04/11/2012
Vingt-deux ans après ses premières agressions, un marginal de 74 ans vient d’être rattrapé par son passé de prédateur sexuel.
Combien de victimes à l’actif de ce marginal italien à l’identité encore incertaine? Pour l’heure, Giovanni, 74 ans, écroué cette semaine à Fleury-Mérogis (Essonne), est formellement incriminé dans quatre viols de fillettes commis au début des années 1990 à Paris. Mais les policiers de la brigade de protection des mineurs (BPM) craignent que la liste soit bien plus longue.
Un cas d’école d’affaire non résolue – un cold case – que cette synthèse dite de « l’électricien ». Quinze agressions sexuelles, dont cinq viols, perpétrées entre 1990 et 2003 dans la capitale. Le prédateur? Un quinquagénaire ventripotent au crâne dégarni avec un drôle d’accent. Son mode opératoire? Il demande, au culot, un coup de main pour de petits travaux d’électricité. Son terrain de chasse? L’Ouest parisien et particulièrement le 16e arrondissement. Ses proies : des filles, en robe de préférence, âgées de 7 à 10 ans.
L’affaire est réactivée en 2010 par une « réserviste », une jeune retraitée de la PJ, ancienne chef de groupe de la brigade criminelle, qui vient apporter son expérience professionnelle sur ces cas anciens. Elle obtient de la justice le réexamen de certains scellés. Progrès scientifique aidant, cette fois un ADN apparaît pour quatre des viols. Encore faut-il trouver son propriétaire…
L’homme a été plusieurs fois incarcéré en France, notamment pour cambriolages. Il est également connu de la justice italienne mais sous une autre identité. SDF sans être clochard, il fréquente à l’occasion les centres sociaux. Son implication récente dans une simple bagarre va mettre les enquêteurs sur sa piste, qui les mène dans le 9e arrondissement où il est interpellé lundi.
Près de vingt ans après, les victimes n’y croyaient plus. Encore choquées, certaines ont reconnu cet homme qui a forci et dont les cheveux ont blanchi. D’autres pas. Mais l’enquête est loin d’être close. « Même si certains faits sont prescrits, nous allons tenter de retrouver toutes ses victimes », insiste Céline Plumail, commissaire à la brigade des mineurs. « Pour cela, il nous faudra retracer tout son parcours, à Paris, en province et sans doute ailleurs en Europe. »