Archives de catégorie : droit des victimes

Un acquittement et vingt ans de réclusion

logoParisien-292x75 Nelly Terrier, 30/11/2001

MARC PETAUX, 42 ans, a été acquitté cette nuit par les douze jurés et les trois magistrats professionnels composant la cour d’assises d’appel de Créteil (Val¬de Marne). Son coaccusé, Aziz Oulamara, 40 ans, a été condamné, lui, à vingt de réclusion criminelle, reconnu coupable du meurtre de Catherine Choukroun, la première policière tuée dans la nuit du 19 au 20 février 1991 à Paris, sur une bretelle d’accès du périphérique.

Le jury n’a ainsi pas suivi les réquisitions de l’avocat général Pierre Kramer, qui avait demandé une peine de vingt ans à l’encontre des deux hommes, des anciens videurs de la rue Saint-Denis. Le représentant du ministère public avait fait part de sa « certitude » concernant la culpabilité d’Oulamara et de sa « quasi-certitude » quant à celle de Petaux, reprenant ainsi l’expression de Philippe Bilger. l’avocat général de la cour d’assises de Paris, qui avait obtenu le 15 septembre dernier en première instance la condamnation des deux hommes à vingt années de réclusion criminelle lors de ce premier procès. Nathalie Delhomme une ex¬prostituée, avait été acquittée. Marc Petaux doit probablement cet acquittement au bénéfice du doute et à la faiblesse de l’accusation à son égard. Pendant les cinq jours d’audience à Créteil menés fermement par le président Getti, ses deux avocats, Me Sophie Obadia et Hervé Témime, n’ont eu de cesse de démonter point par point la fragilité des charges qui pesaient contre lui. Ils ont réussi à fragiliser le principal témoin à charge, Serge Schoeller, un escroc multirécidiviste, qui aurait vu le soir des faits Oulamara, Delhomme et Petaux quitter la rué Saint-Denis et revenir dans la nuit, à Saint-Ouen. les deux hommes, énervés. Ses propos, émaillés de nombreuses contradictions, avaient été largement rendus suspects à l’audience. La seconde charge contre Petaux résidait dans les aveux d’Oulamara — rétractés ensuite — qui l’accusaient d’avoir fait le coup avec lui et d’être le tireur. Le procès a. en fait permis d’imaginer qu’Oulamara accusait Petaux par rancune à son égard, peut-être aussi pour camoufler le fait qu’il était lui. le tireur. Enfin. Petaux a certainement bénéficié du témoignage de Nathalie Delhomme, venue dire qu’elle était à l’arrière dans la voiture ce soir-là et que Petaux n’y était pas.

Ce dossier, extrêmement complexe, parasité par les rumeurs et ragots de la rue Saint-Denis, a été desservi par une enquête tronquée et rial réellement commencé que six ans après les faits lorsqu’un « tuyau » est arrivé à la brigade criminelle. La résolution de cette affaire judiciaire, après deux procès et deux acquittements reste toujours insatisfaisante-pour l’esprit tant les faits commis ce soir-là demeurent en partie mystérieux.

Affaire Choukroun : un acquittement.

images 30/11/2001

Marc Petaux a été innocenté en appel du meurtre de la policière. En première instance, il avait été condamné à vingt ans de prison pour assassinat.

La cour d’Assises d’appel du Val-de-Marne a acquitté Marc Petaux, 42 ans, et condamné Aziz Oulamara, 40 ans, à 20 ans de réclusion pour le « meurtre » de la policière Catherine Choukroun et pour la « tentative de meurtre » envers le policier Emile Hubbel, en 1991 à Paris.
Il s’agit du deuxième acquittement dans l’affaire Choukroun. Au premier procès, le 15 septembre 2000, la cour d’Assises à Paris avait acquitté Nathalie Delhomme, une ancienne prostituée héroïnomane, qui était assise à l’arrière de la voiture des meurtriers, « complétement camée ».
Petaux et Oulamara avaient été condamnés à Paris à vingt ans de réclusion, pour « assassinat » et « tentative d’assassinat », suivant les réquisitions de l’avocat général Philippe Bilger.

