Vote des étrangers : les assos déçues

logo-liberation-311x113 Didier Arnaud, 14/11/2012

«On ressent une trahison, on se fait tromper pour la seconde fois.» Pour Mohamed Mechmache, de l’association ACLefeu, la déception est grande. Le droit de vote des étrangers remis aux calendes grecques, c’était déjà une déception sous la présidence de François Mitterrand. Rebelote. Pour ce familier des quartiers, ce serait un «bon vecteur en termes d’intégration». Las. Pour lui, dire que cette décision «couperait la France en deux», c’est un «manque de respect». «[Hollande] ne veut pas décevoir une tranche de Français, mais [il] en déçoit une autre.» Il termine en parlant d’une «marche arrière», comme pour le récépissé contre les contrôles au faciès. «Dans les quartiers, au moment de voter la prochaine fois, les gens s’en souviendront», conclut Mechmache.

Pour Stéphane Maugendre, le président du Gisti (le Groupe d’information et de soutien des immigrés), cette «reculade» manque singulièrement de pédagogie. «Il faudrait d’abord expliquer qui et combien de gens cela concerne.» L’avocat regrette qu’on «botte ainsi en touche», et, au fond, pense que cette mesure ne sera pas pour ce quinquennat-là.

Pour Vincent Rebérioux, de la Ligue des droits de l’homme, ce devrait être «au gouvernement de mener la bataille». Mais puisqu’il n’est pas prêt à le faire, «nous allons nous emparer de ce sujet». Pour Rebérioux, cette question fait partie «de la modernisation de la démocratie». «Il n’y aurait rien de pire que de décevoir les gens.» Que se passe-t-il pour qu’on revienne encore en arrière ? Rebérioux évoque «l’hystérisation» de la société française sur cette question. Pour cet autre responsable associatif qui préfère garder l’anonymat, il y a derrière tout cela, une «montée de la xénophobie et des socialistes tétanisés».

Pour Cindy Leoni, la présidente de SOS Racisme, les arguments de François Hollande sont irrecevables. «Dire que ce n’est pas le moment, et se servir de l’environnement économique comme alibi, ce n’est pas raisonnable.» Elle juge par ailleurs qu’il faut, à un moment, faire preuve de «courage politique» et qu’il est nécessaire «d’expliquer»: «Il faut entendre les personnalités politiques qui portent cette parole, car actuellement, on entend seulement les opposants.»

Un vœu qu’a semblé entendre l’Elysée. Hier en Conseil des ministres, François Hollande a appelé les ministres à «la mobilisation» pour obtenir la majorité nécessaire au Parlement sur le sujet. «Il faut essayer de trouver des alliés, des soutiens», a-t-il expliqué.

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