Archives de catégorie : droit des étrangers

L’Otan mise en cause après la mort de 63 migrants

Migrant boat disaster: Spain challenges Nato over distress call claim

Survivor of migrant boat tragedy arrested in Netherlands

, 29/03/2012

Abu Kurke KebatoAbu Kurke Kebato, who was one of just nine people to survive two weeks adrift in Mediterranean, set to be deported to Italy.

One of the few survivors from a migrant boat tragedy that claimed 63 lives in the Mediterranean has been arrested by immigration police in the Netherlands and is set to be deported from the country.

The detention of Abu Kurke Kebato, a 23-year-old Ethiopian, came just hours after the European body charged with investigating the incident called on EU member states to look kindly on asylum claims from those who survived the tragedy.

Their dinghy was left drifting for two weeks in the sea despite European authorities pinpointing the location of the vessel and distress calls being sent out repeatedly to nearby ships.

Abu Kurke was among nine people who made it back to land alive from an initial group of 72 that set off from Tripoli in an effort to reach Europe in March last year. The boat was eventually washed back on to Libyan shores. Amazingly he went on to launch another — this time successful — voyage across the sea soon after the tragedy, arriving in Italy before making his way to the Netherlands where he attempted to settle with his wife.

On Thursday morning police acted on an expulsion order and removed the couple from an asylum centre in the Dutch town of Baexem. Under the « Dublin Convention » European states are permitted in some circumstances to deport irregular migrants back to their port of landing, which in this case would be Italy. Abu Kurke’s lawyer, Marq Wijngaarden, said he would be lodging appeals with the Dutch supreme court.

« It would also be possible to apply for an injunction from the European court of human rights, but in theory the deportation could take place at any time, » explained Wijngaarden.

On Wednesday, only hours before his arrest, Abu Kurke told the Guardian how relieved he was to be building a new life in Europe and said that he was still traumatised by the events of last spring.

« I don’t sleep, even now, » said the refugee, who fled his native region of Oromia in Ethiopia several years ago as a result of political violence and went on to make a 20-day trek across the Sahara in an effort to reach the North African coast. « My life has started again in the Netherlands, but there is no sleep in it. Once you watch your friends die, there is no sleep. »

He said he was now seeing a psychologist in an effort to deal with the memories and went on to condemn the military helicopter and naval vessel that the survivors claim encountered their troubled boat but refused their pleas for assistance. « These powers, they came and looked at us, they saw us and they knew. They must face justice. » Abu Kurke’s phone has now been taken away by the Dutch authorities.

In a cruel twist of fate, Abu Kurke’s arrest took place on the same day that a special committee of the Council of Europe – the continent’s watchdog which oversees the European court of human rights – adopted a resolution recommending that « in view of the ordeal of the survivors, member states use their humanitarian discretion to look favourably on any claims for asylum and resettlement coming from these persons ».

Speaking before news of Abu Kurke’s detention was known, Tineke Strik, the Dutch parliamentarian behind a nine-month inquiry into the tragedy, said: « Hearing the testimony of these survivors really touches you deeply.

« Hearing what they have gone through over these 14 days: being among corpses, cast adrift at sea, all rescue opportunities disappearing and the knowledge that death could be their fate as well … it’s very hard to imagine how that must feel. »

At a press conference to launch the Council of Europe report, human rights activists announced legal action would now be launched on behalf of at least five of the survivors in an effort to hold those who ignored the boat criminally responsible for their actions.

« There is no doubt that someone, somewhere, has criminal responsibility for the deaths of these people, » said Stéphane Maugendre, president of the Paris-based Groupe d’Information et de Soutien des Immigrés [Group for information and support of immigrants].

He went on to quote another survivor, Dain Haile Gebre, on what happened when the migrant boat encountered the naval vessel: « Some people were wearing civilian clothing, others were in military uniform. They took photos of us and filmed us with cameras and portable phones.

« We took our dead people in our arms and showed them, asking for help. Some of us drank seawater to make them understand that we needed drinking water. »

« It is clear a charge of ‘not helping people in danger’ is applicable, » added Maugendre.

