Pédophilie : «l’électricien» confondu au bout de vingt-deux ans

logoParisien-292x75 04/11/2012

Ce septuagénaire, qui se faisait passer pour un réparateur auprès de ses victimes, était recherché depuis 1990 pour une série d’agressions sexuelles sur mineurs à Paris.

En attendant de parvenir un jour à l’identifier, les enquêteurs lui avaient trouvé un surnom : « l’électricien ». Après vingt-deux ans de recherches infructueuses, un homme de 75 ans a été arrêté lundi dans le cadre d’une enquête sur une série de viols et agressions sexuelles sur mineurs perpétrés à Paris entre 1990 et 2003.

Mis en examen et écroué pour trois de ces faits, il est suspecté d’une douzaine d’autres. Ce sans-domicile fixe, récemment interpellé pour violences, a pu être identifié grâce aux progrès du décryptage de l’ADN.

Les investigations, confiées à la brigade de protection des mineurs (BPM), avaient démarré en 1990, année de la première agression. « Le mode opératoire était souvent le même : des enfants d’une dizaine d’années étaient abordés dans la rue ou dans leur immeuble par un homme qui se disait réparateur et leur demandait de l’aide, explique une source proche du dossier. Il se présentait parfois comme électricien, d’où son surnom, mais il lui arrivait d’évoquer une autre profession. » Les agressions se déroulaient dans des cours d’immeuble ou des endroits publics isolés, le plus souvent dans des arrondissements de l’Ouest parisien.

Au cours de l’enquête, les policiers étaient parvenus à prélever une trace d’ADN. Mais celui-ci, de mauvaise qualité, n’avait pu être reconstitué entièrement avec les techniques de l’époque. Depuis, il était régulièrement renvoyé pour analyse avec l’espoir qu’il puisse être complété.

Arrêté pour une bagarre entre sans-abri

Ce n’est que l’année dernière, grâce aux progrès des méthodes de police scientifique, qu’un profil génétique, celui d’un homme, a finalement pu être isolé. Mais il ne correspondait à aucun de ceux enregistrés dans la base de données du Fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG).

C’est grâce à un ultime coup de pouce du destin, en septembre, que l’affaire s’est enfin dénouée. Un groupe de SDF est arrêté à Paris après une bagarre généralisée avant d’être jugé en comparution immédiate. L’ADN de chacun est prélevé. « L’électricien » se trouve parmi eux, mais les enquêteurs l’ignorent encore. Condamné à une peine de prison avec sursis, il ressort libre du tribunal. Quelques jours plus tard, les différentes empreintes sont intégrées au FNAEG. Cette fois, celle de l’un des SDF bagarreurs renvoie à une correspondance : l’ADN d’un violeur recherché depuis vingt-deux ans.

Sa localisation va encore prendre plusieurs semaines. Le septuagénaire est très mobile. « Il dormait parfois dehors, parfois chez des connaissances », souligne une source proche du dossier. C’est finalement à proximité du métro Drouot, dans le IXe arrondissement de Paris, qu’il est interpellé lundi matin. En garde à vue, le marginal, célibataire et sans enfants, a reconnu un passé de cambrioleur, mais nié en bloc tout viol ou agression sexuelle. « Il semble psychologiquement très instable : la question d’une expertise psychiatrique va vite se poser », prédit une source judiciaire. « L’électricien » n’est pour l’instant poursuivi que pour trois agressions, commises en 1990, 1991 et 1994. L’enquête devra déterminer si d’autres peuvent lui être imputées.

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