« Je ne suis pas coupable »

A Créteil, l’avocat général Pierre Kramer avait requis vingt ans pour assassinat et tentative.
Avant le délibéré de près de six heures, dans la nuit de jeudi à vendredi, Marc Petaux avait déclaré: « je ne suis pas coupable. Etre accusé d’un crime que je n’ai pas commis, cela me traumatise depuis quatre ans. Je veux m’occuper de mon fils. Je n’ai pas de haine, contre personne ».
Aziz Oulamara venait d’assurer : « jusqu’à la fin de mes jours, je clamerai mon innocence. Pourquoi je me serais vanté d’une chose comme ça, rue Saint-Denis, où il y a la police partout? Je suis condamné sur de faux témoignages ».
La cour d’Assises du Val-de-marne a confirmé des dommages et intérêts de 100.000 francs pour le policier Hubbel.
Le 7 décembre prochain, Me Stéphane Maugendre, du barreau de Seine-Saint-Denis, entend saisir à nouveau un Fonds de garantie qui a déjà accordé 30.000 francs d’indemnisation au policier Hubbel, avant le premier verdict, et qui lui a refusé d’accorder 100.000 francs ou un complément, cet automne, selon Me Maugendre.

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La rue Saint-Denis, plus terrifiante que les assises

logo france soir Marie Mossereau, 24/11/2001

Sous pression, Johanna la prostituée n’a pas voulu dire qui se trouvait à bord du véhicule des meurtriers de Catherine Choukroun

Ce soir-là, qui était dans la voiture ? » Le président Jean-Pierre Getti tonne. A la barre des témoins, Nathalie Delhomme, alias Johanna la prostituée, chancelle, mais ne moufte pas. «Vous avez prêté serment!», explose le président. Puis, d’une voix ferme : «Aujourd’hui, c’est jour de vérité, madame. » Johanna reste bouche bée, face au président qui la mitraille du regard. Un long silence s’installe alors dans la salle d’audience. On n’entend plus que le bourdonnement d’une chaufferie lointaine.

Le témoignage de Nathalie Delhomme était très attendu, hier, par la cour d’assise de Créteil, qui juge en appel le meurtre de sang-froid, en 1991, du gardien de la paix Catherine Choukroun. Témoin numéro 1, Johanna a reconnu avoir assisté au crime.

Cette nuit-là, Catherine Choukroun et son co-équipier sont stationnés sur le bord du périphérique parisien, porte de Clignancourt. Une voiture s’arrête à leur niveau, deux coups de feu sont tirés et la policière meurt sur le coup. En première instance, l’année dernière, l’ex-prostituée est acquittée. Marc Petaux (alias Marco) et Aziz Oulamara (alias Jacky), gros bras dans la rue Saint-Denis à Paris, considérés comme le conducteur et le passager du véhicule, sont tous deux condamnés à 20 ans de réclusion, sans que la lumière ne soit faite sur les circonstances exactes du crime.

« J’ai peur, depuis des années »

Au lendemain de ce verdict, Johanna écrit une lettre à Marco: «Je sais que tu es innocent… D’ailleurs, si j’avais su que tu étais le conducteur, je ne serais certainement pas montée dans cette voiture. » A l’époque, en effet, Johanna et Marco « ne peuvent pas s’encadrer ». Aujourd’hui, à la barre, Nathalie Delhomme, le visage rougeaud, semble pourtant incapable de réitérer ces affirmations. Elle ne peut pas davantage mettre en cause ou innocenter son compère Aziz. « J’ai peur, depuis des années, peur de n’importe quoi et de n’importe qui, et surtout des gens de la rue Saint-Denis, souffle-t-elle. Ça bouffe ma vie…»

La jeune femme se revoit «avachie» sur la banquette arrière de la voiture, « complètement camée ». Elle raconte la voix chargée de sanglots :«A un moment, on est sur le périph, je sors de ma torpeur et je comprends vaguement qu’il se passe quelque chose de grave. La fenêtre passager est ouverte et je sens de l’air frais. » C’est tout ce dont elle se souvient aujourd’hui : malheureusement pour le jury, rien de neuf. « Comment vous croire, s’impatiente le président, vous avez changé vingt fois de version!»

