Archives de catégorie : garde à vue

Sans-papiers : « C’est une garde à vue qui s’appelle ‘retenue' »

imagesCeline Rastello09/11/2012

France Terre d’Asile, la Cimade et le Gisti réagissent au vote du Sénat concernant la création d’une « retenue » pouvant aller jusquà 16 h pour remplacer la garde à vue.

Les associations de défense des étrangers le redoutaient. Dans la nuit de jeudi à vendredi, le Sénat a approuvé la création d’une « retenue » pouvant aller jusqu’à 16 heures. Le but : remplacer la garde à vue des sans-papiers rendue illégale par la décision de la Cour de cassation du 5 juillet dernier. Une mesure souhaitée par le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, pour gérer les expulsions avec « efficacité. » Et qui crée un régime d’exception pour les étrangers que dénoncent les associations. « Il est toujours dangereux de créer un régime d’exception, d’autant plus quand c’est pour améliorer le confort des autorités et pallier les carences de l’Etat » rappelle le président du Gisti (Groupe d’information et de soutien des immigrés) et avocat spécialisé en droit des étrangers Stéphane Maugendre.

« L’objectif est de réparer la machine à expulser »

Créer « un nouveau régime de privation de liberté d’exception pour les étrangers » est selon la coordinatrice de la Cimade Clémence Richard « extrêmement inquiétant » : « L’objectif est de réparer la machine à expulser qui n’a par ailleurs absolument pas été cassée ». La preuve, explique-t-elle : depuis la décision de la Cour de cassation de juillet et la fin de la garde à vue, le nombre de placements en rétention « n’a pas diminué de manière significative ». La preuve aussi donc, selon Clémence Richard, que « l’administration n’a pas été stoppée dans sa capacité à placer en rétention ». Et que le régime de droit commun de vérification d’identité suffit. Soit 4 heures.

Un délai bien trop court selon les policiers. « Tout le monde sait que ce n’est pas possible. On n’aura pas le temps de vérifier l’identité et d’avoir un retour de la préfecture » expliquait en juillet le secrétaire général de Synergie Officiers Patrice Ribeiro. Ce système de « retenue » est un « dispositif hybride, à mi-chemin entre la garde à vue et la rétention administrative » dénonce Clémence Richard, « qui rappelle que « selon la directive européenne, la rétention doit intervenir en dernier ressort, après d’autres possibilités (obligation de départ avec délai pour un départ volontaire, assignation à résidence,…). » Ce qui n’est, assure-t-elle, « pas du tout le cas » : « On s’inscrit toujours dans le même schéma selon lequel la rétention administrative est le principal instrument d’éloignement des étrangers. »

« C’est presque une garde à vue avec 8 h en moins »

« On n’est pas dans le cadre de la garde à vue, mais ça y ressemble quand même beaucoup ! » note encore Pierre Henry, qui y voit « presque une garde à vue avec 8 heures de moins. » Stéphane Maugendre va plus loin : « C’est une garde à vue qu’on appelle ‘retenue’. On utilise donc une procédure judiciaire pour une démarche administrative… » On ne dispose pas encore de tous les détails précisant l’organisation de ces « retenues ». Où vont-elles, par exemple, se dérouler ? « Si c’est dans les commissariats, où, compte tenu de l’exiguité et de l’état des locaux, si ce n’est pas, justement, dans les locaux de garde à vue ? » demande Pierre Henry.

Le ministre de l’Intérieur a assuré que la « retenue » s’accompagnerait de « toute une série de garanties » comme « l’accès à un médecin, un avocat, au consulat… » Sur ce point, Pierre Henry note que contrairement au passé, le dispositif permettra la délivrance des procès-verbaux nécessaire à la défense des personnes, et le fait que « les photos ou empreintes ne soient pas systématiques et utilisées qu’en dernier recours ». Deux points qui selon lui « offrent manifestement plus de garanties » que le précédent système de garde à vue. Mais la Cimade et France Terre d’Asile dénoncent des « garanties moindres. » Pointant notamment du doigt la présence d’un avocat pendant « 30 minutes seulement » au début de la « retenue ».

