Le Fas? Ce « grand machin » de l’intégration, financé par les cotisations sociales des immigrés, n’a manifestement pas de politique globale : « On distribue, note un observateur averti, 1,3 milliard par chèques de 20 000 francs à gauche et à droite. » Et plus du tiers du budget sert à entretenir des foyers.
« Dans celui de Saint-Denis, même les cafards ont du mal à respirer », dit l’avocat Stéphane Maugendre, Avocat spécialisé dans le droit de l’immigration. Pourtant, 140 000 personnes vivent encore, dans notre pays, dans des foyers. En Ile-de-France, 46 % des résidents y sont en attente depuis plus de cinq ans, et 5% se, révèlent être, eh oui, des retraités ! « Pas de doute, la structure du Fas est marginalisante, note Patrick Mony, du Gisti [Groupe d’information et de soutien des travailleurs immigrés], Il faut rompre avec ! tout ce qui a été fait auparavant. Pourquoi pas un institut, comme en Suède, chargé d’évaluer en toute indépendance le travail de cette foultitude d’organismes? » Sous réserve d’inventaire : on en compte 2 133 subventionnés par le Fas !
Patent, aussi, le parasitage politique. Pas à droite, où l’on semble chercher encore ses marques sur le sujet. Mais au PS, où chaque courant dispose, en vue du congrès, d’une sorte de « bureau des affaires indigènes », chargé de pousser une association très médiatique, forte d’un nombre symbolique d’adhérents. Qu’importe : en 1988, 80 % des Français d’origine maghrébine ont voté Mitterrand et il faut ramasser les miettes. Les fabiusiens jouent donc SOS-Racisme, les rocardiens France Plus, et les jospinistes viennent de créer le Club Emergence à l’intérieur du PS. « De l’électoralisme clientélaire à l’état pur ! » soupire Nordine Cherif, président de Génération heur, oublié dans la distribution des subsides, alors qu’il fut le premier à interpeller, avec 30 propositions, le gouvernement sur l’islam.
Les politiques, qui ne fréquentent guère les chercheurs, n’ont plus, A l’exception des Renseignements généraux, beaucoup d’interlocuteurs en prise directe avec les communautés immigrées. A tel point que Maurice Benasayag, délégué aux Rapatriés, vient de créer ex nihilo un Comité consultatif des jeunes. Histoire de renouer avec une base qui, bien qu’elle vote, connait de graves difficultés. Et Benassayag d’inciter les 12 principales associations de Français musulmans à se fédérer pour y voir plus clair.