Archives de catégorie : droit à la frontière

vive opposition aux audiences délocalisées à Roissy

 (AFP),

Prise en charge « plus humaine » de milliers d’étrangers ou « justice d’exception » pour « industrialiser les expulsions » ? Deux salles d’audiences délocalisées, construites à deux pas des pistes de l’aéroport de Roissy, indignent magistrats, avocats et associations.

La première, qui doit ouvrir fin septembre, est rattachée au centre de rétention (cra) du Mesnil-Amelot, le plus important de France, coincé entre champs et entrepôts, à 400 mètres du tarmac, où des sans-papiers sont enfermés en vue d’être expulsés.

La seconde, dont l’ouverture est prévue en décembre, a été accolée à la zone d’attente pour personnes en instance (zapi) de l’aéroport, où sont temporairement enfermés les passagers non admis sur le territoire français par la police aux frontières. Plus de 6.000 personnes maintenues dans cette zone d’attente, dans la zone cargo qui longe une piste d’atterrissage, ont vu leur dossier examiné par un juge des libertés et de la détention en 2012.

A ce jour, les étrangers concernés sont transportés en fourgon au tribunal de grande instance de Meaux (pour le cra) ou de Bobigny (pour la zapi), où ces audiences ont lieu.

Les deux projets représentent un casus belli pour nombre d’associations d’aide aux immigrés, d’avocats et de magistrats, accusés de bafouer plusieurs fondements du système judiciaire, comme la publicité des débats ou l’indépendance des juges.

« La justice doit être rendue au c?ur de la cité, pas comme ça sur une piste d’aéroport », martèle Robert Feyler, le bâtonnier du barreau de la Seine-Saint-Denis, soutenu par le Conseil national des barreaux.

La ministre de la Justice, Christiane Taubira, a fait valoir à plusieurs reprises qu’elle ne faisait qu’exécuter une délocalisation actée sous l’ancienne majorité, qui a coûté 2,7 millions d’euros pour la seule salle de Roissy. Sans tout à fait cacher ses réticences. « Le lieu où l’on rend la justice n’est pas anodin », a-t-elle ainsi concédé cette semaine.

Eloignement

Actuellement, quand ils partent au tribunal de Bobigny, les étrangers de la zapi, qui espèrent être libérés dans la foulée, emportent valises et enfants, pour attendre parfois des heures dans une pièce couverte de graffitis au confort sommaire, gardés par des policiers.

Les autorités judiciaires la font volontiers visiter pour souligner le contraste avec les locaux modernes et aérés de la nouvelle annexe, à Roissy. Des audiences sur place « amélioreront les conditions humaines, de traitement », affirment-elles alors que les étrangers peuvent passer jusqu’à trois fois devant le juge en vingt jours.

« Ce n’est qu’une question de rentabilité, d’industrialisation des reconduites à la frontière », rétorque Stéphane Maugendre, qui préside l’association Gisti. « C’est la police aux frontières qui empêche les étrangers d’entrer en France, qui les place en zone d’attente, qu’elle gère d’ailleurs. C’est elle qui demande qu’ils y soient maintenus. Le magistrat risque d’être complètement phagocyté » s’il rend justice sur place, argue-t-il.

« C’est quand même dans une enceinte entourée de barbelés ! », s’étrangle Me Feyler. Au Mesnil-Amelot, les juges, qui pourraient y être détachés à plein temps, « déjeuneront tous les jours avec les CRS », pointe Laurence Blissou, juge à Meaux et déléguée du Syndicat de la magistrature (SM, classé à gauche).

Les opposants ont multiplié tribunes, lettres ouvertes et pétition. Ils organisent le 17 septembre une visite pour journalistes et parlementaires, en bus, de ces salles, afin de mettre en exergue leur éloignement et la difficulté d’y accéder en transports en commun, ce qui interdit, selon eux, toute publicité des débats.

Ces annexes permettront d’importantes économies sur le coût des navettes et des escortes policières, selon le ministère de l’Intérieur qui a fait ouvrir plusieurs salles délocalisées depuis le début des années 2000. La plupart, invalidées en cassation, ont fermé. Une seule fonctionne encore, à Coquelles, à quelques kilomètres de l’entrée du tunnel sous la Manche.

Les avocats, dont une partie n’est rémunérée qu’avec l’aide juridictionnelle, devront s’y rendre par leurs propres moyens.

