Archives de catégorie : droit des étrangers

Eric Besson « criminalise » les amours des sans-papiers

L'Obs - Actualité, 28/04/2009

L’association « Les Amoureux au ban public » s’inquiète de voir des condamnations pour « avoir hébergé leur conjoint en situation irrégulière ».

L’association « Les Amoureux au ban public » a dénoncé mardi 28 avril une « criminalisation de la vie amoureuse » des sans-papiers, assurant qu’une vingtaine de personnes ont été poursuivies et/ou condamnées pour « avoir hébergé leur conjoint ou concubin en situation irrégulière ».
Nicolas Ferran, coordonnateur de l’association, a affirmé « être contacté tous les jours par des couples à qui l’on refuse des visas » dans le cadre de l’application de ce que les associations d’aide aux sans-papiers nomment « délit de solidarité« .

« Besson est en train de se tromper d’ennemi

Depuis le film « Welcome », ce « délit de solidarité », ou article L.622-1, fait beaucoup de bruit autour de lui. D’un côté, le ministre de l’Immigration Eric Besson estime qu' »en 65 années d’application de la loi, personne en France n’a jamais été condamné pour avoir seulement accueilli, accompagné ou hébergé un étranger en situation irrégulière« .
A cela, le Groupe d’information et de soutien des immigrés (Gisti) répond par une première liste de 32 cas de poursuites et/ou de condamnations de bénévoles qui ont aidé des sans-papiers, puis une seconde « non exhaustive » qui porte à 61 cas le nombre des personnes poursuivies et/ou condamnées dans le même cadre.
Pour Stéphane Maugendre, président du Gisti, Eric Besson « est en train de se tromper d’ennemi » en dénonçant une « campagne sur le ‘délit de solidarité’ qui s’inscrit dans un contexte d’intimidation à tout aidant d’un étranger en situation irrégulière »

Une « criminalisation de la vie amoureuse » des sans-papiers

Pour sa part, Nicolas Ferran qualifie de « mensonges, contrevérités et manipulations » les récentes déclarations d’Eric Besson. Pour lui le « délit de solidarité » existe bien. Il cite par exemple le cas de Jennifer Chary qui doit comparaître le 11 mai prochain devant le tribunal correctionnel de Dijon pour aide au séjour de son concubin, en situation irrégulière, avec qui elle devait se marier et qui a été expulsé quelques jours avant la cérémonie.
En 2008, Nicolas Ferran assure avoir été contactée par 2.000 couples pour des situations similaires. Il n’hésite pas à parler de « criminalisation de la vie amoureuse » des sans-papiers.
Le député PS de Seine-Saint-Denis, Daniel Goldberg, présentera jeudi à l’Assemblée nationale sa proposition de loi visant à supprimer le « délit de solidarité » envers les étrangers en situation irrégulière, en réécrivant l’article L.662-1.

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Pour le Gisti, Eric Besson « ajoute la mauvaise foi au mensonge »

L'Obs - Actualité , 23/04/2009

« Eric Besson attaque le Gisti ad hominem, c’est bien la preuve qu’il n’a rien à dire sur le fond », déclare l’association à nouvelobs.com. Le ministre de l’Immigration s’en est pris à la « crédibilité » du Gisti, qui a publié une liste de 32 personnes condamnées pour avoir aidé des étrangers.

Eric Besson « ajoute la mauvaise foi au mensonge », réagit le Gisti, joint mercredi 22 avril par nouvelobs.com, après les attaques portées à son encontre par le ministre de l’Immigration.

« Eric Besson attaque le Gisti ad hominem, c’est bien la preuve qu’il n’a rien à dire sur le fond », nous déclare Claire Rodier, directrice du Gisti, le Groupe d’information et de soutien des immigrés.