A demi-mot, Johanna laisse entendre qu’« on » pourrait « lui faire encaisser » le meurtre de son ancien mac, décédé en 1987, si elle ne dit pas «ce qu’on attend ». Le président résume : « Tout le monde se tient par la barbichette dans cette histoire!»

La prostituée brouille les pistes.

logoParisien-292x75 Nelly Terrier; 24/11/2001

IMG_2144LE SILENCE se fait pesant Déjà. plus de deux minutes que la salle des assises du palais de justice de Créteil est silencieuse, suspendue aux lèvres de Nathalie Delhomme, attendant une réponse qui ne vient pas. Les deux accusés Marc Petaux et Aziz Oulamara, à qui l’on reproche d’avoir gratuitement tué la policière Catherine Choukroun dans la nuit du 19 au 20 février 1991 sur le bord du périphérique, restent pétrifiés dans leur box. Le président Jean-Pierre Getti maintient la pression sur le témoin : « Nous attendons votre réponse, madame. Oui ou non, Oulamara était-il dans la voiture ? » Les secondes continuent à s’égrener dans un silence de plus en plus lourd. « Je ne sais plus », finit par murmurer Nathalie d’une voix quasi inaudible.

Le président : « Vous vous tenez tous les trois par la barbichette »

Nathalie Delhomme a la mémoire courte. L’an passé, devant la cour d’assises de Paris, alors qu’elle était dans le box des accusés et quelle risquait la réclusion criminelle à perpétuité pour complicité d’assassinat elle avait trouvé les mots pour attendrir les jurés et faire verser quelques larmes en racontant sa déchéance dans la prostitution et la drogue. Deux jours avant le verdict elle avait créé un effet d’audience, avouant un bout de vérité qu’elle et ses deux coaccusés s’obstinaient à nier depuis le début du procès. Malgré la présence dans la salle de gens du milieu quelle disait craindre, elle avait murmuré aux jurés être à l’arrière de la voiture d’où étaient partis les coups de feu, « complètement défoncée ».

Ensuite, elle avait dénoncé Oulamara comme passager, et donc éventuellement auteur des coups de feu. Puis elle avait disculpé Petaux, affirmant qu’il n’était pas avec eux dans le véhicule. Ces aveux lui avaient valu d’être acquittée.

Il semble que ce changement de statut, qui l’a fait passer d’accusée à acquittée, ait entraîné un changement de version. Devenue le témoin numéro un de ce second procès, sa version reste capitale, mais Nathalie Delhomme, bien qu’elle ait prêté serment de dire toute la vérité, semble habitée par d’autres préoccupations. Certes, elle persiste à innocenter Petaux. mais elle n’accuse plus Oulamara et, surtout elle dit connaître le nom du conducteur de la voiture, mais ne plus s’en souvenir. Chacun a bien compris qu’elle connaît le nom des coupables, mais qu’elle ne veut pas les dire. Ou qu’elle cherche à se protéger dans un autre dossier où elle est mise en examen pour complicité d’assassinat ce qui pourrait bien lui valoir de repasser aux assises en risquant la perpétuité. Le président l’a bien compris qui tente de résumer ce qui se joue dans la coulisse du prétoire et qui pourrait expliquer l’impossibilité de Delhomme de dire enfin tout ce qu’elle sait « Vous vous tenez tous les tous par la barbichette. lance-t-il aux accuses et à Delhomme. L ‘audience de l’an dernier avait en effet permis de savoir qu’a ce moment

Oulamara avait accusé Petaux d’être l’auteur des coups de feu sur la policière Catherine Choukroun et que Petaux avait de son coté accusé Oulamara d’être l’auteur de l’assassinat de Laïdouni, l’ancien souteneur de Delhomme. Une affaire en cours d’instruction à Evry dans laquelle Delhomme et deux caïds du milieu sont également mis en examen.