« Il faut tout remettre à plat »

Les associations reprochent également à ce régime d’exception qu’il ne soit pas accompagné d’un contrôle effectif du juge : « depuis la loi Besson de 2011, le juge des libertés, qui contrôle la légalité de la procédure, n’intervient qu’au bout de 5 jours, au lieu de 48 heures auparavant. De nombreuses personnes sont donc éloignées avant même d’avoir vu leur procédure contrôlée » dénonce aussi Pierre Henry. Quant à la suppression du délit de solidarité, il l’estime « forcément satisfaisant » car « très important sur un plan symbolique ». Quand Clémence Richard précise qu’une « liste limitative des actions protégées » a été réalisée.

Le directeur général de France Terre d’Asile estime toutefois « qu’on focalise beaucoup » sur cette « retenue » et le délit de solidarité alors qu’ils « ne modifient pas l’architecture de la politique d’éloignement des étrangers mis en place à la suite de six lois successives. » En terme « d’efficacité », pour reprendre l’objectif du ministre de l’Intérieur, « ne serait-ce pas l’occasion de revoir la durée de rétention, de 12 jours en 2000 et de 45 jours en 2011 ? On prive de liberté un certain nombre de personnes car ils sont étrangers, et c’est inacceptable. » La priorité, conclut Clémence Richard, est de « remettre à plat toutes les dispositions issues des précédentes lois qui ont de plus en plus durci et criminalisé les migrants » et « stopper la politique du chiffre. »

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Les policiers sortent blanchis de la mort d’Ali Ziri

AccueilMehdi Fikri, 19/10/2012

La justice a rendu un non-lieu dans l’affaire de cet homme de 69 ans, mort après une interpellation violente par la police à Argenteuil, alors qu’il était avec un ami. Les proches dénoncent une « mascarade », l’avocat déplore les carences de l’instruction.

Le soir du 9 juin 2009, Arezki Kerfali, 61 ans, et Ali Ziri, 69 ans, fêtaient le mariage du fils d’Ali, à Argenteuil. « On était joyeux, on avait mangé, on avait bu », raconte Arezki Kerfali. Boulevard Jeanne-d’Arc, ils tombent sur une patrouille de police. Contrôle, interpellation tendue : Ali Ziri est amené au poste. Dans la voiture, les agents immobilisent le vieil homme. Et deux heures plus tard, il décède d’une insuffisance respiratoire.

Mercredi, le juge d’instruction chargé de l’affaire a blanchi les forces de l’ordre, tandis qu’Arezki Kerfali reste poursuivi pour outrage à agents. Selon l’ordonnance de non-lieu, « l’information n’a établi aucun acte de violence volontaire qui aurait été la cause directe ou indirecte du décès ». « C’est une mascarade ! » dénonce Arezki Semache, porte-parole du collectif Vérité et justice pour Ali Ziri. « C’est une affaire qui montre à quel point c’est difficile de poursuivre des policiers », déplore Stéphane Maugendre, l’avocat d’Ali Ziri et d’Arezki Kerfali.

 « Le juge n’a entendu absolument personne »

L’avocat dénonce une instruction menée en fait par la police elle-même : « Le juge n’a entendu absolument personne. C’est l’inspection générale de la police nationale (IGPN) qui a procédé à toutes les auditions, sur commission rogatoire.» Et toutes les requêtes de l’avocat (reconstitution de la scène, confrontations des personnes présentes) sont refusées.

Ali Ziri est mort après l’utilisation par les agents de la technique dite du pliage, qui consiste à immobiliser une personne en lui maintenant la tête entre les genoux. Cette technique a été interdite en juin 2003 par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur. Mais reste en vigueur. L’un des agents reconnaît cependant dans l’une de ses auditions l’avoir utilisée. Une prise qui aurait été maintenue pendant plus de trois minutes, le temps que la voiture arrive au commissariat.

Dans son avis du 17 mai 2010, la Commission nationale de déontologie et de la sécurité (CNDS) évoque les images des caméras de surveillance du commissariat. Sur ces images, la CNDS a observé que « monsieur Ali Ziri a été littéralement expulsé du véhicule » et « jeté au sol ». Une « violence disproportionnée » qui constitue « un traitement inhumain et dégradant », selon la CNDS. « Le problème, c’est que ces images n’ont pas été visionnées par le juge d’instruction, ou alors en mon absence, ce qui est illégal », pointe Stéphane Maugendre, l’avocat d’Ali Ziri.

