29/04/2011
Sur la quinzaine de CRS soupçonnés, seulement cinq comparaissaient jeudi devant le tribunal correctionnel de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour avoir extorqué des chauffeurs de taxis en 2006 autour de l’aéroport de Roissy. En soirée, ces jeunes gardiens de la paix de Deuil-la-Barre (Val-d’Oise) arrêtaient les véhicules sur l’A1, ergotaient sur des infractions minimes, parfois même en inventaient. «Ils m’ont dit que j’allais perdre mon permis. Mais qu’on pouvait s’arranger si je leur remettais de l’argent. Ils m’ont demandé combien j’avais sur moi», témoigne Abdlekader Bensalem, une victime qui s’est plainte auprès de l’inspection générale des services (IGS).
Dix artisans se sont déclarés rackettés, pour un montant total de 990 euros. «Il a été impossible de repérer tous les auteurs, ni toutes les victimes. Le préjudice est bien plus lourd», assure Me Stéphane Maugendre, l’avocat des chauffeurs. Ces derniers, tous d’origine étrangère, étaient encore secoués à l’audience. Un des CRS a assuré avoir utilisé l’argent pour «sortir avec les collègues» après son service. S’ils reconnaissent l’extorsion de fond, ils ont du mal à expliquer leur geste. «J’étais jeune, j’avais des difficultés financières», se défend l’un d’entre eux. Les juges ont rappelé les dissertations qu’ils avaient rédigées lors du concours d’entrée de gardien de la paix. Certains avaient alors écrit que sans police dans la société, «ce serait la loi du plus fort». Depuis leur placement en garde à vue dans cette affaire, tous ont été suspendus.