Archives de catégorie : reconduite à la frontière et OQTF

Centres de rétention : pour le Gisti rien n’est joué

Pour l’association d’aide aux étrangers, la décision du tribunal administratif de Paris de suspendre l’accord entre le ministère de l’Immigration et les associations sur l’assistance aux étrangers dans les centres de rétention est « positive », mais elle souligne que d’autres décisions de justice sont attendues.

Le Gisti (Groupe d’information et de soutien des immigrés) a salué lundi 1er juin la décision du tribunal administratif de Paris de suspendre les contrats entre son ministère et les six associations sélectionnées pour intervenir aux côtés des étrangers en instance d’expulsion, mais a souligné rester attentif car d’autres « décisions de justice sont attendues dans les mois à venir ». Dans une interview à nouvelobs.com, le président de l’association Stéphane Maugendre a assuré : « ce qui est positif c’est l’affirmation du principe selon lequel les étrangers doivent être assistés car c’est la loi, presque un principe constitutionnel ».
Mais il a également souligné que « la logique même d’appel d’offre (le) choque car il ne s’agit pas de construction de ponts mais de la liberté d’individus ». Le président du Gisti, qui condamne « la politique du chiffre » du gouvernement en matière d’immigration, attend donc la décision du Conseil d’Etat sur la validité même des appels d’offre. Une décision attendue selon Stéphane Maugendre depuis une dizaine de jours, mais qui n’a toujours pas été prise.

Pas assez de garanties pour les droits des étrangers

Selon l’ordonnance du juge, « les prestations objet du marché, ainsi fixées par le ministre de l’Immigration, ne permettent pas d’atteindre, dans son intégralité, l’objectif fixé par le législateur (…) à savoir mettre les étrangers retenus à même d’assurer l’exercice effectif de leurs droits ».
Le juge a donc suspendu l’exécution du marché public et a ordonné à l’Etat de verser 3.000 euros à la Cimade au titre des frais de justice.
Dans son ordonnance, le juge des référés note que « le ministère a la faculté de conclure avec la Cimade un avenant prolongeant » sa mission au-delà du 2 juin, comme cela avait déjà été le cas à l’automne dernier après l’annulation du premier appel d’offre.

Division par lots

Le 19 mai, plusieurs associations d’aide aux immigrés, dont la Cimade, avaient annoncé avoir déposé un nouveau recours suspensif contre les nouvelles modalités d’attribution de l’assistance juridique dans les centres de rétention administrative (CRA).
Eric Besson avait signé le 10 mai le texte attribuant la mission d’assistance juridique aux étrangers à l’ASSFAM, la Cimade, le Collectif Respect, le Forum Réfugiés, France Terre d’Asile et l’Ordre de Malte, suite à l’appel d’offres dont le résultat a été publié le 10 avril.
Seule à assister jusqu’alors les étrangers placés en rétention administrative, la Cimade avait obtenu trois lots, les autres organisations un chacune. Les nouvelles modalités d’intervention des associations devaient entrer en vigueur à partir de mardi 2 juin.

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Nouveaux recours contre la réforme Besson

Accueil , Marion Sevenier, 20/05/2009

AFP/Bertrand Guay
AFP/Bertrand Guay

Les associations de soutien aux étrangers ne désarment pas et appellent à un rassemblement solidaire le 2 juin.

Malgré les attaques répétées du ministre de l’Immigration Éric Besson, les associations d’aide aux étrangers ne baissent pas les bras. Hier, plusieurs d’entre elles (la Cimade, le GISTI et l’Association pour les droits des étrangers) ont annoncé leur intention de déposer de nouveaux recours contre la réforme de l’aide aux personnes placées en rétention. En effet, les procédures précédentes avaient été stoppées par le passage en force du ministre, le 10 mai dernier. Avec ce nouveau recours, explique Stéphane Maugendre, président du GISTI, « nous espérons que le tribunal administratif pourra ainsi statuer, non pas sur le référé comme précédemment, mais sur le fond ».

Pour l’heure, néanmoins, c’est le projet du ministre qui tient la corde : l’aide aux étrangers dans les centres de rétention serait divisée en huit « lots », répartis entre six associations. Parmi elles, les controversées Collectif Respect et ASSFAM (Association service social familial migrants), dont l’aptitude dans le domaine est mise en cause.