Autre problème : « Certains éléments d’expertise n’ont pas été utilisés par le juge d’instruction », déplore l’avocat. Le premier rapport médico-légal, réalisé par le professeur Dominique Comte, ancienne directrice de l’Institut médico-légal de Paris (IML), fait état d’une « vingtaine d’hématomes et d’ecchymoses sur tout le corps de monsieur Ali Ziri », dont certains font dix-sept centimètres de long. Le rapport conclut que « Ali Ziri est décédé d’un arrêt cardio-circulatoire d’origine hypoxique », autrement dit un étouffement, dû aux appuis effectués par les policiers. Ensuite, le juge d’instruction demande un nouvel examen à un expert, qui aboutit aux mêmes conclusions. « Quel que soit le degré d’agressivité de monsieur Ziri, il s’agissait d’un homme âgé de 69 ans », conclut le nouveau rapport, qui souligne « le manque de discernement » des agents. « Aucun de ces éléments n’a été utilisé par le juge », dénonce Stéphane Maugendre.

L’avocat, qui dénonce « l’esprit de corps des magistrats», a fait appel hier de l’ordonnance de non-lieu. « J’irai jusqu’à la Cour européenne des droits de l’homme s’il le faut », a-t-il affirmé.

Des réunions police- citoyens L’association Graines de France reprend la route pour organiser 
de nouvelles réunions entre les citoyens et la police. Une vingtaine de villes ont été sélectionnées pour accueillir ces rencontres. Graines de France entend souligner « l’importance d’aborder 
ce sujet au travers de plusieurs prismes et de sortir de la dialectique qui se résume pour beaucoup à une politique d’action-répression ». L’association cherche à comprendre ce qui a fonctionné et fonctionne encore dans d’autres villes françaises ou étrangères, où la violence a reculé et où le vivre ensemble a été rétabli, à s’inspirer 
et à importer les mesures et les bonnes pratiques qui ont fait leurs preuves. La première rencontre aura lieu à Nantes, le 23 octobre.

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Non-lieu dans l’affaire Ali Ziri : Une décision « incompréhensible »

 18/10/2012

Hier, Une ordonnance de non-lieu a été rendue dans l’affaire Ali Ziri, un retraité algérien de 69 ans mort en juin 2009 après un contrôle de police à Argenteuil (Val-d’Oise). Sa famille dénonce une décision « incompréhensible ».

Ali Ziri avait été interpellé le soir du 9 juin 2009 avec un ami, Arezki Kerfali, 60 ans, à bord d’un véhicule que ce dernier conduisait. Fortement alcoolisés, les deux hommes avaient été transportés au commissariat d’Argenteuil et placés en garde à vue. Tombé dans le coma, le sexagénaire était mort deux jours plus tard à l’hôpital d’Argenteuil. Une première autopsie avait conclu que des problèmes cardiaques et l’alcoolémie étaient les causes du décès. Mais une contre-expertise avait révélé la présence d’une vingtaine d’hématomes, dont certains larges de 17 cm.

Un rapport de la Commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS) avait alors mis en cause la sincérité des déclarations des policiers impliqués dans le décès de M. Ziri, estimant que ces derniers avaient fait un usage disproportionné de la force.

Selon l’avocat de la famille d’Ali Ziri, M e Stéphane Maugendre, c’est le recours au « pliage » qui est à l’origine de l’asphyxie du retraité. Cette technique, qui consiste à plier en deux quelqu’un en cas de rébellion, est interdite dans la police depuis 2003. « Le non-lieu est incompréhensible. Le juge n’a pas tenu compte de l’ensemble des expertises qui ont été ordonnées dans ce dossier », a réagi hier l’avocat, qui a fait appel de cette décision auprès de la Chambre de l’instruction. « S’il le faut, nous irons jusque devant la Cour européenne des droits de l’Homme. Il est de la responsabilité de l’État de faire toute la lumière sur cette affaire », a-t-il ajouté.

Le syndicat de policiers Alliance s’est pour sa part félicité de cette décision de non-lieu.

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Tribunal Non-lieu dans l’affaire Ali Ziri : Une décision «incompréhensible»

L'Est Républicain18/10/2012

Hier, une ordonnance de non-lieu a été rendue dans l’affaire Ali Ziri, un retraité algérien de 69 ans mort en juin 2009 après un contrôle de police à Argenteuil (Val-d’Oise). Sa famille dénonce une décision « incompréhensible ».