Un peu plus tôt, le ministre de l’Immigration s’en était pris à la « crédibilité » du Gisti, qui avait publié la veille une liste de 32 cas d’individus condamnés pour avoir aidé des étrangers, ce que le ministre conteste.
« La crédibilité du Gisti en la matière est quasiment nulle », a commenté Eric Besson sur RMC. « Chaque fois que je me suis penché avec détail et avec mes services sur les affirmations du Gisti, elles se sont quasiment systématiquement révélées fausses », a-t-il ajouté.
« La réputation du Gisti se suffit à elle-même »
Stéphane Maugendre, le président de l’association de juristes, a également répondu: « le Gisti n’a pas à faire la preuve de sa crédibilité en matière de droit des étrangers, je crois que la réputation du Gisti se suffit à elle-même ». « A la limite, ça ne vaut même pas une réponse ».
La polémique remonte au 8 avril dernier. Alors que le film « Welcome » a médiatisé la question du « délit de solidarité », Eric Besson écrit une lettre à des associations, affirmant que « le délit de solidarité n’existe pas« , et qu' »en 65 années d’application de la loi, personne en France n’a jamais été condamné pour avoir seulement accueilli, accompagné ou hébergé un étranger en situation irrégulière ».
Aussi le Gisti a-t-il publié mardi une liste « non » exhaustive » de 32 personnes condamnées pour avoir porté assistance à un sans-papiers.
« Il n’y a aucun bénévole »
C’est cette liste que conteste Eric Besson. « Ils avaient dit depuis deux mois qu’ils apporteraient la preuve que, contrairement à ce que j’affirmais, des bénévoles humanitaires avaient pu être inquiétés ». Or « dans leur propre liste, il n’y a aucun bénévole », a-t-il lancé mercredi. « Aucun des étrangers en situation irrégulière visés n’est d’ailleurs présenté comme relevant d’une situation de détresse », a aussi souligné Eric Besson, mardi.
Contacté mercredi par nouvelobs.com, le ministère de l’Immigration explique qu’il considère que « le Gisti n’a toujours pas apporté la preuve de ce qu’il avance et qu’aucun bénévole ne figure sur la liste, et pour cause: cette liste n’existe pas. »
Le ministère n’a pas expliqué comment il faisait la différence entre un bénévole et un particulier. Le ministère n’a pas non examiné un par un les cas figurant sur la liste du Gisti. La liste, trop succincte, ne permettrait pas d’établir le contexte des condamnations, que d’autres faits délictueux pourraient expliquer.
« Intimidations, convocations, gardes à vue, mises en examen, perquisitions… »
Faux, rétorque le Gisti. Selon Claire Rodier, l’association « n’a recensé sur la liste que les cas où ne figurait aucune condamnation connexe ». C’est d’ailleurs pour cela que la liste est « relativement limitée », « car nous aurions pu lister une centaine de cas ». C’est également pour cette raison « qu’il s’agit souvent de la condamnation d’un conjoint ou d’un membre de la même famille. »
Les condamnations ont été recueillies sur « des moteurs de recherche de droit », en ne retenant que celles visant l’article L622-1 du Ceseda ou l’article 21 de l’ordonnance sur les étrangers de 1945, que ce texte a remplacé.
Le président du Gisti Stéphane Maugendre souligne en outre que l’association répondait à une lettre du ministre dans laquelle Eric Besson ne faisait pas de différence entre militants et bénévoles associatifs et particuliers.
« La liste des gens qui ont été inquiétés, elle viendra en temps et en heure. Nous, on a fait une réponse au courrier de Besson », a ajouté Stéphane Maugendre, rappelant que la liste ne recensait que des personnes condamnées, et jugeant qu’être interpellé, placé en garde à vue, perquisitionné, etc. revenait à être « inquiété ».
« Cette liste ne tient compte que des poursuites ayant entraîné condamnation, y compris avec dispense de peine. Ne sont donc pas recensées ici les poursuites ayant abouti à un non-lieu ou à une relaxe. Elles ont pourtant donné lieu, à chaque fois, à leur lot d’intimidations, de convocations (…), de gardes à vue, de mises en examen, perquisitions etc… », ajoute le Gisti.
« Le ministre est en train d’ajouter la mauvaise foi au mensonge », insiste Claire Rodier. « Il dit : ‘personne n’a été condamné’. Nous démontrons que si ».

Le GISTI dénonce la mauvaise foi d’Éric Besson

Accueil Émilie Rive, 23/04/2009

Le ministre soutenait qu’aucun particulier n’avait été condamné au titre du délit de solidarité. Un mensonge démonté, preuves à l’appui, par l’association.

La publication, par le Groupe d’information et de soutien des immigrés (GISTI), d’une première liste de personnes condamnées au titre du « délit de solidarité » a fait violemment réagir le ministre de l’Immigration. À l’occasion des manifestations du 8 avril contre le fameux article L. 622-1, Éric Besson avait, dans une lettre, affirmé qu’en « soixante-cinq années d’application de la loi, personne, en France, n’a jamais été condamné pour avoir seulement accueilli, accompagné ou hébergé, un étranger en situation irrégulière ». Et il avait précisé que « toute personne, particulier, bénévole, association, qui s’est limité à accueillir, accompagner, héberger des clandestins en situation de détresse, n’est donc pas concerné par ce délit ».

