Archives de catégorie : délit de solidarité

Aide aux sans-papiers: Besson remet en cause des affirmations du groupe de soutien Gisti

images  22/04/2009

Le ministre de l’Immigration, Eric Besson, a remis en cause mercredi la « crédibilité” du Groupe d’information et de soutien des immigrés (Gisti), qui a recensé 32 cas d’individus condamnés pour avoir aidé des étrangers en situation irrégulière.

« La crédibilité du Gisti en la matière est quasiment nulle », a estimé M. Besson, mercredi sur RMC.

« Chaque fois que je me suis penché avec détail et avec mes services sur les affirmations du Gisti, elles se sont quasiment systématiquement révélées fausses », a-t-il affirmé.

La publication de cette liste « non exhaustive », selon l’association de juristes, se veut une réponse à une lettre du ministre de l’Immigration aux associations qui ont organisé le 8 avril des rassemblements dans 90 villes de France pour protester contre « le délit de solidarité » instauré par l’article L622-1 du Ceseda (Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile), une appellation contestée par M. Besson.

Dans cette lettre, M. Besson réaffirmait qu' »en 65 années d’application de la loi, personne en France n’a jamais été condamné pour avoir seulement accueilli, accompagné ou hébergé un étranger en situation irrégulière ».

« Le Gisti n’a pas à faire la preuve de sa crédibilité en matière de droit des étrangers, je crois que la réputation du Gisti se suffit à elle-même », a déclaré le président de l’association Stéphane Maugendre, interrogé par l’AFP, ajoutant: « A la limite, ça ne vaut même pas une réponse ».

Ces condamnations ont été recueillies sur « des moteurs de recherche de droit », en ne retenant que celles visant l’article L622-1 du Ceseda ou l’article 21 de l’ordonnance sur les étrangers de 1945, que ce texte a remplacé, a-t-il expliqué.
Mercredi, M. Besson a également répété un argument avancé mardi contre le Gisti.

« Ils avaient dit depuis deux mois qu’ils apporteraient la preuve que, contrairement à ce que j’affirmais, des bénévoles humanitaires avaient pu être inquiétés ». Or « dans leur propre liste, il n’y a aucun bénévole”, a-t-il relevé.

Or le président du Gisti a souligné que la publication de la liste répondait à la lettre du ministre affirmant que « toute personne, particulier, bénévole, association, qui s’est limitée à accueillir, accompagner, héberger des clandestins en situation de détresse, n’est donc pas concernée par ce délit”, sans introduire lui-même de distinction entre militants et bénévoles associatifs et particuliers.

« La liste des gens qui ont été inquiétés, elle viendra en temps et en heure. Nous, on a fait une réponse au courrier de Besson », a ajouté M. Maugendre, rappelant que la liste ne recensait que des personnes condamnées, et jugeant qu’être interpellé, placé en garde à vue, perquisitionné, etc. revenait à être « inquiété ».

Aide aux sans-papiers: Besson remet en cause des affirmations du groupe de soutien Gisti

france-24-logo[1] 22/04/2009

Le ministre de l’Immigration, Eric Besson, a remis en cause mercredi la « crédibilité” du Groupe d’information et de soutien des immigrés (Gisti), qui a recensé 32 cas d’individus condamnés pour avoir aidé des étrangers en situation irrégulière.

« La crédibilité du Gisti en la matière est quasiment nulle », a estimé M. Besson, mercredi sur RMC.

« Chaque fois que je me suis penché avec détail et avec mes services sur les affirmations du Gisti, elles se sont quasiment systématiquement révélées fausses », a-t-il affirmé.

La publication de cette liste « non exhaustive », selon l’association de juristes, se veut une réponse à une lettre du ministre de l’Immigration aux associations qui ont organisé le 8 avril des rassemblements dans 90 villes de France pour protester contre « le délit de solidarité » instauré par l’article L622-1 du Ceseda (Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile), une appellation contestée par M. Besson.

Dans cette lettre, M. Besson réaffirmait qu' »en 65 années d’application de la loi, personne en France n’a jamais été condamné pour avoir seulement accueilli, accompagné ou hébergé un étranger en situation irrégulière ».