Ali Ziri avait été interpellé le soir du 9 juin 2009 avec un ami, Arezki Kerfali, 60 ans, à bord d’un véhicule que ce dernier conduisait. Fortement alcoolisés, les deux hommes avaient été transportés au commissariat d’Argenteuil et placés en garde à vue. Tombé dans le coma, le sexagénaire était mort deux jours plus tard à l’hôpital d’Argenteuil. Une première autopsie avait conclu que des problèmes cardiaques et l’alcoolémie étaient les causes du décès. Mais une contre-expertise avait révélé la présence d’une vingtaine d’hématomes, dont certains larges de 17 cm.

Un rapport de la Commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS) avait alors mis en cause la sincérité des déclarations des policiers impliqués dans le décès de M. Ziri, estimant que ces derniers avaient fait un usage disproportionné de la force.

Selon l’avocat de la famille d’Ali Ziri, Me Stéphane Maugendre, c’est le recours au « pliage » qui est à l’origine de l’asphyxie du retraité. Cette technique, qui consiste à plier en deux quelqu’un en cas de rébellion, est interdite dans la police depuis 2003. « Le non-lieu est incompréhensible. Le juge n’a pas tenu compte de l’ensemble des expertises qui ont été ordonnées dans ce dossier », a réagi hier l’avocat, qui a fait appel de cette décision auprès de la Chambre de l’instruction. « S’il le faut, nous irons jusque devant la Cour européenne des droits de l’Homme. Il est de la responsabilité de l’État de faire toute la lumière sur cette affaire », a-t-il ajouté.

Le syndicat de policiers Alliance s’est pour sa part félicité de cette décision de non-lieu.

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Non-lieu dans l’affaire Ziri, mort après un contrôle

20minutes.frWilliam Molinié,

Des bleus dont certains mesurent 17 cm de long, mais pas de violences policières. Le juge d’instruction de Pontoise (Val-d’Oise) a rendu lundi un non-lieu, écartant la responsabilité des forces de l’ordre dans le décès d’Ali Ziri, un retraité algérien de 69 ans, qui a trouvé la mort le 10 juin 2009, après un contrôle musclé de la police. Dans son ordonnance, que 20 Minutes s’est procurée, le juge d’instruction écrit que « l’information n’a établi aucun acte de violence volontaire qui aurait été la cause directe ou indirecte du décès », comme l’avait établi la première autopsie. Mais une deuxième expertise a révélé la présence d’une vingtaine d’hématomes sur le corps de la victime. Un avis de la Commission nationale de déontologie et de sécurité (CNDS) insistait sur le recours à « une violence disproportionnée », recommandant des sanctions disciplinaires à l’encontre des policiers. Pour Stéphane Maugendre, l’avocat de la famille, Ali Ziri « a été soumis à la technique du pliage pendant au moins entre 3 minutes 25 et 5 minutes », explique-t-il, précisant qu’il a fait appel de ce non-lieu « incompréhensible ».

Au tribunal pour « outrage »

De son côté, Arezki Kerfali, l’ami d’Ali Ziri présent dans la voiture le soir du drame, est convoqué ce jeudi matin devant le tribunal correctionnel de Pontoise pour « conduite sous l’empire d’un état alcoolique » et « outrage ». Agé aujourd’hui de 64 ans, « il a été handicapé à 60 % », dénonce Arezki Semache, du collectif Justice et vérité pour Ali Ziri. Mais l’affaire, qui a déjà été renvoyée à deux reprises, risque de l’être une troisième fois, à la demande de Me Maugendre, qui indique ne pas pouvoir défendre Kerfali sans « violer le secret de l’instruction » de l’affaire Ziri. A moins que le juge ne décide de statuer sur une seule partie du dossier, celle concernant la conduite en état d’ivresse. Des faits qu’ Arezki Kerfali ne conteste pas.

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Non-lieu dans l’enquête sur la mort d’Ali Ziri

Louise Fessard

Extrait : Un non-lieu vient d’être prononcé par le juge d’instruction dans l’enquête sur la mort d’Ali Ziri, un retraité algérien de 69 ans, décédé le 11 juin 2009, deux jours après son interpellation par la police à Argenteuil. Ce, malgré deux expertises concluant à une suffocation du vieil homme, liée notamment aux techniques d’immobilisation utilisées par les policiers après son interpellation.

Vie et mort d’un chibani, c’était le titre d’un excellent documentaire de France Inter consacré à Ali Ziri, un retraité algérien de 69 ans, décédé à l’hôpital le 11 juin 2009, deux jours après son interpellation par la police à Argenteuil. Trois ans plus tard, le juge d’instruction vient de rendre une ordonnance de non-lieu dans l’enquête sur ce décès, estimant qu’aucune charge ne pouvait être retenue contre les policiers et l’hôpital.