Le GISTI, en réponse, a commencé à rechercher les condamnations qui confondent le ministre et vient de rendre publique une liste de 32 personnes, avec le motif de la condamnation, depuis 1986. Celles qui ont obtenu une relaxe ou un non-lieu n’ont pas été prises en compte, même si elles ont pourtant été « inquiétées » et ont subi intimidations, convocations à la gendarmerie ou au commissariat, gardes à vue, mises en examen, perquisitions à domicile… N’ont pas été retenus non plus les rappels à la loi et les poursuites en cours. Le « délit » le plus courant est l’hébergement, mais on trouve aussi du transport en taxi ou de l’aide dans des démarches administratives. La liste n’est pas exhaustive et le GISTI demande à chacun de lui signaler les cas dont il aurait connaissance sur le mail suivant : solidarite@gisti.org.

Tout cela, ajouté à l’accusation de menteur qui en découle, a donc mis en colère le ministre, qui, hier, sur RMC, a affirmé que « la crédibilité du GISTI en la matière est quasiment nulle… Chaque fois que je me suis penché avec détail et avec mes services sur les affirmations du GISTI, elles se sont quasiment systématiquement révélées fausses… Ils avaient dit depuis deux mois qu’ils apporteraient la preuve que, contrairement à ce que j’affirmais, des bénévoles humanitaires avaient pu être inquiétés. Or, dans leur propre liste, il n’y a aucun bénévole. »

Sur la crédibilité du GISTI, son président, Stéphane Maugendre, remarque que « la réputation du GISTI se suffit à elle-même » et qu’« à la limite, ça ne vaut même pas une réponse ». Rappelons que l’association est composée de professionnels du droit et que sa spécialité est l’expertise du droit des étrangers. Sur le deuxième aspect, Jean-François Martini, militant et avocat au GISTI, renvoie le ministre à son propre texte : « Lui-même parlait de bénévoles, mais aussi de particuliers. Notre première recherche a fait apparaître des particuliers désintéressés. Au départ, tout le monde était concerné par la loi. Quand elle a été utilisée contre des membres de la – famille, on a commencé à mettre en place une immunité pour les ascendants, les descendants, les conjoints, puis les concubins, les frères et soeurs, et maintenant, on voit des condamnations de cousins ou de neveux. Il y aura toujours une personne hors de la liste qui sera intervenue de manière désintéressée. Ce qui montre bien qu’Éric Besson a menti en disant que cette incrimination était simplement réservée aux négriers des temps modernes. La seconde étape de notre action va être de publier une liste de jurisprudences pour prouver qu’il y a bien eu condamnations de particuliers. »

La liste des condamnés ne concerne que les personnes visées par l’article sur l’aide à l’entrée et au séjour. Mais « l’entrave à la libre circulation d’un aéronef » pour empêcher une expulsion est aussi un délit de solidarité, comme les actes de rébellion ou de diffamation de la part de militants de Réseau éducation sans frontières (RESF) qui envoient des mails au ministre de l’Immigration. Le champ de la solidarité à l’égard des étrangers est vaste, mais la gamme des délits pour la réprimer ne l’est pas moins.

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« Délit de solidarité »

« Délit de solidarité » : le Gisti contredit Eric Besson

Soit le ministre de l’Immigration « est mal informé », soit « il ment », affirme l’association de soutien des immigrés qui publie une liste des condamnations contre « des personnes qui ont apporté une aide à des étrangers ».