« Nous ne sommes pas là simplement pour défendre notre pré carré. Mais l’action dans les CRA suppose une maîtrise du droit face à des contentieux techniques, complexes, et dans des délais très courts », a argumenté Laurent Giovannoni, secrétaire général de la Cimade, seule association à apporter un soutien juridique dans les centres de rétention depuis plus de vingt-cinq ans. « Ce que nous défendons, ce sont les droits des étrangers dans les CRA. Il est question de faire respecter des droits fondamentaux. »

Or, plaident les associations, l’émiettement voulu par le ministère créera une situation de « concurrence et de dépendance par rapport au gouvernement, qui choisira ceux qui auront le discours le moins critique face à la politique des quotas, et qui défendront finalement le moins bien les droits des étrangers ».

Les responsables associatifs appellent donc à un rassemblement solidaire le 2 juin prochain, pour « réaffirmer leur soutien aux étrangers enfermés » et exprimer « leur attachement à l’indépendance des associations, à leur liberté de parole et de témoignage », dans le contexte actuel de muselage des contre-pouvoirs.

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Rétention: nouveaux recours des associations et appel pour le 2 juin

la-croix-logo 19/05/2009

La Cimade et plusieurs autres ONG de défense des droits de l’homme ont annoncé mardi à Paris leur intention de déposer de nouveaux recours contentieux contre la décision du ministère de l’Immigration d’accorder le marché de l’assistance aux étrangers placés en rétention à six associations.

Ces associations ont aussi appelé à une « mobilisation citoyenne » pour le 2 juin, date de la fin du contrat qui confiait à la seule Cimade la mission d’aide aux étrangers dans les centres de rétention administrative (CRA).

Plusieurs ONG de défense des étrangers, dont le Secours catholique, Emmaüs France, la LDH et le Gisti, ont réitéré mardi devant la presse leurs critiques sur le nouveau dispositif initié par un décret et un appel d’offres en août 2008.

Selon elles, la réforme vise surtout à transformer l’aide à l’exercice effectif des droits des étrangers placés en rétention en une simple mission d’information.

Stéphane Maugendre, président du Gisti, a expliqué que son association, ainsi que l’ADDE (Avocats pour la défense des droits des étrangers), allaient déposer un nouveau recours auprès du Tribunal administratif, contre la décision du ministère, annoncée le 10 mai, d’attribuer à six « prestataires » le marché de la rétention dorénavant répartis en huit « lots ».

Les associations avaient déjà déposé un recours en référé contre un nouvel appel d’offres lancé en décembre 2008.

Avec ce nouveau recours, a expliqué Stéphane Maugendre, « nous espérons que le Tribunal administratif pourra ainsi statuer, non pas sur le référé comme précédemment, mais sur le fonds ».

Selon lui, en annonçant sa signature des contrats le 10 mai, le ministre de l’Immigration Eric Besson a empêché la justice de se prononcer sur le fonds, c’est-à-dire les conditions d’attribution du marché.

La Cimade déposera également un nouveau recours, a annoncé son secrétaire général Laurent Giovannoni.

Pierre Levené, secrétaire général du Secours catholique, a dénoncé « le jeu du gouvernement qui veut déstabiliser les associations en les divisant et décourager les bénévoles ». « On veut faire jouer au monde associatif un rôle de sous-traitance en soulignant qu’il est financé pour celà et rien de plus », a-t-il dit.

Laurence Mollaret (Syndicat de la magistrature) a dénoncé « la volonté gouvernementale de sabordage de l’autorité judiciaire ». « Avec la réforme de la rétention, c’est toute la question de l’accès au droit et aux juges qui est posée », a-t-elle résumé.

Après un premier appel d’offres annulé le 30 octobre par le tribunal administratif, qui souhaitait notamment une meilleure définition des compétences juridiques des candidats, le ministère avait lancé en décembre un nouvel appel d’offres, clos le 10 février.

Le 10 avril, il avait annoncé la répartition des CRA en huit lots attribués à six associations: Cimade, Ordre de Malte, Forum Réfugiés, Collectif Respect, France Terre d’Asile et Assfam.