Une information judiciaire avait été ouverte en 2009 pour « homicide involontaire et violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner par personne dépositaire de l’autorité publique ». En décembre 2011, le procureur de la …

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Non-lieu dans l’affaire Ali Ziri

17/10/2012

Une ordonnance de non-lieu a été rendue dans l’affaire Ali Ziri, retraité algérien de 69 ans mort en juin 2009 après un contrôle de police à Argenteuil (Val-d’Oise). Dans son ordonnance datée du 15 octobre, le juge qui enquêtait sur les circonstances de la mort du retraité « n’a établi aucun acte de violence volontaire qui aurait été la cause directe ou indirecte du décès », a précisé cette source, confirmant une information du Parisien. Dans son réquisitoire daté du 14 décembre 2011, le parquet avait également estimé que les policiers à l’origine de l’interpellation ne pouvaient pas être poursuivis.

>> A lire – Argenteuil : une manif pour Ali Ziri

Interpellé le soir du 9 juin 2009, fortement alcoolisé, et placé en garde à vue au commissariat d’Argenteuil, Ali Ziri, tombé dans le coma, était mort deux jours plus tard. Une première autopsie avait conclu que des problèmes cardiaques et l’alcoolémie étaient les causes du décès. Mais une contre-expertise avait révélé la présence d’une vingtaine d’hématomes dont certains larges de 17 cm. Un rapport de la Commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS) avait alors mis en cause la sincérité des déclarations des policiers estimant que ces derniers avaient fait un usage disproportionné de la force. Pour l’avocat de la famille d’Ali Ziri, Me Stéphane Maugendre, « Le non-lieu est incompréhensible. Le juge n’a pas tenu compte de l’ensemble des expertises qui ont été ordonnées dans ce dossier », a réagi mercredi l’avocat, qui a fait appel de cette décision auprès de la Chambre de l’instruction.

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Non-lieu dans l’affaire Ali Ziri mais son ami devant le tribunal

, Willam Molinié,

L’affaire, qui remonte à juin 2009, commence à dater. Comme souvent lorsque des policiers sont mis en cause… Le juge d’instruction de Pontoise (Val-d’Oise), a rendu lundi un non-lieu en faveur des forces de l’ordre dans l’affaire Ali Ziri, ce retraité algérien âgé de 69 ans, qui a trouvé la mort le 10 juin 2009, après un contrôle musclé de police. Dans son ordonnance, que 20 Minutes s’est procuré, le juge d’instruction écrit que «l’information n’a établi aucun acte de violence volontaire qui aurait été la cause directe ou indirecte du décès». L’avocat de la famille Ziri, Stpéhane Maugendre, a fait appel et indique qu’il utilisera «toutes les voies de recours», y compris «européennes».

Le 9 juin 2009 vers 20h, lui et son ami, Arezki Kerfali, sont interpellés au volant d’un véhicule qui zigzague sur la chaussée, boulevard Jeanne-d’Arc à Argenteuil. Visiblement alcoolisés, ils ne se laissent pas faire et le contrôle se déroule plutôt mal. Des insultes fusent. Les policiers décident alors de les emmener au commissariat pour faire un test d’alcoolémie. Mais la santé d’Ali Ziri se dégrade. Après un premier malaise, il est conduit à l’hôpital d’Argenteuil, où il arrive inconscient. Il décède le lendemain à 10h.

Une première autopsie indique que la mort est due à «des pathologies pulmonaires et cardiaques préexistantes dans un contexte d’alcoolisme aigu». Autrement dit, rien qui ne mette en cause le comportement des policiers. Au contraire, le juge d’instruction, s’interroge plutôt sur la responsabilité de l’équipe médicale. «Le délai de 40 à 45 minutes écoulé entre l’admission de Ali Ziri à l’hôpital d’Argenteuil et sa prise en charge avait contribué au décès de l’intéressé», écrit-il, faisant référence aux conclusions de l’expert.

Mais une deuxième autopsie, datée du 20 juillet 2009, révèle la présence d’une vingtaine d’hématomes et ecchymoses sur le corps d’Ali Ziri. Le docteur conclut que la victime est «décédée d’un arrêt cardio-circulatoire d’origine hypoxique par suffocation multifactorielle (appui postérieur dorsal, de la face et vomissements)».

