Les avocats du procès Chalabi ont décidé de ne pas plaider la cause de leurs clients

index Cécile Prieur,

Ils boycottent, depuis le 1er septembre, les audiences, à Fleury-Mérogis

Les avocats des prévenus du réseau Chalabi, un réseau de soutien logistique aux maquis algé­riens, ont décidé de ne pas plaider la cause de leurs clients à l’issue des audiences. Dénonçant 1er septembre les audiences, qui ont lieu dans un ce « procès de masse » « inéquitable » qui ras- gymnase de l’administration pénitentiaire, à semble 138 prévenus, ils boycottent depuis le Fleury-Mérogis (Essonne).

UN MOIS après avoir décidé le boycottage des audiences du procès, dans le gymnase de Fleury-Mérogis, du réseau Chalabi, un réseau de soutien logistique aux maquis algériens, la majorité des avocats des prévenus, réunis en collectif, ont fait part de leur intention de ne pas plaider la cause de leurs clients à l’issue des audiences. Annoncée lors d’une conférence de presse, jeudi 1e octobre, au siège parisien de la Ligue des droits de l’homme, cette décision, rarissime dans les annales judiciaires, devrait contribuer à rendre encore plus surréaliste ce procès hors norme qui compte 138 prévenus.

La cinquantaine d’avocats, qui représentent la majorité des prévenus, ont expliqué avoir pris cette décision après une longue réflexion. « Tout le monde était convaincu que retourner dans cette salle d’audience après l’avoir quittée dès le premier jour n’aurait pas de sens », témoigne Me Agnès Tricoire. « C’est une décision qui est grave, et que nous avons prise à contre-cœur, mais elle est l’aboutissement de la dérive caractérisée de ce procès, renchérit Me Stéphane Maugendre. Notre action est une action de défense, prise en total accord avec nos clients. » Dès l’ouverture du procès, les avocats avaient dénoncé une « justice pénale de masse » incompatible avec le respect du principe de la personnalisation des peines.

CRITIQUES

Accusés de ne pas défendre suffisamment leurs clients, les avocats ont répondu qu’ils ont plaidé, mercredi 30 septembre, lors d’une audience devant la cour d’appel de Pa¬ris consacrée à l’examen des demandes de mises en liberté et de levée de contrôle judiciaire présentées par 38 prévenus. Sept des onze prévenus détenus, qui refusent de ce présenter aux audiences de Fleury-Mérogis, ont alors pris la parole

pour demander la levée des détentions provisoires dans lesquelles ils sont placées depuis 39 ou 46 mois. La cour d’appel de Paris, après en avoir délibéré, a rejeté leurs demandes.

Les avocats qui boycottent le procès du réseau Chalabi ont aussi ré- ‘ pondu aux critiques formulées par le juge parisien Gilbert Thiel, qui a construit, avec Jean-Louis Bruguière, ce dossier. Il avait estimé dans libération du 18 septembre, que leurs demandes d’actes ou d’annulation de procédure avaient été «fort rares » pendant les trois ans d’instruction. « Nous avons pu lire, ces jours derniers, sous la plume de divers magistrats, que notre attitude était in¬compréhensible, écrivent les avocats dans un texte collectif, qu’il était curieux, voire de mauvaise foi, pour la défense d’arguer qu’il lui fallait connaître tout le dossier pour exercer son ministère et qu’il nous suffisait bien, pour défendre nos clients respectifs, de disposer des quelques pièces relatives à son interpellation et à ses interrogatoires. Accepter cela, c’est accepter pour toujours l’institutionnalisation du déséquilibre des armes entre l’accusation et la défense. »

Les avocats se sont par ailleurs félicités du succès de la pétition lancée le 9 septembre. Deux-cent-vingt-sept personnalités, dont les avocats Philippe Lemaire et Thierry Levy ainsi que Marie-Claire Mendès- France ou Gisèle Halimi, se sont ajoutées aux cinquante-quatre qui protestaient contre ce «procès de masse ». Le collectif d’avocats rap-pelle que le boycott n’a qu’un précédent connu : c’était en 1835, sous la Monarchie de Juillet. Le « procès des Républicains » qui réunissaient alors 121 inculpés, avait fait l’objet d’un boycott collectif de la défense avant de se solder par… l’évasion des condamnés.

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