Le 10 mai, il a annoncé la signature des marchés de prestations résultant de l’appel d’offres, considérant qu’il y avait « urgente nécessité » pour garantir, à compter du 2 juin, l’accompagnement des étrangers en rétention.

Besson « voyou » d’Etat

Image_3_reasonably_small-du_400x400  Anne Laffeter, 19/05/2009

Mensonges, polémiques, pression médiatique : le ministre de l’Immigration et de l’Identité nationale s’acharne sur les associations de défense des sans-papiers, qui ripostent.

Plus flippant que Brice Hortefeux ? Besson l’a fait. En déclarant une guerre ouverte aux associations d’aide aux sans-papiers, le ministre de l’Immigration et de l’Identité nationale a engagé la seconde phase de la feuille de route de son ministère : l’affaiblissement des contre-pouvoirs qui nuisent à l’efficacité de la machine à expulser.

Depuis son entrée en fonctions en janvier, le transfuge socialiste a imposé rapports de force et polémiques au centre de sa stratégie de communication pour détourner l’attention de ses mensonges médiatisés. Alors qu’il affirme haut et fort depuis des semaines “qu’il n’y a pas de délit de solidarité” et qu’aucun “aidant” n’a jamais été inquiété, le Groupe d’information et de soutien des immigrés (Gisti) publie une liste prouvant le contraire. Irrité, il contre-attaque le 22 avril sur BFM TV : “La crédibilité du Gisti en la matière est quasiment nulle.” Et ce, alors que l’expertise du Gisti sur la question des droits des étrangers est reconnue par le monde judiciaire et que chaque jour en apporte la preuve.

Mais le message du ministre doit être le plus audible. Même au prix d’une pression directe exercée sur France Inter. Son cabinet aurait ainsi sommé la rédaction d’empêcher la rediffusion d’un reportage intitulé Aimer les sans-papiers est-il un délit ?, sur Jennifer Chary, Dijonnaise de 23 ans, accusée “d’aide au séjour irrégulier” de son concubin marocain, expulsé avant leur mariage. Une autre voix déplaît au ministre : celle de la Cimade. Depuis plusieurs mois, le ministère a engagé un bras de fer avec l’association sur le marché d’attribution de l’aide aux étrangers en rétention. Eric Besson est passé en force le 10 mai alors que la juge du tribunal administratif de Paris devait examiner le référé le 13. Outré par ce “bras d’honneur à la justice”, le secrétaire général de la Cimade, Laurent Giovannoni, a dénoncé des “méthodes de voyous”. La juge devait vérifier la capacité des six associations candidates à défendre les sans-papiers, conformément à la loi. Deux d’entre elles sont largement sujettes à caution. Le collectif Respect, jusque-là inconnu du milieu associatif, et créé en 2003 au lendemain de la polémique sur La Marseillaise sifflée au stade de France, serait un faux nez de l’UMP. L’Afssam est aussi suspecte, car financée largement par le ministère, à hauteur de 450 000 euros. Eric Besson a menacé de porter plainte contre Laurent Giovannoni, tout en accusant l’association de “mordre et cracher en permanence sur la main qui (la) nourrit”.

Ce rapport de force méprisant n’est sûrement pas pour déplaire au chef de meute Sarkozy qui a édicté l’affrontement et l’absence de dialogue en mode de gouvernance. “Il a des preuves à faire. Besson se veut plus dur, infiniment plus agressif, hargneux, que le soldat Hortefeux. Il a probablement envie de montrer qu’il a mérité la vice-présidence UMP”, tance Jean-Paul Dubois, le président de la Ligue des droits de l’homme, avant d’ajouter : On ne mord pas la main qui vous nourrit ? Le collectif Respect ? Qu’est-ce que ça veut dire ? Besson a ressuscité Maurice Drouot (homme de gauche qui siégea au Conseil national mis en place par Vichy – ndlr) ? Ces méthodes sont plus surprenantes en France que dans la Tunisie de Ben Ali. ”

Ces virulentes attaques contre la Cimade et le Gisti ont aussi fédéré contre le ministre le gratin des associations de défense des droits des plus démunis et des immigrés en situation irrégulière.

