Trois policiers suspendus après la mort d’un sans-papiers à Roissy

index 3 22/01/2003

En un mois, deux étrangers en situation irrégulière sont décédés à Roissy lors de leur embarquement. Le ministère de l’Intérieur a décidé de suspendre provisoirement trois fonctionnaires de la PAF.

Le ministre de l’intérieur a décidé hier de suspendre provisoirement trois policiers de la PAF (Police aux Frontières) de Roissy après la mort samedi d’un Somalien sans papiers qui devait être reconduit en Afrique. La direction générale de la police nationale (DGPN) précise que cette suspension est « une mesure conservatoire qui ne préjuge en rien la suite d’une procédure » judiciaire. Cette suspension concerne les trois policiers chargés d’escorter cet homme jusqu’à un appareil d’Air France à destination de Johannesburg (Afrique du Sud).

De son côté, le parquet de Bobigny a ouvert mardi une information judiciaire contre X pour homicide involontaire. « A l’issue du compte-rendu d’autopsie réalisée par deux experts médecins légistes, le Parquet a requis l’ouverture d’une information judiciaire contre X du chef d’homicide involontaire afin de poursuivre les investigations tant sur les faits que sur le plan médico-légal », indique-t-il. Le parquet ne précise pas en revanche les causes de la mort retenues par les médecins légistes après l’autopsie.

Des malaises simulés ?

Mariame Getu Hagos, âgé de 24 ans, était arrivé en France, seul et sans papiers, le 11 janvier de Johannesburg. Sous le coup d’un arrêté de reconduite à la frontière, il a eu un malaise lors de son embarquement le jeudi 16 janvier à 23H00, a-t- on indiqué lundi de source judiciaire. Transporté à l’hôpital Robert Ballanger de Villepinte, en Seine-Saint-Denis, l’homme est mort samedi après-midi. La dépouille a été conduite à l’institut médico-légal (IML) de Paris pour déterminer les causes exactes de la mort. « Pour l’exécution de la mesure administrative, les fonctionnaires de police ont usé de la contrainte à l’égard de cette personne, qui avait auparavant simulé des malaises et qui se débattait », précise le parquet dans son communiqué.

Mardi soir, le MRAP s’est ému du décès du jeune Somalien et ajoute « qu’une fois de plus et une fois de trop, le MRAP est amené à constater qu’un débouté du droit d’asile est renvoyé par la force dans son pays d’origine dans des conditions telles qu’il décède d’un malaise dans l’avion, et ce après deux malaises précédant l’embarquement qui auraient été qualifiés de simulation par un médecin ».

Mort d’un Argentin le 30 décembre

Le 30 décembre, un ressortissant argentin de 52 ans était mort d’une crise cardiaque à Roissy alors qu’il allait partir à bord d’un avion pour l’Argentine. L’autopsie avait conclu à une mort naturelle, une conclusion qui ne convainc toujours pas les associations, telles que le GISTI (groupe d’information et de soutien aux immigrés).

Ces deux décès font ressurgir le débat sur les conditions d’expulsion des étrangers en situation irrégulière au moment où Nicolas Sarkozy