⇒ Voir l’article

France : Nicolas Sarkozy souhaite accélérer les expulsions d’extrémistes

W4sKQvXx28/03/2012

Suite aux tueries survenues à Montauban et Toulouse, le président Nicolas Sarkozy mène l’offensive contre l’islam radical. Il souhaite notamment une accélération des procédures d’expulsion concernant les « extrémistes » présents en France. Dans la foulée, il souhaite aussi interdire la venue sur le territoire national de toutes les personnes tenant des propos infamants contre la France.

Que ce soit des imams ou des prédicateurs, ces personnes qualifiées par le ministère de l’Intérieur d’« extrémistes » auraient une conception de l’islam contraire aux valeurs de la République. Ce qui justifie l’introduction de mesures d’éloignement, une procédure qui se fait régulièrement.

« Le code de l’entrée du séjour des étrangers prévoit la possibilité d’expulser de France tout étranger qui constitue une menace grave pour l’ordre public, explique Stéphane Maugendre, juriste au Gisti (Groupe d’information et de soutien des immigrés). Ce genre d’arrêtés peut être pris en urgence absolue -il ne faut pas que ce soit tout d’un coup parce qu’on décide de le faire qu’il y a urgence absolue- et à ce moment là, la condition d’expulsion n’est pas saisie par le ministère de l’Intérieur ou la préfecture. Et donc ça peut être fait dans les 24 heures ».

Pour autant ce n’est pas si simple et des recours sont possibles comme le détail Stéphane Maugendre : « En urgence, devant le tribunal administratif de Paris, pour voir si effectivement les conditions requises par le texte sont ou non remplies ». Les concernés peuvent aussi se tourner vers les instances européennes. « Il arrive régulièrement que la Cour européenne des droits de l’homme demande à la France de suspendre l’expulsion dans l’attente d’une étude approfondie du dossier ».

Depuis 2001, 129 islamistes radicaux ont été expulsés du territoire français.

⇒ Voir l’article

Sarkozy désintègre l’immigration

logo-liberation-311x113, Fabrice Tassel, 8/03/2012

Dans son interview au Figaro Magazine, le 11 février, le chef de l’Etat avait déjà annoncé un durcissement des conditions de logement et de ressources «pour les titres de séjour obtenus par un mariage avec un Français», qui a concerné l’an dernier environ 50 000 personnes (des regroupements au titre de liens personnels ou familiaux et l’existence d’enfants complètent l’immigration familiale). L’absence dans cet entretien de chiffrage, qui est la vraie nouveauté de mardi soir, conjuguée à l’absence de réaction de François Hollande (lire ci-contre) explique que l’annonce était alors passée relativement inaperçue.

Couples. Le chef de l’Etat a dans le viseur les mariages mixtes, qui ont augmenté de 61% entre 2006 et 2010, pour s’établir à 37 000. A l’avenir, les couples pourraient être soumis aux mêmes conditions de ressources et de logement que les personnes intégrées dans le cadre du regroupement familial. Ainsi depuis la loi Sarkozy de 2006, deux personnes d’une même famille séparées par une frontière peuvent se retrouver si leur revenu atteint le Smic sur l’année précédant la demande, et que la surface du logement qu’ils occupent n’est pas inférieure à 22 m2. Il pourrait désormais en être de même pour les couples. Les conditions de délivrance de visas d’installation aux étrangers mariés à des ressortissants français – les unions célébrées à l’étranger – seront aussi, selon Sarkozy, durcies. «L’argent va séparer les gens : certains pourront permettre à leur conjoint d’obtenir un travail et un logement acceptables, les autres devront choisir de le faire venir clandestinement, ou partir en exil pour vivre leur histoire d’amour…» déplore Pierre Henry, directeur général de France Terre d’asile. Les juristes prédisent un encombrement des tribunaux, car les articles 8 et 12 de la Convention européenne des droits de l’homme protègent le droit au mariage et une vie familiale normale.

Étudiants. Pour baisser l’immigration légale de 100 000 personnes, l’autre principal poste de réduction est constitué par les étudiants étrangers, qui représentent 60 000 des 180 000 immigrés réguliers. L’annonce du chef de l’Etat peut donc laisser imaginer que la circulaire dite Guéant serait réajustée en cas de réélection, ce qui ne manquerait pas de soulever un mouvement dans l’opinion. Samedi, Alain Juppé n’a d’ailleurs pas manqué de critiquer cette circulaire. L’immigration professionnelle, après avoir constitué le cheval de bataille du Président en début de quinquennat, semble en revanche moins le préoccuper, sans doute parce qu’elle ne concerne que 10 000 personnes par an.