Seize d’entre elles (Emmaüs France, le Secours catholique, RESF, FSU…) se sont fendues d’un communiqué pour freiner ces provocations : “Le mode de relation agressif que vous semblez vouloir instaurer avec les associations qui interviennent sur les questions de précarité nous paraît préoccupant.” Pour calmer le jeu,  le ministre leur a proposé de “venir débattre du fond de ce qu’elles écrivent”. Du fond et l’arrêt des polémiques, c’est justement ce qu’elles réclament.

“Cette polémique sur le mot “voyou” est une façon inélégante de détourner l’attention des vrais problèmes : l’ensemble des réformes qui tentent de diminuer le rôle des associations et, à travers elles, l’assistance juridique aux étrangers”, insiste Laurent Giovannoni. Le collectif Respect s’est ainsi vu attribuer la gestion des centres de rétention administrative d’outre-mer, ceux justement qui avaient été pointés du doigt dans un rapport de la Cimade pour leurs conditions inhumaines de rétention.

“Le but est de faire baisser le nombre de recours, donc augmenter le nombre d’éloignements. Dans sa feuille de route, Sarkozy demande à Besson de restreindre le contentieux”, ajoute Stéphane Maugendre, le président du Gisti. Hortefeux l’avait tenté en essayant de simplifier la procédure d’appel du recours – un juge contre deux actuellement – avant d’être retoqué par la commission Mazeaud. “Dans les centres de rétention, de véritable conseil, on va passer à la distribution de feuilles où seront récapitulés les droits. « il ne faudra pas trop en faire sinon le marché ne sera pas reconduit l’année d’après”, anticipe Stéphane Maugendre. “Cantonner les associations dans un rôle de faire-valoir permettra ainsi d’huiler l’industrialisation des expulsions et de suivre le mouvement européen”, conclut Laurent Giovannoni.

Immigration: nouveau recours contre les modalités d’attribution de la mission d’aide juridique en CRA

images et AP, 19/05/2009

Plusieurs associations d’aide aux immigrés, dont la CIMADE, ont annoncé mardi avoir déposé un nouveau recours suspensif contre les nouvelles modalités d’attribution de l’assistance juridique dans les centres de rétention administrative (CRA).

Elles entendent ainsi contrer la décision du ministre de l’Immigration Eric Besson qui a signé le dimanche 10 mai le texte attribuant cette mission d’aide juridique dans les CRA à six associations, sans attendre une audience du tribunal administratif prévue trois jours plus tard sur cette question.

« Face à cette situation, nous avons décidé d’introduire de nouveau un recours contre la signature du 10 mai (…) et nous espérons obtenir une décision avant le 2 juin, non pas sur le référé mais sur le fond », a déclaré le président du Groupement d’information et de soutien des immigrés (GISTI) Stéphane Maugendre, lors d’une conférence de presse mardi à Paris en compagnie de trois autres associations (CIMADE Secours catholique, ADDE).

Le 2 juin est la date de fin du contrat qui permet actuellement à la seule CIMADE d’assister les étrangers dans les centres de rétention.

M. Besson a signé le 10 mai le texte attribuant la mission d’assistance juridique aux étrangers à l’ASSFAM, la CIMADE, le Collectif Respect, le Forum Réfugiés, France Terre d’Asile et l’Ordre de Malte, suite à un appel d’offre dont le résultat a été publié le 10 avril dernier. La CIMADE a obtenu trois lots, les autres organisations un chacune.

« En signant le 10 mai, M. Besson a empêché la justice administrative de se pencher sur le fond de ces appels d’offre et des critères d’attribution », a ajouté M. Maugendre. « Nous espérons que la justice administrative suspendra l’exécution de ces contrats avant le 2 juin ».

Pour les associations qui contestent ces attributions, l’appel d’offre « transforme une mission essentielle d’assistance en une simple mission d’information, ce qui est contraire à la loi qui prévoit une application effective des droits des étrangers retenus », estime Vanina Rochicchilo, présidente de l’ADDE, un collectif d’avocats spécialisés dans le droit des étrangers.

« Le contentieux des étrangers est un contentieux technique, complexe et difficile », a-t-elle souligné.

