’avion, dans la nuit du 16 au 17 janvier 2003, et la mort, n’était pas clairement établie.

Lors de l’audience, le 28 septembre, la procureure, Nadine Perrin, avait demandé la condamnation de principe d’Axel Dallier et de son collègue Merwan Khelladi, 32 ans, sans demander de peine précise. Elle avait estimé toutefois « qu’ils n’avaient pas transgressé le règlement »  et n’avait pas demandé la condamnation de David Tarbouriech, 28 ans, le dernier agent.

Depuis ce drame, la commission nationale de déontologie de la sécurité a recommandé l’abandon du geste technique de compression qui était alors enseigné à l’école de police. Et la formation des policiers d’escorte, qualifiée de « lacunaire » par la procureure, a été améliorée. Me Stéphane Maugendre, l’avocat de la famille de la victime, a estimé ce jugement « motivé et clair », réaffirmant que « le désir de la famille et des associations était d’obtenir une condamnation forte de certaines pratiques d’éloignement des étrangers, et notamment de la technique du pliage ». Suspendus pendant dix mois, les trois policiers avaient ensuite été réintégrés dans un autre service de la PAF.

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Un policier condamné pour la mort d’un étranger

logo-la-tribune-pour-bloc-mixte 23/11/2006

Un agent de la police de l’air et des frontières, Axel Dallier, a été condamné à six mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour homicide involontaire » d’un Somalien mort en janvier 2003 à Roissy dans l’avion qui devait le renvoyer en Afrique du Sud.

La sanction ne sera pas inscrite au casier judiciaire, ce qui permettra au condamné de rester dans la police. Le tribunal a relaxé deux autres policiers impliqués dans l’affaire, Merwan Khelladi et David Tarbouriech, qui n’ont pas directement commis les gestes à l’origine de la mort, dit le tribunal.

Getu Hagos est mort le 18 janvier 2003 alors que les trois policiers venaient de l’embarquer de force dans un vol pour l’Afrique du sud, pays dont il était arrivé une semaine auparavant sans aucun papier d’identité.

Les policiers ont reconnu à l’audience l’avoir menotté et entravé aux genoux et aux chevilles avec du scotch pour le faire monter dans l’appareil, car il se rebellait.

Axel Dallier l’a maintenu en position penchée alors que les autres passagers embarquaient, technique policière dite du « pliage », officiellement interdite depuis l’affaire.

Le tribunal estime que la mort résulte non de maladresses comme le disaient les prévenus mais de gestes qui n’étaient pas strictement nécessaires au maintien de l’étranger dans l’avion et constituent donc « un manquement aux règles de prudence”.

Me Stéphane Maugendre, avocat de la famille de la victime, s’est dit satisfait du jugement. « Une responsabilité est reconnue et c’est ce qui nous intéresse », a-t-il dit à Reuters.

Pour une éventuelle indemnisation, il devra se tourner vers la tribunal administratif. A l’audience, le parquet avait requis des peines de prison avec sursis contre Axel Daliier et Merwan Khelladi et la relaxe de David Tarbouriech.

Depuis cette affaire, le ministère de l’Intérieur, dont la politique officielle est d’augmenter les expulsions d’étrangers en situation irrégulière, a publié des recommandations stipulant à la PAF de limiter l’usage de la force et de faire marche arrière si la personne apparaît être dans une situation de panique. Des formations ont été mises sur pied.

Un policier condamné pour la mort d’un étranger

Reuters, 23/11/2006

Un agent de la police de l’air et des frontières, Axel Dallier, a été condamné à six mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour homicide involontaire » d’un Somalien mort en janvier 2003 à Roissy dans l’avion qui devait le renvoyer en Afrique du Sud.

La sanction ne sera pas inscrite au casier judiciaire, ce qui permettra au condamné de rester dans la police. Le tribunal a relaxé deux autres policiers impliqués dans l’affaire, Merwan Khelladi et David Tarbouriech, qui n’ont pas directement commis les gestes à l’origine de la mort, dit le tribunal.

Getu Hagos est mort le 18 janvier 2003 alors que les trois policiers venaient de l’embarquer de force dans un vol pour l’Afrique du sud, pays dont il était arrivé une semaine auparavant sans aucun papier d’identité.

Les policiers ont reconnu à l’audience l’avoir menotté et entravé aux genoux et aux chevilles avec du scotch pour le faire monter dans l’appareil, car il se rebellait.