Hier, Nathalie Delhomme avait l’air pitoyable, noyée dans un passé inextricable et rattrapée par la fille qu’elle fut lorsqu’elle arpentait la rue Saint-Denis, tapinant pour s’acheter cinq grammes d’héroine par jour et nourrir ses proxénètes. Crinière rousse au vent, verbe haut, elle faisait alors sa loi auprès des autres filles dealant un peu de came entre deux passes, n’hésitant pas à se battre pour défendre son bout de trottoir. Dans le milieu de la prostitution, elle était crainte. Elle n’était plus hier qu’une femme en guerre avec sa conscience.

« Elle est tombée dans mes bras »

logo france soir Marie Nossereau, 23/11/2001

L’assassinat de la policière Catherine Choukroun est rejugé en appel. Marc Petaux et Aziz Oulamara nient farouchement les faits.

Ils étaient amis autrefois, vivaient l’un chez l’autre et formaient tous deux, une sorte de clan, bien connu dans le petit milieu de la rue Saint- Denis, de la came, des filles et des hôtels de passe.

Aujourd’hui, Aziz Oulamara et Marc Petaux sont de nouveau assis côte à côte. Mais dans le box des accusés cette fois. Et du charme puissant qui liait Aziz le voyou plutôt fruste et sans envergure, au « grand Marco », flambeur et bien trempé, il ne reste qu’un regard vide qu’ils s’adressent de temps à autre, mine de rien.

La cour d’assises du Val-de-Marne instruit depuis hier le procès en appel de ces deux hommes. L’année dernière, ils ont été reconnus coupables par la cour d’assises de Paris d’avoir froidement assassiné, dans la nuitdu 19 au 20 février 1991, Catherine Choukroun, une policière, en mission de surveillance en bordure du périphérique parisien. Cette nuit-là, une voiture de couleur sombre ralentit au niveau du véhicule des gardiens de la paix, stationné sur la bretelle d’accès de la porte de Clignancourt Deux coups de feu sont tirés. Catherine Choukroun est tuée sur le coup. Son co¬équipier, légèrement blessé, n’a pas le temps de réagir.

L’année dernière, ils étaient trois dans le box des accusés : Aziz, Marco et Nathalie Delhomme, alias «Johanna», une prostituée «camée » qui connaissait bien les deux hommes. Lors du procès, Johanna est la seule, dans le trio, à reconnaître qu’elle était bien à bord de la voiture des tueurs, la nuit du crime. Ce qui fait d’elle, le seul témoin de la fusillade. Elle sera acquittée. Condamnés à vingt ans de réclusion criminelle, Aziz et Marco nient farouchement aujourd’hui être les coupables. « Je clamerai mon innocence jusqu’à mon dernier souffle », lance Aziz aux jurés, la voix crispée et nasillarde. « Et Marc Petaux est innocent », poursuit-il. «Cet appel est un appel au secours », récite à son tour Marco.

Le 20 février 1991, lorsque les enquêteurs découvrent le crime, aucun indice, aucun témoignage ne peut leur fournir une piste sérieuse. Le coéquipier de Catherine Choukroun explique à la barre : « Il faisait sombre, je n’ai rien vu. J’ai entendu le premier coup de feu et ma collègue est tombée dans mes bras. »

Pour les jurés, le président fait diffuser sur plusieurs écrans, les photos de la scène du crime. Appuie-tête et sièges détrempés du sang de la victime. Parties civiles, les parents de Catherine blêmissent.