«L’immigration est une chance mais elle peut être un problème», a aussi lancé Sarkozy à Bordeaux. Sur France 2, il a surtout mis le deuxième point en avant, annonçant son projet de réduire l’accès des étrangers réguliers à certains droits sociaux. Sarkozy estime que 16 500 étrangers bénéficient du RSA et que 20 000 perçoivent un minimum vieillesse. Et d’annoncer des conditions – dix ans de présence en France et cinq ans de travail – pour continuer à toucher ces prestations. «La thématique de l’assistanat développée ces derniers jours avait commencé à préparer les esprits, et cela renvoie encore et toujours les étrangers à l’image de fraudeurs et de profiteurs», estime Stéphane Maugendre, avocat spécialisé dans le droit des étrangers et membre du Groupe d’information et de soutien des immigrés. Les attaques contre les acquis sociaux des immigrés ne sont pas nouvelles, l’aile droitière de l’UMP réclamant depuis longtemps la suppression de l’Aide médicale d’Etat, accordée aux étrangers en situation irrégulière. Bon prince, Sarkozy a expliqué que «la tradition de la France, c’est de soigner quelle que soit la nationalité». Une annonce qui ne suffira pas à gommer l’impression que, plus que jamais pour le candidat UMP «quand il y en a un [étranger], ça va, c’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes».

⇒ Voir l’article

Propos de Sarkozy sur l’immigration : « C’est le ‘bruit et l’odeur’ de Chirac »

images  2161324402810 Celine Rastello, 08/03/2012

On a entendu sur France 2 « un discours d’extrême-droite qu’on tente d’habiller de façon humaine », estime le Gisti. Interview.

Trois membres du Gisti (Groupe d’information et de soutien des immigrés), Stéphane Maugendre (président), Jean-Philippe Foegel (membre du groupe de travail sur les étudiants étrangers) et Antoine Math commentent pour « Le Nouvel Observateur » les propos sur l’immigration tenus mardi soir sur le plateau de l’émission « Des paroles et des actes », sur « France 2 », par Nicolas Sarkozy.

« Nous avons trop d’étrangers sur notre territoire et nous n’arrivons plus à leur trouver un logement, un emploi, une école » 

– Stéphane Maugendre : « Ce n’est pas conforme à la réalité et correspond au ‘bruit et l’odeur’ de Chirac. C’est une manière déguisée et polie d’annoncer la préférence nationale et de tenir un discours d’extrême-droite qu’on tente d’habiller de façon humaine. »

« S’agissant du regroupement familial et du visa quand on se marie avec un français ou une française (…) Désormais (…) nous mettrons des conditions de revenus »

– Stéphane Maugendre : « Faux, car les conditions de revenus existent depuis longtemps pour le regroupement familial. Les conditions de revenus et de logements ont certes été considérablement durcies, mais avec des effets pervers autant économiques qu’humains : de plus en plus de conjoints et d’enfants viennent clandestinement. Les chiffres officiels baissent, mais la réalité est différente. Créer des conditions de revenus pour les conjoints de Français amorce par ailleurs une véritable rupture égalitaire entre Français. »

« Sur le quinquennat, je considère que pour relancer dans de bonnes conditions l’intégration, il faut diviser par deux le nombre de gens que nous accueillons… »

– Jean-Philippe Foegle : « On saisit assez mal le lien entre une réduction purement mécanique de l’immigration et l’intégration. La conséquence directe d’une réduction du nombre d’immigrés légaux est la multiplication du nombre de personnes toujours sur le territoire national, mais en situation irrégulière. On multiple le nombre de personnes qui seront marginalisées, exclues du monde du travail et des chaînes de solidarité. On ne peut pas d’un côté favoriser l’intégration des étrangers, et d’un autre maintenir un nombre de plus en plus important de personnes socialement marginalisées. A moins de considérer que les personnes sans titre de séjour ne font pas partie de l’humanité. »

