« Ils l’ont laissé pour mort et sont partis tranquillement »

logoParisien-292x75 07/04/2011

Quatre jours après le lynchage d’Haroun, ce jeune de 18 ans originaire de Sartrouville (Yvelines) passé à tabac en gare RER de Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis), huit des dix garçons interpellés à Rosny-sous-Bois ont été mis en examen, hier à Bobigny, pour « tentative de meurtre » et « vol aggravé ».

La juge d’instruction n’a pas retenu la préméditation réclamée par le parquet. Les deux plus jeunes, qui apparaissent « moins impliqués et moins violents », selon le parquet, ont été mis en examen pour « non-dénonciation de crime ». Hier soir, quatre adolescents ont été placés sous contrôle judiciaire. Le meneur présumé, âgé de 17 ans, a, lui, été incarcéré. Le juge des libertés et de la détention (JLD) devait encore se prononcer sur le sort des cinq autres, pour lesquels le parquet a requis une détention provisoire.

« Une expédition punitive »

Tous les auteurs de l’agression, que la procureur de la République Sylvie Moisson a qualifiée « d’une rare violence », vivent cité du Bois-Perrier, à Rosny. Neuf sont mineurs, âgés de 14 ans à 17 ans. Le dixième a 18 ans tout juste. Aucun n’a d’antécédent judiciaire. Selon la procureur de Bobigny, l’enquête montre qu’il s’agissait d’une « expédition punitive », « froide » et « visant à tuer ». « Ils ont utilisé le subterfuge d’un SMS pour localiser leur cible et sa petite amie, explique la magistrate. Les dix jeunes se sont ensuite rendus à la gare, ont encerclé la victime et l’ont rouée de coups avant de la dépouiller de son portable, de ses chaussures et son tee-shirt. Ce que j’ai vu sur les caméras de vidéosurveillance est hallucinant. Ils l’ont laissé pour mort et sont partis tranquillement. »

Pour Sylvie Moisson, le mobile principal de l’agression serait que « la victime avait eu l’audace de fréquenter une jeune fille de leur cité à Rosny alors que lui n’y habite pas ». Cette thèse, précise-t-elle, « est accréditée par le fait que, quelques semaines plus tôt, cette jeune fille et une amie avaient reçu une gifle des mêmes jeunes ». Cette version est contestée par l’avocat du meneur présumé, Me Stéphane Maugendre. Selon lui, son client aurait soupçonné la victime d’entretenir une liaison avec sa jeune sœur de 15 ans. Après s’être emparé du téléphone de sa cadette, il aurait découvert plusieurs SMS dont celui d’une amie — la jeune fille qui sortait avec Haroun —, laissant penser que le garçon était à la gare.

Le grand frère aurait alors recherché le jeune de Sartrouville. Ne le trouvant pas à la gare de Bois-Perrier, il se serait rendu à la gare de Noisy-le-Sec. « Il y est allé avec un ami, les autres ont suivi », dit Me Maugendre, pour qui « l’hypothèse du guet-apens ne tient pas ».

Hier, l’état de santé de Haroun « s’améliorait mais était toujours particulièrement sérieux », selon la procureur. Sa petite amie et la famille de celle-ci ont quitté la cité du Bois-Perrier.

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