La tête dans le vomi

Pour Me Stéphane Maugendre (avocat), il n’y a aucun doute. «Il a été soumis à la technique du pliage pendant au moins entre 3 minutes 25 et 5 minutes», explique-t-il. Interrogés par la police des polices, des témoins ont confirmé les déclarations des gardiens de la paix. Pourtant, la commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS) a corroboré la thèse de la famille, selon laquelle Ali Ziri serait décédé à la suite de violences policières.

«La commission considère que le fait [de les avoir laissés] allongés sur le sol du commissariat, mains menottées dans le dos, dans leur vomi, à la vue de tous les fonctionnaires de police présents qui ont constaté leur situation de détresse, pendant environ une heure est constitutif d’un traitement inhumain et dégradant», indique la CNDS. Puis, plus loin: «Cette position inadaptée et dangereuse a favorisé la survenue de fausses routes et l’inhalation de liquide gastrique ayant probablement contribué au décès de M. A.Z., voire l’ayant directement causé.» La CNDS conclut en réclamant des poursuites disciplinaires à l’encontre des fonctionnaires de police.

Jugé pour «outrage»

Ironie de l’histoire, Arezki Kerfali, l’ami d’Ali Ziri présent dans la voiture ce soir-là, sera jugé jeudi matin devant le tribunal correctionnel de Pontoise pour  conduite sous l’empire d’un état alcoolique» et «outrage». Agé aujourd’hui de 64 ans, «il a été handicapé à 60% après cette affaire», dénonce Arezki Semache, du collectif «Justice et vérité pour Ali Ziri». «C’est un homme très marqué par cette histoire dans laquelle il a perdu un ami de quarante ans. Il doit voir un psychiatre tous les jours», poursuit-il.

Mais l’affaire, qui a déjà été renvoyée à deux reprises, risque de l’être une troisième fois. C’est en tout cas ce que va demander Me Maugendre. «Il manque dans ce dossier 9 procès-verbaux faisant état de l’interpellation. Ces PV figurent dans le dossier d’Ali Ziri [encore en instruction]. C’est un peu dérangeant car pour défendre M. Kerfali, je suis obligé de trahir l’instruction et le secret professionnel du dossier de M. Ziri», indique-t-il. Le procès sera donc sans doute reporté, à moins que le juge ne décide de statuer sur une seule partie du dossier, celle concernant la conduite en état d’ivresse, qu’Arezki Kerfali ne conteste pas.

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Non-lieu dans l’affaire Ali Ziri

 17/10/2012

Une ordonnance de non-lieu a été rendue dans le dossier du retraité mort en 2009 deux jours après son interpellation, estimant qu’aucune charge ne pouvait être retenue contre les policiers et l’hôpital.

Boulevard Jeanne-d’Arc, dans le centre d’Argenteuil. Ce soir du 9 juin 2009, vers 20h30, Arezski Kerfali est interpellé au volant de sa voiture en état d’ivresse. Ali Ziri, son passager avant, est invité à descendre par les trois policiers. C’est le point de départ d’une affaire banale qui va basculer dans le drame.

 Il y a des insultes, des coups portés contre les forces de l’ordre. Les deux hommes sont amenés au commissariat, les insultes continuent, les crachats aussi. Pendant le trajet, Ali Ziri, qui, selon les termes de l’ordonnance de non-lieu, tente de porter des coups au conducteur du véhicule de police est maintenu la tête contre le siège avant, « pour éviter de nouveaux coups et un accident ». C’est la technique du « pliage » que dénonce la famille d’Ali Ziri.
Ali Ziri, qui présente une alcoolémie de 2,42 g, est emmené à l’hôpital à 22 heures. Arrivé à 22h13, il sera pris en charge quarante à quarante-cinq minutes plus tard, dans un contexte de surcharge des urgences, 10 à 12 personnes étant arrivées en même temps. Il devait décéder le 11 juin à 10 heures.
Finalement, pour la juge d’instruction, « l’information n’a établi aucun acte de violence volontaire qui aurait été la cause directe ou indirecte du décès de M. Ali Ziri ni aucune faute directe ou indirecte imputable à quiconque qui aurait involontairement causé sa mort ».
Une autopsie conclut qu’Ali Ziri, qui présentait une cardiopathie du ventricule droit, est mort des suites d’un arrêt cardiaque après une suffocation occasionnée par plusieurs facteurs : appui postérieur dorsal, de la face et vomissement. Mais pour l’avocat des proches, Me Stéphane Maugendre, cette expertise a été écartée « trop facilement ». « Il ressort clairement des expertises que l’arrêt cardiaque est dû à un manque d’air, conséquence directe d’un maintien sur le dos et la face » souligne-t-il. Pour lui, en l’absence de signes de régurgitation dans les bronches, notée par un expert, c’est la manœuvre « de pliage » mise en œuvre dans la voiture de police qui est à l’origine de l’asphyxie, puis du décès. Elle a duré, estime-t-il, entre trois minutes trente-cinq secondes et cinq minutes.
« On est dans l’incompréhension la plus totale », soulignait hier l’avocat. Il a fait appel hier de l’ordonnance de non-lieu et ira plus loin si nécessaire. « J’irai jusqu’au bout, jusqu’à la Cour européenne des droits de l’homme s’il le faut. Il incombe à l’Etat de fournir une explication plausible à la mort d’un homme après son passage dans un commissariat. Et, là, je ne l’ai pas. »