Le groupe d’information et de soutien des immigrés (Gisti) recense sur son site un « inventaire non exhaustif » de condamnations prononcées depuis 1986 contre « des personnes qui ont apporté une aide à des étrangers, la plupart du temps en les hébergeant », indique un communiqué publié par l’association de juristes mardi 21 avril.
La publication de cette « liste, en cours d’élaboration et donc non exhaustive » se veut une réponse à une lettre du ministre de l’Immigration Eric Besson aux associations qui ont organisé, le 8 avril, des rassemblements dans 90 villes de France pour protester contre « le délit de solidarité », une appellation contestée par Eric Besson.
Dans cette lettre, Eric Besson réaffirmait qu' »en 65 années d’application de la loi, personne en France n’a jamais été condamné pour avoir seulement accueilli, accompagné ou hébergé un étranger en situation irrégulière ».
« Eric Besson est mal informé ou il ment », écrit le Gisti. Eric Besson a à plusieurs reprises déclaré que « le délit de solidarité n’existait pas« .Pas d’exhaustivité« Telle qu’elle est, la liste est déjà édifiante et met en pièces la rhétorique d’Eric Besson qui voudrait faire croire que la loi ne vise pas les actes de solidarité. Mais elle est loin d’être exhaustive », selon l’association qui a dénombré 27 condamnations.
« Cette liste ne tient compte que des poursuites ayant entraîné condamnation, y compris avec dispense de peine. Ne sont donc pas recensées ici les poursuites ayant abouti à un non-lieu ou à une relaxe. Elles ont pourtant donné lieu, à chaque fois, à leur lot d’intimidations, de convocations (…), de gardes à vue, de mises en examen, perquisitions etc… », ajoute le Gisti.
Le collectif d’associations qui a appelé le 8 avril à des rassemblements récuse principalement l’article L622-1 du Ceseda (Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile) qui punit de 5 ans d’emprisonnement et d’une amende de 30.000 euros « toute personne qui aura, par aide directe ou indirecte, facilité ou tenté de faciliter l’entrée, la circulation ou le séjour irréguliers d’un étranger en France ».
Pour Eric Besson, cet article, complété par plusieurs alinéas, « ne saurait concerner tous ceux qui aident de bonne foi un étranger en situation irrégulière ».Besson apportera une réponse
Dans un communiqué, Eric Besson a dit avoir pris « connaissance avec intérêt de cette liste » et s’est « engagé à apporter une réponse circonstanciée, permettant d’apprécier l’étendue des actes reprochés ». Il ajoute toutefois qu’il « ressort d’ores et déjà qu’aucune de ces 32 personnes n’apparaît comme un bénévole appartenant à une association humanitaire, ayant été poursuivi ou condamné dans le cadre de cette activité ». Et de préciser : « Aucun des étrangers en situation irrégulière visés n’est d’ailleurs présenté comme relevant d’une situation de détresse ».

Loi sur les « aidants »: Besson s’en prend violemment au Gisti

Accueil Lionel Venturini, 22/04/2009

Le ministre de l’Immigration, Eric Besson, a remis en cause mercredi la « crédibilité » du Groupe d’information et de soutien des immigrés (Gisti), qui a recensé 32 cas d’individus condamnés pour avoir aidé des étrangers en situation irrégulière.

« La crédibilité du Gisti en la matière est quasiment nulle », a estimé M. Besson, mercredi sur RMC.

« Chaque fois que je me suis penché avec détail et avec mes services sur les affirmations du Gisti, elles se sont quasiment systématiquement révélées fausses », a-t-il affirmé.

La publication de cette liste « non exhaustive », selon l’association de juristes, se veut une réponse à une lettre du ministre de l’Immigration aux associations qui ont organisé le 8 avril des rassemblements dans 90 villes de France pour protester contre « le délit de solidarité » instauré par l’article L622-1 du Ceseda (Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile), une appellation contestée par M. Besson.

Dans cette lettre, M. Besson réaffirmait qu' »en 65 années d’application de la loi, personne en France n’a jamais été condamné pour avoir seulement accueilli, accompagné ou hébergé un étranger en situation irrégulière ».

« Le Gisti n’a pas à faire la preuve de sa crédibilité en matière de droit des étrangers, je crois que la réputation du Gisti se suffit à elle-même », a déclaré le président de l’association Stéphane Maugendre, interrogé par l’AFP, ajoutant: « A la limite, ça ne vaut même pas une réponse ».

Ces condamnations ont été recueillies sur « des moteurs de recherche de droit », en ne retenant que celles visant l’article L622-1 du Ceseda ou l’article 21 de l’ordonnance sur les étrangers de 1945, que ce texte a remplacé, a-t-il expliqué.

Mercredi, M. Besson a également répété un argument avancé mardi contre le Gisti.

« Ils avaient dit depuis deux mois qu’ils apporteraient la preuve que, contrairement à ce que j’affirmais, des bénévoles humanitaires avaient pu être inquiétés ». Or « dans leur propre liste, il n’y a aucun bénévole », a-t-il relevé.

Or le président du Gisti a souligné que la publication de la liste répondait à la lettre du ministre affirmant que « toute personne, particulier, bénévole, association, qui s’est limitée à accueillir, accompagner, héberger des clandestins en situation de détresse, n’est donc pas concernée par ce délit », sans introduire lui-même de distinction entre militants et bénévoles associatifs et particuliers.

