Elodie Soulié, 19/01/2002
LES ASSASSINS de Marcel Gevrey, cet octogénaire escroqué, roué de coups puis étouffé en 1996 dans sa maison des Pavillons-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), ont tous été reconnus coupables de ce crime, tard hier soir, par la cour d’assises de Seine-Saint-Denis.
Lyane Malbert, l’ancienne femme de ménage de la victime, a été condamnée à vingt-cinq ans de réclusion criminelle, y compris pour escroquerie. Ses frères, Franck et David, écopent respectivement de vingt-trois et vingt ans de réclusion pour assassinat. Vingt ans également pour leur complice, Hervé Komondy. Dans la matinée, l’avocat général avait requis trente ans de réclusion à l’encontre des quatre accusés. Les trois hommes étaient jugés pour l’assassinat de Marcel Gevrey, tout comme Lyane, qui répondait également d’abus de confiance. Marcel Gevrey aurait d’abord été volé pendant des mois par l’accusée avant d’être, ce soir de septembre 1996, tué dans son sommeil, la tête enfouie dans son propre oreiller.
« Un choquant tarif de groupe »
Hier, au cours de cette ultime journée d’audience, l’avocat général avait méthodiquement tenté de dissoudre les doutes, diffus mais tenaces, dans un réquisitoire de deux heures suffisamment méticuleux et ferme. Naïma Rudloff s’était appliquée à balayer les arguments de la défense, notamment la thèse d’un « cambriolage raté » avancée par Hervé Komondy et celle d’un « saucissonnage » désastreux soutenue par Franck Malbert, ou encore celle d’une tragique expédition « d’intimidation ». Selon elle, le meurtre de l’octogénaire était bien « un projet mûri, réfléchi et commandité » : le vieil homme avait rendez-vous le lendemain avec son conseiller financier, puis au commissariat pour y déposer plainte contre Lyane Malbert pour escroquerie. « Il fallait l’en empêcher », répétera-t-elle. Quant à l’enfance terrible et douloureuse de la « fratrie Malbert », longuement évoquée la veille, l’avocat général l’avait également balayée : « Une enfance malheureuse ne donne pas un permis de tuer. » Selon elle, les quatre accusés avaient tous intérêt à « éliminer » Marcel Gevrey pour l’argent. Et tous devaient assumer à parts égales, en dépit de leurs rôles différents dans l’accomplissement « matériel » de ce crime : Lyane le « cerveau », David le chauffeur, Franck et Hervé les apprentis cambrioleurs, devenus des assassins. « Un choquant tarif de groupe », avait affirmé Me Arthur Vercken, l’avocat d’Hervé Komondy en insistant sur les « rôles différents » des accusés.