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Défendre et juger sur le tarmac

« La France devrait être moteur de la solidarité européenne »

  la-croix-logo Elsa BASTIEN  26/4/11

Stéphane Maugendre, président du Groupe d’information et de soutien des immigrés (Gisti) :

« Les discussions actuelles autour de l’espace Schengen sont politiciennes et relèvent de l’effet d’annonce franco-français. À la base, l’un des principes de Schengen est la libre circulation et la solidarité entre les pays. La France devrait être moteur de la solidarité européenne et non de la fermeture, et devrait tout faire pour bien accueillir ces migrants et soutenir les démocraties naissantes. D’autant que, pour beaucoup d’entre eux, l’exil n’est que temporaire, comme le montre l’exemple de l’émigration portugaise en France. Une fois que l’économie repartira, ils ne resteront probablement pas. L’émigration vers la France ou vers un pays européen est toujours présentée comme n’allant que dans un sens. Et puis il ne faut pas oublier que ce phénomène ne concerne pas des centaines de milliers de personnes ! Si on les cantonne sur la petite île de Lampedusa, effectivement, c’est l’enfer. Mais ils vont se répartir au niveau européen, c’est ça l’esprit de Schengen. Depuis les années 1970, on s’arc-boute sur une politique répressive, inefficace sur tous les plans, notamment humain. La fermeture des frontières ne marche pas ? Essayons l’ouverture et la libre circulation. »

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Immigration : en Europe, « c’est vraiment chacun pour soi ».

images Benjamin Harroch, 17/04/2011

Le président du groupe d’information et de soutien aux immigrés dénonce l' »absence totale de solidarité » de la France avec l’Italie qui fait face à un afflux important de migrants.

En accordant des permis de séjour temporaires à des milliers de Tunisiens arrivés sur son territoire, l’Italie ne respecterait pas « l’esprit » de la convention de l’espace Schengen sans frontières, selon Claude Guéant. A-t-il raison ?

– L’Italie ne viole ni le texte, ni l’esprit de la convention de Schengen. Celle-ci met en place un espace de libre circulation formé par tous les pays signataires et des règles communes  pour le franchissement des frontières extérieures de cet espace. Au nom d’un principe de solidarité, chaque pays membre de Schengen doit faire respecter ces règles dans l’intérêt de tous les autres. Ce principe pèse beaucoup plus lourd pour les pays qui ont de nombreuses frontières extérieures à surveiller, comme l’Italie ou la Grèce. On notera au passage que ça ne gêne pas ceux qui n’en ont pas ou presque pas, comme la France ou la Belgique…

Mais Schengen dit aussi qu’un Etat a parfaitement le droit d’accorder le droit au séjour sur son territoire à qui il veut, même si cette personne est entrée sans visa. La France le fait parfois quand elle régularise des sans-papiers. Et, de fait, ce droit au séjour octroyé par un Etat à un étranger va faciliter sa circulation sur tout l’espace Schengen. Si l’Italie a décidé aujourd’hui d’user de cette faculté, c’est en quelque sorte « de bonne guerre », parce que la France, en affirmant haut et fort qu’elle n’accepterait pas de Tunisiens sur son sol, a fait preuve d’une absence totale de solidarité face à une situation exceptionnelle comme celle qui a suivi la révolution tunisienne. Une attitude partagée d’ailleurs par tous les Etats membres de l’Union européenne, dont le silence est criant… c’est vraiment chacun pour soi.

Claude Guéant a par ailleurs indiqué que la France allait renforcer ses contrôles. Craignez-vous une chasse aux migrants ?

– Cette chasse a déjà commencé. Depuis février, la police de Cannes a des consignes pour  » interpeller les étrangers en situation illégale de nationalité tunisienne », ce qui incite clairement aux contrôles au faciès. Avant même la circulaire du ministère de l’intérieur du 6 avril qui donne des instructions en ce sens, les contrôles à la frontière ont été renforcés – ce qui, pour le coup, est tout à fait contraire à « l’esprit de Schengen » qui prévoit la suppression de ces contrôles. Et sur le terrain, il y a déjà beaucoup de témoignages qui attestent de cette traque aux Tunisiens.

Dans ce contexte, que peuvent espérer les migrants qui se sont vus délivrer un permis de séjour temporaire et qui sont aujourd’hui sur le sol français ?

