L’assassinat de la policière Catherine Choukroun est rejugé en appel. Marc Petaux et Aziz Oulamara nient farouchement les faits.
Ils étaient amis autrefois, vivaient l’un chez l’autre et formaient tous deux, une sorte de clan, bien connu dans le petit milieu de la rue Saint- Denis, de la came, des filles et des hôtels de passe.
Aujourd’hui, Aziz Oulamara et Marc Petaux sont de nouveau assis côte à côte. Mais dans le box des accusés cette fois. Et du charme puissant qui liait Aziz le voyou plutôt fruste et sans envergure, au « grand Marco », flambeur et bien trempé, il ne reste qu’un regard vide qu’ils s’adressent de temps à autre, mine de rien.
La cour d’assises du Val-de-Marne instruit depuis hier le procès en appel de ces deux hommes. L’année dernière, ils ont été reconnus coupables par la cour d’assises de Paris d’avoir froidement assassiné, dans la nuitdu 19 au 20 février 1991, Catherine Choukroun, une policière, en mission de surveillance en bordure du périphérique parisien. Cette nuit-là, une voiture de couleur sombre ralentit au niveau du véhicule des gardiens de la paix, stationné sur la bretelle d’accès de la porte de Clignancourt Deux coups de feu sont tirés. Catherine Choukroun est tuée sur le coup. Son co¬équipier, légèrement blessé, n’a pas le temps de réagir.
L’année dernière, ils étaient trois dans le box des accusés : Aziz, Marco et Nathalie Delhomme, alias «Johanna», une prostituée «camée » qui connaissait bien les deux hommes. Lors du procès, Johanna est la seule, dans le trio, à reconnaître qu’elle était bien à bord de la voiture des tueurs, la nuit du crime. Ce qui fait d’elle, le seul témoin de la fusillade. Elle sera acquittée. Condamnés à vingt ans de réclusion criminelle, Aziz et Marco nient farouchement aujourd’hui être les coupables. « Je clamerai mon innocence jusqu’à mon dernier souffle », lance Aziz aux jurés, la voix crispée et nasillarde. « Et Marc Petaux est innocent », poursuit-il. «Cet appel est un appel au secours », récite à son tour Marco.
Le 20 février 1991, lorsque les enquêteurs découvrent le crime, aucun indice, aucun témoignage ne peut leur fournir une piste sérieuse. Le coéquipier de Catherine Choukroun explique à la barre : « Il faisait sombre, je n’ai rien vu. J’ai entendu le premier coup de feu et ma collègue est tombée dans mes bras. »
Pour les jurés, le président fait diffuser sur plusieurs écrans, les photos de la scène du crime. Appuie-tête et sièges détrempés du sang de la victime. Parties civiles, les parents de Catherine blêmissent.
«Le rictus du passager»
A l’époque, le seul témoignage sérieux des enquêteurs, est celui d’un chauffeur de taxi qui s’est fait dépasser par « une petite voiture de couleur sombre avec à son bord, au moins trois personnes ». « J’ai sur-tout remarqué le rictus du passager lui exprimait le dédain, la haine et le mépris », indique dans sa déposition, le taxi, décédé en 1992. Tuyaux crevés, rumeurs, coups de fil anonymes, indics plantés, vérifications à rien plus finir, l’enquête piétine jusqu’en 1997. Un renseignement anonyme permet alors aux policiers de remonter la piste de Johanna et de ses relations. Les en-quêteurs apprennent alors qu’Aziz, qui fréquente son souteneur, se | vante d’être l’auteur du « coup du périph » et d’avoir « fumé un flic ».
A partir de 1997, Nathalie Delhomme ne cesse d’avouer sa présence dans la voiture en compagnie d’Aziz et de Marco, puis de se ré¬tracter, avant d’avouer à nouveau. Elle jure que l’un des deux accusés est innocent et frétait pas dans la voiture. Mais elle ne peut pas donner le nom du véritable coupable, par peur du « milieu » et des représailles. Johanna doit témoigner ce matin devant les jurés de Créteil. Que dira-t-elle, cette fois-ci ?