«Le rictus du passager»

A l’époque, le seul témoignage sérieux des enquêteurs, est celui d’un chauffeur de taxi qui s’est fait dépasser par « une petite voiture de couleur sombre avec à son bord, au moins trois personnes ». « J’ai sur-tout remarqué le rictus du passager lui exprimait le dédain, la haine et le mépris », indique dans sa déposition, le taxi, décédé en 1992. Tuyaux crevés, rumeurs, coups de fil anonymes, indics plantés, vérifications à rien plus finir, l’enquête piétine jusqu’en 1997. Un renseignement anonyme permet alors aux policiers de remonter la piste de Johanna et de ses relations. Les en-quêteurs apprennent alors qu’Aziz, qui fréquente son souteneur, se | vante d’être l’auteur du « coup du périph » et d’avoir « fumé un flic ».

A partir de 1997, Nathalie Delhomme ne cesse d’avouer sa présence dans la voiture en compagnie d’Aziz et de Marco, puis de se ré¬tracter, avant d’avouer à nouveau. Elle jure que l’un des deux accusés est innocent et frétait pas dans la voiture. Mais elle ne peut pas donner le nom du véritable coupable, par peur du « milieu » et des représailles. Johanna doit témoigner ce matin devant les jurés de Créteil. Que dira-t-elle, cette fois-ci ?

deux accusés nient avoir tué la policière

logoParisien-292x75 Nelly Terrier, 23/11/2001

(LP/ Frédéric Dugit)
(LP/ Frédéric Dugit)

LA RUE SAINT-DENIS, haut lieu de la prostitution parisienne ne s’était pas déplacée hier à la cour d’assises du Val-de-marne au premier jour du procès en appel d’Aziz Oulamara, dit Jacky, 42 ans, et Marc Petaux, surnommé Marco,40 ans. Ces deux accusés ont été condamnés l’an passé par la cour d’assises de Paris à vingt ans réclusion criminelle pour l’assassinat de Catherine Choukroun, une policière gratuitement abattue sur le bord du périphérique dans la nuit du 19 au 20 février 1991.

Il y a un an pourtant se pressait dans la sale d’audience tout un petit monde étrange, où se mêlaient proxénètes et femmes de petite vertu, tous attentifs aux débats et aux nombreux témoins qui livraient à la barre des versions souvent bâties sur des rumeurs et des ragots. Aujourd’hui les mêmes font défaut : la salle d’audience est désertée et la plupart des témoins ont disparu. Le président Jean-Pierre Getti a donc été obligé de lancer hier, dès l’ouverture de l’audience plus d’une quinzaine d’avis de recherches.

Condamnés à vingt ans

En attendant les témoins, la cour entend le récit livré par les policiers de la brigade criminelle, d’une enquête qui a duré plus de six ans. Tout commence cette nuit du 19 au 20 février 1991. Les policiers Catherine Choukroun et son collègue Emile Hubbel stationnent dans une voiture de service sur le bord du périphérique, pour une opération de contrôle de vitesse. Subitement un véhicule surgit derrière eux, deux coups de feu sont tirés, la fonctionnaire s’écroule tuée sur le coup.

Le seul témoin meurt peu de temps après : un chauffeur de taxi qui a entendu les tirs et a été doublé par une Austin noire tous feux éteints, transportant deux hommes devant et une femme blonde derrière. Il faudra attendre 1997 pour que les policiers bénéficie d’un tuyau d’indic, qui donne le numéro d’immatriculation de l’Austin et précise qu’à bord roulaient, ce soir-là, des individus impliqués dans l’assassinat d’un homme en forêt de Sénart. Les policiers arrêtent alors Aziz Ouiamara, videur rue Saint-Denis, et Nathalie Delhomme. prostituée, tous deux mis en examen pour l’assassinat de l’ancien proxénète de Delhomme. Ce n’est qu’ensuite qu’ils arrêteront Marc Petaux, ami d’Oulamara, également videur rue Saint-Denis.