« Le Gisti n’a pas à faire la preuve de sa crédibilité en matière de droit des étrangers, je crois que la réputation du Gisti se suffit à elle-même », a déclaré le président de l’association Stéphane Maugendre, interrogé par l’AFP, ajoutant: « A la limite, ça ne vaut même pas une réponse ».

Ces condamnations ont été recueillies sur « des moteurs de recherche de droit », en ne retenant que celles visant l’article L622-1 du Ceseda ou l’article 21 de l’ordonnance sur les étrangers de 1945, que ce texte a remplacé, a-t-il expliqué.
Mercredi, M. Besson a également répété un argument avancé mardi contre le Gisti.

« Ils avaient dit depuis deux mois qu’ils apporteraient la preuve que, contrairement à ce que j’affirmais, des bénévoles humanitaires avaient pu être inquiétés ». Or « dans leur propre liste, il n’y a aucun bénévole”, a-t-il relevé.

Or le président du Gisti a souligné que la publication de la liste répondait à la lettre du ministre affirmant que « toute personne, particulier, bénévole, association, qui s’est limitée à accueillir, accompagner, héberger des clandestins en situation de détresse, n’est donc pas concernée par ce délit”, sans introduire lui-même de distinction entre militants et bénévoles associatifs et particuliers.

« La liste des gens qui ont été inquiétés, elle viendra en temps et en heure. Nous, on a fait une réponse au courrier de Besson », a ajouté M. Maugendre, rappelant que la liste ne recensait que des personnes condamnées, et jugeant qu’être interpellé, placé en garde à vue, perquisitionné, etc. revenait à être « inquiété ».

Aide aux sans-papiers: Besson remet en cause des affirmations du groupe de soutien Gisti

AFP, 22/04/2009

Le ministre de l’Immigration, Eric Besson, a remis en cause mercredi la « crédibilité” du Groupe d’information et de soutien des immigrés (Gisti), qui a recensé 32 cas d’individus condamnés pour avoir aidé des étrangers en situation irrégulière.

« La crédibilité du Gisti en la matière est quasiment nulle », a estimé M. Besson, mercredi sur RMC.

« Chaque fois que je me suis penché avec détail et avec mes services sur les affirmations du Gisti, elles se sont quasiment systématiquement révélées fausses », a-t-il affirmé.

La publication de cette liste « non exhaustive », selon l’association de juristes, se veut une réponse à une lettre du ministre de l’Immigration aux associations qui ont organisé le 8 avril des rassemblements dans 90 villes de France pour protester contre « le délit de solidarité » instauré par l’article L622-1 du Ceseda (Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile), une appellation contestée par M. Besson.

Dans cette lettre, M. Besson réaffirmait qu' »en 65 années d’application de la loi, personne en France n’a jamais été condamné pour avoir seulement accueilli, accompagné ou hébergé un étranger en situation irrégulière ».

« Le Gisti n’a pas à faire la preuve de sa crédibilité en matière de droit des étrangers, je crois que la réputation du Gisti se suffit à elle-même », a déclaré le président de l’association Stéphane Maugendre, interrogé par l’AFP, ajoutant: « A la limite, ça ne vaut même pas une réponse ».

Ces condamnations ont été recueillies sur « des moteurs de recherche de droit », en ne retenant que celles visant l’article L622-1 du Ceseda ou l’article 21 de l’ordonnance sur les étrangers de 1945, que ce texte a remplacé, a-t-il expliqué.
Mercredi, M. Besson a également répété un argument avancé mardi contre le Gisti.

« Ils avaient dit depuis deux mois qu’ils apporteraient la preuve que, contrairement à ce que j’affirmais, des bénévoles humanitaires avaient pu être inquiétés ». Or « dans leur propre liste, il n’y a aucun bénévole”, a-t-il relevé.

Or le président du Gisti a souligné que la publication de la liste répondait à la lettre du ministre affirmant que « toute personne, particulier, bénévole, association, qui s’est limitée à accueillir, accompagner, héberger des clandestins en situation de détresse, n’est donc pas concernée par ce délit”, sans introduire lui-même de distinction entre militants et bénévoles associatifs et particuliers.

