Un agent de la police aux frontières a écopé de 6 mois de prison avec sursis pour la mort involontaire d’un Somalien expulsé en janvier 2003.
Le tribunal correctionnel de Bobigny (Seine-Saint-Denis) a condamné jeudi 23 novembre un policier de la Police de l’air et des frontières (PAF), Axel Daillier, à six mois d’emprisonnement avec sursis pour homicide involontaire suite au décès d’un Somalien de 24 ans, embarqué de force dans un avion en janvier 2003.
Deux autres fonctionnaires de police, Merwan Khellady et David Tarbouriech, ont été relaxés.
Le 28 septembre dernier, le parquet avait requis la relaxe de Tarbouriech, mais avait réclamé une peine de prison avec sursis contre ses deux collègues, estimant que les gestes de Daillier et Khellady, doublé d’une « formation lacunaire », avaient entraîné le décès de Getu Hagos Mariame, arrivé le 11 janvier 2003 d’Afrique du Sud.« Déporté accompagné »Le 16 janvier, sa demande d’asile étant rejetée, il a été ré-embarqué dans un vol d’Air France à destination de Johannesburg. Mais l’homme a refusé son retour, simulé deux malaises en zone d’attente de l’aéroport de Roissy.
De force, il est embarqué à l’arrière de l’avion avant les passagers, entre Axel Daillier, chef d’escorte, et Merwan Khellady. Le troisième fonctionnaire, David Tarbouriech lui faisait face sur la rangée précédente.
Le « déporté accompagné », c’est ainsi qu’on les appelle, a hurlé, s’est débattu. Pour le forcer à rester calme, Axel Daillier l’a maintenu plié en deux sur son siège, Merwan Khellady a tenu les menottes, lui entravant les mains dans le dos. David Tarbouriech lui a appuyé sur la tête de temps en temps pour l’empêcher de se relever mais a surtout fait le « tampon », comme il l’a expliqué à l’audience, avec les passagers.
« Technique du pliage »
Getu Hagos Mariame serait resté dans cette position une vingtaine de minutes. Selon l’expertise médicale, cette position pliée a entraîné son décès par manque d’oxygénation. Depuis ce drame, cette « technique du pliage » est interdite.
L’avocat des parents de la victime, Me Stéphane Maugendre, s’est dit « satisfait » jeudi de ce jugement « bien motivé qui reconnaît la faute de chacun ».
Après le drame, les trois fonctionnaires avaient été suspendus dix mois, avant d’être réintégrés. La condamnation de Daillier ne sera pas inscrite à son casier judiciaire. Le tribunal lui permet ainsi de rester dans la police. (AP)