Archives de catégorie : droit des victimes

Le journaliste acquitté, le caïd condamné

logoParisien-292x75 Elodie Soulié, 24/10/2003

Des deux accusés du meurtre de Gilbert Ducret, le 15 janvier 1995 à Gagny, l’un est ressorti libre et acquitté, l’autre est retourné en prison pour vingt ans. Hier soir, sans doute faute de preuves plus que par conviction, la cour d’assises de Seine-Saint-Denis a blanchi Omar Guendouz, ce journaliste de 34 ans rendu célèbre par son enquête sur le « tueur de l’Est parisien » Guy Georges.

Et tout aussi démunie de preuves mais avec plus de conviction, la cour a « chargé » son coaccusé Victor Aboui-Ella, 31 ans, le caïd de banlieue au coup de poing facile et au casier judiciaire long comme le bras, plombé par la violence et son incapacité à « laisser un affront impuni ».

Un verdict tombé à la fin d’une dernière journée d’audience qui n’a pas donné ce qu’elle espérait à Anita Ducret : la veuve de Gilbert Ducret était venue chercher une « vérité » attendue depuis bientôt neuf ans. Hier soir, épuisée par trois journées d’audiences aussi vaines que longues, elle a quitté la cour d’assises nouée par l’effroyable sentiment d’avoir perdu son temps.

Malgré les 20 ans de réclusion infligés au meurtrier présumé de son mari, elle ne saura jamais vraiment pourquoi Gilbert, le père de deux de ses enfants, est mort un soir de janvier 1995, battu à mort sur le bitume d’un carrefour de Gagny, après un banal accident de la route.

20 ans de réclusion

Durant trois jours d’audiences « polluées par le mensonge », comme le regrette l’avocat de la famille Ducret, Me Stéphane Maugendre, et comme ils le font en réalité depuis le début de l’instruction, les deux accusés n’ont pas aidé la cour à progresser vers cette vérité que tout
le monde espérait. Ils n’ont fait que se renvoyer la faute, sans regards pour le petit banc où, coudes serrés dans une douleur qui les brise, les proches de Gilbert espéraient un aveu, une explication.

Or ni Omar Guendouz, si contrit en avouant « avoir beaucoup menti, par lâcheté et par peur » pour protéger Aboui, ni celui-ci, en répétant lapidairement n’avoir « rien vu, rien entendu, rien fait » ce soir du 15 janvier 1995, n’ont aidé à trouver cette vérité.

A l’heure de rendre leur verdict, les jurés ne pouvaient qu’être troublés par le réquisitoire de l’avocate générale, ouvertement impuissant à demander une quelconque peine contre Omar Guendouz. Mais suffisamment convaincue pour requérir 15 ans de réclusion criminelle contre Victor Aboui. «Je ne peux requérir sur de seuls sentiments, et sur les mensonges si nombreux de Guendouz, a reconnu Laure Vermeersch. Or, en l’état de ce dossier, aucun élément tangible ne m’apporte la preuve qu’il a fait quelque chose. » L’avocate générale a trouvé plus « d’éléments » contre Victor Aboui, coupable, selon elle, de l’acharnement de violence dont est mort Gilbert Ducret.

Laure Vermeersch venait d’ouvrir la porte de l’acquittement pour Guendouz, et de fermer toute issue à Victor Aboui. Me Sophie Bottai, l’avocate du journaliste, a juré que Guendouz n’était fautif que de « n’avoir pas été courageux ». Pour Me Oussedik, avocat d’Aboui, son client paie son profil de « coupable idéal », et la cour est selon lui tombée dans le nouveau piège construit par Guendouz, le « magicien du verbe » : la manipulation.

