29/03/2016
A compter de mercredi 30 mars, treize jeunes, âgés de 19 à 22 ans, vont comparaître devant les assises des mineurs de Saint-Denis pour le viol collectif d’une jeune fille survenu le 7 décembre 2013. L’enquête a révélé que ces jeunes, tous mineurs au moment des faits, avaient tendu un véritable piège à l’adolescente.
Si elle a accepté de parler, c’est pour briser l’omerta, confie son avocate. Treize jeunes, de 19 à 22 ans, vont comparaître à partir de mercredi 30 mars à Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour le viol collectif d’une jeune fille âgée de 16 ans au moment des faits, qui se sont déroulés le 7 décembre 2013. Onze prévenus seront jugés pour « viol en réunion » et deux pour « complicité » lors de ce procès qui doit durer jusqu’au 8 avril.
Ce jour-là, alors que la jeune fille en question attend son ancien petit ami en bas d’un HLM de la cité Rougemont, à Sevran, deux individus cagoulés surgissent et lui dérobent son téléphone portable, avant de prendre la fuite. Trois garçons que la jeune fille connaît viennent alors la trouver pour lui proposer leur aide pour le récupérer. Elle accepte de les suivre jusque dans un appartement de la tour.
16 jeunes mis en examen
Là, le piège se referme. Dans l’appartement, qui relève en réalité plus du squat, quatre adolescents attendent la jeune fille, qui se fait violer. Elle est ensuite conduite dans une cage d’escalier d’un autre bâtiment de cette cité où une dizaine de jeunes l’attendent à leur tour pour abuser de l’adolescente.
La victime, accompagnée de sa mère, portera plainte dès le lendemain. Rapidement identifiés par la jeune fille et par leur ADN, seize adolescents de la cité, à l’époque âgés de 14 à 19 ans, sont mis en examen fin janvier 2014. Sur les 16 mis en examen, deux qui avaient moins de 16 ans au moment des faits ont déjà été condamnés en juillet dernier à six ans de prison (dont deux et quatre ans de sursis) par le tribunal pour enfants de Bobigny. Un autre sera jugé séparément pour avoir menacé la jeune fille sur Twitter de lui « crever les yeux » si elle ne retirait pas sa plainte.
« Une jeune fille complètement détruite »
Au cours de l’enquête, les suspects avaient allégué que la victime, qu’ils qualifiaient de « fille facile », était consentante, mais l’analyse du contenu des appels échangés entre les membres de la bande avait permis d’établir qu’un piège lui avait bel et bien été tendu.
« La question qui se pose dans ce genre de dossiers où l’on a affaire à des mineurs, c’est la perception ou non du consentement de la victime. Pas forcément les premiers auteurs, mais les autres peuvent être induits en erreur par l’attitude de sidération de la victime », fait aujourd’hui valoir Stéphane Maugendre, l’un des avocats des accusés. « Pour l’avocat, mais aussi pour l’éducateur, tout le travail est d’arriver à faire prendre conscience à un jeune, souvent gros consommateur de vidéos porno, du mal qu’il a fait subir à la victime et que l’acte sexuel ne se fait pas dans des conditions pareilles ».
Aujourd’hui, la victime reste très traumatisée par ces évènements et l’ouverture de ce procès constitue « une très grosse épreuve », rapporte de son côté son avocate. Me Elodie Bruyaf. « C’est une jeune fille complètement détruite, qui espère que ses agresseurs reconnaîtront qu’elle n’était pas consentante ».