En première instance l’an passé, Oulamara et Petaux, qui niaient les faits, comme ils l’ont encore fait hier matin, avaient été condamnés à vingt ans de réclusion criminelle. Et Delhomme, la seule qui reconnaissait être dans la voiture d’où étaient partis les coups de feu, avait été acquittée. Elle devrait venir ce matin à la barre, comme témoin cette fois-ci. Réitérera-t-elle des aveux qui innocentaient Petaux et chargeaient Oulamara ? Des aveux qui n’avaient pas convaincu les jurés de première instance. Le mystère reste donc entier.

Jugés pour le meurtre d’une policière sur le périphérique

logoParisien-292x75Nelly Terrier, 22/11/2001

PLUS DE DIX ANS après les faits, le meurtre gratuit de la policière Catherine Choukroun, tuée sur le périphérique dans la nuit du 19 au 20 février 1991, sera à partir d’aujourd’hui devant la cour d’assises de Créteil qui siège en juridiction d’appel L’an passé, lois du premier examen de l’affaire par la cour d’assises de Paris, en septembre, il y avait trois accusés dans le box Aziz Oulamara, dit Jacky, 40 ans, Marc Petaux surnommé Marco, 42 ans, et Nathalie Delhomme, alias Johanna, 37 ans. Les deux premiers, videurs d’hôtels de passes dans la rue Saint-Denis, avaient été reconnus coupables du meurtre et condamnés à vingt années de réclusion criminelle. La troisième, une ancienne prostituée, avait été acquittée alors qu’elle était poursuivie pour complicité.

Ne seront donc présents aujourd’hui dans le box que Oulamara et Petaux, qui nient tous deux être auteurs des faits et crient à l’erreur judiciaire. Face à eux s’assoiront des parties civiles. Devraient être là Gilles Choukroun, le mari de la victime, qui élève seul leur petite fille, et Emile Hubbel, le collègue de Catherine Choukroun, blessé à ses côtés le soir du drame.

Deux thèses s’affronteront.

Celle de l’accusation, suivie par les jurés en première instance et fondée en partie sur les premiers aveux de Oulamara, rétractés depuis. Ce dernier avait raconté en novembre 1997 au juge d’instruction, peu de temps après son arrestation, que le soir du drame, lui-même, Marco et Johanna étaient partis tous trois en voiture pour acheter de l’héroïne. C’est alors qu’ils avaient aperçu la voiture de police, embusquée sur le bas-côté du périphérique, et que Petaux serait descendu faire un carton. Comme ça, gratuitement

Zones d’ombre

La seconde version est celle racontée lors du premier procès par Johanna, chargeant Oulamara et innocentant Petaux. Un des moments forts de l’audience pourrait donc être l’audition comme témoin de Nathalie Delhomme, l’ex-accusée acquittée. Mais viendra-t-elle dire à la barre aujourd’hui ce qu’elle avait fini par avouer l’an passé ? Elle avait raconté s’être trouvée à l’arrière de la voiture d’où étaient parfis les coups de feu mortels et avait précisé :« Il n’y avait pas Marc Petaux sinon je m’en souviendrais (…)», ajoutant encore: « Le passager avant (NDLR : celui qui a donc tiré les coups de feu), c’était Aziz Oulamara.» Et la prostituée avait fini sa tirade d’aveux en déclarant terrorisée : « Si je raconte tout ça, c’est pour qu’un innocent ne parte pas en prison. Mais je risque gros, pour mon enfant et moi-même. Il y a des gens du milieu dans le public, ils ne me lâcheront pas. »

Ce second procès permettra-t-il d’éclaircir les zones d’ombre qui subsistaient dans ce dossier, notamment les liens entre Oulamara et Delhomme, tous deux mis en examen pour l’assassinat en 1987 d’un ancien souteneur de la prostituée ?

Bienvenue est mort en France

logo-france-soir11 Eric Juherian, 20/06/2001

Drame. Lors d’une rixe dans un centre commercial, un vigile a été poignardé. Son meurtrier, un ex… vigile, passe en jugement

Aujourd’hui débute devant la cour d’assises de Seine-Saint-Denis le procès de Fabrice Ozier Lafontaine, 29 ans, accusé d’avoir tué, au cours d’une altercation, un vigile dans un centre commercial de Rosny-sous-Bois. L’histoire, aussi dramatique soit-elle, pourrait néanmoins paraître banale, le simple reflet d’une violence quotidienne. Elle est bien plus que cela.