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Un journaliste aux assises

images 2Stéphanie Marteau, 17/10/2003

Le procès d’Omar Guendouz se tiendra du 21 au 23 octobre devant la cour d’assises de Bobigny. Journaliste indépendant au casier judiciaire chargé, Guendouz est un intermédiaire dont le rôle est d’introduire les journalistes de France 2 et de France-Soir auprès de caïds des cités. Il comparaît pour meurtre. Les faits remontent au 16 janvier 1995. A 1 h 15 du matin, Guendouz, au volant d’une Clio de location, sans permis de conduire, percute la R5 d’un père de famille de 30 ans, Gilbert Ducret. A la droite du journaliste, un délinquant présumé de Champs-sur-Marne, Victor Aboui Ella, éméché ce soir-là, Guendouz l’utilise pour entrer en contact avec les voyous des quartiers. En fait, ils sont amis.

Accusé libre

Les deux hommes descendent de la voiture, et les insultes fusent. Depuis son pavillon, un témoin assiste à la scène. Quand il arrive sur les lieux, le père de famille gît sur le sol, mort. « L’expertise médicale est formelle : deux coups portés avec une crosse de revolver ont fait exploser la boîte crânienne » , observe Stéphane Maugendre, l’avocat des parties civiles. Depuis huit ans, Aboui et Guendouz s’accusent mutuellement. Pour Anita Ducret, la veuve de la victime, « ils sont complices : l’un l’injuriait pendant que l’autre, par-derrière, le frappait » . Pour son avocate, Sophie Bottai, Guendouz « entretenait des relations avec des voyous qui lui nuisent aujourd’hui » … Une chose est sûre : Omar Guendouz, qui comparaîtra devant les assises en accusé libre, continue pour le moment à travailler : à France 2, la rédaction en chef s’accommode de « sa personnalité fantasque » . Et le directeur de la rédaction de France-Soir , André Bercoff, sera témoin de moralité au procès de son collaborateur.

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Des proxénètes recrutaient des adolescentes africaines à la sortie du tribunal de Bobigny

index Alexandre Garcia, 12/02/2003

Le tribunal de grande instance (TGI) de Bobigny (Seine-Saint-Denis) a-t-il servi de plaque tournante à un réseau international de proxénétisme ? La rumeur a longtemps circulé mais elle s’est transformée en scandale quand le Groupe d’information et de soutien des immigrés (Gisti) a déposé une plainte en mars 2001.

De janvier 2000 à juin 2001, une cinquantaine d’adolescentes africaines ont bien disparu quelques jours après leur passage au palais de justice, a confirmé, lundi 10 février, Françoise Bouthier-Vergez, présidente de la 13e chambre du tribunal correctionnel de Bobigny, où sont jugées 10 personnes accusées de proxénétisme aggravé. Alors que la police constatait dans le même temps « un fort accroissement de la prostitution de jeunes Sierra-Léonaises sur le trottoir parisien », ces prévenus auraient mis la main sur des mineures sans papiers à leur sortie des audiences consacrées aux étrangers arrivés en France en situation irrégulière.

Dans sa plainte, le Gisti avait relaté la manière dont des « rabatteurs » africains assis dans les rangs du public profitaient des audiences pour entrer en contact avec ces jeunes femmes à qui ils proposaient un logement le temps de régler leurs problèmes administratifs. Ce mode de recrutement, qui, selon le Gisti, semblait connu de « l’ensemble du monde judiciaire de la Seine-Saint-Denis », a été détaillé au cours de l’instruction par trois prostituées, dont deux étaient passées par le tribunal. Régulièrement battues et menacées de mort, Grace, Queen et Victoria avaient été recrutées en Afrique puis prises en charge à leur arrivée en France par le réseau auquel elles devaient chacune rembourser 50 000 dollars (46 640 euros). Les trois femmes ont donné les noms de leurs souteneurs. A la tête de l’organisation, Edith Erhunmwunse, une Nigériane de 25 ans qui a réussi à prendre la fuite.