« La liste des gens qui ont été inquiétés, elle viendra en temps et en heure. Nous, on a fait une réponse au courrier de Besson », a ajouté M. Maugendre, rappelant que la liste ne recensait que des personnes condamnées, et jugeant qu’être interpellé, placé en garde à vue, perquisitionné, etc. revenait à être « inquiété ».

⇒ Voir l’article

Aide aux sans-papiers: Besson remet en cause des affirmations du groupe de soutien Gisti

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Le ministre de l’Immigration, Eric Besson, a remis en cause mercredi la « crédibilité » du Groupe d’information et de soutien des immigrés (Gisti), qui a recensé 32 cas d’individus condamnés pour avoir aidé des étrangers en situation irrégulière.

« La crédibilité du Gisti en la matière est quasiment nulle », a estimé M. Besson, mercredi sur RMC.

« Chaque fois que je me suis penché avec détail et avec mes services sur les affirmations du Gisti, elles se sont quasiment systématiquement révélées fausses », a-t-il affirmé.

La publication de cette liste « non exhaustive », selon l’association de juristes, se veut une réponse à une lettre du ministre de l’Immigration aux associations qui ont organisé le 8 avril des rassemblements dans 90 villes de France pour protester contre « le délit de solidarité » instauré par l’article L622-1 du Ceseda (Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile), une appellation contestée par M. Besson.

Dans cette lettre, M. Besson réaffirmait qu' »en 65 années d’application de la loi, personne en France n’a jamais été condamné pour avoir seulement accueilli, accompagné ou hébergé un étranger en situation irrégulière ».

« Le Gisti n’a pas à faire la preuve de sa crédibilité en matière de droit des étrangers, je crois que la réputation du Gisti se suffit à elle-même », a déclaré le président de l’association Stéphane Maugendre, interrogé par l’AFP, ajoutant: « A la limite, ça ne vaut même pas une réponse ».

Ces condamnations ont été recueillies sur « des moteurs de recherche de droit », en ne retenant que celles visant l’article L622-1 du Ceseda ou l’article 21 de l’ordonnance sur les étrangers de 1945, que ce texte a remplacé, a-t-il expliqué.

Mercredi, M. Besson a également répété un argument avancé mardi contre le Gisti.

« Ils avaient dit depuis deux mois qu’ils apporteraient la preuve que, contrairement à ce que j’affirmais, des bénévoles humanitaires avaient pu être inquiétés ». Or « dans leur propre liste, il n’y a aucun bénévole », a-t-il relevé.

Or le président du Gisti a souligné que la publication de la liste répondait à la lettre du ministre affirmant que « toute personne, particulier, bénévole, association, qui s’est limitée à accueillir, accompagner, héberger des clandestins en situation de détresse, n’est donc pas concernée par ce délit », sans introduire lui-même de distinction entre militants et bénévoles associatifs et particuliers.

« La liste des gens qui ont été inquiétés, elle viendra en temps et en heure. Nous, on a fait une réponse au courrier de Besson », a ajouté M. Maugendre, rappelant que la liste ne recensait que des personnes condamnées, et jugeant qu’être interpellé, placé en garde à vue, perquisitionné, etc. revenait à être « inquiété ».

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Le mythe qui existait

L’indispensable GISTI (Groupe d’Information et de Soutien aux Travailleurs Immigrés, que tous les étudiants en droit public connaissent bien grâce au Grand Arrêt portant son nom (Qu’est-ce qu’un Grand Arrêt, prononcer Grand Taré ? Réponse ici), a entrepris un travail de fonds pour répliquer à l’affirmation d’Éric Besson sur le délit de solidarité qui n’existerait pas.

Cette liste est en cours d’élaboration, mais je la reprends ici histoire de repasser une couche, pour ceux qui auraient encore un doute sur le fait que le ministre des allochtones et de l’étendard sanglant se paye leur fiole. La liste mentionne la date de la décision, la juridiction ayant statué, un bref résumé des faits sanctionnés et la peine prononcée quand elle est connue.

La liste complète et mise à jour se trouve ici (attention site très XXe siècle).