En outre, selon elle, le fait de diviser l’intervention en CRA en plusieurs lots répartis entre diverses associations vise à « interdire toute vision d’ensemble », de ce qui se passe dans les centres de rétention.

Face à ce contentieux qui dure depuis août 2008, Eric Besson a annoncé dimanche dernier qu’il organisera au cours de la première semaine de juin une rencontre avec l’ensemble des associations qui coopèrent avec l’Etat dans le domaine de l’immigration

Rétention: nouveaux recours des associations et appel pour le 2 juin

AFP, 19/05/2009

La Cimade et plusieurs autres ONG de défense des droits de l’homme ont annoncé mardi à Paris leur intention de déposer de nouveaux recours contentieux contre la décision du ministère de l’Immigration d’accorder le marché de l’assistance aux étrangers placés en rétention à six associations.

Ces associations ont aussi appelé à une « mobilisation citoyenne » pour le 2 juin, date de la fin du contrat qui confiait à la seule Cimade la mission d’aide aux étrangers dans les centres de rétention administrative (CRA).

Plusieurs ONG de défense des étrangers, dont le Secours catholique, Emmaüs France, la LDH et le Gisti, ont réitéré mardi devant la presse leurs critiques sur le nouveau dispositif initié par un décret et un appel d’offres en août 2008.

Selon elles, la réforme vise surtout à transformer l’aide à l’exercice effectif des droits des étrangers placés en rétention en une simple mission d’information.

Stéphane Maugendre, président du Gisti, a expliqué que son association, ainsi que l’ADDE (Avocats pour la défense des droits des étrangers), allaient déposer un nouveau recours auprès du Tribunal administratif, contre la décision du ministère, annoncée le 10 mai, d’attribuer à six « prestataires » le marché de la rétention dorénavant répartis en huit « lots ».

Les associations avaient déjà déposé un recours en référé contre un nouvel appel d’offres lancé en décembre 2008.

Avec ce nouveau recours, a expliqué Stéphane Maugendre, « nous espérons que le Tribunal administratif pourra ainsi statuer, non pas sur le référé comme précédemment, mais sur le fonds ».

Selon lui, en annonçant sa signature des contrats le 10 mai, le ministre de l’Immigration Eric Besson a empêché la justice de se prononcer sur le fonds, c’est-à-dire les conditions d’attribution du marché.

La Cimade déposera également un nouveau recours, a annoncé son secrétaire général Laurent Giovannoni.

Pierre Levené, secrétaire général du Secours catholique, a dénoncé « le jeu du gouvernement qui veut déstabiliser les associations en les divisant et décourager les bénévoles ». « On veut faire jouer au monde associatif un rôle de sous-traitance en soulignant qu’il est financé pour celà et rien de plus », a-t-il dit.

Laurence Mollaret (Syndicat de la magistrature) a dénoncé « la volonté gouvernementale de sabordage de l’autorité judiciaire ». « Avec la réforme de la rétention, c’est toute la question de l’accès au droit et aux juges qui est posée », a-t-elle résumé.

Après un premier appel d’offres annulé le 30 octobre par le tribunal administratif, qui souhaitait notamment une meilleure définition des compétences juridiques des candidats, le ministère avait lancé en décembre un nouvel appel d’offres, clos le 10 février.

Le 10 avril, il avait annoncé la répartition des CRA en huit lots attribués à six associations: Cimade, Ordre de Malte, Forum Réfugiés, Collectif Respect, France Terre d’Asile et Assfam.

Le 10 mai, il a annoncé la signature des marchés de prestations résultant de l’appel d’offres, considérant qu’il y avait « urgente nécessité » pour garantir, à compter du 2 juin, l’accompagnement des étrangers en rétention.

Rétention: nouveaux recours des associations et appel pour le 2 juin

images 2  19/05/2009

La Cimade et plusieurs autres ONG de défense des droits de l’homme ont annoncé mardi à Paris leur intention de déposer de nouveaux recours contentieux contre la décision du ministère de l’Immigration d’accorder le marché de l’assistance aux étrangers placés en rétention à six associations.

Ces associations ont aussi appelé à une « mobilisation citoyenne » pour le 2 juin, date de la fin du contrat qui confiait à la seule Cimade la mission d’aide aux étrangers dans les centres de rétention administrative (CRA).