Axel Dallier l’a maintenu en position penchée alors que les autres passagers embarquaient, technique policière dite du « pliage », officiellement interdite depuis l’affaire.

Le tribunal estime que la mort résulte non de maladresses comme le disaient les prévenus mais de gestes qui n’étaient pas strictement nécessaires au maintien de l’étranger dans l’avion et constituent donc « un manquement aux règles de prudence”.

Me Stéphane Maugendre, avocat de la famille de la victime, s’est dit satisfait du jugement. « Une responsabilité est reconnue et c’est ce qui nous intéresse », a-t-il dit à Reuters.

Pour une éventuelle indemnisation, il devra se tourner vers la tribunal administratif. A l’audience, le parquet avait requis des peines de prison avec sursis contre Axel Daliier et Merwan Khelladi et la relaxe de David Tarbouriech.

Depuis cette affaire, le ministère de l’Intérieur, dont la politique officielle est d’augmenter les expulsions d’étrangers en situation irrégulière, a publié des recommandations stipulant à la PAF de limiter l’usage de la force et de faire marche arrière si la personne apparaît être dans une situation de panique. Des formations ont été mises sur pied.

Somalien expulsé tué : un policier condamné

Un agent de la police aux frontières a écopé de 6 mois de prison avec sursis pour la mort involontaire d’un Somalien expulsé en janvier 2003.

Le tribunal correctionnel de Bobigny (Seine-Saint-Denis) a condamné jeudi 23 novembre un policier de la Police de l’air et des frontières (PAF), Axel Daillier, à six mois d’emprisonnement avec sursis pour homicide involontaire suite au décès d’un Somalien de 24 ans, embarqué de force dans un avion en janvier 2003.

Deux autres fonctionnaires de police, Merwan Khellady et David Tarbouriech, ont été relaxés.

Le 28 septembre dernier, le parquet avait requis la relaxe de Tarbouriech, mais avait réclamé une peine de prison avec sursis contre ses deux collègues, estimant que les gestes de Daillier et Khellady, doublé d’une « formation lacunaire », avaient entraîné le décès de Getu Hagos Mariame, arrivé le 11 janvier 2003 d’Afrique du Sud.« Déporté accompagné »Le 16 janvier, sa demande d’asile étant rejetée, il a été ré-embarqué dans un vol d’Air France à destination de Johannesburg. Mais l’homme a refusé son retour, simulé deux malaises en zone d’attente de l’aéroport de Roissy.

De force, il est embarqué à l’arrière de l’avion avant les passagers, entre Axel Daillier, chef d’escorte, et Merwan Khellady. Le troisième fonctionnaire, David Tarbouriech lui faisait face sur la rangée précédente.

Le « déporté accompagné », c’est ainsi qu’on les appelle, a hurlé, s’est débattu. Pour le forcer à rester calme, Axel Daillier l’a maintenu plié en deux sur son siège, Merwan Khellady a tenu les menottes, lui entravant les mains dans le dos. David Tarbouriech lui a appuyé sur la tête de temps en temps pour l’empêcher de se relever mais a surtout fait le « tampon », comme il l’a expliqué à l’audience, avec les passagers.

« Technique du pliage »

Getu Hagos Mariame serait resté dans cette position une vingtaine de minutes. Selon l’expertise médicale, cette position pliée a entraîné son décès par manque d’oxygénation. Depuis ce drame, cette « technique du pliage » est interdite.

L’avocat des parents de la victime, Me Stéphane Maugendre, s’est dit « satisfait » jeudi de ce jugement « bien motivé qui reconnaît la faute de chacun ».

Après le drame, les trois fonctionnaires avaient été suspendus dix mois, avant d’être réintégrés. La condamnation de Daillier ne sera pas inscrite à son casier judiciaire. Le tribunal lui permet ainsi de rester dans la police. (AP)

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Ethiopien mort lors de son expulsion: six mois avec sursis pour un policier

AFP, 23/11/2006

Photo Fred Dufour/AFP
Photo Fred Dufour/AFP

Le tribunal correctionnel de Bobigny a condamné jeudi à 6 mois de prison avec sursis un agent de la police aux frontières (PAF) pour la mort involontaire d’un Ethiopien qu’il était chargé d’escorter lors de son expulsion, en janvier 2003 à Roissy (Val-d’Oise).