Avis aux confrères : si vous avez défendu dans une affaire d’aide au séjour qui ne concerne pas un réseau de passeurs, merci d’envoyer un scan de la décision à solidarite[at]gisti[point]org

==Année 2008==

  • 04/11/2008, TGI de LIMOGES : hébergement d’un étranger en situation irrégulière (2 condamnés) 100€ d’amende avec sursis
  • 17/06/2008, Cour d’appel de MONTPELLIER : hébergement de membres de la famille en situation irrégulière 500 € d’amende

==Année 2007==

  • 18/09/2007, Cour d’appel d’ANGERS : hébergement d’un étranger en situation irrégulière 1 mois avec sursis
  • 18/06/2007, Cour d’appel d’ANGERS : séjour irrégulier et hébergement d’un étranger en situation irrégulière 1 mois avec sursis
  • 11/04/2007, Cour d’appel de BASTIA : hébergement d’un gendre en situation irrégulière dispense de peine

==Année 2005==

  • 23/08/2005, Cour d’appel de NIMES :hébergement d’une concubine 100€ d’amende

==Année 2004==

  • 09/08/2004, TGI de DOUAI : membres d’une association ayant à plusieurs reprises hébergé des étrangers en situation irrégulière dispense de peine
  • 21/01/2004, Cour de cassation : transport en taxi de clients connus pour être en situation irrégulière. Le chauffeur ne faisait partie d’aucun réseau et facturait le tarif normal 2 ans avec sursis + 2 ans d’interdiction d’exercice de la profession de taxi

==Année 2003==

  • 09/04/2003, Cour d’appel de NANCY : hébergement d’un étranger

==Année 2002==

  • 17/05/2002, Cour d’appel de GRENOBLE : hébergement d’un étranger

==Année 2001==

  • 14/11/2001, Cour d’appel de DOUAI : hébergement d’un concubin dispense de peine

==An 2000==

  • 27/03/2000, Cour d’appel d’ORLEANS : aide bénévole à un sans-papier dans le cadre de démarches administratives deux mois de prison avec sursis

==Année 1998==

  • 12/10/1998, Cour d’appel de FORT DE FRANCE : hébergement de plusieurs étrangers 6 mois avec sursis + 20 000 francs d’amende + interdiction du territoire 1 an
  • 2/04/1998, Cour d’appel d’AIX EN PROVENCE : hébergement d’un étranger 2 mois avec sursis + 20 000 francs d’amende

==Année 1997==

  • 17/12/1997, Cour d’appel de DOUAI : hébergement d’un concubin en situation irrégulière dispense de peine

==Année 1996==

  • 20/11/1996, Cour d’appel de GRENOBLE : hébergement d’une concubine dispense de peine
  • 16/10/1996, Cour de cassation : hébergement d’un frère
  • 23/05/1996, Cour d’appel de TOULOUSE : aide à un concubin 3000F d’amende
  • 29/02/1996, Cour d’Appel de POITIERS : hébergement d’une concubine 6 mois avec sursis
  • 08/01/1996, TGI de SAINT ETIENNE : hébergement de son épouse dispense de peine

==Année 1995==

  • 17/11/1995, Cour d’appel de METZ : transport d’un étranger en situation irrégulière entre le centre ville et le supermarché le plus proche 15 jours avec sursis
  • 12/10/1995, TGI de NANTERRE : hébergement d’un concubin 3 mois de prison avec sursis
  • 04/05/1995, Cour d’appel de CHAMBERY : hébergement de 3 jours et 1 jour de deux étrangers en situation irrégulière 2 mois et 5 ans d’interdication du territoire français
  • 08/03/1995, Cour d’appel de GRENOBLE : hébergement d’un frère 5000 francs d’amende et sursis
  • 13/01/1995, TGI de DOUAI : hébergement d’un sans-papier par un prêtre 6 mois avec sursis

==Année 1994==

  • 13/10/1994, Cour d’appel d’AGEN : hébergement d’un étranger en situation irrégulière 2 condamnés, 1 mois avec sursis
  • 01/06/1994, TGI de THONON LES BAINS : hébergement d’une concubine 2000F d’amende
  • 27/04/1994, Cour d’appel de PAU : hébergement d’une concubine dispense de peine

==Année 1993==

  • 03/11/1993, Cour d’appel de LIMOGES : hébergement d’un étranger en situation irrégulière

==Année 1989==

  • 04/10/1989, Cour d’appel de METZ : hébergement de sa belle mère gravement malade 2000 Francs d’amende avec sursis

==Année 1988==

  • 17/03/1988, Cour d’appel d’AIX EN PROVENCE : accueil d’un frère 4 mois ferme

==Année 1986==

  • 12/11/1986, Cour d’appel de NANCY : Facilitation de déplacement d’un étranger en situation irrégulière 3 mois avec sursis

Voir l’article

Délinquants de la solidarité : les condamnations désavouant Eric Besson

Du délit de solidarité et du mensonge des politiques

Mercredi 8 avril, un mouvement national a eu lieu contre le « délit de solidarité » (les guillemets s’imposent car il ne s’agit pas de son nom juridique, mais de son nom de com’, assez bien trouvé d’ailleurs), plus connu chez les juristes sous son petit nom de L. 622-1 du Code de l’entrée et du séjour des étrangers.