« La liste des gens qui ont été inquiétés, elle viendra en temps et en heure. Nous, on a fait une réponse au courrier de Besson », a ajouté M. Maugendre, rappelant que la liste ne recensait que des personnes condamnées, et jugeant qu’être interpellé, placé en garde à vue, perquisitionné, etc. revenait à être « inquiété ».

Aide aux sans-papiers: Besson remet en cause des affirmations du groupe de soutien Gisti

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Le ministre de l’Immigration, Eric Besson, a remis en cause mercredi la « crédibilité » du Groupe d’information et de soutien des immigrés (Gisti), qui a recensé 32 cas d’individus condamnés pour avoir aidé des étrangers en situation irrégulière.

« La crédibilité du Gisti en la matière est quasiment nulle », a estimé M. Besson, mercredi sur RMC.

« Chaque fois que je me suis penché avec détail et avec mes services sur les affirmations du Gisti, elles se sont quasiment systématiquement révélées fausses », a-t-il affirmé.

La publication de cette liste « non exhaustive », selon l’association de juristes, se veut une réponse à une lettre du ministre de l’Immigration aux associations qui ont organisé le 8 avril des rassemblements dans 90 villes de France pour protester contre « le délit de solidarité » instauré par l’article L622-1 du Ceseda (Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile), une appellation contestée par M. Besson.

Dans cette lettre, M. Besson réaffirmait qu' »en 65 années d’application de la loi, personne en France n’a jamais été condamné pour avoir seulement accueilli, accompagné ou hébergé un étranger en situation irrégulière ».

« Le Gisti n’a pas à faire la preuve de sa crédibilité en matière de droit des étrangers, je crois que la réputation du Gisti se suffit à elle-même », a déclaré le président de l’association Stéphane Maugendre, interrogé par l’AFP, ajoutant: « A la limite, ça ne vaut même pas une réponse ».

Ces condamnations ont été recueillies sur « des moteurs de recherche de droit », en ne retenant que celles visant l’article L622-1 du Ceseda ou l’article 21 de l’ordonnance sur les étrangers de 1945, que ce texte a remplacé, a-t-il expliqué.

Mercredi, M. Besson a également répété un argument avancé mardi contre le Gisti.

« Ils avaient dit depuis deux mois qu’ils apporteraient la preuve que, contrairement à ce que j’affirmais, des bénévoles humanitaires avaient pu être inquiétés ». Or « dans leur propre liste, il n’y a aucun bénévole », a-t-il relevé.

Or le président du Gisti a souligné que la publication de la liste répondait à la lettre du ministre affirmant que « toute personne, particulier, bénévole, association, qui s’est limitée à accueillir, accompagner, héberger des clandestins en situation de détresse, n’est donc pas concernée par ce délit », sans introduire lui-même de distinction entre militants et bénévoles associatifs et particuliers.

« La liste des gens qui ont été inquiétés, elle viendra en temps et en heure. Nous, on a fait une réponse au courrier de Besson », a ajouté M. Maugendre, rappelant que la liste ne recensait que des personnes condamnées, et jugeant qu’être interpellé, placé en garde à vue, perquisitionné, etc. revenait à être « inquiété ».

⇒ Voir l’article

Le mythe qui existait

L’indispensable GISTI (Groupe d’Information et de Soutien aux Travailleurs Immigrés, que tous les étudiants en droit public connaissent bien grâce au Grand Arrêt portant son nom (Qu’est-ce qu’un Grand Arrêt, prononcer Grand Taré ? Réponse ici), a entrepris un travail de fonds pour répliquer à l’affirmation d’Éric Besson sur le délit de solidarité qui n’existerait pas.

Cette liste est en cours d’élaboration, mais je la reprends ici histoire de repasser une couche, pour ceux qui auraient encore un doute sur le fait que le ministre des allochtones et de l’étendard sanglant se paye leur fiole. La liste mentionne la date de la décision, la juridiction ayant statué, un bref résumé des faits sanctionnés et la peine prononcée quand elle est connue.

La liste complète et mise à jour se trouve ici (attention site très XXe siècle).

