Julien Constant, 02/07/2002
C’EST LA MONTAGNE qui accouche d’une souris. Le procès de quatre des étudiants sans papiers qui avaient occupé avec une centaine de leurs camarades un amphithéâtre de l’université Paris-VIII pendant deux mois l’hiver 2000 a été renvoyé hier au 15 novembre par le tribunal correctionnel de Bobigny. Ces quatre jeunes Tunisiens ont également été libérés du contrôle judiciaire auquel ils étaient astreints depuis près de deux ans. Sur les marches du palais de justice, Soutien, 21 ans, Wadji, 24 ans, Mabrouk, 24 ans, et Abdelmedjid, 24 ans, entourés d’un comité de soutien fort de quinze étudiants de l’université, écoutent avec intérêt les explications de leur défenseur, Stéphane Maugendre. « Ceux qui le souhaitent peuvent partir en vacances », explique-t-il à ses clients, encore tout émus par la solennité du tribunal. Cet épisode judiciaire n’est qu’une péripétie de plus dans une affaire qui s’est peu à peu dégonflée. Ce 24 février 2000, les étudiants sans papiers s’insurgent contre l’université et occupent l’amphithéâtre 10. Plaintes retirées « L’administration était en train de lister les étudiants sans papiers pour les signaler comme des clandestins à la préfecture », raconte l’un d’eux. Au cours de ces semaines d’occupation, une bagarre éclate entre partisans des sans papiers et un autre groupe favorable à la direction de la fac. Un étudiant « pro-présidence », seule partie civile dans cette affaire, reçoit des coups de poing. Il reconnaîtra ses agresseurs sur une photo publiée dans « le Parisien », ce qui vaudra à trois de ces garçons d’être renvoyés devant le tribunal correctionnel. Mais, à l’origine, les quatre étudiants étaient mis en examen pour avoir séquestré le président de l’université. Il a retiré sa plainte. Également pour avoir volé des tableaux accrochés aux murs qui en fait avaient été mis à l’abri par l’université. Ils étaient enfin soupçonnés d’avoir frappé un agent administratif qui a, lui aussi, interrompu ses poursuites au cours de l’instruction. Comble de l’absurdité, les quatre étudiants en troisième cycle sont tous quatre accusés de vivre sans papiers en France. « Or, l’un d’entre eux est déjà régularisé ; deux autres vont bientôt l’être et pour le dernier, toujours étudiant, nous avons bon espoir », souligne Me Maugendre. Lors de la prochaine audience, le tribunal prévoit trois heures de débats et la projection d’un film de la bagarre où, selon l’avocat, ses clients apparaissent comme étrangers aux affrontements.