AFP, Delphine Touitou, 22/01/2003
Trois fonctionnaires de la police aux frontières (PAF) de I’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle ont été suspendus mardi par le ministre de l’Intérieur, après Le décès d’un Somalien, non admis en France, qui devait être reconduit jeudi dernier en Afrique du Sud.
La direction générale de la police nationale, qui a fait part de cette décision, précise que la suspension de ces policiers, chargés de l’escorte de la victime, est « une mesure conservatoire qui ne préjuge en rien la suite d’une procédure » judiciaire.
Cette suspension intervient après celle, vendredi, de deux fonctionnaires de police de Paris, impliqués dans une altercation avec le témoin d’une interpellation sur la voie publique. La suspension avait alors soulevé une polémique entre les syndicats de police et Nicolas Sarkozy.
Les fonctionnaires de la police nationale sont de plus en plus souvent confrontés à des attitudes violentes de la part de personnes récalcitrantes ; ils ont dû faire face à 3.000 refus d’embarquement en 2002″, a souligné mardi la direction générale de la police nationale (DGPN) dans un communiqué.
Reste que les associations réclament que lumière soit faite sur la mort du ressortissant somalien, la deuxième en moins de trois semaines.
Jeudi, Getu Hagos Mariam, âgé de 24 ans, arrivé à l’aéroport de Roissy le 11 janvier et déclaré non admis, devait être reconduit sous escorte de la PAF sur un vol en direction de Johannesburg (Afrique du Sud).
Au cours de cette opération, le ressortissant somalien a perdu connaissance puis, après les premiers secours, il a été admis à à l’hôpital Robert Ballanger de Villepinte (Seine-Saint-Denis), où il est décédé samedi après une phase de coma, de source judiciaire.
Le 30 décembre, un ressortissant argentin de 52 ans, également sous le coup d’un arrêté de reconduite à la frontière, était mort d’une crise cardiaque à l’aéroport de Roissy alors qu’il allait partir à bord d’un avion pour l’Argentine. L’autopsie, pratiquée à l’IML, avait conclu à une mort naturelle, une conclusion qui ne convainc pas les associations à l’instar du GISTI (groupe d’information et de soutien aux immigrés).
Le Groupe d’information et de soutien aux immigrés (GISTI) a indiqué mercredi à l’AFP qu’il allait, dans les prochains jours, déposer une plainte contre X dans l’affaire de l’Argentin et se constituer partie civile dans celle du Somalien.
« Le principe est simple : les policiers ont obligation d’exécuter les ordresqu’ils reçoivent, mais ils ont aussi obligation de préserver la sécurité et la santé des personnes dont ils ont la charge », souligne Me Stéphane Maugendre (avocat),responsable du GISTI.
« Il ne s’agit pas de crier haro sur la police, mais il y a des choses à éclaircir. Si des policiers ont mal fait leur travail, ils ne sont pas dignes d’être fonctionnaires », ajoute-t-il.