Les braqueurs de la poste devant les assises

 Damien Delseny, 28/09/2005

DEUX toxicomanes aux drogues dures qui « montent » au braquage pour s’assurer des fins de mois plus confortables. Voilà résumé le profil de Gérard B., 27 ans, et Victor T., 28 ans, qui comparaissent depuis lundi devant la cour d’assises du Val-d’Oise, à Pontoise, pour le hold-up commis le 13 août 2002 à la poste annexe d’Ermont, au cœur de la cité des Chênes.

Un vol à main armée qui avait eu de lourdes conséquences sociales, notamment pour le directeur de l’agence, et qui avait mis en lumière une série de dysfonctionnements sérieux au niveau de la sécurité .

Ce jour-là, vers 8 h 20, le directeur de l’agence rentre le premier par la porte située derrière le bureau. Au même moment, il voit surgir trois hommes encagoulés, dont un tenant un pistolet. Il reçoit un violent coup sur le crâne et se retrouve poussé dans l’agence par les braqueurs qui lui demandent tout de suite l’accès à la salle des coffres. En une poignée de minutes, les trois malfaiteurs vident l’un des deux coffres et s’emparent d’un peu plus de 8 000 billets de différentes coupures, dont certains étaient rangés dans des cassettes destinées au distributeur automatique de billets. Butin : près de 120 000 .

Sonné et perdant beaucoup de sang, le directeur est ligoté grossièrement avec le fil arraché du téléphone et entend les braqueurs s’enfuir. Il est à peine 8 h 30.

Saisis de l’enquête, les policiers de l’antenne PJ de Cergy obtiennent au bout de quelques semaines un « tuyau » qui les mène jusqu’à un certain Gérard B. qui fréquente d’ailleurs un autre homme déjà bien connu de leurs services. Placé sur écoute téléphonique, Gérard qui se fait appeler Negro ou Gégé, se trahit dans quelques-unes de ses conversations. Au cours de l’une d’elles, particulièrement édifiante, il est en contact avec un homme surnommé le Portugais qui habite Ermont. Fin janvier 2003, les enquêteurs interpellent Gérard à Puteaux (Hauts-de-Seine) chez sa petite amie et Victor, alias le Portugais, chez ses parents à Ermont.

Juste après le braquage,

Gérard a acheté deux voitures dont une Golf VR6 d’occasion. Il a aussi acheté un bijou pour sa fiancée. Les deux hommes ont aussi passé des vacances près de La Baule en payant toutes leurs dépenses en liquide. Après avoir nié, Victor avoue sa participation. Gérard, lui, a attendu le premier jour du procès lundi pour reconnaître des faits qu’il a nié farouchement pendant trois ans. En revanche, aucun des deux n’a livré leur troisième complice, resté inconnu.

A l’époque des faits, les deux hommes étaient toxicomanes aux drogues dures. Plusieurs grammes d’héroïne et de cocaïne quotidiens selon leur propre récit. Pour expliquer que leur choix se soit porté sur l’agence d’Ermont, ils expliquent qu’ils ont bénéficié d’un « renseignement interne ». Sans en dire plus. De quoi alimenter la série de coïncidences mystérieuses qui entourent ce braquage.

Les débats se poursuivent aujourd’hui avec le réquisitoire de l’avocat général et les plaidoiries de la défense. Le verdict est attendu dans la soirée. Les deux hommes encourent vingt ans de réclusion criminelle.

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