– Au minimum, ceux qui veulent demander protection à la France doivent pouvoir déposer cette demande et celle-ci doit être examinée. Pour les autres, il est à craindre qu’ils ne se trouvent jetés dans la clandestinité à l’expiration du permis de séjour provisoire. Ce qui est très hypocrite, car la France, comme l’Italie et le reste de l’Europe, ont parfaitement la capacité d’absorber ces quelques milliers de Tunisiens, une goutte d’eau à l’échelle des 500 millions d’habitants de l’Union européenne. Vous verrez que dans quelques mois, on n’en parlera plus. Au lieu de crier à la menace d’invasion, l’Europe devrait prendre exemple sur la Tunisie, et ouvrir ses portes.

Interdite de voir sa sœur en France malgré son visa

logo-of-274x120 Claire Thévenoux, 15/02/2011

Lorsqu’elle foule le sol français, un lundi de janvier, Fatoumata Camara réalise un rêve. Enfin chez sa petite soeur ! Enfin découvrir où vit Manty avec Laurent, son « beau », comme on dit en Guinée. Et retrouver leurs enfants, 10 et 7 ans, qu’elle n’a pas revus depuis le baptême de la petite. Fatoumata, 40 ans, commerçante à Conakry, mariée et mère au pays, atterrit pour la première fois en France, pour un mois.

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Elle ne sait pas encore qu’elle n’y restera qu’une semaine. Humiliante. Elle ne sortira de Roissy que pour le tribunal, dans une fourgonnette de police, sans approcher sa soeur. Parce qu’elle n’a pas assez d’argent sur elle (870 €, en liquide !) et qu’il lui manque une attestation d’assurance médicale.

« Comme une délinquante »

Manty, venue l’accueillir à l’avion, a proposé de fournir immédiatement la somme exigée. « Trop facile », rétorque le policier. Fatoumata tombe des nues : « Quand ils m’ont pris mon passeport, j’ai compris que je ne verrai ni ma soeur ni mon beau-frère, j’ai eu peur », raconte-t-elle au téléphone, de Conakry. Elle est placée en Zapi, Zone d’attente pour personnes en instance, près de l’aéroport, une sorte d’hôtel entouré de barbelés, où elle reste confinée. Laurent Chevallier, son beau-frère cinéaste, lui remet, dès le mardi, l’argent et une copie de l’attestation. Rien n’y fait. L’affaire doit être jugée.

Fatoumata passe au tribunal de Bobigny, le jeudi. Devant une juge intraitable, elle perd ses moyens, oublie l’âge de sa soeur… Dans la salle, Manty pleure, essaye d’intervenir, se fait rabrouer… Le couple veut faire appel, en vain. Le dimanche, Fatoumata est renvoyée à Conakry, encadrée par des policiers « comme une délinquante ».

Fatoumata avait pourtant un visa touriste en règle. « Pour le délivrer, explique Me Maugendre, avocat, président du Gisti (Groupe d’information et de soutien des immigrés), il faut que le consulat ait obtenu toutes les pièces obligatoires, visant à éviter l’immigration clandestine. » La Police aux frontières devrait donc se contenter de vérifier la validité du passeport et du visa. « Mais, de plus en plus, elle contrôle ce que le consulat a déjà contrôlé. »

« C’est la politique de l’immigration zéro »

Des affaires comme celle-là, les associations en voient « tous les jours, c’est de pire en pire ». Un avocat marocain refoulé parce qu’il n’avait pas d’argent liquide.

Idem pour un homme d’affaires indien venu en famille… « C’est la politique de l’immigration zéro, reprend Me Maugendre. On donne ordre à tous les niveaux d’empêcher les gens de venir. On vise les pays dont on suspecte les ressortissants de vouloir s’installer en France », même si ce sont de vrais touristes.

Depuis son retour, Fatoumata dort mal, mais garde intacte l’envie de revenir en France, « ce beau pays ». Où un nouveau projet de loi sur l’immigration vise à durcir les conditions d’entrée.

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Immigration: Ce qui va changer

Alice Pouyat, 27/09/2010

Débats électriques en perspective à l’Assemblée. A partir de mardi, et pendant deux semaines, les députes vont examiner le projet de loi « immigration, intégration et nationalité » présenté par Eric Besson. D’ores et déjà, l’opposition a annoncé son intention de ferrailler contre ce projet, le 6e depuis 2002 sur l’immigration, qui suscite aussi des réserves dans la majorité. Le point sur les mesures les plus polémiques.