Plusieurs ONG de défense des étrangers, dont le Secours catholique, Emmaüs France, la LDH et le Gisti, ont réitéré mardi devant la presse leurs critiques sur le nouveau dispositif initié par un décret et un appel d’offres en août 2008.

Selon elles, la réforme vise surtout à transformer l’aide à l’exercice effectif des droits des étrangers placés en rétention en une simple mission d’information.

Stéphane Maugendre, président du Gisti, a expliqué que son association, ainsi que l’ADDE (Avocats pour la défense des droits des étrangers), allaient déposer un nouveau recours auprès du Tribunal administratif, contre la décision du ministère, annoncée le 10 mai, d’attribuer à six « prestataires » le marché de la rétention dorénavant répartis en huit « lots ».

Les associations avaient déjà déposé un recours en référé contre un nouvel appel d’offres lancé en décembre 2008.

Avec ce nouveau recours, a expliqué Stéphane Maugendre, « nous espérons que le Tribunal administratif pourra ainsi statuer, non pas sur le référé comme précédemment, mais sur le fonds ».

Selon lui, en annonçant sa signature des contrats le 10 mai, le ministre de l’Immigration Eric Besson a empêché la justice de se prononcer sur le fonds, c’est-à-dire les conditions d’attribution du marché.

La Cimade déposera également un nouveau recours, a annoncé son secrétaire général Laurent Giovannoni.

Pierre Levené, secrétaire général du Secours catholique, a dénoncé « le jeu du gouvernement qui veut déstabiliser les associations en les divisant et décourager les bénévoles ». « On veut faire jouer au monde associatif un rôle de sous-traitance en soulignant qu’il est financé pour celà et rien de plus », a-t-il dit.

Laurence Mollaret (Syndicat de la magistrature) a dénoncé « la volonté gouvernementale de sabordage de l’autorité judiciaire ». « Avec la réforme de la rétention, c’est toute la question de l’accès au droit et aux juges qui est posée », a-t-elle résumé.

Après un premier appel d’offres annulé le 30 octobre par le tribunal administratif, qui souhaitait notamment une meilleure définition des compétences juridiques des candidats, le ministère avait lancé en décembre un nouvel appel d’offres, clos le 10 février.

Le 10 avril, il avait annoncé la répartition des CRA en huit lots attribués à six associations: Cimade, Ordre de Malte, Forum Réfugiés, Collectif Respect, France Terre d’Asile et Assfam.

Le 10 mai, il a annoncé la signature des marchés de prestations résultant de l’appel d’offres, considérant qu’il y avait « urgente nécessité » pour garantir, à compter du 2 juin, l’accompagnement des étrangers en rétention.

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Silences sur une mort en centre de rétention

 , Catherine Coroller

On sait où repose Salem Souli. Son corps a été discrètement rapatrié en Tunisie le 7 juillet. Mais on ignore toujours de quoi est mort, le 21 juin, ce sans-papiers tunisien de 41 ans alors qu’il était au centre de rétention administrative (CRA) de Vincennes, dans l’attente d’une éventuelle expulsion. Une autopsie aurait été réalisée en France, dont on ne connaît pas les résultats. Une autre autopsie aurait été réalisée en Tunisie, dont on ne connaît pas non plus les résultats. Le fils de Salem Souli, âgé de 14 ans, et son ex-compagne, qui vivent en situation régulière en France, ne les connaissent pas non plus. Pas plus qu’ils n’avaient été informés du décès (Libération du 23 janvier). Bref, de nombreuses zones d’ombre persistent, que le gouvernement ne fait rien pour dissiper. La seule certitude, c’est que Soulem Souli est mort, dans sa chambre, le 21 juin dans l’après-midi.