Sans-papiers

Tout d’abord, la victime, Bienvenue Makolo, 39 ans, engagée comme vigile, sous le nom de son frère, N’Kombe Makolo, de nationalité française, par une société de sécurité peu regardante. Il est décédé aux yeux de la justice française sous ce même patronyme.

La vie de Bienvenue, c’est le parcours difficile d’un sans-papier zaïrois qui ne reçoit pas forcément l’accueil que son prénom lui laissait entrevoir. Déserteur de l’armée zaïroise, il demande l’asile politique. En vain. Il enchaîne alors les petits boulots, au noir, mal payés. Et puis un jour, las, il emprunte la carte d’identité française de son frère et devient vigile dans un centre commercial de Rosny. « C’est l’histoire d’un sans-papiers qui a donné sa vie à la tranquillité de l’ordre public », dit de lui l’avocat de sa famille Me Stéphane Maugendre. Rompu aux arts martiaux, figure delà communauté zaïroise parisienne, Bienvenue Makolo n’en était pas pour autant kamikaze. Le 1er juillet 1998, vers 19 h 30, lorsque éclate une altercation entre une bande de jeunes éméchés et les vigiles du centre commercial, prudent, il alerte les forces de l’ordre.

Le temps que la police arrive, l’un des fauteurs de troubles tente de s’enfuir par une porte dérobée. Bienvenue court le neutraliser : « Casse-toi ou je te nique ! », lui lance alors le jeune homme, fou de rage. Joignant le geste à la parole, il sort un couteau de sa poche. Le vigile tente d’esquiver mais prend deux coups, l’un au front, l’autre à la gorge, fatal. Il meurt trois jours plus tard des suites de ses blessures Du box des accusés, Fabrice Ozier Lafontaine doit répondre aujourd’hui et jusqu’à demain du meurtre de Makolo. Il a « partiellement» reconnu les faits. Ce jour-là, il déambulait en compagnie de son frère et de quelques amis dans les allées de la galerie marchande. Ayant bu, « tous se trouvaient chauds », selon ses propres termes. Ironie de l’histoire : Ozier Lafontaine, sans emploi fixe, était occasionnellement employé par une agence d’intérim comme… agent de sécurité. ,

Meurtre d’un vigile : des versions contradictoires

images fig Tanguy Berthemet, 20/06/2001

C’est une histoire de frères que les magistrats de la cour d’assises de Seine-Saint-Denis, à Bobigny, tentent de démêler depuis hier. Une histoire d’entraide et de meurtre. Celle d’Henri, tout d’abord, qui, pour aider son aîné, Bienvenue Makolo, un Zaïrois sans papier, lui prêtait son identité pour travailler dans une société de gardiennage. Celle de Fabrice Ozier-Lafontaine, qui, voulant veiller sur son cadet, Jérémie, a poignardé à deux reprises Bienvenue, alors vigile dans un centre commercial.

Le 1er juillet 1998, vers 18 h 30, Fabrice Ozier-Lafontaine, aujourd’hui âgé de 29 ans, se rend à Rosny II avec « des amis, pour manger». Ils sont, selon lui, « chauds », après avoir bu du rhum. Au sortir du magasin Darty, le groupe, composé de sept à huit jeunes, croise trois agents de sécurité. Le ton monte vite. « Ils voulaient qu’on parte, alors il y a eu des gestes et des insultes », témoigne, à la barre, Malik Dioum, un ami de Fabrice. Les vigiles appellent deux collègues en renfort, puis la police.

Mais près de la porte, une bagarre éclate. Bienvenue Makolo, touché de deux coups de couteau au cou et au front, ne se relèvera pas. Très rapidement interpellé, Fabrice reconnaît les faits, tandis qu’un poignard est retrouvé non loin, dans un bac à fleurs.