Le tribunal a reconnu la culpabilité d’Axel Dallier, 26 ans, le chef d’escorte, pour « homicide involontaire », en raison d’un « manquement à une obligation de prudence et de sécurité ».

Dans ses motivations, le tribunal a considéré que le « pliage » prolongé (maintien, en position assise, du buste contre les cuisses), qui avait entraîné un malaise de Getu Hagos Madame, un Ethiopien de 24 ans qui se débattait pour ne pas être expulsé, « ne correspondait pas à un usage nécessaire et strictement proprotionné de la violence », comme le préconise le code de déontologie de la police.

Le tribunal a relaxé ses deux autres collègues, estimant que dans leur cas, la causalité entre les gestes exercés sur la victime avant le décollage de l’avion, dans la nuit du 16 au 17 janvier 2003, et la mort n’était pas clairement établie.

Lors de l’audience au fond, le 28 septembre, la procureure, Nadine Perrin, avait demandé la condamnation de principe d’Axel Dallier et de son collègue Merwan Khelladi, 32 ans, sans demander de peine précise. Elle avait estimé toutefois « qu’ils n’avaient pas transgressé le règlement ». Elle n’avait pas demandé la condamnation de David Tarbouriech, 28 ans, le dernier agent.

Hagos Madame était décédé le lendemain de son malaise. Pour le tenir plié sur son siège, la tête sur les genoux, M. Dallier s’était assis sur lui, selon des témoins, ce qu’il a toujours nié.

Depuis ce drame, la Commission nationale de déontologie de la sécurité a recommandé l’abandon du geste technique de compression qui était alors enseigné à l’école de police. Et la formation des policiers d’escorte, qualifiée de « lacunaire » par la procureure, a été améliorée.

Me Stéphane Maugendre, l’avocat de la famille de la victime a estimé ce jugement « motivé et clair », réaffirmant à l’AFP que « le désir de la famille et des associations était d’obtenir une condamnation forte de certaines pratiques d’éloignement des étrangers, et notamment de la technique du pliage »

Peine de principe requise contre les policiers de la PAF

Elodie Soulié , 29/09/2006

GETU HAGOS serait mort de n’avoir pas supporté une « technique d’usage ». La « technique du pliage », une prise dûment décrite dans le très réglementaire Guide des techniques policières d’intervention (GTPI), afin de maîtriser les rebelles particulièrement virulents.

Le 16 janvier 2003, Getu Hagos, jeune Ethiopien de 23 ans plutôt athlétique, mais surtout prêt à tout pour échapper à l’expulsion qu’il redoutait, est mort d’avoir passé vingt longues minutes le torse plié sous la pression de ses épaules, la tête touchant les cuisses, maintenu de force et menotté dans un siège d’avion à la ceinture serrée.

Hier après-midi, les trois policiers de la PAF qui devait assurer l’embarquement du « non admis sur le sol français » étaient jugés au tribunal correctionnel de Bobigny (Seine-Saint-Denis), poursuivis pour un homicide involontaire. Hagos n’a pas reçu de coups, n’a fait les frais d’aucune violence gratuite, mais les experts ont clairement désigné la cause du malaise auquel il a succombé, à quelques minutes du décollage : un « arrêt cardio-respiratoire dû à un appui marqué et la flexion de la tête sur le cou ». Entre les termes cliniques et ceux des règlements policiers, le point commun fut que la force, peut-être nécessaire pour maîtriser cet homme si virulent, fut sans doute aussi démesurée. Les magistrats rendront leur jugement le 23 novembre.

La substitut du procureur Nadine Perrin a demandé une peine de principe, avec sursis et d’une durée laissée au choix des juges pour les deux policiers qui maintenaient au plus près Getu Hagos. Le troisième, physiquement séparé par une rangée de sièges, n’aurait pu pratiquement « participer aux gestes qui ont causé la mort de Getu Hagos », a estimé Mme Perrin en l’épargnant de toute réquisition.

Droits, debout, affirmatifs, les trois policiers contestent les témoignages des personnels de bord évoquant que deux d’entre eux s’étaient littéralement assis sur le dos du jeune homme. Une telle pratique serait autrement moins légale que la pression « fréquemment employée lorsque les gens sont très virulents », a répété l’un d’eux. En janvier 2003, le jeune gardien de la paix de 23 ans avait le statut de chef d’escorte ; avant Getu Hagos il avait escorté plus de 60 expulsés réputés difficiles.