Retard. Et de quoi est-il mort ? «Tant les premières constatations médicales que l’autopsie, réalisée dans le cadre de l’enquête en cours écartent la présence de traces anormales», déclarait la préfecture de police de Paris le lendemain du décès. Dans un courrier adressé le 15 juillet au procureur de la République, Stéphane Maugendre, président du Groupement d’information et de soutien des travailleurs immigrés (Gisti), affirme que les responsables du CRA avaient été alertés sur l’état de santé du retenu, et ont mis beaucoup de temps avant d’appeler les secours. Réponse du magistrat, le 20 août : «Une enquête a été diligentée sur mes instructions par la deuxième division de la police judiciaire, puis j’ai requis la poursuite de ces investigations dans le cadre d’une information pour recherche des causes de la mort, le 31 juillet 2008, aucun délit n’étant, en l’état, caractérisé.»«Les investigations très complètes ainsi conduites devraient permettre de connaître l’ensemble des circonstances qui ont présidé au décès de M. Souli», poursuit le procureur.

Depuis, silence radio. Salem Souli a été subrepticement enterré. Comme son affaire ? Justement non. Le 21 janvier, sa compagne et son fils ont porté plainte pour, notamment, «rétention d’information, homicide involontaire par manquement aux obligations de sécurité, et omission de porter secours».

La médiatisation de la plainte a suscité des témoignages. L’un, reçu par Marianne Lagrue, l’avocate de la famille, émane d’un ami du Tunisien. A l’en croire, Salem Souli souffrait d’une maladie respiratoire et aurait réclamé, en vain, de voir un médecin en rétention. Selon une infirmière, le médecin du centre aurait signé un certificat de non-compatibilité avec le retour, qui interdisait son expulsion de France.

«Asthme». Le 22 juin, lendemain du décès, des retenus mettaient le feu au centre. Quinze jours plus tard, son corps était expédié vers la Tunisie. La suite, on peut la lire dans le quotidien tunisienAch-Chourouk :«Lundi 7 juillet 2008, plusieurs dizaines de personnes – des voisins et des membres de la famille – ont assisté aux funérailles de Salem Souli (alias Sami), 41 ans, originaire du quartier Bab Djazira à Tunis.»Dans cet article, le père du défunt affirme avoir été en contacts réguliers avec son fils. Selon lui, ce dernier «souffrait depuis longtemps d’asthme et d’une insuffisance rénale». Salem «a pris contact avec son médecin traitant qui a présenté une demande aux responsables du CRA de Vincennes en vue de le transférer à un hôpital parce que sa détention dans une chambre sans aération ne correspondait pas à son état de santé», confie encore le père. Malgré un dossier médical «prouvant qu’il a été hospitalisé pendant cinq mois», les responsables du centre n’auraient pas donné suite. Et Salem Souli serait mort d’une «crise d’asthme aiguë».

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Pour museler la Cimade, une copie bis d’Hortefeux

logo-liberation-311x113  Catherine Coroller

Jusque-là, une seule association, la Cimade, assistait les étrangers sur l’ensemble du territoire. Le ministère avait décidé qu’à l’avenir la France serait divisée en huit lots et que n’importe quelle personne morale pourrait poser sa candidature. Objectif : créer une concurrence entre les opérateurs et museler une Cimade jugée trop critique. Cinq associations avaient saisi le tribunal administratif. Qui leur a donc donné raison.

Exigence. Dans la version publiée vendredi, le ministère revoit ses exigences à la hausse. «Le nouvel appel d’offres tient le plus grand compte de l’ordonnance rendue par le juge des référés […] en augmentant le niveau d’exigence pesant sur les équipes intervenant dans les CRA, en termes de compétences juridiques et de maîtrise confirmée des règles spécifiques du droit des étrangers», affirment les services de Brice Hortefeux.

Pour le reste, «il n’y a rien de nouveau, déplore Laurent Giovannoni, secrétaire général de la Cimade. La mission est toujours éclatée en lots, et les associations mises en concurrence». Dans un communiqué diffusé hier, la Cimade «rejette un processus qui ne peut que conduire à la disparition de l’aide apportée aux étrangers en rétention» et «étudie avec ses partenaires les moyens de contester ce nouvel appel d’offres».

Les candidats ont jusqu’au 10 février pour se faire connaître. Que vont faire les associations ? Maître de conférence en droit et militant au Groupe d’information et de soutien des immigrés (Gisti), Serge Slama considère que la seule réponse est de «boycotter ce marché». Cela sous-entend que les défenseurs des étrangers soient solidaires. Or, lorsque le premier appel d’offres a été lancé, deux d’entre eux, Forum réfugiés et France terre d’asile (FTA) ont décidé d’y répondre. Vendredi, Pierre Henry, le directeur de FTA disait vouloir se donner «le temps de la trêve des confiseurs pour l’étudier».