Mais ce sont bien là les seules certitudes des débats. De fait, Fabrice affirme « avoir été pris de dos par une clef au cou ». « Je ne voyais rien, j’étouffais. Alors j’ai sorti mon couteau et j’ai piqué deux fois très vite. Je ne voulais pas tuer », explique-t-il. Seulement, Bienvenue Makolo, interrogé très peu de temps avant de mourir, a assuré que son agresseur lui avait d’abord lancé : « Casse-toi ou je te nique ! », avant de l’attaquer de face. Quant aux témoins, tous racontent des versions différentes, voire contradictoires, du drame. « Pourquoi vous promeniez- vous avec un couteau ? demande alors la présidente. – Je suis toujours armé », se contente de répondre l’accusé.

Et Me Yves Leberquier, d’insister : « Mais pourquoi ? – Depuis que j’ai vu, à l’âge de 12 ans, et sans pouvoir intervenir, mon oncle violer ma petite sœur sourde-muette. »

Responsable, coupable

logo france soir Eric Juherian, 20/06/2001

L’auteur des coups de couteaux revendique le meurtre de Bienvenue Makolo.

Ses yeux sombres balaient la salle d’audience de la cour d’assises de Bobigny d’un regard glacial, implacable : « Je dis que c’est moi, c’est tout à fait moi. » Du box des accusés, Fabrice Ozier Lafontaine, jeune martiniquais de 29 ans; les traits fins, d’imposante stature, revendique avec fermeté le meurtre de Bienvenu Mokolo, sans-papier zaïrois devenu vigile dans un centre commercial de Rosny-sous-Bois, un soir de juillet 1998.

« Il faisait beau. C’était l’ambiance Coupe du Monde, la France menait», se souvient l’accusé. Bref, une belle journée : Fabrice Ozier Lafontaine, son jeune frère, Jérémie, et une poignée de copains décident de se rendre au centre commercial. « Pour manger», précise Jérémie. En route, ils achètent des bières, du rhum, boivent le tout et arrivent particulièrement éméchés dans la galerie marchande. « C’est vrai, on était chaud », admettent à la barre les jeunes gens présents le jour du drame. Tellement « chaud » que rapidement une bagarre éclate entre les vigiles et la bande.

Carte d’identité

Tout va très vite. Les agents de sécurité tentent de maîtriser les perturbateurs. Dans la confusion, Bienvenue Mokolo reçoit deux coups de couteau, le premier au front, le second, fatal, à la gorge. Il décède deux jours plus tard à l’hôpital. « J’ai mal », avoue-t-il à sa sœur dans un ultime soupir. Bienvenue, sans-papier zaïrois au parcours sans faux-pas, prêt à tout pour s’insérer dans la société française, meurt sous le nom de son frère, N’Kombe Mokolo, de nationalité française, à qui il avait emprunté sa carte d’identité pour obtenir cet emploi de vigile. Il gagnait sa vie, louait un appartement.

Souvenirs

« Quelqu’un de bien», confie son supérieur hiérarchique. Une procédure de régularisation était en cours, un dossier déposé à la préfecture. Trop tard. Bienvenue n’aura jamais de papiers français. Son meurtrier présumé, Fabrice Ozier Lafontaine, affirme avoir voulu se défendre : « Il m’étouffait. Je voulais me libérer. » Il y parvient, à l’aide d’un couteau, qu’il garde en permanence dans sa poche. Un témoin de la scène vient à la barre : « C’est le petit frère (Jérémie) qui a porté les coups, c’est pas lui. » Un doute parcourt la salle d’audience. Un policier, présent sur les lieux du drame, se rappelle de cette phrase, lâché comme un cri par l’accusé, lors de son interpellation, quelques minutes après le drame : « relâchez mon frère, c’est moi l’auteur des coups de couteau ! ». Devant la cour d’assises, Ozier Lafontaine réitère ses propos. Il lui reste jusqu’à ce soir pour confirmer sa culpabilité.