… »c’est-à-dire passer de 180.000 aux alentours de 100.000″

– Jean-Philippe Foegle : « On ne sait pas d’où sort ce chiffre de 180.000. Vouloir réduire de moitié l’immigration légale paraît difficilement réalisable, voire fantaisiste, car on voit mal à partir de quelle catégorie le gouvernement peut encore réduire le nombre d’immigrés légaux. Il a déjà essayé de réduire fortement l’immigration familiale, qui représente environ 80% de l’immigration totale, mais il a du mal car elle est protégée par des textes internationaux. Si le gouvernement veut continuer à réduire l’immigration, il risque donc de s’attaquer aux catégories moins protégées, comme l’immigration choisie des étudiants et des travailleurs dont les règles de séjour sont plus précaires. Cette politique est incohérente. En 2006, Nicolas Sarkozy s’est fait élire avec l’immigration choisie. Aujourd’hui, il semble que ces mêmes personnes soient devenues ses premières cibles. »

« 165.000 étrangers bénéficient du RSA, 20.000 du minimum vieillesse. Nous allons mettre pour les deux des conditions de présence sur le territoire et d’activité, de travail : 10 ans de présence sur le territoire et 5 ans d’activité »

– Antoine Math : « Les conditions d’obtention de ces prestations ont été fortement durcies depuis quelques années. Mais elles sont contestables et contestées d’un point de vue légal, car en violation avec des textes internationaux. Pour le minimum vieillesse, depuis 2006, la condition d’antériorité de résidence est de 5 ans, ce qui est considéré comme discriminatoire par la Halde et le défenseur des droits, entre autres. Depuis la loi de financement de la sécurité sociale de décembre 2011, on est passés à 10 ans de résidence, avec les conditions suivantes : être en situation régulière et avoir le droit au travail.

Pour le RSA, l’antériorité a d’abord été de 3 ans, durcie à 5 ans en 2004, puis, quand le RMI est devenu RSA en 2009, cette condition a été étendue au conjoint, concubin ou partenaire. En proposant 10 ans pour les deux et 5 ans de travail, le président va encore plus loin. On est dans la surenchère, pour s’aligner encore plus sur l’exclusion de l’étranger, la xénophobie d’Etat et le Front National. Or, depuis quelques années, on constate déjà les effets du durcissement, avec de plus en plus d’étrangers en situation régulière exclus des prestations. »

« S’agissant de la Couverture médicale universelle (CMU) et de l’aide médicale d’Etat (AME) accordée aux sans-papiers, la tradition de la France c’est de soigner quelle que soit la nationalité. Je ne souhaite pas qu’on remette en cause cette générosité française. »

– Antoine Math : « Il sait surtout très bien que c’est difficilement réalisable au regard des normes internationales. En 2005, la France a été condamnée par le comité des droits sociaux de la charte sociale du conseil de l’Europe pour avoir durci l’accès à l’AME concernant les enfants. »

« Est-il normal que quelqu’un qui vient à partir de 60 ans en France ait un minimum vieillesse plus grand que la veuve d’un agriculteur qui a cotisé toute sa vie et qui a une petite retraite ? Ce n’est pas normal »

– Antoine Math : « Mensonge absolu. Le minimum vieillesse est un revenu différencié calculé à partir des ressources. Son montant, aux alentours de 700 euros, est le même pour tous. Si, par exemple, cette veuve touche une petite retraite de 300 euros, elle recevra 400 euros au titre du minimum vieillesse. Personne ne pourra avoir plus ! Ce n’est pas en supprimant à plus d’étrangers le droit au minimum vieillesse qu’on améliore la situation des autres. Par ailleurs, si le président estime que le minimum vieillesse n’est pas suffisant, c’est peut-être à lui de l’augmenter. »

« Je veux une immigration pour que les étrangers viennent en France parce qu’ils aiment la France, qu’ils veulent construire une vie en France, et pas parce qu’en France il y a un système de protection sociale plus favorable que chez nos voisins »

– Antoine Math : « C’est un peu faux. Le RSA et le minimum vieillesse français sont parmi les dispositifs les moins généreux des pays en développement comparables de l’Union européenne. Les études menées auprès des migrants montrent qu’ils n’évoquent quasiment jamais les systèmes de prestations sociales des pays car ils les ignorent. Mais il est plus facile de stigmatiser les étrangers que de s’attaquer aux vraies problématiques. »

Pour rappel, la déclaration de Jacques Chirac sur « le bruit et l’odeur », en juin 1991 : http://www.ina.fr/video/CAB91027647/meeting-cresson-le-pen-video.html

⇒ Voir l’article

Droite ou gauche au pouvoir, des régularisations de « sans-papiers » inévitables

AFP, Amer Ouali, 01/03/2012

Droite ou gauche au pouvoir, les régularisations des immigrés clandestins ne se sont jamais taries depuis les Trente glorieuses et se poursuivront quel que soit le résultat de la présidentielle, selon des experts interrogés par l’AFP.