Toute personne qui aura, par aide directe ou indirecte, facilité ou tenté de faciliter l’entrée, la circulation ou le séjour irréguliers, d’un étranger en France sera punie d’un emprisonnement de cinq ans et d’une amende de 30 000 Euros.

La loi prévoit depuis 1996 une série d’immunités dites familiales : ne peuvent être poursuivies pour ce délit les ascendants ou descendants de l’étranger, leur conjoint, leurs frères et sœurs ou leur conjoint ; les époux ne doivent pas être séparés de corps, avoir un domicile distinct ou avoir été autorisés à résider séparément ; sont également immunes le conjoint de l’étranger sauf s’ils sont séparés de corps, ont été autorisés à résider séparément ou si la communauté de vie a cessé, ou la personne qui vit notoirement en situation maritale avec lui ; et enfin toute personne physique ou morale (dont les associations), lorsque l’acte reproché — c’est-à-dire l’aide à l’entrée, à la circulation ou au séjour irréguliers — était, face à un danger actuel ou imminent, nécessaire à la sauvegarde de la vie ou de l’intégrité physique de l’étranger, sauf s’il y a disproportion entre les moyens employés et la gravité de la menace ou s’il a donné lieu à une contrepartie directe ou indirecte, ces dernières dispositions n’étant qu’une reprise du texte général sur l’état de nécessité et n’apportant rien au droit (article L.622-4 du CESEDA).

Ces faits sont punis de 5 ans d’emprisonnement et 30.000 euros d’amende, portés à 10 ans et 750.000 euros d’amende quand ils sont commis en bande organisée (et un réseau comme RESF pourrait furieusement ressembler à une bande organisée…).

Le jour de ces manifestations, 5 500 personnes se sont symboliquement livrées à la justice en confessant avoir commis ce délit, et demandaient à être condamnées de ce fait. Rassurez-vous, leur revendication n’a pas été suivie d’effet. Le même jour, mon M.P.A.R.[1], Éric “30 deniers et un maroquin” Besson, est passé sur France Inter, chez Nicolas Demorand, pour désamorcer la bombe médiatique. D’entrée, il déclare :

Il n’y a pas de délit de solidarité en France, et (…) toutes celles et ceux qui de bonne foi aident un étranger en situation irrégulière ne risquent rien. Ce ne sont pas des mots, ce sont des faits. En 65 ans, depuis qu’existe ce fameux article L.622-1 désormais célèbre, personne en France, personne en 65 ans, n’a jamais été condamné pour avoir simplement comme je le lis hébergé, donné à manger, transporté en auto-stop, un étranger en situation irrégulière. Deux bénévoles humanitaires ont été condamnés à des dispenses de peine en 65 ans pour être entrés dans ce qu’on appelle la chaîne des passeurs (…). En clair, ils avaient transporté des fonds, ils avaient pris de l’argent de ces étranger en situation irrégulière qu’ils avaient apporté à des passeurs. Donc le délit de solidarité n’existe pas. C’est un mythe.

Voici l’intégralité de l’intervention.

L’Académie Busiris s’est penchée sur ces déclarations, mais après en avoir délibéré conformément à ses statuts, a rejeté la candidature de M. Besson, estimant qu’il s’agissait d’un mensonge intentionnel et d’un travestissement de la réalité, plus connu sous le nom de “communication politique”, et non des propos Busiribles.

Car Monsieur Besson ment, ou du moins colporte un mensonge (il est possible qu’il ait été fort mal informé par ses conseillers ; vous savez ce que c’est, les hauts fonctionnaires, ils comprennent rien à rien…). Une très sommaire recherche de jurisprudence m’a rapidement fait trouver deux décisions récentes condamnant pour le délit d’aide au séjour irrégulier des personnes qui ne sont pas des bénévoles humanitaires pour des faits autres que porter de l’argent à des passeurs.