Avis aux confrères : si vous avez défendu dans une affaire d’aide au séjour qui ne concerne pas un réseau de passeurs, merci d’envoyer un scan de la décision à solidarite[at]gisti[point]org

==Année 2008==

  • 04/11/2008, TGI de LIMOGES : hébergement d’un étranger en situation irrégulière (2 condamnés) 100€ d’amende avec sursis
  • 17/06/2008, Cour d’appel de MONTPELLIER : hébergement de membres de la famille en situation irrégulière 500 € d’amende

==Année 2007==

  • 18/09/2007, Cour d’appel d’ANGERS : hébergement d’un étranger en situation irrégulière 1 mois avec sursis
  • 18/06/2007, Cour d’appel d’ANGERS : séjour irrégulier et hébergement d’un étranger en situation irrégulière 1 mois avec sursis
  • 11/04/2007, Cour d’appel de BASTIA : hébergement d’un gendre en situation irrégulière dispense de peine

==Année 2005==

  • 23/08/2005, Cour d’appel de NIMES :hébergement d’une concubine 100€ d’amende

==Année 2004==

  • 09/08/2004, TGI de DOUAI : membres d’une association ayant à plusieurs reprises hébergé des étrangers en situation irrégulière dispense de peine
  • 21/01/2004, Cour de cassation : transport en taxi de clients connus pour être en situation irrégulière. Le chauffeur ne faisait partie d’aucun réseau et facturait le tarif normal 2 ans avec sursis + 2 ans d’interdiction d’exercice de la profession de taxi

==Année 2003==

  • 09/04/2003, Cour d’appel de NANCY : hébergement d’un étranger

==Année 2002==

  • 17/05/2002, Cour d’appel de GRENOBLE : hébergement d’un étranger

==Année 2001==

  • 14/11/2001, Cour d’appel de DOUAI : hébergement d’un concubin dispense de peine

==An 2000==

  • 27/03/2000, Cour d’appel d’ORLEANS : aide bénévole à un sans-papier dans le cadre de démarches administratives deux mois de prison avec sursis

==Année 1998==

  • 12/10/1998, Cour d’appel de FORT DE FRANCE : hébergement de plusieurs étrangers 6 mois avec sursis + 20 000 francs d’amende + interdiction du territoire 1 an
  • 2/04/1998, Cour d’appel d’AIX EN PROVENCE : hébergement d’un étranger 2 mois avec sursis + 20 000 francs d’amende

==Année 1997==

  • 17/12/1997, Cour d’appel de DOUAI : hébergement d’un concubin en situation irrégulière dispense de peine

==Année 1996==

  • 20/11/1996, Cour d’appel de GRENOBLE : hébergement d’une concubine dispense de peine
  • 16/10/1996, Cour de cassation : hébergement d’un frère
  • 23/05/1996, Cour d’appel de TOULOUSE : aide à un concubin 3000F d’amende
  • 29/02/1996, Cour d’Appel de POITIERS : hébergement d’une concubine 6 mois avec sursis
  • 08/01/1996, TGI de SAINT ETIENNE : hébergement de son épouse dispense de peine

==Année 1995==

  • 17/11/1995, Cour d’appel de METZ : transport d’un étranger en situation irrégulière entre le centre ville et le supermarché le plus proche 15 jours avec sursis
  • 12/10/1995, TGI de NANTERRE : hébergement d’un concubin 3 mois de prison avec sursis
  • 04/05/1995, Cour d’appel de CHAMBERY : hébergement de 3 jours et 1 jour de deux étrangers en situation irrégulière 2 mois et 5 ans d’interdication du territoire français
  • 08/03/1995, Cour d’appel de GRENOBLE : hébergement d’un frère 5000 francs d’amende et sursis
  • 13/01/1995, TGI de DOUAI : hébergement d’un sans-papier par un prêtre 6 mois avec sursis

==Année 1994==

  • 13/10/1994, Cour d’appel d’AGEN : hébergement d’un étranger en situation irrégulière 2 condamnés, 1 mois avec sursis
  • 01/06/1994, TGI de THONON LES BAINS : hébergement d’une concubine 2000F d’amende
  • 27/04/1994, Cour d’appel de PAU : hébergement d’une concubine dispense de peine

==Année 1993==

  • 03/11/1993, Cour d’appel de LIMOGES : hébergement d’un étranger en situation irrégulière