Le couple qui hébergeait les jeunes femmes a été interpellé en novembre 2001, avec d’autres membres de la filière. A l’audience, Herod et Joyce Opoku ont expliqué qu’ils n’ont fait qu’héberger pendant six mois trois filles « qui ne savaient pas où dormir » en leur demandant « 400 ou 500 francs pour l’électricité ». Interrogé sur sa fréquentation des éducateurs de l’aide sociale à l’enfance, Aron Kodua, l’ex-compagnon d’Edith, emprisonné depuis un an, a expliqué avoir voulu « rendre service » en accompagnant deux mineures sierra-léonaises à la gare, « qui ne sont jamais arrivées à leur foyer d’accueil », relevait la présidente. En 18 mois, 50 autres mineures ont fugué ainsi, « sans laisser aucune trace », a-t-elle soupiré.

Enquêtes inabouties, failles du système judiciaire, complicités éventuelles ? Aucune piste ne permet de trouver ailleurs que dans le réseau les causes d’une aussi longue série de disparitions. Tout juste est-il mentionné, dans un procès verbal, que les recrues d’Edith étaient prévenues à l’avance de l’aide qui leur serait apportée par un avocat au tribunal. « Je ne me souviens pas de son nom, mais si cet avocat est arrêté, Edith en trouvera un autre parce qu’elle a beaucoup d’argent », avait expliqué Victoria aux enquêteurs.

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les dix personnes soupçonnées de proxénétisme employant de jeunes Africaines ont été condamnées à des peines de prison.

LeMonde.fr 12/02/2003

Extrait: Les dix personnes soupçonnées d’avoir participé à un réseau de proxénétisme employant de jeunes Africaines ont été condamnées, mardi 11 février, à des peines de quinze mois à neuf ans et demi de prison par le tribunal correctionnel de Bobigny (Seine-Saint-Denis)…

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Lourdes peines pour les proxénètes

logo-liberation-311x113  Charlotte Rotman,

C’était un procès très attendu. Derrière ce qui ressemble à une banale histoire de proxénétisme, se jouait lundi et hier à Bobigny une affaire qui a remué le monde judiciaire de Seine-Saint-Denis.

Embarrassante affaire

Tracy, Joy, Déborah, Bridget, Helen, Pat, Cynthia… ces prénoms, égrenés à l’audience de la 13e chambre correctionnelle à Bobigny lundi et mardi avaient un écho particulier. Car ces jeunes filles, dont la plupart ont aujourd’hui disparu, sont toutes passées après leur arrivée à Roissy devant le juge de Bobigny. Puis ont été recrutées, mineures, par des rabatteurs.

Les scènes décrites à l’audience, à l’occasion du procès de dix prévenus, se jouaient ici même dans l’enceinte du tribunal, et aux alentours. La présidente, Françoise Bouthier-Vergez, ainsi que ses deux assesseurs ont pu eux-mêmes constater ces manèges bien huilés lors de leurs permanences à l’audience des étrangers (dite du 35 quater). Cette proximité embarrassante a sans doute motivé la gravité des peines requises par le procureur, de trois à dix ans de prison, la peine maximale pour le cerveau du réseau, une Nigériane, nommée Edith, actuellement en cavale. Ce sont ces manoeuvres qui ont suscité, en 2001, une plainte déposée par le Gisti (1) (Libération du 31 octobre 2001). «Tout le monde savait», a rappelé à l’audience Me Stéphane Maugendre, partie civile pour le Gisti et le Mrap. «La procédure elle-même poussait ces jeunes filles sur le trottoir.»

Trois prostituées

Le deuxième volet de l’affaire est parisien : il fait suite à la plainte déposée en novembre 2001 par trois jeunes filles, absentes de l’audience. Rose, Grace et Victoria, jeunes prostituées, racontent alors à la police qu’elles ont été recrutées en Afrique par Edith, qui leur a procuré des documents de voyage et les a convoyées jusqu’en France. Elles ont été défendues au tribunal de Bobigny par un avocat choisi, qui a obtenu leur entrée sur le territoire. Elles déclarent alors résider chez un couple de Ghanéens : les Opoku, qui comparaissaient hier. Victoria, Rose et Grace rapportent, à tour de rôle, aux enquêteurs qu’Edith et Herod Opoku les ont accompagnées sur leur lieu de travail, porte de Vincennes. Elles devaient régler 50 000 dollars pour rembourser leurs frais d’entrée en France par versements hebdomadaires. «Edith expliquait la procédure, disait qu’il fallait se dire de la Sierra Leone, et ne pas donner son nom ghanéen, raconte Victoria aux policiers. Elle a beaucoup d’argent, elle achètera d’autres avocats.»