Déchéance de la nationalité étendue

Brice Hortefeux avait proposé d’élargir la déchéance de la nationalité aux personnes coupables de polygamie. Cette idée n’a pas été retenue. En revanche, elle s’appliquera aux Français naturalisés depuis moins de dix ans (par l’intermédiaire du mariage) et condamnés pour avoir intentionnellement causé la mort d’une personne dépositaire de l’autorité publique (policier, gendarme, avocat, magistrat…) dans l’exercice de ses fonctions, comme l’avait souhaité Nicolas Sarkozy après les violences de Grenoble. Peu de personnes devraient donc être concernées. Pour s’appliquer, cette mesure devra aussi franchir l’obstacle du Conseil constitutionnel qui, au nom du principe d’égalité devant la loi, n’a accepté jusqu’à présent la déchéance de la nationalité que pour les faits qualifiés de terroristes.

Bannissement de citoyens communautaires

Le texte stipule qu’un ressortissant européen peut faire l’objet d’une mesure de bannissement en cas d’« abus d’un court séjour » (moins de trois mois) lorsqu’il multiplie des allers-retours « dans le but de se maintenir sur le territoire » ou s’il constitue « une charge déraisonnable pour le système d’assistance sociale ». Les personnes concernées ne pourront plus revenir pendant une durée de deux ou cinq ans. Cette mesure vise notamment les Roms, accusés d’accepter les procédures de retour volontaire (et les 300 euros qui vont avec) et de revenir en France.

Enfermement allongé

La durée de la rétention administrative des sans-papiers passera de 32 à 45 jours maximum, comme l’autorise la directive « Retour » européenne. « La France est le pays européen dont la durée de rétention est la plus courte », se défend Eric Besson. Pour les défenseurs des droits de l’Homme qui dénoncent une privation de liberté allongée, inutile, et coûteuse, c’est un nivellement par le bas.

Moins de juges des libertés

Autre mesure en centre de rétention: le juge des libertés et de la détention (JLD), qui contrôle la régularité des conditions d’enfermement et d’interpellation ne pourra plus intervenir qu’au bout de 5 jours contre 48 heures aujourd’hui. Le juge administratif, qui lui statue sur la mesure d’éloignement pourra donc statuer avant lui et des personnes êtres expulsées sans avoir pu solliciter un juge des libertés –accusé à plusieurs reprises par le gouvernement de faire obstacle aux expulsions. Une façon de simplifier la procédure, se justifie le gouvernement.

Des zones d’attentes sur tout le territoire

C’est peut-être le point du texte le plus incertain au niveau juridique. Le projet de loi donne la possibilité aux préfets de décréter « zones d’attente temporaire » le lieu où sont découverts des étrangers clandestins. La zone s’étendrait de l’endroit de la découverte au point de passage frontalier le plus proche. Les zones d’attente de placement en instance (Zapi) sont des lieux privatifs de liberté situés habituellement dans les gares, les aéroports ou les ports ouverts au trafic international et dans lesquels les clandestins sont retenus. Leurs droits y sont limités: seules sont autorisées l’assistance d’un médecin, d’un interprète et la communication avec un avocat. Avec cette nouvelle disposition, « on crée ainsi fictivement, du lieu d’arrestation au poste de frontière, un endroit où le droit français ne s’applique pas. Toute la France peut alors devenir un ‘non-territoire français' », expliquait au JDD.fr Stéphane Maugendre, président du groupe de soutien aux immigrés (Gisti), au moment de la révélation de l’avant-projet de loi.

Des « mariages gris » punis

Définis comme des unions fondées sur « une tromperie volontaire d’un étranger aux dépens d’un conjoint abusé dans sa bonne foi » – ces mariages seront dorénavant punis par sept ans d’emprisonnement, au lieu de cinq, et d’une amende de 30.000 euros, contre 15.000 actuellement. En novembre 2009, Eric Besson avait ciblé ce problème, sans toutefois avancer de chiffres. De quoi susciter l’indignation de Nicolas Ferran, président du collectif des Amoureux au banc public: « Doit-on mettre les gens sous tutelle contre leur propre naïveté? Je ne crois pas. Des tromperies existent aussi dans des relations non mixtes », soulignait-il au JDD.fr.