==Année 1989==

  • 04/10/1989, Cour d’appel de METZ : hébergement de sa belle mère gravement malade 2000 Francs d’amende avec sursis

==Année 1988==

  • 17/03/1988, Cour d’appel d’AIX EN PROVENCE : accueil d’un frère 4 mois ferme

==Année 1986==

  • 12/11/1986, Cour d’appel de NANCY : Facilitation de déplacement d’un étranger en situation irrégulière 3 mois avec sursis

Voir l’article

Délinquants de la solidarité : les condamnations désavouant Eric Besson

Du délit de solidarité et du mensonge des politiques

Mercredi 8 avril, un mouvement national a eu lieu contre le « délit de solidarité » (les guillemets s’imposent car il ne s’agit pas de son nom juridique, mais de son nom de com’, assez bien trouvé d’ailleurs), plus connu chez les juristes sous son petit nom de L. 622-1 du Code de l’entrée et du séjour des étrangers.

Toute personne qui aura, par aide directe ou indirecte, facilité ou tenté de faciliter l’entrée, la circulation ou le séjour irréguliers, d’un étranger en France sera punie d’un emprisonnement de cinq ans et d’une amende de 30 000 Euros.

La loi prévoit depuis 1996 une série d’immunités dites familiales : ne peuvent être poursuivies pour ce délit les ascendants ou descendants de l’étranger, leur conjoint, leurs frères et sœurs ou leur conjoint ; les époux ne doivent pas être séparés de corps, avoir un domicile distinct ou avoir été autorisés à résider séparément ; sont également immunes le conjoint de l’étranger sauf s’ils sont séparés de corps, ont été autorisés à résider séparément ou si la communauté de vie a cessé, ou la personne qui vit notoirement en situation maritale avec lui ; et enfin toute personne physique ou morale (dont les associations), lorsque l’acte reproché — c’est-à-dire l’aide à l’entrée, à la circulation ou au séjour irréguliers — était, face à un danger actuel ou imminent, nécessaire à la sauvegarde de la vie ou de l’intégrité physique de l’étranger, sauf s’il y a disproportion entre les moyens employés et la gravité de la menace ou s’il a donné lieu à une contrepartie directe ou indirecte, ces dernières dispositions n’étant qu’une reprise du texte général sur l’état de nécessité et n’apportant rien au droit (article L.622-4 du CESEDA).

Ces faits sont punis de 5 ans d’emprisonnement et 30.000 euros d’amende, portés à 10 ans et 750.000 euros d’amende quand ils sont commis en bande organisée (et un réseau comme RESF pourrait furieusement ressembler à une bande organisée…).

Le jour de ces manifestations, 5 500 personnes se sont symboliquement livrées à la justice en confessant avoir commis ce délit, et demandaient à être condamnées de ce fait. Rassurez-vous, leur revendication n’a pas été suivie d’effet. Le même jour, mon M.P.A.R.[1], Éric “30 deniers et un maroquin” Besson, est passé sur France Inter, chez Nicolas Demorand, pour désamorcer la bombe médiatique. D’entrée, il déclare :

Il n’y a pas de délit de solidarité en France, et (…) toutes celles et ceux qui de bonne foi aident un étranger en situation irrégulière ne risquent rien. Ce ne sont pas des mots, ce sont des faits. En 65 ans, depuis qu’existe ce fameux article L.622-1 désormais célèbre, personne en France, personne en 65 ans, n’a jamais été condamné pour avoir simplement comme je le lis hébergé, donné à manger, transporté en auto-stop, un étranger en situation irrégulière. Deux bénévoles humanitaires ont été condamnés à des dispenses de peine en 65 ans pour être entrés dans ce qu’on appelle la chaîne des passeurs (…). En clair, ils avaient transporté des fonds, ils avaient pris de l’argent de ces étranger en situation irrégulière qu’ils avaient apporté à des passeurs. Donc le délit de solidarité n’existe pas. C’est un mythe.

Voici l’intégralité de l’intervention.