La présidente cite une étude de la brigade des mineurs de Paris : sur 44 enfants sierra-léonaises placées à l’Aide sociale à l’enfance, en 1999, 24 ont fugué. «Toutes les jeunes filles ont un numéro de téléphone quand elles arrivent, explique le directeur d’un foyer à la police. Elles sont soit très coquettes habillées à l’européenne, ou très simplement. Elles n’ont pas de bagages.» Et disparaissent en quelques jours. En 2000 et 2001, on compte encore 55 fugues. Lundi et mardi, quelques maillons de cette chaîne étaient donc jugés. Dix prévenus, accusés de proxénétisme, dont deux absents du box. Le couple Opoku reconnaît avoir hébergé Rose, Grace et Victoria. «Elles étaient en galère et n’avaient pas d’endroit où dormir», dit le mari. «C’est la seule chose que l’on peut reprocher à mes clients», estime leur avocate Me Yamina Belajouza, qui déplore les huit années de prison requises contre eux. «J’ignore ce qu’elles font», tente de se défendre l’épouse. «Mais elles s’absentaient la nuit, et ne revenaient qu’au petit matin, tous les jours !», s’étonne la juge. A Arron Kodua, un ancien petit ami d’Edith, la magistrate demande des explications qu’il est bien en peine de fournir. Pourquoi est-il allé déjeuner en compagnie d’une assistante sociale avec deux jeunes filles mineures qu’il ne connaissait pas, qu’il devait accompagner à la gare St-Lazare et qu’on n’a plus jamais revues ? Pourquoi a-t-il eu des contacts téléphoniques avec des prostituées notoires ? Que faisaient chez lui des documents officiels vierges dont des ordonnances judiciaires ? Pourquoi a-t-il envoyé en Espagne, au Bénin, au Sénégal, au Niger et en Italie, par le biais de la Western Union, 443 100 francs entre janvier 1999 et le milieu de l’année 2000 ?

Le fantôme Edith

Mais la grande absente, le «fantôme de ce procès» selon le procureur, demeure Edith. Une femme que la présidente décrit comme élégante, couverte de bijoux et que certains prévenus appellent «le boss», la «mother», ou «la maquerelle». «Je pense qu’il y a une structure beaucoup plus solide qui n’a pas été démantelée. La preuve en est que des filles sont toujours sur les trottoirs à Paris», a commenté l’avocate du couple. «Cette affaire n’est pas vraiment un aboutissement mais plutôt un commencement…», a estimé Me Simon Foreman, qui au nom de la Cimade et de l’Anafé (2) a engagé le parquet à se montrer vigilant face au sort des mineures étrangères. Hier soir, le compagnon d’Edith a été condamné à huit ans et demi de prison et à l’interdiction définitive du territoire. Le couple ghanéen s’est vu infliger sept ans de prison pour le mari et cinq ans et demi pour la femme. Ils veulent faire appel. Les autres prévenus ont pris des peines de quinze mois à cinq ans et demi. A côté, de la salle d’audience, défilent Chinois, Africains, femmes et hommes, escortés par la police. Peut-être encore suivis par l’ombre d’autres proxénètes.

(1) Groupe d’information et de soutien des immigrés.

(2) Association nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers.

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« Ils viennent toujours chercher des filles au tribunal »

 J.C. , 01/02/2003

(LP Archives, P. Le pouliquet)
(LP Archives, P. Le pouliquet)

STÉPHANE MAUGENDRE défend les intérêts du Gisti (Groupe d’information et de soutien aux étrangers), dépositaire de la plainte à la suite de laquelle une enquête avait été ouverte sur ce réseau de prostitution. Aujourd’hui, il défend les intérêts de l’association sur les bancs de la partie civile.