Même si le gouvernement met la lumière sur les expulsions, un chiffre plus en rapport avec sa politique de maîtrise des flux migratoires, il a régularisé des dizaines de milliers de personnes pendant le quinquennat de Nicolas Sarkozy, selon les associations qui parlent d’environ 30.000 par an.

« Plus il y a des politiques restrictives plus on aura besoin de recoller avec le droit et de rapprocher la politique avec la réalité », estime le sociologue Sylvain Laurens, soulignant qu’un Etat « ne peut pas accepter que 20% de ses immigrés soient des illégaux ».

Actes dérogatoires consistant à faire passer dans la légalité un étranger en infraction, les régularisations a posteriori étaient automatiques jusqu’à la circulaire du 29 juillet 1968 qui concernait des catégories limitées et était considérée comme le premier acte de « l’immigration choisie ».

Aujourd’hui, elles restent la grande inconnue des statistiques officielles, les autorités ne communiquant pas sur ce point.

Selon les associations, 31.000 sans-papiers ont été régularisés en 2009, 28.000 en 2010. Interrogée par l’AFP fin janvier sur ce chiffre d’environ 30.000 par an, une source gouvernementale s’était bornée à indiquer que c’était « un peu moins ».
« Au cas par cas »

Grâce aux « pratiques préfectorales répondant à des objectifs politiques, on peut gonfler ou dégonfler comme on veut » ce chiffre, affirme le président du Gisti (Groupe d’information et de soutien des immigrés), Stéphane Maugendre, qui a « le sentiment » mais « aucune preuve » qu’il y a « beaucoup de régularisations ». Mais « le gouvernement ne veut pas montrer qu’il régularise », estime M. Maugendre alors que le président Sarkozy est attaqué par le Front National sur ce sujet et qu’il dénonce un risque d »’appel d’air » par la voie de « régularisations massives » en cas de victoire de François Hollande.

Celui-ci prône en fait des régularisations « au cas par cas », sur des « critères précis », excluant des opérations exceptionnelles comme celles de 1981 (131.000 sur 149.000 dossiers) et de 1998 (90.000 sur 145.000).

« La première opération de régularisation par circulaire remonte au 29 juillet 1968 et a touché des catégories limitées de personnes », indique un rapport du Sénat de 1998, selon lequel « la normalisation du 13 juin 1973 a bénéficié à près de 40.000 personnes ».

Présidentielle Sarkozy esquisse les contours de sa future campagne à droite toute

DNA_Logo 10/02/2012

Un éventuel référendum sur l’indemnisation des chômeurs et une réforme du droit des étrangers: Nicolas Sarkozy esquisse les contours de sa future campagne autour de «valeurs» dans un entretien aux allures de programme à paraître demain.

Pas encore officiellement candidat à un nouveau quinquennat, le chef de l’État, semble accélérer son entrée dans la compétition.

«J’ai dit que le rendez-vous approchait: il approche», assure-t-il dans Le Figaro Magazine.

«Travail», «autorité» et «responsabilité»

En attendant, il pose les bases de sa future campagne, articulée autour des «valeurs» de «travail», de «responsabilité» et d’«autorité». «Ce sont les valeurs qui permettent de construire un projet personnel et collectif», explique M. Sarkozy.

Avec un taux de chômage au plus haut depuis 12 ans (environ 10%), M. Sarkozy, qui promettait un taux ramené à 5% au début de son quinquennat avant que la crise économique ne passe par là, promet ainsi une «révolution».

Il veut ainsi créer un «nouveau système dans lequel l’indemnisation ne sera pas une allocation que l’on touche passivement, mais la rémunération que le service public de l’emploi versera à chaque demandeur d’emploi en contrepartie de la formation qu’il devra suivre».