Travail au noir: Les employeurs protégés
Contre l’avis du gouvernement, un amendement du rapporteur du texte, Thierry Mariani (UMP), a été adopté qui propose de ne pas sanctionner les employeurs « de bonne foi » d’étrangers sans titre de séjour qui peuvent aujourd’hui être poursuivis pénalement pour recrutement illégal. En clair, si l’inspecteur du travail ne peut apporter la preuve que l’embauche de sans-papier est volontaire, aucune poursuite ne pourra être retenue.

Aide médicale limitée

Un des amendements rend aussi plus difficile l’accès à l’aide médicale pour les étrangers sans titre de séjour afin d’éviter un « coût déraisonnable du système de santé français. Jusqu’ici, les étrangers en bénéficiaient s’ils ne « pouvaient » être traités dans leur pays (par exemple s’ils n’en avaient pas les moyens ou si le pays bénéficient des infrastructures suffisantes). Il faudra désormais que le traitement soit « inexistant » dans leur pays.

Intégration choisie

Le processus de naturalisation est accéléré pour celui « qui présente un parcours exceptionnel d’intégration » dans les domaines « civique, scientifique, économique, culturel ou sportif ». Pour le reste des citoyens, l’accès à la nationalité est conditionnée à la signature d' »une charte des droits et devoirs du citoyen ». Le texte crée aussi une « carte bleue européenne«  pour les travailleurs « hautement qualifiés » qui justifient d’un contrat ou d’une promesse d’embauche pour au moins un an.

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Éric Besson : encore une « ignominie »

AccueilMarie Barbier, 19/06/2010

Vives critiques des associations contre son avant-projet de loi hostile aux étrangers.
Rarement un texte de loi n’aura suscité autant d’oppositions avant même sa présentation devant le Parlement. L’avant-projet de loi d’Éric Besson « relatif à l’immigration, à l’intégration et à la nationalité », qui sera discuté au Parlement à partir du 27 septembre prochain, a déjà réussi à susciter l’opposition de la majorité des associations travaillant sur le sujet.

 

Jeudi, elles ont présenté une « analyse collective » extrêmement exhaustive et détaillée de ce projet de loi (1). Un peu plus de quatre-vingts pages pour décortiquer la future loi Besson. « C’est un travail d’analyse technique, précise Stéphane Maugendre, président du Gisti. Car la technicité cache des politiques extrêmement répressives à l’égard des étrangers. »

Quatrième texte, en sept ans, à venir modifier la condition des étrangers en France, ce projet de loi transpose dans le droit français la « directive retour », baptisée « directive de la honte » par ses opposants. Dans le collimateur des associations : la possibilité de créer des zones d’attente ad hoc, qui transformeraient « la France entière en zone potentielle de refoulement » ; le prolongement de la durée de rétention de trente à quarante-cinq jours ; la « mise à l’écart des juges » ; ou encore le « bannissement » de l’Europe avec une interdiction de retour sur le territoire français de deux à cinq ans. Tous ces éléments font de ce projet de loi « un nouveau tournant dans la politique d’hostilité aux populations étrangères et attaque insidieusement le droit d’asile », dénoncent les associations.

Parallèlement, le documentaire Ulysse clandestin, un « film pour la nécessaire suppression du ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale », de Thomas Lacoste, sortira en salle en septembre, pour créer le débat sur cette nouvelle « ignominie » du « ministère de la honte ». Le film est déjà disponible sur Internet (2).

(1) http://www.gisti.org

(2) http://www.labandepassante.org

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Immigration: La loi sera durcie

 M.P. (avec Reuters) 1/04/2010

Eric Besson a présenté mercredi en Conseil des ministres un nouveau projet de loi sur l’immigration, destiné à durcir les conditions d’entrée sur le territoire des sans-papiers.

