Bienvenue est mort en France

logo-france-soir11 Eric Juherian, 20/06/2001

Drame. Lors d’une rixe dans un centre commercial, un vigile a été poignardé. Son meurtrier, un ex… vigile, passe en jugement

Aujourd’hui débute devant la cour d’assises de Seine-Saint-Denis le procès de Fabrice Ozier Lafontaine, 29 ans, accusé d’avoir tué, au cours d’une altercation, un vigile dans un centre commercial de Rosny-sous-Bois. L’histoire, aussi dramatique soit-elle, pourrait néanmoins paraître banale, le simple reflet d’une violence quotidienne. Elle est bien plus que cela.

Sans-papiers

Tout d’abord, la victime, Bienvenue Makolo, 39 ans, engagée comme vigile, sous le nom de son frère, N’Kombe Makolo, de nationalité française, par une société de sécurité peu regardante. Il est décédé aux yeux de la justice française sous ce même patronyme.

La vie de Bienvenue, c’est le parcours difficile d’un sans-papier zaïrois qui ne reçoit pas forcément l’accueil que son prénom lui laissait entrevoir. Déserteur de l’armée zaïroise, il demande l’asile politique. En vain. Il enchaîne alors les petits boulots, au noir, mal payés. Et puis un jour, las, il emprunte la carte d’identité française de son frère et devient vigile dans un centre commercial de Rosny. « C’est l’histoire d’un sans-papiers qui a donné sa vie à la tranquillité de l’ordre public », dit de lui l’avocat de sa famille Me Stéphane Maugendre. Rompu aux arts martiaux, figure delà communauté zaïroise parisienne, Bienvenue Makolo n’en était pas pour autant kamikaze. Le 1er juillet 1998, vers 19 h 30, lorsque éclate une altercation entre une bande de jeunes éméchés et les vigiles du centre commercial, prudent, il alerte les forces de l’ordre.

Le temps que la police arrive, l’un des fauteurs de troubles tente de s’enfuir par une porte dérobée. Bienvenue court le neutraliser : « Casse-toi ou je te nique ! », lui lance alors le jeune homme, fou de rage. Joignant le geste à la parole, il sort un couteau de sa poche. Le vigile tente d’esquiver mais prend deux coups, l’un au front, l’autre à la gorge, fatal. Il meurt trois jours plus tard des suites de ses blessures Du box des accusés, Fabrice Ozier Lafontaine doit répondre aujourd’hui et jusqu’à demain du meurtre de Makolo. Il a « partiellement» reconnu les faits. Ce jour-là, il déambulait en compagnie de son frère et de quelques amis dans les allées de la galerie marchande. Ayant bu, « tous se trouvaient chauds », selon ses propres termes. Ironie de l’histoire : Ozier Lafontaine, sans emploi fixe, était occasionnellement employé par une agence d’intérim comme… agent de sécurité. ,