En cas d’échec de discussions entre acteurs sociaux sur ce sujet, «il faudrait sans doute réfléchir à l’opportunité de s’adresser directement aux Français pour qu’ils donnent leur opinion sur ce système d’indemnisation du chômage et sur la façon dont on doit considérer le travail et l’assistanat», annonce le chef de l’État, qui n’a organisé aucun référendum depuis 2007.

Des «idées nouvelles»

Avec un bilan économique et social jugé sévèrement par les Français, M. Sarkozy, qui promettait depuis plusieurs semaines des «idées nouvelles», tente aussi de reprendre la main en marquant sa différence avec M. Hollande sur des sujets «sociétaux».

Veto au droit de vote des étrangers, frein aux régularisations, surveillance accrue des mariages mixtes, procédure d’expulsion revisitée: Le chef de l’État durcit encore son discours sur l’immigration.

Ainsi, il déclare vouloir durcir les conditions d’obtention d’un titre de séjour après mariage avec un Français, en introduisant des critères de «logement» et de «ressources» comme pour le regroupement familial.

«Ainsi, nous combattrons plus efficacement les fraudes», souligne-t-il.

Plus de 36 000 visas ont été délivrés à des conjoints étrangers de Français en 2010, soit 61% de plus qu’en 2006, selon les chiffres de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii).

Stéphane Maugendre, président du Groupe d’information et de soutien des immigrés (Gisti), se dit «complètement abasourdi par cette proposition» sur les conjoints étrangers.

«En quoi la taille de l’appartement d’un conjoint ou sa richesse seraient des indicateurs de fraudes ? Autant dire que les Français pauvres ne pourront pas se marier à des étrangers», dénonce-t-il.

Dans cet entretien, Nicolas Sarkozy réaffirme en outre son opposition au droit de vote des immigrés aux élections locales, jugeant que «ce n’est vraiment pas le moment, avec tous les risques de montée du communautarisme».

«De la même façon, je dis très clairement que, contrairement à M. Hollande, je ne suis pas favorable à la régularisation des étrangers en situation irrégulière, qui créerait immédiatement un appel d’air», ajoute-t-il.

Selon l’association de soutien aux étrangers Cimade, environ 28 000 étrangers en situation illégale ont été régularisés en 2010 – un chiffre jamais révélé par les autorités.

M. Sarkozy suggère enfin de réformer le droit des étrangers, en estimant que la justice administrative «devrait être seule compétente en matière d’immigration», au détriment des tribunaux judiciaires.

Cette réforme, qu’il n’exclut pas de soumettre à référendum, viserait concrètement à confier aux juges administratifs la décision revenant aujourd’hui aux juges des libertés et de la détention de prolonger ou non la durée initiale de rétention (5 jours) des individus en voie d’expulsion.

Non au mariage homosexuel

En outre, Nicolas Sarkozy se déclare «pas favorable» au mariage homosexuel ni à l’adoption par des couples de même sexe. «En ces temps troublés où notre société a besoin de repères, je ne crois pas qu’il faille brouiller l’image de cette institution sociale essentielle qu’est le mariage», estime-t-il.

Il redit aussi son opposition à l’euthanasie légale, qui risquerait «de nous entraîner vers des débordements dangereux».

Enfin, il se déclare favorable à la présence du FN à la présidentielle, car «un courant politique qui réunit plusieurs millions de citoyens à chaque élection doit pouvoir être représenté» à ce scrutin.

⇒ Voir l’article

un référendum pour contourner la Constitution

images 2 Laurence Neuer, 10/02/2012

La proposition de Sarkozy de confier le droit des étrangers à une seule juridiction met à mal le principe fondamental de la séparation des pouvoirs.
© Maxppp/Photo PQR/L'Alsace/ Dominique Gutekunst
© Maxppp/Photo PQR/L’Alsace/ Dominique Gutekunst