L’Académie Busiris s’est penchée sur ces déclarations, mais après en avoir délibéré conformément à ses statuts, a rejeté la candidature de M. Besson, estimant qu’il s’agissait d’un mensonge intentionnel et d’un travestissement de la réalité, plus connu sous le nom de “communication politique”, et non des propos Busiribles.

Car Monsieur Besson ment, ou du moins colporte un mensonge (il est possible qu’il ait été fort mal informé par ses conseillers ; vous savez ce que c’est, les hauts fonctionnaires, ils comprennent rien à rien…). Une très sommaire recherche de jurisprudence m’a rapidement fait trouver deux décisions récentes condamnant pour le délit d’aide au séjour irrégulier des personnes qui ne sont pas des bénévoles humanitaires pour des faits autres que porter de l’argent à des passeurs.

Ainsi, la chambre criminelle de la cour de cassation, le 7 janvier dernier, a cassé un arrêt de la cour d’appel de Fort de France qui avait estimé qu’une reconnaissance de paternité de complaisance (un Français avait reconnu les enfants d’une étrangère en situation irrégulière afin de lui permettre d’obtenir des papiers sachant qu’il n’était pas le père) ne constituait pas le délit : si, répond la cour de cassation, les reconnaissances de paternité de complaisance effectuées par le prévenu au profit de mineurs haïtiens visaient à apporter à ces derniers une aide directe destinée à faciliter leur entrée ou leur séjour irréguliers en France, au sens de l’article L. 622-1 du code de l’ entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile, ce qui est aller très loin car un mineur ne peut être au sens strict en situation irrégulière puisque la loi n’exige un titre de séjour qu’aux majeurs.

La cour d’appel de Douai (4e chambre) a rendu un arrêt n°06/01132 (publié au Dictionnaire permanent du droit des étrangers, Éd. Législatives) le 14 novembre 2006 condamnant un français vivant en concubinage (établi) avec un étranger en situation irrégulière qui avait eu le malheur de déclarer devant le juge d’instruction qu’il ne s’était installé chez son ami qu’une fois que les « choses s’étaient stabilisées », ce qui excluait que le concubinage avant cette date pût être notoire (ce qui apporte une immunité, comme nous allons le voir), et donc l’aide apportée avant cette date tombait sous le coup de la loi (il a été condamné à une dispense de peine).

Voilà ce que j’ai trouvé en 5 minutes de recherches. Deux décisions qui ont toutes les deux moins de trois ans. Pour un délit qui n’existe pas et relève de la mythologie, vous admettrez que ça fait beaucoup.

À ceux qui me demanderont pourquoi devrait-on protester contre la condamnation de celui qui reconnaît sciemment les enfants d’autrui pour tromper l’administration, je répondrai que je ne leur demande pas d’exprimer leur solidarité, mais seulement de m’expliquer en quoi aller mentir à un officier d’état civil en disant “ ces enfants sont les miens ” mériterait 5 ans de prison tandis qu’un ministre qui va mentir à des millions de français à la radio mériterait ne serait-ce que de garder son maroquin. Sans aller jusqu’à exiger une parfaite probité des politiques (quelle idée…), je trouverais normal qu’on leur appliquât la même sévérité que celle qu’ils votent à tours de lois… quand ils sont dans l’hémicycle s’entend.

Et sans aller jusqu’à fouiller 65 années d’archives du recueil Dalloz, Monsieur Besson a reçu récemment, le 31 mars c’est-à-dire une semaine avant son passage chez Nicolas Demorand un document très intéressant, qui ne pouvait que lui révéler que cette infraction était tout sauf un mythe.

Ce document, qui lui est adressé personnellement, dit ceci :

En 2008, 4300 personnes ont été interpellées pour des faits d’aide illicite à l’entrée et au séjour d’immigrés en situation irrégulière. Nous vous demandons de viser un objectif de 5000 pour l’année 2009.

Soit 14% d’augmentation tout de même.

Ces propos sont signés par Nicolas Sarkozy, président de la République et François Fillon, Premier ministre, dans la lettre de mission adressée à Éric Besson, que vous pourrez trouver sur le site de l’Élysée (pdf).

Ce qui permet de prendre les déclarations de M. Besson avec, comment dire… Un peu de recul.