« Nous ne demandons pas de dommages et intérêts contre les prévenus. Notre objectif est plus large», explique Stéphane Maugendre.

Le Gisti plaide en faveur d’un véritable plan d’action pour les mineurs étrangers lorsqu’ils débarquent à l’aéroport de Roissy sans papier. « On leur applique d’abord le droit des étrangers, ils sont placés en zone d’attente avec des menottes et conduits devant un juge. Nous pensons qu’il faut d’abord les traiter comme des mineurs en danger, soutient l’avocat. Chaque année, 60 % des mineurs étrangers fuient les foyers de l’aide sociale à l’enfance dégoûtés par le parcours judiciaire qu’on leur impose. »

L’avocat du Gisti affirme que le trafic de jeunes filles africaines destinées à la prostitution n’a malheureusement pas été stoppé lors de l’arrestation des acteurs de ce réseau. « Les observateurs affirment qu’aujourd’hui d’autres proxénètes viennent toujours chercher des filles au tribunal de Bobigny », confie Stéphane Maugendre.

Selon le Gisti, sur un millier de filles mineures qui débarquent chaque année sans papier à Roissy, des centaines se retrouvent encore sur les trottoirs des boulevards des maréchaux à Paris.

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Les proxénètes recrutaient les Africaines au tribunal

 Julien Constant, 20/12/2002

EDITH E… est toujours en fuite. Cette Nigériane de 25 ans est pourtant la pièce maîtresse d’un réseau international de prostitution de jeunes filles africaines. Constitué de véritables esclavagistes, ce réseau recrutait ses victimes en Afrique de l’Ouest avant de les récupérer au tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) à la sortie des audiences destinées à statuer sur l’entrée en France des étrangers.

Cet après-midi, neuf de ses complices, tous originaires de pays anglophones d’Afrique de l’Ouest et installés en région parisienne, comparaissent devant le tribunal correctionnel de Bobigny, qui fixera la date de leur procès.

L’affaire débute en mai 2001, lorsque l’association Gisti (Groupe d’information et de soutien aux étrangers) dépose plainte auprès du doyen des juge  d’instruction de Bobigny après la disparition de plus cinquante jeunes filles des foyers de l’aide sociale à l’enfance de Seine-Saint-Denis.

Jusqu’à 50 000 dollars à rembourser

C’est à la même période que les trottoirs parisiens des boulevards des maréchaux commencent à être inondés par les prostituées africaines. Ces réseaux montent en puissance et arrivent même à supplanter les organisations mafieuses albanaises.

Dans un premier temps, l’enquête piétine et rien de concluant n’émerge avant le 25 novembre 2001. C’est à cette date que trois prostituées, âgées de 20 à 25 ans, décident de raconter leur calvaire aux policiers parisiens. Recrutées à Lagos (Nigeria), ces jeunes femmes avaient été totalement prises en charge par Edith E… La mère maquerelle leur avait ordonné de déclarer aux autorités françaises qu’elles étaient âgées de 15 ans. Avant le départ, le réseau leur avait remis une carte téléphonique et un numéro à composer dès leur arrivée à l’aéroport de Roissy pour prévenir leur complice. Edith avait engagé un avocat spécialisé pour faire sortir ses proies du tribunal.

A l’issue de l’audience au tribunal de Bobigny ou à la sortie des foyers de Seine-Saint-Denis, Edith envoyait un chauffeur pour les ramener dans l’appartement d’un complice. Les trois jeunes femmes, obligées de se prostituer tous les soirs à la porte de Vincennes à Paris, battues dès que leur rendement baissait et quotidiennement menacées de mort, devaient rembourser le prix de leur voyage estimé à 50 000 dollars.

Ces informations ont permis d’interpeller les principaux acteurs du réseau, fin 2001. L’enquête a pu établir qu’au moins douze jeunes filles étaient passées entre les mains de ces proxénètes qui auraient aussi des bases arrière dans le nord de l’Europe.