La « technique du pliage » interdite

Et depuis le début de soirée, celui-ci avait donné pas mal de fil à retordre aux policiers : d’abord en faisant un malaise, spectaculaire mais dont le médecin, par deux fois, a estimé qu’il n’était que simulation. Puis en se débattant, au point de faire passer l’escorte de deux à trois policiers, de le menotter dans le dos, de l’entraver de bandes Velcro, de le porter couché, homme-brancard désespéré mais « hurlant et gesticulant », diront les policiers, entre le fourgon et la passerelle. Puis de l’asseoir, selon cette « technique du pliage ». Depuis cet « accident », ladite technique est interdite. Le ministère de l’Intérieur a suivi les conseils de la Commission nationale de déontologie policière et édicté de nouvelles règles, des fiches techniques reprenant les « atteintes traumatiques possibles », institué des « superviseurs », une formation de deux jours des policiers d’escorte, enrichi l’équipement de ceintures de contention, autorisé la vidéo… En janvier 2003, rien de cela n’existait.

Le procès de trois policiers du commissariat de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), accusés d’avoir commis des violences sur des habitants de la ville, en 2001, a été renvoyé pour la quatrième fois par le tribunal correctionnel de Bobigny, en raison d’une erreur de ce dernier.

Une magistrate a avoué « sa honte et sa désolation devant les dysfonctionnements récurrents » qui ont affecté ce dossier, trois fois depuis novembre 2005, rejoignant ainsi les avocats des parties civiles.

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Procès pour « pliage » d’un expulsé

Actualités Politique, Monde, Economie et Culture - L'Express Anne-Laure Pham , 

Jeudi, une peine avec sursis a été requise contre deux des trois policiers de la police aux frontières jugés à Bobigny pour avoir causé la mort d’un Ethiopien lors de son expulsion en janvier 2003 à Roissy Charles-de-Gaulle. Verdict le 23 novembre

Le 16 janvier 2003, sur le vol Paris-Johannesburg, Getu Hagos Mariame, 24 ans, hurle, se débat pour ne pas être expulsé. Les policiers décident d’utiliser la technique dite du « pliage » qui consiste à faire pression sur le haut des cuisses, à faire céder la hanche en appuyant avec le corps, afin que la tête soit sur les genoux. Quelques instants plus tard, le jeune homme éthiopien n’a plus de pouls. Transporté dans le coma, il meurt le lendemain. L’autopsie conclut que le « pliage » a provoqué une compression de la carotide.

Condamnation de principe

Les trois policiers qui l’avaient escorté, Axel Dallier, Merwan Khelladi et David Tarbouriech, âgés de 26 à 32 ans, ont été jugés jeudi pour « homicide involontaire ». Suspendus pendant dix mois, ils ont depuis été réintégrés dans un autre service de la police aux frontières. Pour Stéphane Maugendre, l’avocat de la famille – absente au procès, les policiers « sont allés plus loin que la force strictement nécessaire ».

Sans préciser de peine, la procureure a demandé la condamnation de principe d’Axel Dallier, le chef d’escorte, et de Merwan Khelladi. Elle a toutefois considéré « qu’ils n’avaient pas transgressé le règlement » en pratiquant le « geste de compression » à l’origine de ce décès qu’elle a qualifié de « marginal » au regard des 14 000 reconduites effectuées chaque année à l’époque à Roissy.

« Calme et professionnalisme »

L’avocate d’un policier a quant à elle évoqué « le calme et le professionnalisme des trois agents face à un personnage qui va se déchaîner », parce que « il n’a plus rien à perdre ». « A aucun moment, je n’ai pensé que le pliage (du corps au niveau du bassin) pouvait tuer », a souligné Axel Dallier, qui nie s’être assis sur la victime comme l’affirment trois témoins, membres du personnel de bord.

La Commission nationale de déontologie de la sécurité a depuis recommandé l’abandon de ce geste de « pliage » enseigné à l’école de police. « Depuis ce drame, des consignes écrites ont été établies et on a revu la formation des policiers d’escorte qui était, il faut le dire, lacunaire », a noté la procureure. « Un homme est mort, loin de chez lui, entre les mains de la police française et j’aurais aimé juste un seul mot pour le papa et la maman de M. Hagos », a conclu Me Maugendre (avocat).

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