L’hypocrisie va plus loin, je le crains. La lettre de missions parle d’interpellations, et non de poursuites ou de condamnations. Je suis convaincu que les poursuites pour aide au séjour irréguliers restent rares et aboutissent souvent à des dispenses de peine. Je n’en ai jamais vu pour ma part.

Mais l’existence de ce délit donne à la police le pouvoir d’interpeller et de placer en garde à vue toute personne apportant un quelconque soutien aux étrangers. Oh, l’affaire sera classé sans suite. Mais au bout de plusieurs heures, pouvant aller jusqu’à 48 heures, ou mieux encore en cas de suspicion de bande organisée : 96 heures, pas d’avocat avant 48 heures. La police a autre chose à faire que placer e ngarde à vue des gens qui ne font de mal à personne, me direz-vous ?

Mais le président vient d’ordonner le contraire. Les 5000, il va falloir les trouver. Et il reste 9 mois.

Les cellules des commissariats vont devenir mythiques, cette année…

Notes

[1] Ministre Préféré Après Rachida ; c’est plus rapide à écrire que Ministre de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité Nationale et du développement Solidiaire.

⇒ Voir l’article

Le délit de solidarité aux sans-papiers existe-t-il ?

indexJean-Baptiste Chastand,

« Tous ceux qui aident de bonne foi un étranger en situation irrégulière doivent savoir qu’ils ne risquent rien ». Le jour où 5 500 personnes veulent se constituer prisonnières pour avoir aidé des étrangers en situation irrégulière, Eric Besson, ministre de l’immigration, s’est voulu rassurant sur France Inter, mercredi 8 avril. Pour lui, le « délit de solidarité », tel que le qualifient les associations d’aide aux sans-papiers, est un « mythe ».

Selon Eric Besson, seuls deux bénévoles auraient été condamnés en vertu de l’article 622-1 du code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile, qui punit de cinq ans d’emprisonnement, et de 30 000 euros d’amende, « toute personne qui aura, par aide directe ou indirecte, facilité ou tenté de faciliter l’entrée, la circulation ou le séjour irréguliers, d’un étranger en France ». Ces deux bénévoles auraient d’ailleurs été condamnés « avec dispense de peine (…) pour être entrés dans la chaîne des passeurs : en clair, ils avaient transporté des fonds, pris de l’argent à des étrangers en situation irrégulière pour le porter à des passeurs », a précisé Eric Besson.

Contactées par Le Monde.fr, plusieurs associations expliquent être justement en train de recenser les condamnations. Si le chiffre de deux ne leur paraît pas forcément faux a priori, il s’agit selon elles d’un « faux débat ». « Certes, les tribunaux, cléments, condamnent rarement des bénévoles en vertu de cet article » explique Claire Rodier du Gisti (Groupement d’information et de soutien des immigrés), « mais les interrogatoires, les interpellations, les gardes à vue sont innombrables », poursuit-elle, citant plusieurs aidants qui ont dû faire face à des « pressions policières ».

DEUX PROPOSITIONS DE LOI

Le président du Gisti, Stéphane Maugendre, explique s’opposer à l’article 622-1 pour sa « force symbolique ». « Le gouvernement utilise d’autres délits pour faire condamner les aidants, comme l’outrage ou la rébellion », dénonce-t-il. Même son de cloche au Réseau éducation sans frontières, où l’on rappelle les condamnations « pour entrave à la circulation d’un aéronef », subies par plusieurs personnes qui se sont opposées à l’expulsion d’un sans-papiers lors du décollage. « Tout cela vise à faire des aidants des délinquants de la solidarité », lance Armelle Gardien, porte-parole du réseau.