Mais selon Me Stéphane Maugendre, l’avocat du Gisti, cette affaire n’est « qu’un iceberg qui cache la banquise ».

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Des proxénètes africains recrutaient au tribunal

logo metro 13/12/2002

Dix membres présumés d’un réseau de proxénétisme employant de très jeunes Africaines, prises en charge à l’occasion de leur passage au tribunal de grande instance de Bobigny, comparaîtront en 2003 devant le tribunal correctionnel.

Le juge d’instruction de Bobigny, Olivier Géron, en charge du dossier à la suite d’une plainte déposée en mars 2001 par le Groupe d’information et de soutien des immigrés (Gisti), a rendu son ordonnance de renvoi devant le tribunal le 21 novembre. Dans sa plainte, le Gisti s’interrogeait sur l’éventuelle présence de “rabatteurs” à la sortie de l’audience dite des “35 quater » sur les étrangers arrivés en France en situation irrégulière.

De fait, l’enquête devait confirmer ce que nombre d’avocats ou de magistrats avaient constaté des personnes extérieures au tribunal venaient régulièrement fréquenter les audiences des « 35 quater » et prenaient contact avec les étrangères libérées. Dix personnes, essentiellement des Nigérians, des Ghanéens et de soit-disant Sierra-Léonais, sont ainsi soupçonnés d’avoir organisé la venue en France de jeunes Africaines et de les avoir contraintes à se prostituer sur les boulevards des Maréchaux parisiens. L’enquête avait connu un coup d’accélérateur en novembre 2001, grâce au témoignage de trois prostituées affirmant avoir été recrutées en Afrique par une certaine “Edith », qui avait pris en charge toutes les formalités nécessaires à leur arrivée.

Selon leur témoignage, elle retrouveront la même Edith, aujourd’hui en fuite, à la sortie de l’audience des « 35 quater », qui les confie à un couple chargé de leur hébergement. Très vite, on leur fait comprendre les termes de leur implacable contrat : constamment menacées de mort, elles devront se prostituer pour rembourser la somme de 50 000 euros.

La future mariée avait été violée lors de son voyage

logoParisien-292x75 Julien Constant, 06/04/2002

C’EST UNE HISTOIRE horrible. Jacek Obreski, 26 ans, et Sylwester Zborowski, 28 ans, ont comparu lors du premier jour de leur procès, hier, devant la cour d’assises de Bobigny. Ils sont soupçonnés, avec trois autres hommes d’origine polonaise qui ont pris la fuite, d’avoir violé Katarzyna, 22 ans, en juin 1999, dans le huis clos d’un appartement de Vitry-sur-Seine (Val de Marne).

Katarzyna est venue spécialement de pologne, où elle vit avec son mari , et sa petite fille, pour livrer aux jurés un émouvant témoignage. Cette grande femme, les mains crispées sur la barre des témoins, raconte en pleurs la nuit de son calvaire. A l’époque, la jeune fille est encore vierge et elle doit se marier au mois de septembre. Elle est en voyage en France pour enterrer sa vie de jeune fille. A Aulnay-sous-Bois, elle est invitée dans une soirée polonaise donnée par une voisine de l’immeuble où elle est accueillie. Embarquée par Jacek et un complice pour voir la tour Eiffel et acheter des cigarettes, elle est promenée une partie de la nuit dans toute la région parisienne avant d’être contrainte de monter chez Sylwester à Vitry-sur-Seine.