Est-il opportun d’unifier le contentieux des étrangers et de le confier à une seule juridiction ? Cette proposition de Nicolas Sarkozy, évoquée à deux mois de la présidentielle, n’est pas nouvelle. Brice Hortefeux, alors ministre de l’Immigration, avait en 2007 confié à la commission présidée par l’ancien président du Conseil constitutionnel Pierre Mazeaud le soin de réfléchir à la simplification et à l’unification de ce contentieux, le cas échéant au sein d’une juridiction spécialisée. Aujourd’hui, il s’agirait de confier les expulsions des étrangers entrés illégalement sur le territoire français à la seule juridiction administrative. Cela supposerait de supprimer l’intervention du juge des libertés et de la détention (JLD), qui contrôle actuellement la légalité des mesures de rétention administrative et statue sur le maintien des étrangers en zone d’attente ou en centre de rétention au-delà d’un certain délai. « Rassembler la procédure entre les mains d’un seul juge est une bonne chose dans la mesure où le système actuel est trop lourd et coûteux, souligne l’avocat pénaliste Pierre Olivier Sur. Réunir les deux juridictions en une allègerait la procédure et simplifierait l’accès au droit des justiciables. »
Modifier la Constitution

Pour rappel, la particularité du contentieux des étrangers vient du fait que l’acte initial a un caractère administratif (refus d’un titre de séjour, arrêté de reconduite à la frontière, etc., que l’intéressé peut contester devant le juge administratif), mais que son exécution nécessite le plus souvent une mesure privative de liberté. C’est à ce stade que le juge judiciaire intervient pour se prononcer sur la légalité de l’interpellation et de la garde à vue, ainsi que sur le respect de la notification des droits.

Est-ce pour autant à la juridiction administrative – comme le préconise Nicolas Sarkozy – de porter l’ensemble de ce contentieux ? « Cela aurait l’avantage d’attribuer au juge administratif, compétent pour contrôler la légalité des décisions administratives prises en matière d’entrée et de séjour des étrangers, qui connaît bien le droit des étrangers et dont l’efficacité est reconnue, le seul domaine qui lui échappe aujourd’hui : la rétention des étrangers en vue de l’exécution de la mesure d’éloignement », souligne le rapport Mazeaud.

« En cas de rétention administrative, l’organisation du procès s’en trouverait simplifiée puisqu’au recours de l’étranger contre la mesure d’éloignement elle-même pourraient être annexées des conclusions dirigées contre la mesure privative de liberté. » Toutefois, tempèrent les auteurs, « confier à un juge administratif la mission d’ordonner la privation de liberté d’une personne physique méconnaît tout à la fois la nature de sa fonction, son métier, ses moyens d’action et surtout sa raison d’être ». Et « cette solution se heurte à un obstacle juridique majeur : l’article 66 de la Constitution confie au seul juge judiciaire la protection de la liberté individuelle ». En clair, le fait de transférer de telles attributions au juge administratif, juge de la légalité des décisions d’expulsion, supposerait de modifier la Constitution.

Brouiller la frontière de l’administratif et du judiciaire

« L’objectif du président est de donner un grand coup de pied dans le principe de séparation des pouvoirs et des ordres judiciaires, commente le président du Gisti (Groupe d’infomation et de soutien des immigrés) et avocat au barreau de la Seine-Saint-Denis Stéphane Maugendre. Après avoir coupé les ailes du JLD en repoussant sa saisine à cinq jours à compter du placement en rétention, il veut à présent le supprimer totalement et obtenir cette réforme par référendum pour éviter l’écueil du Conseil constitutionnel, décrypte l’avocat. Mais, prévient-il, rien n’empêcherait une personne privée de liberté de saisir la Cour européenne des droits de l’homme, dans la mesure où elle aura été privée de liberté sans contrôle d’un juge judiciaire. »

Pourquoi, alors, ne pas confier au seul juge judiciaire le contentieux des étrangers, comme le préconise Pierre Olivier Sur ? Cela supposerait aussi de toucher aux racines de notre système et d’enterrer ce principe vieux de plus de 200 ans de la séparation des fonctions administratives et judiciaires. Et, souligne le rapport Mazeaud, « unifier entre les mains du JLD le contrôle de la privation de liberté et celui de la légalité des décisions administratives relatives au séjour des étrangers conduirait à diluer la vocation de ce juge ». Faut-il alors inventer une juridiction à deux casquettes ? Mesure contre-productive et complexe à mettre en place, avait tranché le rapport Mazeaud.

⇒ Voir l’article

Avocat