Les autres associations n’ont pas, non plus, arrêté leur position. «Techniquement et juridiquement, on ne sait pas ce qu’on va faire, explique Laurent Giovannoni. Mais au niveau politique, on ne modifie rien de notre position : le refus complet d’un dispositif qui a clairement pour but de détruire la mission d’aide aux retenus, de bâillonner les associations et de tuer la Cimade.» Même analyse du côté du Gisti. Pour son président, Stéphane Maugendre, «l’idée du gouvernement est qu’il n’y ait plus aucun regard effectif sur le quotidien dans les CRA». Or, dit-il, «à partir du moment où il n’y a pas de regards, on en arrive à l’exemple de Mayotte».

«Pas acceptables». Comme l’a reconnu Yves Jégo dans Libération du 19 décembre, les conditions de rétention dans ce dernier centre «ne sont pas acceptables». Pourtant, ce CRA ne figure pas parmi les centres concernés par l’appel d’offres du ministère. En clair, il n’est toujours pas prévu qu’une association y assiste de façon permanente les personnes incarcérées.

Pour quelle raison ? Parce que la législation applicable aux étrangers n’y est pas la même, répondait vendredi le ministère qui pourrait réexaminer la question courant 2009. Interpellé par le collectif MOM (Migrants d’outre-mer), Jean-Marie Delarue, contrôleur général des lieux de privation de liberté, a promis de dépêcher à Mayotte « dès que possible, une mission pour procéder à une analyse approfondie de la situation et faire les recommandations qui s’imposent».

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La nouvelle copie de Hortefeux ne convainc pas

 Accueil , Marie Barbier, 22 Décembre, 2008

Le ministre de l’Immigration lance un deuxième appel d’offres pour l’aide aux étrangers. Rien n’a changé, disent les associations.

Bis repetita. Le ministre de l’Immigration a annoncé vendredi le lancement d’une nouvelle offre pour le droit de visite dans les centres de rétention administrative (CRA). Brice Hortefeux souhaite mettre fin à ce qu’il qualifie de « monopole » de la Cimade, seule association actuellement habilitée à fournir une aide juridique aux étrangers retenus. Le premier appel d’offres, lancé en août, avait suscité une forte opposition des associations, avant d’être annulé par une ordonnance du tribunal administratif de Paris le 30 octobre.

À en croire le ministre, cette nouvelle version répond à la fois aux attentes du tribunal administratif et à celles des associations. D’abord « en augmentant le niveau d’exigence pesant sur les équipes intervenant dans les CRA » et en autorisant les offres conjointes. La libre expression « des opinions, des critiques et des propositions » des intervenants sera, toujours selon le ministère, garantie.

Mais cette deuxième copie ne convainc pas. « Il n’y a rien de nouveau, soupire Laurent Giovannoni, secrétaire général de la Cimade. C’est le même appel d’offres qu’en septembre. » Principal reproche des associations : la nouvelle version conserve la division du territoire en huit lots : « C’est le coeur de la réforme, poursuit Laurent Giovannoni. Elle met les associations en concurrence, supprime toute vision d’ensemble et toute possibilité de critique. »

Pour Stéphane Maugendre, président du GISTI, l’appel d’offres « empêche un droit de regard dans les centres de rétention. Or, là où il n’y a pas de regard de la société civile, c’est une catastrophe humaine. L’exemple le plus délirant, c’est Mayotte. » Déjà absent du premier appel d’offres, le CRA de cette collectivité d’outre-mer, sur le devant de la scène depuis la diffusion par Libération d’une vidéo accablante (2), ne fait toujours pas partie de l’appel d’offres.

Jusqu’à l’aboutissement de ce dernier, la Cimade conserve ses prérogatives dans les CRA. Les « personnes morales » ont jusqu’au mardi 10 février à midi pour déposer leur candidature. Par ailleurs, le recours contre le décret du 22 août réformant le dispositif d’aide dans les CRA, déposé par dix associations, est toujours en cours d’examen au Conseil d’État.

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