Affaire Ali Ziri : un non-lieu « incompréhensible » pour la défense

Accueil, 17/10/2012

Une ordonnance de non-lieu a été rendue dans l’affaire Ali Ziri, retraité algérien de 69 ans mort en juin 2009 après un contrôle de police musclé à Argenteuil (Val-d’Oise). Un « non-lieu est incompréhensible » pour l’avocat de la famille, « s’il le faut, nous irons jusque devant la Cour européenne des Droits de l’homme », a-t-il ajouté.

« Le juge n’a pas tenu compte de l’ensemble des expertises qui ont été ordonnées dans ce dossier », a réagi mercredi l’avocat de la famille d’Ali Ziri, Me Stéphane Maugendre, qui a fait appel de cette décision auprès de la Chambre de l’instruction. « C’est le recours à la technique du « pliage », qui consiste à plier en deux quelqu’un en cas de rébellion, interdite dans la police depuis 2003 mais utilisée selon lui, par les fonctionnaires de la BAC lors de l’interpellation du retraité, qui est à l’origine de l’asphyxie. « S’il le faut, nous irons jusque devant la Cour européenne des Droits de l’homme », a-t-il ajouté.

Dans son ordonnance datée du 15 octobre, le juge qui enquêtait sur les circonstances de la mort du retraité « n’a établi aucun acte de violence volontaire qui aurait été la cause directe ou indirecte du décès », a précisé cette source, confirmant une information du Parisien. Dans son réquisitoire daté du 14 décembre 2011, le parquet avait également estimé que les policiers à l’origine de l’interpellation ne pouvaient pas être poursuivis.

Ali Ziri avait été interpellé le soir du 9 juin 2009 avec un ami, Arezki Kerfali, 60 ans, à bord d’un véhicule que ce dernier conduisait. Fortement alcoolisés, les deux hommes avaient été transportés au commissariat d’Argenteuil et placés en garde à vue. Ali Ziri, tombé dans le coma, était mort deux jours plus tard, à l’hôpital d’Argenteuil. Une première autopsie avait conclu que des problèmes cardiaques et l’alcoolémie étaient les causes du décès. Mais une contre-expertise avait révélé la présence d’une vingtaine d’hématomes dont certains larges de 17 cm. Un rapport de la Commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS) avait alors mis en cause la sincérité des déclarations des policiers impliqués dans le décès du retraité algérien, estimant que ces derniers avaient fait un usage disproportionné de la force.

>>> Pour comprendre l’affaire Ali Ziri

Hasard du calendrier, Arezki Kerfali, qui se trouvait aux côtés d’Ali Ziri le soir du drame, doit comparaître jeudi devant le tribunal correctionnel de Pontoise pour « outrage » dans cette même affaire. Son avocat, Me Maugendre, a demandé le renvoi de l’audience. Le collectif Vérité et Justice pour Ali Ziri appelle à un rassemblement de soutien à Arezki Kerfali, demain, jeudi 18 octobre à 9 heures, devant le Tribunal de Grande Instance de Pontoise.

  • Lire aussi :

Affaire Ali Ziri : vers un non-lieu très contesté
Quand un chibani meurt « plié » par des policiers
Pour la relaxe d’Arezki Kerfali ! Rassemblement jeudi 18 octobre à Pontoise (collectif Vérité et Justice pour Ali Ziri)

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