« Ils n’ont pas eu pitié de moi »

« Dans cet appartement, nous avons bu et mangé durant près d’une heure. Jacek et Sylwester devaient me reconduire, mais avant de partir, je suis allée dans la salle de bain. Jacek a tapé à la porte. Il est entré et m’a embrassée et m’a dit qu’il voulait avoir une relation sexuelle avec moi. Et si je n’étais pas d’accord ce serait avec tout le monde. », raconte-t-elle assistée d’un interprète. Devant le refus de la jeune fille, Jacek entraîne sa victime dans le salon et aidé de Sylwester, il déchire ses vêtements. Les deux hommes la forcent à retourner dans la salle de bain et la violent tour à tour. Son calvaire dure plusieurs heures et entre chaque agression, les hommes forcent la jeune fille à prendre une douche. «Je les suppliais, je criais, je pleurais. Je leur ai dit que j’étais vierge et que j’allais me marier, mais ils n’ont pas eu pitié de moi », soupire-t-elle.

Les deux accusés, carrures athlétiques et cheveux courts, ne reconnaissent pas les viols. Jacek Obreski a déclaré que Kataizyna lui avait fait une fellation, mais qu’elle était consentante. «Je n’ai été témoin d’aucun viol car j’étais parti acheter de l’alcool durant une partie de la nuit », précise de son côté Sylwester Zborowski, propriétaire du studio. Le verdict sera rendu mardi soir.

Les Polonais avaient violé leur compatriote

logoParisien-292x75 Elodie Soulier, 05/04/2002

KATARZYNA venait pour des vacances et préparait son mariage. Ces deux semaines en France devaient être une fête, une parenthèse touristique dont la jeune Polonaise profiterait pour visiter des amis et découvrir Paris. Mais c’est l’enfer qu’elle y découvrira, une nuit de juillet 1999, dans un « appartement-prison » de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne).

Séquestrée par quatre hommes, violée par certains, humiliée et meurtrie par tous, la jeune femme devra pourtant faire face, ce matin, à ceux qui l’ont démolie à jamais : Jacek Obreski, Syhvester Zborowski, Andrzej Konat et Sylwester Lucznik, quatre Polonais de 22 à 28 ans, comparaissent jusqu’à mardi prochain aux assises de Bobigny pour viols en réunion et complicité, enlèvement et séquestration. Un procès de l’horreur pour lequel la cour devra toutefois se contenter des deux principaux acteurs, Obreski et Zborowski , détenus depuis les faits à la maison d’arrêt de Villepinte. Leurs deux complices sont quant à eux toujours en fuite et font l’objet de mandats d’arrêt

Humiliations physiques et menaces de tortures

Comme le séjour de Katarzyna en France, cette soirée du 3 juillet 1999 aurait dû elle aussi être une fête. Ce soir-là, la jeune femme est invitée à une fête polonaise, avec l’ami qui l’héberge à Aulnay-sous-Bois. Elle y fait la connaissance de deux compatriotes qui s’apprêtent à finir la soirée dans une boîte de nuit parisienne mais qui finalement rebroussent chemin après une bagarre obscure devant l’entrée de la discothèque. Qu’importe, ils finiront la soirée à Vitry, emmenant au passage quatre convives tout juste rencontrés. Pour Katarzyna, c’est le piège. Elle veut rentrer à Aulnay mais ses chauffeurs n’ont pas l’intention de la reconduire.

A Vitry, tout s’enchaîne. Une spirale presque inimaginable, où les humiliations physiques succèdent aux viols, où les menaces de tortures, de brûlures au fer à repasser, précèdent les abus répétés. Durant plus de deux heures, jusqu’au petit matin, la jeune femme doit se plier aux fantasmes de ses tortionnaires, exacerbés par tout l’alcool ingurgité depuis la veille. Katarzyna devra attendre l’après-midi pour être ramenée à Aulnay, chez son ami Bogdan.

Au cours de l’instruction et des multiples expertises, le calvaire de la jeune fille n’a jamais fait de doute au fil de l’instruction. Pourtant ses tortionnaires s’en défient sans frémir. Depuis près de trois ans, deux des violeurs de Katarzyna crient à l’injustice, accusent leur victime de provocation, de total consentement : la perverse, ce serait elle. Pour les experts psychiatres en revanche, le comportement des quatre hommes approche du sadisme, galvanisé par l’alcool et le « phénomène de groupe ».

Avocat