PLUS DE DIX ANS après les faits, le meurtre gratuit de la policière Catherine Choukroun, tuée sur le périphérique dans la nuit du 19 au 20 février 1991, sera à partir d’aujourd’hui devant la cour d’assises de Créteil qui siège en juridiction d’appel L’an passé, lois du premier examen de l’affaire par la cour d’assises de Paris, en septembre, il y avait trois accusés dans le box Aziz Oulamara, dit Jacky, 40 ans, Marc Petaux surnommé Marco, 42 ans, et Nathalie Delhomme, alias Johanna, 37 ans. Les deux premiers, videurs d’hôtels de passes dans la rue Saint-Denis, avaient été reconnus coupables du meurtre et condamnés à vingt années de réclusion criminelle. La troisième, une ancienne prostituée, avait été acquittée alors qu’elle était poursuivie pour complicité.
Ne seront donc présents aujourd’hui dans le box que Oulamara et Petaux, qui nient tous deux être auteurs des faits et crient à l’erreur judiciaire. Face à eux s’assoiront des parties civiles. Devraient être là Gilles Choukroun, le mari de la victime, qui élève seul leur petite fille, et Emile Hubbel, le collègue de Catherine Choukroun, blessé à ses côtés le soir du drame.
Deux thèses s’affronteront.
Celle de l’accusation, suivie par les jurés en première instance et fondée en partie sur les premiers aveux de Oulamara, rétractés depuis. Ce dernier avait raconté en novembre 1997 au juge d’instruction, peu de temps après son arrestation, que le soir du drame, lui-même, Marco et Johanna étaient partis tous trois en voiture pour acheter de l’héroïne. C’est alors qu’ils avaient aperçu la voiture de police, embusquée sur le bas-côté du périphérique, et que Petaux serait descendu faire un carton. Comme ça, gratuitement
Zones d’ombre
La seconde version est celle racontée lors du premier procès par Johanna, chargeant Oulamara et innocentant Petaux. Un des moments forts de l’audience pourrait donc être l’audition comme témoin de Nathalie Delhomme, l’ex-accusée acquittée. Mais viendra-t-elle dire à la barre aujourd’hui ce qu’elle avait fini par avouer l’an passé ? Elle avait raconté s’être trouvée à l’arrière de la voiture d’où étaient parfis les coups de feu mortels et avait précisé :« Il n’y avait pas Marc Petaux sinon je m’en souviendrais (…)», ajoutant encore: « Le passager avant (NDLR : celui qui a donc tiré les coups de feu), c’était Aziz Oulamara.» Et la prostituée avait fini sa tirade d’aveux en déclarant terrorisée : « Si je raconte tout ça, c’est pour qu’un innocent ne parte pas en prison. Mais je risque gros, pour mon enfant et moi-même. Il y a des gens du milieu dans le public, ils ne me lâcheront pas. »
Ce second procès permettra-t-il d’éclaircir les zones d’ombre qui subsistaient dans ce dossier, notamment les liens entre Oulamara et Delhomme, tous deux mis en examen pour l’assassinat en 1987 d’un ancien souteneur de la prostituée ?