Lisa Vaturi, 01/11/2001
Des mineures africaines, prises en main dès la sortie de l’audience, se retrouvent sur les trottoirs de Paris.
Comment expliquer la recrudescence de jeunes prostituées africaines, se disant pour la plupart sierra-léonaises, sur les boulevards des Maréchaux, à Paris ? En Seine-Saint-Denis, deux phénomènes font craindre un trafic de mineures.
Depuis deux ans environ, des dizaines d’adolescentes sierra-léonaises, arrivées seules sur le territoire français via l’aéroport de Roissy et placées dans des familles d’accueil, sont déclarées en fugue. Ont-elles rejoint un réseau de prostitution ? Le premier substitut au parquet des mineurs, Jean-Claude Kross, a bien essayé d’y voir plus clair : les jeunes disparues laissent souvent derrière elles des numéros de téléphone, mais aucune n’a été retrouvée. Une information judiciaire a été ouverte.
Par ailleurs, plusieurs témoignages (de greffiers, de policiers…) font état d’un troublant manège qui se déroule… devant le tribunal de Bobigny. C’est là que les mineurs étrangers, après leur passage par la zone d’attente de Roissy, sont présentés à la justice. Le plus souvent, ils sont ensuite orientés vers un juge pour enfants mais sont libres de leurs mouvements. Or, selon l’Association nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers (Anafé), des jeunes femmes de nationalité sierra-léonaise seraient récupérées à la sortie du tribunal par des hommes « qu’elles ne connaissent pas ».
« L’ensemble des autorités judiciaires du département, le ministère de l’Intérieur, tout le monde a connaissance de ces agissements et personne ne bouge ! », s’indigne maître Stéphane Maugendre, l’avocat du Groupe d’information et de soutien des immigrés (Gisti). Le 16 mars, le Gisti a porté plainte avec constitution de partie civile pour « proxénétisme ». Dans les couloirs du tribunal, on s’interroge même sur le rôle de certains avocats dans cette affaire.