Six ans pour les braqueurs de la poste d’Ermont

 Damien Delseny, 29/09/2005

GÉRARD B. ET VICTOR T., les deux braqueurs de la poste annexe d’Ermont, ont été condamnés hier soir à six ans de prison par les jurés de la cour d’assises du Val-d’Oise. Hier matin, au cours d’un réquisitoire sans concession, l’avocat général avait stigmatisé des faits « d’une banalité aussi affligeante qu’inquiétante », décrivant un duo « ancré lourdement dans la délinquance ».

Le 13 août 2002, les deux hommes, en compagnie d’un complice qui n’a jamais pu être identifié, avaient vidé le coffre-relais du bureau de poste annexe de la cité des Chênes (Hauts-de-Seine). Butin : près de 120 000 . Encagoulés et armés, les trois braqueurs avaient bénéficié d’une série de failles dans la sécurité de ce bureau et d’une faute du responsable qui n’avait pas entreposé l’argent dans le coffre adéquat pour mettre la main sur ce stock très important de billets. Simple coup de chance ou complicité interne, la réponse n’a jamais pu être formellement apportée.

Identifiés et interpellés cinq mois plus tard, Gérard et Victor avaient adopté une stratégie de défense différente. Victor avait avoué au bout de quelques auditions, tandis que Gérard a nié durant les deux ans d’instruction et n’a fini par admettre sa participation au hold-up que lundi à l’ouverture du procès. « Des aveux stratégiques », selon l’accusation.

Toxicomanes

A l’époque des faits, les deux hommes étaient toxicomanes aux drogues dures et ont affirmé que l’argent du braquage avait principalement servi à financer cette consommation. Gérard avait quand même fait quelques achats, une Golf VR6 d’occasion, une Opel Corsa d’occasion et une bague sertie de diamants pour sa fiancée. « De toute façon, si leur toxicomanie peut expliquer les faits, elle ne les excusera jamais», s’est emporté l’avocat général. Comme souvent lorsqu’un accusé manque dans le box, c’est l’absent qui est présenté comme le meneur. Un homme dont les accusés n’auront rien dit. « Pour cette raison et pour d’autres, mon client repart avec des doutes de ce procès », a regretté Me Stéphane Maugendre, l’avocat de la Poste et du responsable victime du braquage.

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Les braqueurs de la poste devant les assises

 Damien Delseny, 28/09/2005

DEUX toxicomanes aux drogues dures qui « montent » au braquage pour s’assurer des fins de mois plus confortables. Voilà résumé le profil de Gérard B., 27 ans, et Victor T., 28 ans, qui comparaissent depuis lundi devant la cour d’assises du Val-d’Oise, à Pontoise, pour le hold-up commis le 13 août 2002 à la poste annexe d’Ermont, au cœur de la cité des Chênes.

Un vol à main armée qui avait eu de lourdes conséquences sociales, notamment pour le directeur de l’agence, et qui avait mis en lumière une série de dysfonctionnements sérieux au niveau de la sécurité .

Ce jour-là, vers 8 h 20, le directeur de l’agence rentre le premier par la porte située derrière le bureau. Au même moment, il voit surgir trois hommes encagoulés, dont un tenant un pistolet. Il reçoit un violent coup sur le crâne et se retrouve poussé dans l’agence par les braqueurs qui lui demandent tout de suite l’accès à la salle des coffres. En une poignée de minutes, les trois malfaiteurs vident l’un des deux coffres et s’emparent d’un peu plus de 8 000 billets de différentes coupures, dont certains étaient rangés dans des cassettes destinées au distributeur automatique de billets. Butin : près de 120 000 .

Sonné et perdant beaucoup de sang, le directeur est ligoté grossièrement avec le fil arraché du téléphone et entend les braqueurs s’enfuir. Il est à peine 8 h 30.

Saisis de l’enquête, les policiers de l’antenne PJ de Cergy obtiennent au bout de quelques semaines un « tuyau » qui les mène jusqu’à un certain Gérard B. qui fréquente d’ailleurs un autre homme déjà bien connu de leurs services. Placé sur écoute téléphonique, Gérard qui se fait appeler Negro ou Gégé, se trahit dans quelques-unes de ses conversations. Au cours de l’une d’elles, particulièrement édifiante, il est en contact avec un homme surnommé le Portugais qui habite Ermont. Fin janvier 2003, les enquêteurs interpellent Gérard à Puteaux (Hauts-de-Seine) chez sa petite amie et Victor, alias le Portugais, chez ses parents à Ermont.

Juste après le braquage,

Gérard a acheté deux voitures dont une Golf VR6 d’occasion. Il a aussi acheté un bijou pour sa fiancée. Les deux hommes ont aussi passé des vacances près de La Baule en payant toutes leurs dépenses en liquide. Après avoir nié, Victor avoue sa participation. Gérard, lui, a attendu le premier jour du procès lundi pour reconnaître des faits qu’il a nié farouchement pendant trois ans. En revanche, aucun des deux n’a livré leur troisième complice, resté inconnu.

A l’époque des faits, les deux hommes étaient toxicomanes aux drogues dures. Plusieurs grammes d’héroïne et de cocaïne quotidiens selon leur propre récit. Pour expliquer que leur choix se soit porté sur l’agence d’Ermont, ils expliquent qu’ils ont bénéficié d’un « renseignement interne ». Sans en dire plus. De quoi alimenter la série de coïncidences mystérieuses qui entourent ce braquage.

Les débats se poursuivent aujourd’hui avec le réquisitoire de l’avocat général et les plaidoiries de la défense. Le verdict est attendu dans la soirée. Les deux hommes encourent vingt ans de réclusion criminelle.

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