La question se pose finalement de l’utilité de l’article 622-1, si de l’aveu même du ministre de l’immigration, il ne sert pas à condamner ceux qu’il vise. Pour Eric Besson, il sert également à punir les passeurs. « Faux », affirme Stéphane Maugendre, pour qui l’article 622-5, qui punit spécifiquement les passeurs, suffit largement. « Il est tout à fait inutile de faire peser une menace sur les bénévoles avec cet article flou. »

Toujours sur France Inter, Eric Besson a nié que l’article 622-1 soit confus, « il ne s’applique pas à ceux qui aident une personne en détresse ». Rien n’empêche donc de condamner une personne qui aide un sans-papiers hors situation de détresse. Des sénateurs radicaux de gauche doivent prochainement déposer une proposition de loi pour empêcher toute poursuite « à l’encontre des personnes qui, à titre personnel ou pour le compte et au nom d’associations humanitaires, et sans but lucratif », ont aidé des migrants. Une autre proposition de loi, déposée par des députés socialistes, vise à « dépénaliser toute aide (entrée, séjour, transit) lorsque la sauvegarde de la vie ou l’intégrité physique de l’étranger est en jeu, sauf si cette aide a donné lieu à une contrepartie directe ou indirecte ». Elle doit être débattue le 30 avril à l’Assemblée nationale. Autant de propositions qui ne semblent pas convaincre Eric Besson, qui a qualifié « d’écran de fumée » la proposition de loi socialiste.

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rassemblements en France contre le « délit de solidarité »

AFP, 08/04/2009

Plusieurs milliers de personnes ont manifesté mercredi dans toute la France pour dénoncer des pressions exercées sur les personnes qui aident les sans-papiers démunis, ce qui revient, selon eux, à instaurer un « délit de solidarité ».

« Si la solidarité devient un délit, nous demandons à être poursuivis pour ce délit », ont clamé bénévoles et militants associatifs à Paris, Marseille (sud-est), Lyon (centre-est), Bordeaux, Toulouse (sud-ouest), Strasbourg (est), Lille (nord) et Nantes (ouest).

Un collectif d’associations dont Emmaüs, le Secours catholique, la Ligue des droits de l’Homme, soutenu par des partis d’opposition de gauche et des associations religieuses, avait appelé à manifester dans 90 villes.

Les associations montrent du doigt l’utilisation d’une loi qui punit de cinq ans d’emprisonnement et d’une amende de 30.000 euros « toute personne qui aura, par aide directe ou indirecte, facilité ou tenté de faciliter l’entrée, la circulation ou le séjour irréguliers d’un étranger en France ».

Selon elles, un objectif chiffré d’interpellations d’ »aidants » aux étrangers en situation irrégulière figure dans la loi de Finances : 5.000 pour 2009 et 5.500 pour 2011.

Le collectif et les partis d’opposition de gauche y voient une « atteinte au droit de solidarité » afin de dissuader les bénévoles d’aider les migrants démunis, dont certains viennent de pays en guerre.

Le ministre de l’Immigration Eric Besson a répété mercredi que le « délit de solidarité » était « un mythe », soulignant que l’objectif du gouvernement est de lutter contre les réseaux de « passeurs ». Le gouvernement « non seulement laisse travailler les associations qui aident les étrangers mais encore leur apporte une assistance financière en leur donnant 20 millions d’euros », a-t-il dit.

« Les poursuites contre ceux qui aident des étrangers sans papiers ne sont pas un mythe. Je les ai vécues », a rétorqué Kamel Fassatoui, responsable d’une communauté Emmaüs à Marseille. Il a expliqué à l’AFP avoir été inculpé le 16 février d’ »aide au séjour irrégulier » après l’expulsion d’un membre de la communauté sans papiers algérien.

« J’ai eu un fichage, une mise en cellule, une prise d’empreintes. Et puis, surtout, on m’a demandé de donner le nom de toutes les personnes qui ne seraient pas forcément en situation régulière, ce que j’ai refusé. On m’a donc emmené pour une perquisition immédiate à Emmaüs », a-t-il raconté.

Pour Stéphane Maugendre, l’un des responsables du collectif, « l’intimidation aux aidants fait partie de la stratégie du gouvernement d’isoler les sans-papiers ».

Après des mois de protestation des associations humanitaires, une polémique a surgi à l’occasion de la sortie récente du film « Welcome » du cinéaste Philippe Lioret qui évoque les pressions policières vis-à-vis des associations et des personnes venant en aide aux demandeurs d’asile ou aux clandestins.

Les députés d’opposition socialiste ont déposé une proposition de loi visant à ne poursuivre que l’aide au séjour irrégulier « à des fins lucratives », qui sera examinée le 30 avril au Parlement.

Avocat