On le disait affaibli après la débâcle des régionales et le sursaut du FN. Pourtant, Eric Besson a échappé au remaniement ministériel et il continue de durcir sa politique en matière d’immigration. En témoigne le nouveau texte, le sixième en la matière depuis 2002, présenté mercredi en Conseil des ministres. Il modifie le code de l’entrée et du séjour des étrangers en France en allongeant de 32 à 45 jours la durée de rétention administrative. Aux critiques, le ministre de l’Intégration rétorque que cette durée reste bien inférieure à celle d’autres pays européens. « Elle est aujourd’hui de 60 jours au Portugal, de 6 mois aux Pays-Bas, en Autriche ou en Hongrie, de 8 mois en Belgique, 18 mois en Allemagne, de 24 mois en Suisse, illimitée au Royaume-Uni« , écrit-il dans une présentation du texte. Le projet prévoit aussi la possibilité d’assortir l’expulsion d’une interdiction de retour sur le territoire français pour une durée pouvant aller jusqu’à trois ans.

Le projet de loi instaure également des zones d’attente « dématérialisées », en cas d’arrivée massive de migrants, lorsqu’ils sont interpellés en dehors de tout point de passage frontalier. Cette disposition vise à accroître la latitude de l’administration pour éloigner les étrangers en situation irrégulière, alors que le gouvernement s’est fixé pour objectif d’expulser environ 30.000 personnes par an. Autre mesure d’importance: les conditions de naturalisation seront durcies. Le projet de loi assujettit l’acquisition de la nationalité française à la signature d’une « charte des droits et devoirs du citoyen« , entérinant l’adhésion « aux principes et aux valeurs essentielles de la République » et l’engagement à apprendre la langue française. Si ce contrat n’est pas respecté, le titre de séjour peut ne pas être renouvelé. Toutes ces mesures sont susceptibles d’empêcher les femmes portant le voile intégral d’obtenir la naturalisation.

Pas de « délit de solidarité »

Un volet est également prévu pour renforcer les sanctions « contre les personnes qui recourent sciemment, directement ou indirectement, à l’emploi d’étrangers sans titre de séjour« . Les employeurs qui continuent d’avoir recours à une main d’œuvre sans-papiers devront rembourser les aides publiques reçues l’année précédent l’infraction et leur établissement pourra être fermé pour une durée ne pouvant excéder trois mois. Sur un plan pénal, l’infraction sera punie d’une peine d’emprisonnement de cinq ans et d’une amende de 15.000 euros.

Seul point de détente du texte: l’explicitation de l’immunité pénale pour ceux qui apportent une aide humanitaire d’urgence aux clandestins, ce qui met fin aux polémiques sur le « délit de solidarité ». Pour autant, les associations et syndicats sont nombreux à dénoncer ce texte. Des responsables d’associations d’aide aux migrants critiquent la restriction du contrôle du juge des libertés après le désaveu infligé au gouvernement dans l’enfermement de Kurdes débarqués en Corse en janvier dernier. « Garde à vue comprise, un étranger pourra être privé de liberté pendant une semaine sans voir un juge« , s’inquiète dans Le Monde de jeudi Stéphane Maugendre, président du Groupe d’information et de soutien des immigrés (Gisti). Dans un entretien au JDD.fr accordé en février dernier, il estimait que ce texte, tel qu’il était présenté ne serait pas conforme à la Constitution. « Le gouvernement veut retirer au juge judiciaire, garant des libertés fondamentales dans la Constitution, ce rôle précisément. On peut espérer que le Conseil constitutionnel sanctionne un certain nombre de choses si le texte passe tel quel ».

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Le projet de loi Besson va créer un «régime d’exception» pour les étrangers

  Carine Fouteau,

Voile intégral et droit des étrangers: voilà l’urgence pour le gouvernement, dix jours après les régionales. Eric Besson présente ce mercredi en conseil des ministres son projet de loi sur l’immigration, l’intégration et la nationalité. Le cinquième en six ans! Mediapart en révèle le contenu et a interrogé Stéphane Maugendre, le président du Gisti, qui s’indigne des multiples régressions portées par ce texte.

Extrait : Aller «le plus loin possible sur la voie d’une interdiction générale du voile intégral», selon l’expression de François Fillon devant les parlementaires UMP, et restreindre les droits des étrangers en situation irrégulière: voilà l’urgence pour le gouvernement, moins de dix jours après la débâcle de la majorité présidentielle aux élections régionales.

Alors que le conseil d’État a remis, mardi 30 mars, son rapport au premier ministre «sur les possibilités juridiques d’interdiction» du niqab en vue d’une modification législative, Éric Besson, le ministre de l’immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du développement solidaire, doit présenter, ce mercredi en conseil des ministres, un projet …

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