10/01/2012
Des associations dénoncent une instrumentalisation politique du bilan de Claude Guéant.
Alors que Claude Guéant se félicite « des chiffres très bons » de son bilan de l’année 2011 en matière d’immigration, les associations de défense des étrangers ne cachent pas leurs inquiétudes. Le ministre de l’Intérieur a en effet annoncé mardi que 32.922 étrangers avaient été expulsés l’an dernier. Un résultat « jamais atteint » qui dépasse nettement l’objectif de 28.000 fixé en amont.
Autre bilan, de moins en moins d’entrées ont été autorisées sur le territoire. Selon les chiffres avancés par Claude Guéant, 182.595 premiers titres de séjour ont été délivrés l’an dernier contre 189.455 en 2010, soit une baisse de 3,6%.
« Une politique de la honte »
Les associations de défense des étrangers n’ont pas tardé à réagir à ce « bien triste record ». Interrogé par Europe 1, David Rohi, l’un des responsables de La Cimade, dénonce « une politique de souffrances et d’injustices ».
« On a des familles séparées, des gens expulsés sans leurs enfants, sans leurs conjoints, des milliers de personnes enfermées, des malades ou des personnes menacées qui ont été expulsées », s’insurge-t-il. « C’est une politique trop dure et qui à mon sens devrait être beaucoup plus ouverte pour que la dynamique à la fois culturelle et économique française se trouve enrichie comme elle l’a toujours été par l’immigration », poursuit David Rohi.
Même son de cloche du côté de SOS racisme qui a dénoncé mardi dans un communiqué « 32.922 [au lieu de 32 912] expulsions, le chiffre de la honte ». « Le gouvernement s’entête à poursuivre sa politique de fermeté », a ajouté le collectif. Se disant « inquiète au plus haut point », l’association appelle le gouvernement « à stopper cette politique de la honte ».
« Un débat perverti »
Le directeur de France terre d’asile, Pierre Henry, s’est pour sa part étonné que les chiffres de 2011 soient déjà disponibles. « L’appareil statistique n’est pas encore capable de proposer des données stabilisées », souligne-t-il, interrogé par 20 Minutes.
Pour lui, les annonces de Claude Guéant représentent un contre-feu politique face au FN. La candidate frontiste, Marine Le Pen a en effet accusé Claude Guéant de « mensonges » sur les étrangers accueillis par la France en 2011. Une accusation que le ministre de l’Intérieur a tenté de balayer mardi, chiffres à l’appui.
« La dispute de frères siamois qui semble opposer le leader de l’extrême droite et le locataire de la place Beauvau relève d’un débat perverti, qui débouche toujours sur une course sans fin à la stigmatisation de l’étranger », a commenté le président de France terre d’asile.
« Ca ne veut rien dire »
De son côté, Stéphane Maugendre, président du Groupe d’information et de soutien des immigrés (Gisti), alerte : « Si on baisse la population étrangère en situation régulière pour augmenter la population irrégulière, ça ne veut rien dire ». Il incite les politiques à penser la question de l’immigration autrement qu’en termes que ceux de la dangerosité, rapporte La Croix.