Ainsi, la chambre criminelle de la cour de cassation, le 7 janvier dernier, a cassé un arrêt de la cour d’appel de Fort de France qui avait estimé qu’une reconnaissance de paternité de complaisance (un Français avait reconnu les enfants d’une étrangère en situation irrégulière afin de lui permettre d’obtenir des papiers sachant qu’il n’était pas le père) ne constituait pas le délit : si, répond la cour de cassation, les reconnaissances de paternité de complaisance effectuées par le prévenu au profit de mineurs haïtiens visaient à apporter à ces derniers une aide directe destinée à faciliter leur entrée ou leur séjour irréguliers en France, au sens de l’article L. 622-1 du code de l’ entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile, ce qui est aller très loin car un mineur ne peut être au sens strict en situation irrégulière puisque la loi n’exige un titre de séjour qu’aux majeurs.

La cour d’appel de Douai (4e chambre) a rendu un arrêt n°06/01132 (publié au Dictionnaire permanent du droit des étrangers, Éd. Législatives) le 14 novembre 2006 condamnant un français vivant en concubinage (établi) avec un étranger en situation irrégulière qui avait eu le malheur de déclarer devant le juge d’instruction qu’il ne s’était installé chez son ami qu’une fois que les « choses s’étaient stabilisées », ce qui excluait que le concubinage avant cette date pût être notoire (ce qui apporte une immunité, comme nous allons le voir), et donc l’aide apportée avant cette date tombait sous le coup de la loi (il a été condamné à une dispense de peine).

Voilà ce que j’ai trouvé en 5 minutes de recherches. Deux décisions qui ont toutes les deux moins de trois ans. Pour un délit qui n’existe pas et relève de la mythologie, vous admettrez que ça fait beaucoup.

À ceux qui me demanderont pourquoi devrait-on protester contre la condamnation de celui qui reconnaît sciemment les enfants d’autrui pour tromper l’administration, je répondrai que je ne leur demande pas d’exprimer leur solidarité, mais seulement de m’expliquer en quoi aller mentir à un officier d’état civil en disant “ ces enfants sont les miens ” mériterait 5 ans de prison tandis qu’un ministre qui va mentir à des millions de français à la radio mériterait ne serait-ce que de garder son maroquin. Sans aller jusqu’à exiger une parfaite probité des politiques (quelle idée…), je trouverais normal qu’on leur appliquât la même sévérité que celle qu’ils votent à tours de lois… quand ils sont dans l’hémicycle s’entend.

Et sans aller jusqu’à fouiller 65 années d’archives du recueil Dalloz, Monsieur Besson a reçu récemment, le 31 mars c’est-à-dire une semaine avant son passage chez Nicolas Demorand un document très intéressant, qui ne pouvait que lui révéler que cette infraction était tout sauf un mythe.

Ce document, qui lui est adressé personnellement, dit ceci :

En 2008, 4300 personnes ont été interpellées pour des faits d’aide illicite à l’entrée et au séjour d’immigrés en situation irrégulière. Nous vous demandons de viser un objectif de 5000 pour l’année 2009.

Soit 14% d’augmentation tout de même.

Ces propos sont signés par Nicolas Sarkozy, président de la République et François Fillon, Premier ministre, dans la lettre de mission adressée à Éric Besson, que vous pourrez trouver sur le site de l’Élysée (pdf).

Ce qui permet de prendre les déclarations de M. Besson avec, comment dire… Un peu de recul.

L’hypocrisie va plus loin, je le crains. La lettre de missions parle d’interpellations, et non de poursuites ou de condamnations. Je suis convaincu que les poursuites pour aide au séjour irréguliers restent rares et aboutissent souvent à des dispenses de peine. Je n’en ai jamais vu pour ma part.

Mais l’existence de ce délit donne à la police le pouvoir d’interpeller et de placer en garde à vue toute personne apportant un quelconque soutien aux étrangers. Oh, l’affaire sera classé sans suite. Mais au bout de plusieurs heures, pouvant aller jusqu’à 48 heures, ou mieux encore en cas de suspicion de bande organisée : 96 heures, pas d’avocat avant 48 heures. La police a autre chose à faire que placer e ngarde à vue des gens qui ne font de mal à personne, me direz-vous ?

Mais le président vient d’ordonner le contraire. Les 5000, il va falloir les trouver. Et il reste 9 mois.

Les cellules des commissariats vont devenir mythiques, cette année…

Notes

[1] Ministre Préféré Après Rachida ; c’est plus rapide à écrire que Ministre de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité Nationale et du développement Solidiaire.

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Avocat